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AVANT-PROPOS
ОглавлениеNous avons publié en 1914: Le Serment de Liberté-Égalité et quelques documents inédits des Archives Vaticanes. Cette étude a été fort bien accueillie, et Les Questions Ecclésiastiques, la Revue des Études historiques, la Revue du Clergé Français, la Revue des Facultés catholiques de l’Ouest, la Revue critique d’histoire et de littérature lui ont consacré des comptes rendus élogieux.
Nous présentons aujourd’hui un travail semblable sur le Serment à la Constitution civile du clergé, voté le 27 novembre 1790, ainsi que sur le Serment civique des 3-14 septembre 1791, également imposé aux prêtres pendant la Révolution. Sur ces deux serments, comme sur celui de Liberté-Égalité, nous avons trouvé aux Archives Vaticanes des documents inédits qui ne sont pas sans intérêt.
Nous commençons notre étude par un résumé des divers serments qui précédèrent celui du 27 novembre 1790. Notre but est de mettre bien en évidence la triste manie de l’époque, d’exiger des serments de tout le monde et à tout propos, manie souverainement malheureuse qui, à elle seule, explique bien des tracasseries, bien des persécutions dirigées contre les catholiques de France et contre les populations chrétiennes des pays conquis par les armées républicaines.
Nous donnons ensuite les différents textes relatifs au serment à la Constitution civile du clergé, nous reproduisons in extenso cette même constitution, objet exclusif, on peut dire, du fameux serment; puis nous faisons ressortir les interventions multiples et pressantes de Pie VI qui aboutissent enfin à une condamnation formelle et de cette Constitution civile et du serment prescrit avec la dernière rigueur pour l’imposer à tous. Nous consacrons enfin un article spécial à la résistance héroïque que l’Église de France, avec une vaillance qu’on ne louera jamais assez, sut opposer au schisme et à l’hérésie tout-puissants, en notre pays, pendant quelques années; et ceci nous amène à publier, émanées de prêtres jureurs ou ayant communiqué in divinis avec les intrus et conservées aux Archives Vaticanes, quatre suppliques curieuses, dont la teneur jette un grand jour sur la mentalité singulière de certains ecclésiastiques, trop abandonnés à eux-mêmes pendant cette époque troublée.
En ce qui concerne le serment civique, après avoir donné également les divers textes de loi, nous rappe-Ions l’application odieuse qui en fut faite aux ecclésiastiques, uniquement parce qu’ils étaient ecclésiastiques, et nous exposons, toujours d’après les Archives du Vatican, plusieurs cas, bien instructifs eux aussi, pour l’intelligence de la mentalité de l’époque. Le plus extraordinaire de ces cas est celui du comte de Ségur, nommé ambassadeur à Rome par Louis XVI et refusé par le pape, pour le seul motif qu’il avait prêté le serment civique.
Dans un dernier chapitre, nous disons comment le serment du 27 novembre 1790 et le serment civique du 3-14 septembre 1791 furent remplacés, à partir du 10 août 1792, par le serment de Liberté-Égalité. Ce dernier devint en effet, pour les citoyens en général, le seul serment exigé dans les différentes assemblées, autrement dit le serment civique, et il eut pour le clergé constitutionnel, la chose est évidente dans le cas de Chambéry, la portée du serment schismatique et hérétique du 27 novembre 1790.
L. MISERMONT.
Rome, le 25 juillet 1916.