Читать книгу Le nouvel hôtel de ville de Paris, 1872-1900 - Marius 1850-1928 Vachon - Страница 6

Оглавление

ORNEMENTATION DES SALONS A ARCADES.

II
INAUGURATION DE L’HOTEL DE VILLE

Table des matières

L’Hôtel de Ville a été inauguré le 14juillet1882, par le Président de la République. Les architectes, en y employant, pendant plusieurs semaines, huit cents ouvriers, étaient parvenus à aménager la Grande Salle des Fêtes, la Salle des séances du Conseil municipal, et la Salle Saint-Jean. M. Lavastre avait peint, en décor de théâtre, la voûte de la Grande Salle des Fêtes, où il représenta allégoriquement les Arts, les Sciences, le Commerce, l’Agriculture, et l’Industrie. Les parois et les plafonds des salles contiguës et des galeries furent tapissés de toiles à treillis d’or avec branchages de lierre et guirlandes de fleurs; et l’on tendit la Salle des séances du Conseil municipal d’étoffes imitant le cuir de Cordoue, ornées du chiffre en or de la République française. Sur le parvis, aux angles de la façade centrale, furent élevées deux fontaines monumentales en plâtre bronzé, dont M. Ballu avait donné les dessins.

La fête commença à cinq heures du soir par les exercices et le défilé, sur la place de l’Hôtel-de-Ville, devant la municipalité, du premier Bataillon scolaire, formé depuis trois mois, et comprenant six cents élèves de l’École Lavoisier et de dix écoles primaires communales du Ve arrondissement. Aux applaudissements d’une foule immense, le préfet de la Seine remit solennellement au bataillon son drapeau, offert par le Conseil municipal.


MÉDAILLE COMMÉMORATIVE DE LA RECONSTRUCTION DE L’HOTEL DE VILLE (FACE) Par M. Chaplain.

A six heures eut lieu, dans la Grande Salle des Fêtes, un banquet auquel avaient été conviés le Président de la République, les ministres, les représentants des grands corps de l’État, les ambassadeurs des puissances étrangères, les maires des villes de France, des délégués de toutes les grandes Écoles de l’État, de toutes les institutions publiques, de toutes les associations artistiques, industrielles, et commerciales, de toutes les Chambres syndicales, patronales et ouvrières, de Paris.


A la fin du banquet, le Président du Conseil municipal, M. Songeon, adressait au Président de la République, M. Grévy, ce discours:

«Au nom du Conseil municipal de la Ville de Paris, je salue respectueusement en vous, Monsieur le Président, l’homme éminent, que sa haute raison, son noble caractère, ont fait placer à la tête de la République.


«A vos côtés siègent les ambassadeurs des puissances, les représentants des premières villes d’Europe, les présidents, les membres des bureaux du Sénat et de la Chambre des Députés, les ministres de votre conseil.

«Qu’ils acceptent ici, avec vous, les remerciements et l’hommage de Paris.

«Dans cette enceinte–, aujourd’hui trop étroite,–nous nous sommes efforcés de réunir les chefs des magistratures, de l’armée, des académies, de toutes les institutions de l’Etat et de la Cité.

«Nous avons convié les maires des villes de France, les délégués des écoles,–maîtres et élèves,–des Chambres syndicales, patronales et ouvrières, ces représentants de l’intelligence et de l’industrie parisienne, dont l’incessant labeur traduit, sous toutes les formes de la production, les inspirations du génie national. Que ceux-là, aussi, reçoivent le salut cordial et fraternel de Paris.

«Demain, 14juillet, toutes les communes de France célébreront la fête de la Nation.

«Aujourd’hui, c’est la fête de Paris.–Paris inaugure son nouvel Hôtel de Ville.–Il s’élève en face de l’île de la Cité, berceau primitif de la grande Métropole.–Il sculpte à son fronton ce vieux navire, son emblème, qui–battu de siècle en siècle par maintes tempêtes–est demeuré à flot à travers les écueils, toujours orienté vers la liberté et le progrès.–Il s’élance aujourd’hui, plus confiant que jamais, vers les voies nouvelles que la République ne peut manquer de lui ouvrir.

«Dans cette solennité municipale, sous les auspices des idées de paix, de travail et de liberté qui l’ont inspirée, je porte un toast au Président de la République et aux hôtes illustres de la Ville de Paris.»

Après le président du Conseil municipal, le préfet de la Seine, M. Floquet, prononçait les paroles suivantes:

«Monsieur le Président de la République,

Messieurs,

«Au nom de l’Administration de la Ville de Paris, je dois parler encore après le discours éloquent que vous venez d’entendre, non seulement au nom des privilégiés qui la représentent dans ce banquet et qui ont été choisis parmi les plus éminents et parmi les plus humbles, mais aussi au nom de tous ceux qui la servent au dehors, qui donnent, avec un désintéressement admirable, leur temps, leur science, leur dévouement, à leurs concitoyens, et qui sont trop nombreux à la peine pour qu’il fut possible de les appeler tous à l’honneur. Mais ils sont tous présents à notre mémoire et nous n’avons pas besoin de les signaler à la reconnaissance publique.

