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AU ROY
ОглавлениеSIRE,
Je m’estois jusques ici, résolu de tesmoigner par le silence le respect que je doy à Vostre Majesté. Mais ce que l’on eust tenu pour reverence le seroit maintenant pour ingratitude, qu’il lui a pleu, me faisant du bien, m’inspirer, avec un desir de vertu, celuy de me rendre digne de l’aspect du plus parfaict et du plus victorieux Monarque du monde. On lit qu’en Etyopie il y avoit une statue qui rendoit un son armonieux toutes les fois que le Soleil levant la regardoit. Ce mesme miracle (SIRE) avez vous faict en moy, qui, touché de l’astre de V.M., ay receu la voix et la parole. On ne trouvera donc estrange si, me ressentant de cet honneur, ma Muse prend la hardiesse de se mettre à l’abry de vos palmes, et si temerairement elle ose vous offrir ce qui par droict est desjà vostre, puisque tous l’avez fait naistre dans un sujet qui n’est animé que de vous, et qui aura éternellement le cœur et la bouche ouverte à vos louanges, faisant des vœux et des prières continuelles à Dieu qu’il vous rende là haut dans le Ciel autant de biens que vous en faites çà bas en terre.
Vostre très-humble et très-obeïssant et très-obligé sujet et serviteur,
REGNIER.