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(1138 à 1223)

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Anselme prieur vers 1138. — Mouvement religieux en Chablais au XIIme siècle; l’abbaye d’Abondance et sa congrégation. — Conflit. — Filly à Nantelme évêque de Genève (1191). — L’abbaye d’Aulps et St-Bernard de Clairvaux. — Ses possessions en Bas-Chablais. — Les Seigneurs d’Allinges et de Ravorée. — Le château de Coudrée et les nobles de Sciez. — Lépreux de Douvaine. — Soumission de l’abbaye de Filly à l’abbaye d’Aulps (1223), puis à l’abbaye d’Ainay (1224).

Pendant longtemps, le monastère de Filly n’eut que le titre de prieuré ; ainsi, dans la donation faite vers 1138 par Girod de Langin au prieuré de Bellevaux, en Chablais, figure comme témoin: Anselmus prior Fillinci, Anselme prieur de Filly .

C’est le même qui, le 14 octobre 1154, assiste à une décision importante, rendue par Amédée, évêque de Lausanne (délégué par le défunt pape Eugène III), sur les différends pendants entre les frères de l’abbaye de Mont-Jou ou du Grand-Saint-Bernard et ceux du prieuré de Meillerie. Ces deux maisons religieuses, comme Filly, étaient composées de chanoines réguliers de St-Augustin; il était donc naturel et convenable d’appeler des religieux du même ordre pour terminer leurs contestations .

En 1180, le 7 mars, un autre chanoine de Filly, Dalmace de Ravorée, est encore présent à Nernier, en compagnie de Willelme de Chevilly, à la confirmation d’une donation faite par un nommé Boson piscis à l’abbaye de St-Maurice en Valais .

Pendant cette première période, il est possible que St-Bernard de Clairvaux (1091-1153) soit venu encourager et développer les premières ébauches du prieuré de Filly. Ménabréa nomme, parmi les pays que le saint parcourut, l’Helvétie et surtout les bords du lac de Genève, où ce grand homme, dit-il, laissa les plus précieux souvenirs .

Mais des événements, autrement importants, s’accomplissaient en Chablais et en Savoie.

Le douzième siècle — le siècle de saint Bernard de Clairvaux — vit éclore dans notre pays et dans toute l’Europe une multitude de maisons religieuses des deux sexes. La jeune abbaye d’Aulps recevait de saint Guérin, l’ami de saint Bernard, sa grande forme monastique; l’abbaye d’Abondance (1108), la chartreuse de Vallon (1138), l’abbaye du Lieu (vers 1150), venaient de naître comme de glorieux fruits de ce mouvement religieux. La confiance du peuple allait volontiers aux moines plus instruits et plus disciplinés que les prêtres séculiers, encore peu nombreux d’ailleurs, et moins dociles, à cette époque, aux désirs et aux règlements de l’Eglise. Les prieurés de Belle vaux, de Douvaine, de Draillens, de Meillerie, de St-Paul, de Thonon, étaient créés, ou allaient être créés, pour répondre à ce besoin de la population chablaisienne.

Mais l’une de ces maisons religieuses, l’abbaye d’Abondance, mérite une mention particulière dans l’histoire du monastère de Filly. Elle eut pour chef un personnage d’une éminente piété, et d’une intelligence égale à sa vertu. Le bienheureux Ponce de Faucigny, son troisième abbé, venait de rédiger sa règle et ses statuts d’après les saintes instructions que St-Augustin adressait à ses clercs réguliers d’Hippone . Ponce prêchait d’exemple; au chœur, au travail, il était partout le premier, excitant l’admiration et la pieuse émulation de ses confrères. Dans le pays, on l’invoquait comme un saint, et on attribuait à son intercession plus d’une gràce obtenue du ciel. Aussi sa règle fut-elle acceptée, comme venant d’inspiration divine , et comme code fondamental d’une congrégation particulière appelée Congrégation de Notre-Dame d’Abondance, de laquelle dépendaient plusieurs maisons religieuses, parmi lesquelles les abbayes de Grandval, de Gollie en Bourgogne, d’Entremont, etc.

