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Henry. — (1260).

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Autant le règne de l’abbé Guillaume fut long, autant celui de l’abbé Henry fut court, si toutefois on peut en juger par le peu de documents que les archives nous ont laissés.

On. le voit, en effet, en avril 1260, assister à l’inféodation faite, par Ne Pierre de Boëge à Ne Vullierme de Champelle, de biens procédés d’Hugues Lochi de Chatillon et sis au Champ-Pelaud ; et c’est tout. Il est probable que beaucoup d’abbés, comme l’abbé Henry, sur lesquels l’histoire demeure muette, s’employèrent surtout au succès du ministère pastoral dans le pays, et au maintien de la discipline ecclésiastique.

L’abbaye de Filly avait étendu, depuis de longues années, son influence spirituelle et matérielle sur le rivage du Léman. Par des défrichements successifs, nos laborieux chanoines avaient multiplié les champs, les vignes et les pâturages, dans les forêts séculaires du mont de Boisy, ou de Crépy, d’Excenevex, de Chevilly, d’Yvoire et de maints autres lieux. Par eux, ou leurs serviteurs, ils défrichaient, transportaient, cultivaient les terres, arrêtaient les inondations en élevant des digues pour faciliter l’écoulement des eaux du Foron, du Vion, et autres rivières et torrents de leurs possessions; ils creusaient des fossés et des canaux pour hâter le désséchement des terrains marécageux . Inutile de parler de leurs travaux littéraires, de leurs recherches savantes, et du soin qu’ils mettaient à recueillir, à conserver et à multiplier, par des copies exactes, les œuvres des grands génies des siècles passés. A Filly, comme à Abondance, à St-Jean d’Aulps, à Bellevaux, le monastère était devenu un centre de lumière et de civilisation.

Quant aux œuvres religieuses du moine du moyen-âge, elles peuvent se résumer en quelques mots: apostolat, prières, mortifications et aumônes. L’abbaye de Filly, comme la plupart des maisons religieuses de l’époque, possédait dans ses dépendances un certain nombre de granges, sortes de métairies, exploitées par des serviteurs, sous la direction des religieux. Elles devinrent souvent des noyaux de village et de futures paroisses. Les habitations éparses des emphytéotes, des taillables ou serfs attachés à la glèbe, se groupèrent rapidement autour des chapelles d’Excenevex, de Chavanex, desservies par des moines et plus tard érigées en paroisses.

Une transaction très importante, ménagée vers cette époque par le Chapitre de Genève, entre l’abbaye de Filly, et Gérold de Compey, doyen d’Allinges et curé de Margencel, nous donne une idée de cet état de choses.

Des contestations avaient surgi au sujet des limites des paroisses de Sciez et de Margencel et des chapelles voisines de Chavanex et d’Essert, et des dîmes à percevoir dans leur rayon . Gérold de Compey appartenait à la grande famille de ce nom aussi connue par sa grandeur que par les crimes de quelques-uns de ses membres. Il était chanoine de Genève à cette époque, et l’un de ses parents, un autre Gérold, avait été official et prévôt de la même église (1226-1256) . Il était donc bien naturel d’accepter l’arbitrage du Chapitre auquel les deux plaignants se trouvaient étroitement liés. Mais, c’était aussi pour notre abbaye une bonne fortune que de rencontrer, en face d’un si puissant adversaire, un juge aussi indépendant. Sans parler de l’influence du doyen d’Allinges, qui tenait le premier rang dans les séances du clergé réuni en synode, et qui avait juridiction sur plus de cinquante églises paroissiales , c’est que Gérold de Compey devait trouver des défenseurs ardents dans ses parents du voisinage et surtout dans Gérard de Compey, dont les possessions s’enchevêtraient, à Sciez même, avec celles de l’abbaye .

L’église de notre monastère renfermait bien le tombeau ou l’un des tombeaux de famille des Compey , et, certainement, elle avait eu part à leurs libéralités; mais hélas! quelle est l’amitié, même la plus intime, qui ne se refroidisse en présence des questions d’intérêt et de rivalité.

Cependant, n’était-ce pas notre abbaye qui, sur cette colline solitaire de Chavanex ou de Boisy, avait érigé, pour ses serviteurs, un oratoire qui devint chapelle puis église paroissiale, et qui l’avait dédiée à la Vierge-Marie, à laquelle elle était dédiée elle-même? Elle encore qui avait probablement élevé la chapelle d’Excenevex, si remarquable par son style roman et son clocher rudimentaire à deux baies sur le chœur , et qui l’enrichit des reliques de St-Symphorien, en y établissant un nombreux et constant pélérinage?

Enfin, après bien des altercations — post multas altercationes, — les deux parties, avons-nous dit, avaient accepté l’arbitrage du Chapitre de Genève, et prêté serment, sur les saints évangiles, de s’en tenir à sa décision . On demanda des informations et attestations de part et d’autre, et, tous les chanoines présents étant consultés, la sentence fut rendue le 27 août 1261.

Les nouvelles limites des églises de Sciez et de Margencel et des chapelles contestées sont: Wadum de Bez, fons de Pullie quercus de Gevernay qui alias dicitur Pullie, carreria que est inter Reynier et Esser per la Gotella inter unxi et munia usque ad Wes, et unxia est de Chavanay et Dessertet........ «Le gué ou l’abreuvoir de Bes, la source de Pullie, le chêne de Gevernay, appelé autrement Pullie, le chemin qui est entre Reynier et Esser à travers la Gotella entre Unxi et Munia jusqu’à Wes, et Unxia qui est de Chavanay .

De plus, l’église de Margencel percevra à perpétuité les dîmes de dix poses de terres à la Chavagnia ou ailleurs.

L' Abbaye de Filly et quelques seigneurs du voisinage

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