«Je suis fier d’être en ce moment l’organe de tous ces fidèles serviteurs de Paris. En leur nom, je salue les hôtes dont la présence donne à cette fête une consécration éclatante, nos législateurs, mandataires de la Nation souveraine, le chef loyal et vénéré et les membres du Gouvernement de la République, les représentants des puissances et des municipalités étrangères, les délégués de nos départements. C’est dire que je bois à la France une et indivisible, à la paix, à la concorde patriotique. Puisse cette splendide demeure où nous entrons aujourd’hui, cet édifice que d’illustres artistes ont fait renaître de ses ruines, qui sera longtemps encore pour le génie français un sujet fécond d’inspirations et une source de renommée, puisse cet Hôtel de Ville qui a été agité par tant de révolutions, qui a été le témoin de tant de gloires et de tant de désastres, rester désormais l’asile inviolé de Paris libre dans la France forte et respectée.»


POURTOUR DES GRANDS ESCALIERS DES FÊTES, LE JARDIN DU LUXEMBOURG, par M. Harpignies.

Le Président de la République porta ensuite ce toast à la Ville de Paris:

«Messieurs,

«Je remercie M. le Président du Conseil municipal et M. le Préfet de la Seine des paroles bienveillantes qu’ils m’ont adressées. Je les remercie aussi de l’honneur qu’ils m’ont fait en me conviant à cette fête toute parisienne où je suis heureux de voir, assis à la même table, les représentants les plus éminents de la France et nos illustres hôtes, MM. les Ambassadeurs des puissances étrangères, tous réunis ici dans un commun sentiment de sympathie pour la grande Cité qui est fière de les posséder.

«M’associant à ces sentiments, Messieurs, je porte un toast à la Ville de Paris. Je la félicite de voir sortir de ses ruines avec une nouvelle splendeur son vieil Hôtel de Ville, maison paternelle de la Cité, antique berceau de ses libertés municipales, théâtre souvent glorieux, orageux quelquefois, et toujours attachant, des dramatiques événements qui remplissent son émouvante histoire.

«A Paris, qui a pris une si brillante part à l’épanouissement de la civilisation française!

«A ce foyer de vive lumière, à cette patrie des lettres, des sciences, des beaux-arts, sublimes productions du génie, qui font le charme de la vie des hommes et la vraie grandeur des Nations!

«A la Ville de Paris!»

Dans la Salle Saint-Jean, un autre banquet réunissait le Bataillon scolaire et ses officiers, sous la présidence d’un membre du Conseil municipal.

Une grande réception, pour laquelle il avait été lancé huit mille invitations, suivit le banquet. Sur la place de l’Hôtel-de-Ville, et dans toutes les voies adjacentes, illuminées par des portiques et des guirlandes de feux multicolores, était massé le peuple de Paris. A onze heures, les chœurs de l’Opéra vinrent aux fenêtres chanter la «Marseillaise»; cinquante mille voix reprenaient le refrain de l’hymne républicain, terminé par le cri formidable de: «Vive la République! Vive Paris!»

Après l’inauguration, les travaux furent repris avec une activité nouvelle: il en restait encore pour plus de6millions de francs à exécuter. Le gros œuvre était à peu près achevé; mais, il y avait à terminer la décoration sculpturale extérieure, et à aménager la plus grande partie de l’intérieur.

En juillet1883, le Cabinet du Préfet, le Secrétariat général de la Préfecture, les Directions des Finances et des Travaux quittaient le Pavillon de Flore, et se réinstallaient définitivement dans l’Hôtel de Ville. Le II juillet, le Conseil municipal tint sa première séance dans le nouveau palais. Le Président, M. Mathé, après avoir rappelé le discours prononcé, un an auparavant, par le Président de la République, à l’inauguration de l’Hôtel de Ville, adressait à ses collègues cette allocution: «On ne peut exprimer, dans un langage plus élevé et plus patriotique, les sentiments qui nous animent et nous soutiennent dans la tâche, souvent bien lourde, mais toujours attachante, que nous avons acceptée, de gérer les affaires de notre grande et généreuse Cité. En prenant possession de notre nouvelle salle de délibérations où vont désormais, à travers les siècles, se débattre les intérêts de Paris, je ne puis rien ajouter aux éloquentes paroles que je viens de rappeler. Travaillons, Messieurs, travaillons sans relâche à la prospérité de Paris, à son rayonnement constant dans le monde du progrès et de la liberté. Notre dévouement, celui de nos successeurs, lui assureront un avenir digne de son passé.»


LUCARNE DE LA COUR DU CENTRE.

Le nouvel hôtel de ville de Paris, 1872-1900

Подняться наверх