D’après Grillet et Grobel, Filly aurait accepté cette règle toute de charité, d’obéissance et de pauvreté volontaire, en devenant sujette d’Abondance . Arducius, évêque de Genève et frère du B. Ponce, serait-il intervenu pour conseiller et peut-être ordonner cet acte?? C’est la question qu’éveille naturellement une telle affirmation. Cependant, ni Besson, ni les auteurs du Régeste genevois, ni le chanoine Mercier ne parlent de cette affiliation ou de cette soumission , que l’autorité de Grillet ne peut suffire à établir. Toutefois, les échanges multiples d’abbés, que nous aurons lieu de constater entre Abondance et Filly, Filly et Sixt, donnent quelque vraisemblance à cette affirmation, quoique les preuves manquent.

Toujours est-il qu’un conflit s’ouvrit bientôt entre Nantelme, nouvel évêque de Genève , et le couvent du Grand-Saint-Bernard, au sujet de quelques églises contestées, parmi lesquelles celle de l’abbaye de Filly, dont ce monastère avait peut-être fourni les premiers chanoines . Une transaction intervint et fut signée à Thonon, en 1191, par l’entremise des évêques de Maurienne, de Sion et d’Aoste, et des abbés Guillaume de St-Maurice et Guillaume d’Abondance.

Les églises de Meillerie, de Marin et de Thollon, sont laissées à la maison du Saint-Bernard qui reconnaît les tenir de l’évêque, moyennant une redevance annuelle de vingt sols. Elle conserve aussi celles de Brenthonne, de Vinier et de Saint-Loup. Le Chapitre aura l’église de Lugrin. En revanche, l’abbaye de Filly est adjugée à l’évêque Nantelme .

Parmi les conciliateurs de cette transaction, figurent les abbés Guillaume de St-Maurice et Guillaume d’Abondance. L’un et l’autre auraient peut-être pu élever des prétentions sur notre abbaye.

L’étude de ce document n’explique ni les causes du conflit, ni celles de sa solution à l’amiable, et il est très difficile d’apprécier la portée des motifs qui mirent l’abbaye de Filly entre les mains de l’évêque. L’attention peut toutefois se diriger sur les circonstances que nous venons de signaler.

L’évêque Nantelme fut, paraît-il, un bienfaiteur si insigne de notre monastère, qu’un auteur contemporain a été sur le point de l’en déclarer le fondateur, au vû des copies de deux chartes, dont il ne nous a pas été donné d’avoir communication . Evidemment, c’est une opinion à laquelle il faut renoncer, car le prieuré de Filly existait avant l’épiscopat de frère Nantelme (1185-1206), dont l’origine et la famille sont demeurées un mystère, quoique Guichenon nous dise qu’il fut chartreux et prieur de Vallon. Aurait-il appartenu à l’une des hautes familles chablaisiennes fondatrices de Vallon, et aurait-il voulu faire de Filly sa maison religieuse de prédilection??

Tout porte à le croire, car ce fut vraisemblablement lui qui donna à notre monastère une importance plus grande que celle d’un simple prieuré, en l’élevant à la dignité d’abbaye. Nous n’en avons pas toutefois des preuves directes, et, on ignore la date précise de cette transformation qui devrait être placée entre 1155 et 1191.

Dès cette époque (1191) notre abbaye dépendit directement de l’évêque de Genève. Son successeur, l’évêque Bernard Chabert (1206-1213), était trop occupé de la guerre contre les Cathares et les Albigeois, et son épiscopat fut de trop courte durée pour qu’il laissât à Filly des preuves extraordinaires de bienveillance.

Un monastère de nos montagnes, l’abbaye d’Aulps, brillait aussi d’un éclat extraordinaire de régularité et de sainteté.

