Читать книгу Le monde des papillons : promenade à travers champs - Maurice Sand - Страница 8

ŒUFS, LARVES, CHRYSALIDES, ÉCLOSION.

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ALGRÉ les fatigues de la journée, je dormis fort mal. Je n’avais dans la tête que la chasse aux papillons. Je rêvai d’un bœuf ailé&d’une vache volante, sans parler des combats que je livrai à de moindres monstres. J’étais en train de larder, à coups de pique, un papillon qui avait la figure d’un nègre, quand je fus réveillé par la voix de M. Desparelles, m’avertissant que, si j’étais dans les mêmes dispositions que la veille, il était temps de partir. Je sautai à bas du lit&m’habillai encore tout endormi. Je ne me réveillai bien que lorsque j’eus déjeuné. Il était six heures,&je n’avais pas l’habitude d’être si matinal.

Après avoir recommandé à Æthiops de ne pas oublier les provisions de bouche pour la journée, M. Desparelles me dit:

«Puisque vous voulez essayer un peu de tout aujourd’hui, venez vous munir des instruments nécessaires à la chasse.»

Et il me fit passer dans une pièce qu’il appelait sa ménagerie.

C’était une grande chambre qui tenait de l’orangerie&de l’atelier une immense fenêtre vitrée, des gradins chargés de pots de fleurs&des boîtes garnies de toile métallique ou de canevas, où grouillaient des chenilles; le long des murs, des cadres d’insectes, de chrysalides, des oiseaux empaillés, des herbiers, des fioles, des casiers, des cartons rangés&étiquetés avec soin; une bibliothèque, des perches, des filets de gaze, des engins de pêche ou de chasse, des planchettes, des instruments de dissection ou de préparation; tout piquait ma curiosité.


«Un peu de patience, me dit M. Desparelles. Vous voulez chasser le papillon: savez-vous d’abord ce que c’est qu’un lépidoptère? Avant tout, l’explication du mot lépidoptère: qui a des ailes écailleuses, du grec , écaille, et de , aile.

–Bon! dis-je, cela m’est égal!

–Ce n’est pas égal du tout. Les insectes se divisent en douze ordres. Le lépidoptère compose le dixième. Il y a les coléoptéres, nom qui, en grec, veut dire ailes a étuis; les orthoptères, ou a ailes droites; les névroptères, ou ailes à nervures; les hyménoptères, ou ailes à membranes; les diptères, ou à deux ailes, etc. La poussière de l’aile d’un papillon, vue à la loupe, ressemble à des écailles superposées absolument comme des tuiles sur un toit; de là le nom générique d’ailes recouvertes d’écailles.

«A l’état parfait, l’organisation extérieure d’un lépidoptère se compose de quatre palpes dont les deux inférieurs sont seulement distincts, plus ou moins visibles&proéminents; d’une trompe plus ou moins longue, selon les espèces; de deux antennes de forme très-variable; de deux yeux apparents, immobiles, gros, formés par un nombre prodigieux de petites facettes; de quatre ailes&de six pattes plus ou moins longues, plus ou moins garnies d’ergots; d’un corps en deux parties: le corselet& l’abdomen. Le corselet est formé de trois segments sur l’un desquels les ailes sont adaptées; l’abdomen est allongé&se compose de sept anneaux, le dernier toujours plus fendu au bout chez le mâle que chez la femelle; la tète est un peu comprimée en avant; les palpes inférieurs, semblables à deux lèvres, se projettent en avant&renferment la trompe, qui varie selon les familles&qui sert de conducteur aux sucs nutritifs. Les ailes sont excessivement variables aussi de forme&de position. Elles sont libres&peuvent se redresser perpendiculairement chez les papillons de jour, quand l’insecte est au repos; chez d’autres, chez presque tous les papillons de nuit, un frein musculaire les retient aplaties sur l’abdomen&les empêche de se relever. Les pattes, toujours au nombre de six, ne servent pas à toutes les espèces. Chez les Argynnes, les Vanesses&les Satyres, par exemple, les deux premières pattes semblent mutiles à la marche; ils ne s’en servent nullement. En général, le mâle est presque toujours plus petit que la femelle &orné de couleurs plus brillantes. Dans certaines espèces de Liparides, de Psychides&de Géomètres, la femelle, bien qu’elle soit complètement dépourvue d’ailes, a toujours le corps plus gros que le mâle.

