Читать книгу Recherches sur l'histoire et sur l'ancienne constitution de la monarchie de Savoie - Luigi Cibrario - Страница 7
ОглавлениеPRÉFACE DE L’AUTEUR.
Ce Précis n’est que l’extrait d’un ouvrage plus considérable que l’auteur espère publier dans quelques années. Il a entrepris de resserrer dans un cadre étroit ce que l’histoire des souverains de Savoie présente de plus digne d’être connu, en laissant de côté les particularités qui ne sauraient figurer convenablement que dans un livre conçu sur un plan moins circonscrit. Il s’est surtout attaché à exclure de ces Notices non-seulement tous les documens reconnus pour inexacts, mais ceux encore qui proviennent d’une source peu certaine, en s’aidant à cet égard des savantes recherches de Muratori, de Terraneo, de Durandi, de Vernazza, de Napion, non moins que des conseils d’un illustre et judicieux personnage qui l’honore de sa bienveillance. Cet écrit pourra donc se recommander par un double avantage: celui d’offrir un recueil de notions exactes et importantes sur notre patrie, et de servir comme de transition à des études plus approfondies sur cette matière.
Il y a long-temps que les hommes instruits éprouvaient le besoin d’un livre dans lequel, en éloignant le dégoût d’épineuses recherches, on retraçât les faits et les considérations les plus dignes de remarque, sans omettre l’indication des sources auxquelles aurait puisé l’auteur, afin de déterminer la croyance des lecteurs les plus ombrageux et les plus difficiles. C’est cette lacune que l’auteur a essayé de combler; et sans oser se flatter d’y avoir pleinement réussi, il peut du moins se rendre la justice qu’il n’a négligé aucun soin, aucun effort pour atteindre à ce but.
Ceux qui entreprennent de s’appliquer à l’étude des affaires de notre pays manquent d’un guide qui dirige leurs pas dès leur début même dans la carrière qu’il se proposent de parcourir. Les anciens ouvrages publiés sur l’histoire générale de la maison royale sont pour la plupart d’un lourd et indigeste volume, et, indépendamment de ce que par la succession des temps ils sont devenus nécessairement incomplets, ils fourmillent d’erreurs. Les ouvrages modernes, en grande partie, reproduisent et exagèrent ces inexactitudes. Voilà pour les écrits de nos compatriotes. Quant aux écrivains étrangers, l’ignorance qu’ils apportent à discourir sur nous et sur nos affaires est généralement bien plus choquante encore. Sur un grand nombre que je pourrais citer, je me bornerai à parler de M. Buret de Longchamp qui publia en 1821, à Paris, ses Fastes universels. Cet ouvrage, dont un bon quart est consacré aux dynasties et à l’histoire des rois Indiens, Tartares, Chinois, Japonnais, Corésiens et d’autres familles illustres, ne présente que de courtes notions sur l’histoire de la Savoie, ce pays si voisin de la France et de tout temps son allié ; encore ces courtes notions sont-elles infidèles, et si, dans ses recherches, le lecteur en rencontre une qui soit exacte, il peut s’en applaudir comme d’une victoire. Et pourtant M. de Lonchamp ne rougit pas de tancer vertement Lesage (le comte de Las Cases), dont l’Atlas historique, bien qu’il ait servi d’encouragement et de modèle à son travail, ne saurait, sans injustice, lui être comparé. Cette jactance serait fondée si, dans les matières historiques comme en celles qui tiennent à la littérature, le principal mérite était dans l’invention. Il n’entre certainement pas, en effet, dans la tête de Lesage de faire mention dans ses tableaux de la Savoie d’un Humbert, duc de Savoie et de Maurienne, au 12e siècle, ou d’un Amédée VII, conquérant de l’île de Rhodes en 1310, ni de rapporter l’érection de la Savoie en duché à l’an 1417, en faveur d’un Amédée X, ou la fondation de l’ordre de l’Annonciation à 1435, etc. . Mais la première qualité des travaux de cette nature est une exactitude scrupuleuse, qualité bien méconnue de M. de Longchamp si l’on juge du reste de son ouvrage par la manière dont il a traité la partie qui nous concerne.
Tels sont les motifs à la faveur desquels on espère que la publication de ce Précis offrira quelque avantage. Il ne reste à l’auteur qu’à se recommander, et c’est ce qu’il fait avec confiance, à l’intérêt et à l’indulgence de ses compatriotes.