Les anciennes chroniques de Savoie nous racontent qu’au onzième siècle quelques religieux de Molesme en Bourgogne s’acheminèrent vers le lac Léman, descendirent sur le rivage du Chablais, et s’engagèrent dans les gorges de la Drance, puis dans cette vallée appelée Alpes ou Aulps, à cause des riches pâturages qui en tapissent les versants. Ce ne fut d’abord qu’une simple cella. Les donations d’Humbert II, Comte de Savoie, et de quelques seigneurs chablaisiens, transformèrent la cella en abbaye. Guérin, le successeur du premier supérieur d’Aulps, était un saint anachorète qui obtint du pape Calixte II une bulle annulant la convention de 1097, par laquelle le monastère des Alpes devait vivre perpétuellement sous la dépendance de Molesme: Guérin et ses compagnons embrassèrent la réforme de Citeaux.

Saint Bernard, abbé de Clairvaux, l’oracle de l’Europe, voulut que Notre-Dame d’Aulps fut affiliée à son monastère, et ce fut une grande joie pour la multitude de ses pieux disciples en apprenant l’acceptation des moines chablaisiens . Par ses lettres, il s’efforçait d’inculquer à ses nouveaux frères l’esprit de la règle et les devoirs rigoureux qui en découlent .

Guérin était un modèle de piété, de pénitence, d’humilité et d’obéissance religieuse; il voulut que l’abbaye d’Aulps rivalisât avec celle de Clairvaux, et lui-même s’étudia à devenir l’émule de celui dont le monde entier admirait les vertus.

Aussi quand Guérin devint évêque de Sion, St-Bernard écrivait-il aux religieux d’Aulps: «Votre bon père vient d’être promu à un grade plus élevé ; répétons, ô mes frères, les paroles du prophète. Le soleil a surgi et a entraîné la lune dans son orbite! Le soleil est cet homme par qui la congrégation des Alpes a été rendue si brillante et illustre, et celle-ci est la lune recevant tout son éclat du soleil.» Vers 1150 Guérin mourait, de la mort des saints, dans cette maison qu’il avait élevée à un si haut degré de perfection, et où il venait souvent s’édifier par le spectacle des vertus de ses religieux .

Les puissants seigneurs de la contrée les comblèrent de faveurs et de libéralités; les nobles d’Evian, de Boringe , de St-Jeoire, de Ravorée, de Lucinge, de Faucigny , etc. etc... augmentèrent tour à tour les richesses du monastère des Alpes.

Bientôt ses propriétés et possessions s’étendirent nombreuses dans les paroisses limitrophes dépendant de l’abbaye de Filly: à Chavanex, à Excenevez, à Sciez, à Filly même.

Bien avant 1281, la juridiction de Chavanex avait passé des Seigneurs de Perrignier à l’abbaye d’Aulps, dès le ruisseau de Brizet jusqu’à Sciez, d’après les dépositions de vingt témoins, ouïs et assermentés dans une enquête faite à cette époque par les soins d’égrège Nicolas d’Allinges-le-neuf, notaire, et de Guillaume-le-jeune, juge de Chablais. .

En 1230, Jean, Vullierme, et Jordan de Ravorée reconnaissent qu’ils doivent maintenir à cette maison les dîmes d’Escavanex, ainsi que toutes les concessions faites par leurs ancêtres . Vers 1200, Nes Humbert et Jacques de Ravorée lui donnent les dîmes de Filly, et Girod de Concise, doyen d’Allinges appose son sceau à cet acte de donation .

Les nobles de Sciez suivirent la même conduite généreuse à l’égard des moines d’Aulps .

Les deux grands noms de Ravorée et d’Allinges ne sont-ils pas, d’ailleurs, réunis dans la charte de fondation de l’abbaye d’Aulps? L’acte ne dit-il pas que le couvent a été bâti dans le fief de Gérard d’Allinges et de Gilione de Ravorée ?

Les Ravorée, dont le manoir redoutable se dressait sur un promontoire dominant le lac Léman, à deux pas de Filly, entre Excenevex et Yvoire, furent aussi des bienfaiteurs de l’abbaye de Filly à laquelle ils donnèrent un abbé au XIVe siècle, Amédée de Ravorée. Messire Jean de Ravorée, chevalier, et ses frères lui concédèrent les hommages fiefs et tributs que leur devaient les nobles de Sciez, et que lui disputèrent, plus tard, les seigneurs d’Allinges-Coudrée .

Nous avons déjà cité un Dalmace de Ravorée, chanoine de Filly en 1180.