«Vous savez que, pour devenir papillons, ces intéressants insectes passent par quatre états: celui d’œuf, celui de chenille ou larve, celui de chrysalide, nymphe ou momie,&enfin celui d’insecte parfait. Il est des espèces qui pondent des milliers d’œufs, d’autres tout au plus une centaine. Vous voyez dans cette boite des œufs de Saturnia pyri (grand paon de nuit), qui est la plus grande espèce de nos climats. Le volume des œufs varie beaucoup selon les espèces. Ceux du Bombyx quercus (du chêne), dont le papillon n’est pas la moitié si grand, sont presque aussi gros. Il y a des œufs de toutes couleurs,&ils peuvent supporter les froids les plus intenses sans que leur germe perde sa vitalité. Ici, j’avais des œufs de Papilio podalirius (vulgairement dit que j’ai portés quatre jours sur moi&qui sont éclos hier. Au sortir de l’œuf, les petites chenilles ont mangé leur berceau, c’est-à-dire dévoré la coque d’où elles sortaient.

–Si vous les eussiez mis au soleil, ces œufs seraient-ils éclos plus vite?

–Non pas, le soleil les dessèche,&ils se ratatinent. Regardez cette substance blanchâtre comme de l’écume, ce n’est autre chose que des œufs de Liparis salicis (du saule);&cette espèce de bourre qui sert comme d’enveloppe à ceux-ci, c’est le poil de1abdomen de la femelle du Liparis dispar (disparate). Elle se dépouille ainsi pour préserver sa ponte du froid&de la pluie. En voilà d’autres, disposés en forme de spirale autour d’une petite branche: ce sont des Neustria (livrée).

«Passons aux chenilles! car, à l’état d’œuf, le papillon n’est pas très-intéressant. Voici des boîtes de sapin, couvertes en toile métallique pour donner de l’air. Elles contiennent des espèces différentes. Voici des pots de grès avec de la terre, pour les espèces qui se chrysalident en terre, comme la plupart des noctuelles; une boîte pour les Geometroe (arpenteuses) qui donnent toutes des phalènes.

–Mais, pourquoi donc ne pas avoir une seule grande boite pour les mettre toutes ensemble? Je pense qu’elles ne se mordraient pas!

Elles feraient pis, elles se mangeraient. Les diverses espèces se font la guerre,&même, lorsque celles d’une même espèce sont trop entassées dans le même local, comme celles qu’on appelle Fascelina, par exemple, elles s’étouffent&dépérissent. Il faut donc absolument avoir une collection de boîtes garnies de toile métallique&aérées le plus possible. Chaque compartiment doit avoir un pied carré&environ deux pieds de hauteur, comme vous voyez, afin de pouvoir y faire tenir les plantes ou branches d’arbres. On range les chenilles séparément. Gardez-vous bien d’introduire au milieu d’une famille que vous soignez un individu inconnu qui viendrait porter la mort parmi vos élèves. Quand vous en trouvez, mettez-les à part. Du reste, pour bien connaître les larves des lépidoptères, il est nécessaire que chaque espèce ait son compartiment. Les boîtes doivent être garnies de deux pouces de terre légère&de mousse, ainsi que de quelques petites branches pour que les larves qui se chrysalident dans les arbres puissent y opérer leur métamorphose. De la nourriture fraîche tous les deux jours au moins. Les arroser légèrement de temps en temps pour remplacer la pluie, car les chenilles crèvent aussi bien d’excès de sécheresse que d’excès d’humidité;&de même pour la boîte aux éclosions, car les chrysalides respirent tout comme les chenilles,&une humidité chaude favorise énormément leur changement d’état. Dès qu’un individu est piqué par les ichneumons&que vous en découvrez les cocons, il faut le retirer de la boîte; autrement, cette espèce de cousin, venant à éclore, piquerait vos autres élèves. Si une chenille meurt, ayez le soin de la retirer aussi, car son exhalaison pourrait faire périr les autres, qui parfois la dévorent. Quinze jours après que vos sujets se sont métamorphosés, vous pouvez nettoyer les boîtes&reporter les chrysalides dans la grande boîte aux éclosions. Cependant, il ne faut pas déranger les coques sans nécessité,&, quand on a assez de place, il vaut mieux les laisser là où elles se mettent d’elles-mêmes.


–Mais comment sait-on qu’une chenille va se chrysalider?

–Quand elle va faire sa dernière peau, qui est l’enveloppe coriace qu’elle revêt pour passer papillon, elle jeûne&se purge copieusement pendant deux ou trois jours, change de couleur, devient terne; exemple celle du grand paon de nuit qui, de verte qu’elle était, passe au jaune &au brun; puis elle parcourt la boîte&cherche un endroit pour bâtir sa demeure. Chez quelques espèces, ce travail ne dure qu’un jour,& il y en a même qui le font en quelques heures. Il y en a aussi qui sont en train de filer&qui, se voyant dérangées, recommencent deux ou trois fois leur travail.

–Me voilà bien fixé, lui dis-je; je vous prie de continuer vos instructions.

–Voici donc une autre boîte, dit-il. Elle renferme la chenille du Bombyx trifolii (du trèfle), dont je vois un individu crevé d’indigestion; il a vomi ses intestins. Tâtez avec les brucelles comme son corps est vide! Cette espèce est difficile à élever.

