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III

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Tous ceux ou presque tous ceux qui racontent, commencent leur récit par le commencement; quelques-uns ont tenté de commencer par la fin; nous essayerons, pour faire diversion, de commencer par le milieu.

C’était jour de dimanche.

L’Angelus avait sonné ; tous étaient revenus de l’église.

Les habitants de la Jolinette comme les autres,

Les vêpres finissaient à sept heures en été. A sept heures sonnait l’Angelus, et, après l’Angelus, c’était le souper.

Les habitants de la Jolinette étaient donc à table pour le souper, puisque les vêpres étaient finies et que l’Angelus avait sonné.

La table était dressée sous le grand châtaignier que nous avons dit, une table couverte d’une nappe bien blanche; et le souper se composait de fraises à la crème et de pain bis.

Mais quels étaient alors les habitants de la Jolinette?

Un homme d’une cinquantaine d’années, une jeune fille de quinze ans, un enfant de sept ans.

Le père, car l’on devine aisément que cet homme est le père de la jeune fille et de l’enfant, le père a nom Pierre Lambriquet: c’est notre Pierre, notre joyeux Pierre, le fils de Claude.

Mais Pierre a-t-il donc hérité de la taciturnité de son père?

Peut-être la taciturnité se transmet-elle de père en fils dans la famille des Lambriquet...

Le front de Pierre est sombre et grave. Il ajoute parfois un mot aux récits de sa fille, il donne parfois un sourire aux saillies aimables et naïves du petit garçon, mais ce mot est triste, mais ce sourire a quelque chose de plus triste encore.

Et cependant ce mot et ce sourire sont, sans doute, choses extraordinaires, car la jeune fille s’écrie tout-à-coup:

— Oh! père, père, que vous êtes bon d’écouter ainsi ce que je raconte au petit frère, et de sourire aux gentilles réflexions de Guillaume. En vérité, père, vous me rendez bien heureuse aujourd’hui. Jamais je ne vous avais vu si gai.

— Je suis gai parce que tu es une bonne fille, Thérèse, et que j’espère que Guillaume marchera sur tes traces.

— Etre sage comme la sœur! murmura à son tour le petit garçon d’un ton tout-à-fait comique; ce doit être si difficile d’être sage, et si ennuyeux surtout!

— Tu te trompes, mon enfant, dit le père; le bien est facile, et il nous rend heureux.

Et il ajouta après une légère pause:

— On a beau faire et on aura beau faire, on ne trouvera jamais le bonheur qu’en accomplissant son devoir!

— Mais, père, vous n’êtes point heureux, puisque vous êtes toujours triste.

— Oh! frère...

— J’ai des peines, Guillaume; mais je le dis devant Dieu et devant les hommes: Je suis heureux!

Il y avait une telle force d’expression dans la manière dont le brave homme avait prononcé cette parole «Je suis heureux,» que la jeune fille et l’enfant se jetèrent à la fois dans les bras de Pierre.

La jeune fille pouvait dire aussi en toute sincérité : J’ai des peines, et pourtant je suis heureuse.... L’enfant ignorait encore le bonheur, ou plutôt il jouissait, sans en apprécier le prix, de ce bonheur des jeunes ans, de ce bonheur si vrai, si pur que donne l’innocence.

Mais continuons à dépeindre les habitants de la Jolinette; nous n’avons parlé encore que de Pierre Lambriquet.

Thérèse est une grande et belle jeune fille, et il y a quelque chose de plus parfait en elle que la beauté, c’est la vertu.

Son histoire est simple. Nous vous la dirons tout au long. C’est une touchante et sainte histoire.

Guillaume est vif, turbulent, impétueux.

— C’est un petit diable! dit quelquefois Thérèse en passant les doigts dans la blonde chevelure de l’enfant et en souriant avec amour, comme sourit une mère.

Thérèse est la véritable mère du petit frère.

L'héritage de Thérèse

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