Mais au XIIIe siècle, les Seigneurs d’Allinges et autres semblent délaisser momentanément les chanoines réguliers de St-Maurice, d’Abondance et de Filly, pour s’attacher particulièrement à la maison religieuse de Guérin. La voix populaire l’avait canonisé aussitôt après sa mort, et son tombeau, devenu glorieux, attirait les multitudes par des miracles sans nombre.

Des raisons d’intérêt paraissent aussi n’y avoir pas été étrangères. Roscelin d’Allinges avait reçu en 1011 l’inféodation de la terre d’Octonel pour le terme de deux générations, comme il a été dit plus haut. C’était une concession ecclésiastique, et Roscelin était chanoine de St-Maurice. Ce fut avec la Seigneurie de Salving, ou Salvant, (dans laquelle Aymon d’Allinges institua son fils Raymond par testament du 3 des calendes d’août 1073), une cause de longs différends, qui durèrent plus de trois générations, entre l’abbaye de St-Maurice et les seigneurs d’Allinges. Raymond la laissa successivement à ses neveux Anselme, Cono et Gérard, le bienfaiteur de l’abbaye d’Aulps, qui épousa Hérentiane de Ravorée. Ce dernier, après la mort de ses deux frères, prit encore possession des deux villages de Salvant et d’Octonel, et finit par les remettre, probablement d’après les conseils de St-Guérin, son ami, à l’abbaye de St-Maurice, pour terminer cette longue lutte. Il stipula toutefois qu’Anselme, son fils, chanoine et chantre de la dite abbaye, en jouirait sa vie durant; clause qui eut son plein effet. Gérard vivait encore en 1118 .

Nous profitons de ce fait pour signaler au lecteur cette succession contradictoire de donations et de vexations des grands du monde au XIIe et XIIIe siècles, à l’égard des maisons religieuses. C’est que l’orgueil laïc voulait régenter l’Eglise, la tenir sous le joug, jouir de ses biens et lui enlever sa part d’influence sur la société.

Mais, d’autre part, la noblesse sentait le besoin du prêtre et du moine. La foi était encore vivace dans le âmes et tôt ou tard elle l’emportait sur l’orgueil et les passions des Seigneurs. De là ce mélange de faveurs et de luttes, de bienfaits et de persécutions. L’Eglise sauva la société malgré la tyrannie et les vices du moyen-âge.

Gérard d’Allinges avait laissé un fils, Guy. Un Guy d’Allinges, peut-être le même, touché de la piété des religieux de Filly qui faisaient alors, paraît-il, l’admiration des nobles et des serfs du Bas-Chablais, figure, en 1155, parmi les bienfaiteurs de Filly. Du consentement de son épouse Agathe il donna à Anselme, prieur de notre monastère, et à ses chanoines, son fief de Sciez (Seurt?) tel que l’avait possédé Giraud de Massongy. Ce fief s’étendait entre Filly, le lac, le Foron et le Vion, et comprenait un bois voisin du couvent et un second que Martin Galléa tenait des religieux.

Le généreux bienfaiteur reçut, en retour, du prieur, la somme de 40 sols et un cheval estimé à 4 livres, soit environ 480 francs de notre monnaie. Giraud de Margencel et ses frères eurent 13 sols pour avoir laudé cette donation faite en présence de Dalmace de Ravorée et de Pierre de Sciez.

Au XIIIe siècle, la famille d’Allinges vint s’établir à Coudrée, sur les bords du lac Léman, à deux kilomètres de notre abbaye.

Béatrix, veuve d’Henri d’Allinges, avec ses fils Willelme et Hugon, prirent en fief, de Pierre de Savoie, le 29 octobre 1245, des terres contiguës au lac, avec la maison forte de Forons et la forêt de Coudrée. Ces biens leur avaient été remis, à titre d’alleu, par l’abbé et le Chapitre de St-Maurice, en compensation de l’inféodation de tous les biens qu’ils possédaient près de Marclaz, et de la moitié de leurs terres près de Jussy .

