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Avant-Propos.

Table des matières

L’importance littéraire d’une version contemporaine est devenue tellement modeste aujourd’hui, que l’écrivain qui la produit est à peine en droit d’en entretenir ses lecteurs. De la fidélité, de la correction, quelqu’élégance, telle est à-peu-près la sphère du mérite qui lui est propre. Le public jugera si j’ai été assez heureux pour réaliser l’une ou l’autre de ces conditions.

L’ouvrage dont j’entreprends de doter notre littérature est le fruit des patientes recherches et des travaux assidus d’un écrivain qui, jeune encore, a su répandre de vives lumières sur les ténèbres du moyen âge, et dont le zèle intelligent promet à la science historique de nouvelles et d’importantes découvertes. M. Cibrario, avantageusement connu dans le monde savant par son Histoire de Quiers , a publié à quelques années d’intervalle les opuscules que j’ai réunis sous le titre collectif de Recherches. Ces opuscules, composés sur des documens pour la plupart inédits, m’ont paru offrir des vues neuves et intéressantes touchant l’origine et les progrès de la monarchie de Savoie, dont l’histoire est à tant d’égards liée à la nôtre, dont les lois ont régi pendant plusieurs siècles quelques-unes de nos provinces. En les traduisant, j’ai aspiré à combler, du moins en partie, une lacune essentielle de notre littérature historique. Car elle manque encore d’un ouvrage parfaitement propre à faire connaître avec exactitude la Savoie, ses premiers âges, ses souverains, ses usages, ses anciennes institutions, enfin tout ce qui constitue l’histoire générale d’un pays, en prenant ce mot dans l’acception étendue et philosophique qu’il a reçue de nos jours.

Samuel Guichenon eut le mérite assurément très-réel de redresser un grand nombre d’opinions erronées et de recueillir une foule de documens parmi lesquels on trouverait encore aujourd’hui les meilleurs fondemens d’une bonne Histoire. Mais celle qu’il a laissée, et qui s’arrête à 1660, a le grand tort d’offrir, suivant le goût de son siècle, un caractère purement généalogique. Point d’observations sur les causes apparentes ou secrètes des événemens qu’il raconte; point de détails sur les lois, les mœurs, les coutumes des peuples dont il déroule les annales. Peu familier, d’ailleurs, avec les écritures anciennes, il n’est pas surprenant que les documens qu’il produit renferment des inexactitudes assez multipliées. Enfin, à l’époque où il écrivit, il y avait, à la Cour de Savoie, sur l’origine et sur l’histoire de cette maison, de vieux préjugés qu’il chercha à accréditer par des théories plus ou moins ingénieuses, au lieu de les combattre, et que la plupart de ses successeurs ont reproduits. Pierre Monod, écrivain érudit, qui existait à la même époque, limita ses études à quelques points spéciaux de cette histoire. Avant Guichenon, Champier, Paradin et Philibert de Pingon, n’avaient guère été que des chroniqueurs ou des annalistes.

Parmi les ouvrages modernes, l’Histoire militaire du Piémont, en cinq volumes in-8°, par M. le comte Alexandre de Saluces, est un livre plein d’érudition, et qui fait foi de la solidité du jugement de son auteur; mais cet ouvrage, spécial, comme l’annonce son titre, n’a pu combler la lacune que je viens de signaler.

M. Costa de Beauregard publia, il y a quelques années, des Mémoires historiques sur la maison de Savoie. Ce travail, composé dans le goût de l’Abrégé chronologique du président Hénault, se fit remarquer par des aperçus ingénieux, par des détails pleins d’intérêt. Mais les erreurs graves et nombreuses qu’on y découvre, particulièrement dans les dates, erreurs auxquelles l’affaiblissement de la santé de l’auteur ne fut pas sans doute étranger, ont fait une loi de ne le consulter qu’avec une extrême défiance.

Les Essais de M. Mimaut sur l’Histoire politique, sur la statistique et l’ethnographie de l’île de Sardaigne, n’embrassent l’histoire de la monarchie de Savoie que d’une manière fort indirecte, et seulement depuis 1721, époque à laquelle la Sardaigne lui fut réunie. Ces essais ont perdu d’ailleurs une grande partie de leur importance par l’apparition postérieure des ouvrages de MM. Manno et Le Marmora sur l’histoire et la géographie de cette île.