Cette proximité de l’abbaye et du château donna lieu à de nombreux démêlés, que nous aurons à raconter en détail. L’arrivée des nobles d’Allinges, à Coudrée, fut aussi le signe de la déchéance des nobles de Sciez, feudataires des seigneurs de Ravorée; plusieurs membres de cette famille devinrent religieux de l’abbaye d’Aulps, entre autres Henry et Pierre de Sciez.

Le monastère d’Aulps, comblé de faveurs princières, était, avec celui d’Abondance, le monastère principal des Alpes Chablaisiennes, soit par son influence et ses richesses, soit par la qualité de ses membres.

En voici une nouvelle preuve. A la suite d’Amédée III, comte de Savoie, un certain nombre de nos gentilshommes étaient partis pour la Terre-Sainte, en vue de délivrer le tombeau du Christ. Mais à leur retour, ils rapportèrent la lèpre (1103 — 1148). Deux maladreries furent établies aux alentours de Filly-Sciez, l’une à Aubonne-Douvaine, l’autre à Mesinges, près d’Allinges. Le terrible mal se maintint si bien qu’en 1314 le Bas-Chablais en était encore infesté.

Depuis de longues années, les lépreux de la maladrerie de Douvaine, remontant le cours des Dranses, allaient implorer les secours de l’abbaye d’Aulps. Celle-ci, craignant que les fruits de sa charité séculaire ne donnassent lieu à d’impérieuses exigences, et peut-être à des troubles sérieux, demanda, en 1314, aux lépreux d’Aubonne-Douvaine, une déclaration portant que ce n’était pas en vertu d’un droit qu’ils recevaient ces aumônes, mais par pure bonté du monastère. Elle fut signée par un Jacquet d’Hermance, un Pérod de Sciez, un Rupha de Chavanex, un Alexis de Massongy, un Franceysia de Nernier... .

Ainsi enveloppée de toutes parts par les bienfaits et les possessions de l’abbaye d’Aulps, dominée par son esprit qui entraînait dans ses cloîtres grandioses les fils des plus nobles familles Chablaisiennes, l’abbaye de Filly ne devait pas tarder, semble-t-il, à subir son ascendant et sa juridiction.

Aussi, Aimon de Grandson, deuxième successeur de Nantelme sur le siège épiscopal de Genève, voulut-il user de son autorité pour substituer les bénédictins aux chanoines réguliers de notre monastère. Mais les chanoines de Genève, qui possédaient aussi quelques droits sur notre couvent, en chassèrent les nouveaux venus . A cette vue, l’Evêque, par acte du 7 novembre 1223, soumit entièrement l’abbaye de Filly à l’abbaye d’Aulps, en lui cédant tous les droits qu’il pouvait avoir sur elle.

Une clause de l’acte porte qu’elle sera toujours de l’ordre de Citeaux .

Nos chanoines réguliers de St-Augustin n’acceptèrent pas de bonne grâce cette juridiction du monastère des Alpes, car c’était échanger leur règle si douce contre une autre beaucoup plus sévère. Aussi, le deux juin de l’année suivante (1224), se soumettaient-ils à l’abbaye d’Ainay.

Mais terminons d’abord cette question.

Trois ans plus tard (après septembre 1227), s’ouvrait une enquête contre l’évêque Aimon de Grandson. Dix-sept témoins, tous ecclésiastiques du diocèse, furent entendus, parmi lesquels, Falcon, curé de Sciez, Girard, curé de Fessy, Bonfils, curé de Publier..., tous trois fonctionnant dans les environs de Filly, et plusieurs chanoines de Genève. Or, ce sont généralement ces derniers qui font entendre les plaintes les plus accentuées, démontrant un antagonisme de vues entre le prélat et son chapitre, et même une certaine hostilité.

L’un des chefs d’accusation, portés contre lui, fut d’avoir soumis à l’abbaye d’Aulps celle de Filly, qui dépendait directement de l’évêque de Genève . Le chapitre de la cathédrale de Genève semble, dans cette circonstance, prendre à tâche de défendre certains droits lésés et mal définis, mais expressément stipulés dans l’acte dont nous allons parler.

L' Abbaye de Filly et quelques seigneurs du voisinage

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