La littérature italienne présente à peu de chose près la même stérilité que la nôtre en fait d’ouvrages historiques sur la monarchie de Savoie. Deux savans contemporains de Guichenon, Pierre Gioffredo et Augustin Della Chiesa, préférèrent le mérite d’éclairer quelques points inconnus ou douteux de cette histoire, à celui de l’embrasser dans son ensemble. Avant eux, Louis Della Chiesa avait publié son Compendio delle storie di Piemonte, ouvrage exact, estimable en son genre, mais qui ne peut être considéré que comme un croquis bien tracé.

Les autres ouvrages français ou italiens, publiés sur le même sujet, présentent, à travers quelques qualités louables, de graves imperfections. L’absence de critique, le défaut d’ordre, des omissions essentielles, s’y laissent fréquemment apercevoir. La fidélité scrupuleuse avec laquelle leurs auteurs ont répété les erreurs échappées à Guichenon, témoigne assez que les travaux de cet écrivain leur ont trop légèrement tenu lieu des sources premières auxquelles tout historien qui aspire à ne point s’égarer dans sa marche, doit indispensablement recourir.

M. Cibrario fit paraître en 1825, sous le titre modeste de Notizie, etc., un Précis historique sur l’origine et les accroissemens successifs de la monarchie savoisienne, sur le caractère de ses princes, sur ses principales institutions législatives. Cet ouvrage, dont le plan n’a pu comporter de longs développemens historiques ni biographiques, contient des notions sommaires, mais précieuses par leur exactitude et leur précision, sur l’ensemble de l’histoire et particulièrement sur les premiers siècles de cette monarchie, et sur la généalogie de ses princes, qu’il a corrigée d’après des documens officiels et entièrement inédits. Tout y décèle l’écrivain consciencieux, qui a puisé à des sources certaines les fondemens de ses croyances historiques, et qui s’est fait un devoir de répudier toutes les opinions dépourvues de témoignages authentiques et irrécusables. Ce Précis, que M. Cibrario, dans sa préface, nous annonce n’être que l’extrait d’une Histoire complète de Savoie qu’il se propose de publier dans quelques années, a été accueilli avec une extrême faveur en Italie. La traduction que j’en présente a été faite sur un exemplaire corrigé et annoté par l’auteur.

Je l’ai fait suivre d’un Discours sur l’ancienne constitution de la monarchie savoisienne, et sur l’organisation civile et judiciaire de ce royaume: ouvrage rempli de documens curieux, entièrement neufs, et dans lequel M. Cibrario a consigné le résultat de huit années de recherches, dans les archives, du Roi, dans celles de la Chambre des Comptes, des Évêchés et des Chapîtres. Un mémoire sur les anciennes armoiries des princes de Savoie sert de complément à ce beau travail.

Ces deux importans opuscules sont précédés de Considérations sur l’Histoire civile , dissertation qui se distingue par des aperçus judicieux, par des vues nouvelles, et à la suite de laquelle on trouve une nomenclature raisonnée des principaux mémorialistes et chroniqueurs. qui ont écrit sur le Piémont et sur la Savoie .

J’ai donné par forme d’appendice, à la fin de ce volume, une traduction des Notices publiées en 1827 par M. Cibrario , sur les sociétés populaires et nobiliaires dans les républiques du Piémont, et spécialement dans celle de Quiers. Quoique ces notices ne concernent pas directement l’histoire générale de la monarchie de Savoie, j’ai pensé que le lecteur ne les jugerait pas déplacées dans ce recueil, tant à raison de l’intérêt extrême qu’elles présentent, que des vives clartés qu’elles répandent sur l’organisation de ces sociétés si influentes au moyen âge, si ardentes à se disputer le gouvernement des républiques italiennes, et dont la rivalité, long-temps utile à la liberté, finit par en amener la ruine. Les statuts singuliers et barbares de la société populaire de St-Georges, particulièrement, seront lus avec une vive curiosité. Aucun écrivain n’avait précédé M. Cibrario dans les investigations laborieuses à l’aide desquelles il a mis en lumière l’esprit et la composition de ces mystérieuses associations. C’est une page importante ajoutée à l’histoire du moyen âge, si recherchée de nos jours et encore si peu connue.

Telles sont les productions qui composent ces Recherches. En essayant de les naturaliser, pour ainsi dire, parmi nous, j’ai cru bien mériter des amis des études historiques; et, originaire moi-même d’une province qui fit long-temps partie de la monarchie de Savoie, j’ai espéré qu’elle accueillerait favorablement un travail qui se recommande, à ce double titre, à son indulgence et à son intérêt.

A. B.

Recherches sur l'histoire et sur l'ancienne constitution de la monarchie de Savoie

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