–Que diable ai-je donc qui me démange comme ça? dis-je en portant la main à mes yeux. Plus je frotte, plus c’est cuisant.

–Parbleu! me dit mon professeur, vous avez touché cette chenille avec vos doigts; son poil vous est resté dans les pores,&vous vous en êtes mis aux paupières; ce n’est rien. Frottez-vous avec un peu d’huile. Continuons-nous? Ou bien en avez-vous assez?

–Voyons-en qui n’aient pas de poils, lui dis-je d’un air résigné.

–Celles-ci, reprit-il en me présentant une boîte de ferblanc, sont glabres. Ce sont des Cossus-ligniperda (gâte-bois), qui vivent dans l’intérieur des saules, dont elles mangent l’aubier et sucent la séve. Je les nourris de pommes&de sciure de bois. Elles vivent ainsi trois ans avant de se changer en nymphes. Heureusement que toutes les chenilles que vous voyez ici ne me font pas attendre si longtemps. Il y en a qui subissent toutes leurs métamorphoses dans l’espace d’un mois. D’autres, comme les Bombyx rubi (de la ronce), passeront l’hiver à l’état de chenilles roulées sous la mousse ou dans les feuilles sèches,&se chrysalideront au printemps de l’année prochaine. Par exemple, il me faudra avoir le soin de leur mettre quelques mottes de gazon frais, afin qu’au moindre rayon du soleil d’hiver elles puissent se refaire un peu l’estomac. Voici une boîte de Polyommates quercus (du chêne). Cette espèce ne se chrysalide pas en s’attachant aux branches comme les Piérides, les Papilionides&quelques autres espèces de Lycénides; elle descend sous la mousse&s’y transforme comme certains Satyres. J’ai élevé beaucoup de leurs chenilles,&j’ai remarqué que, parvenues à toute leur taille, elles coupaient le pétiole de la feuille à l’endroit où il tient au rameau. La feuille tombe&la chenille aussi. Comme elles sont très-paresseuses, très-lentes à marcher,&qu’elles se chrysalident sous la mousse sans former de coque, elles préfèrent descendre de cette façon, qui est plus expéditive.

«Dans ce pot de terre, voilà des chenilles de Mania maura, noctuelle qui vit sur les plantes basses. Elles ne sont pas velues&vous pourriez les toucher sans inconvénient; mais si vous voulez qu’une chenille vive, il ne faut jamais la serrer dans les doigts. L’éducation de ces demoiselles exige beaucoup de soins. Certaine qui s’accommodait fort bien de telle plante, prend la fantaisie de n’en plus vouloir. Il faut alors chercher, bien longtemps parfois, ce qu’elle désire,&pendant qu’on le cherche, il lui arrive de tomber malade. Cela vous fait rire? Sachez que le naturaliste a souvent le cœur brisé en voyant mourir une élève dans laquelle il mettait toutes ses espérances. Telle que l’on croyait bien portante recèle dans son sein des larves d’ichneumon, le plus grand ennemi des chenilles. Attendez un peu, je vais en chercher, car il doit y en avoir quelqu’une de piquée. Tenez! regardez cette chenille d’Aglia Tau, ornée de cornes fourchues,&voyez cette masse cotonneuse qu’elle a sur les flancs! C’est une cinquantaine de coques. Un ichneumon lui a introduit d’abord ses œufs dans le corps, au moyen d’une tarière dont il est armé. Cet œuf éclôt, la larve croît aux dépens&en même temps que la chenille, laquelle se transforme souvent en chrysalide quand même, abritant ainsi celle du parasite, de sorte qu’un beau jour on voit sortir celui-ci au lieu du charmant papillon que l’on attendait. Un ichneumon passe quelquefois trois jours&plus à poursuivie une chenille. Il attend patiemment le moment où elle change de peau,&, dans cet instant critique, il vient déposer son œuf ou ses œufs&s’enfuit après avoir ainsi inoculé la mort, car la chenille n’en revient jamais. Écrasons cette famille de meurtriers...


«Et pourtant, voyez comme on est injuste quand on se passionne pour une certaine classe d’êtres! Le but de cet hyménoptère n’est pas de tuer la chenille, mais d’assurer la nourriture de ses propres enfants. Il a soin de déposer ses œufs dans le tissu graisseux de la larve sans attaquer jamais les intestins. Si cette matière nécessaire au développement de l’insecte parfait est dévorée, la chenille parviendra peut-être à se chrysalider, mais ne fera jamais un papillon.

–Je vous avoue que j’aurais pris tous ces œufs-là pour ceux de la chenille.

–D’abord, répondit-il en riant, les chenilles n’étant point des insectes parfaits&fécondés, ne peuvent pondre; ensuite ce que vous voyez là, je ne vous ai pas dit que ce fussent des œufs; ce sont les cocons des petites larves de l’ichneumon. En un quart d’heure toutes ces petites coques ont été filées autour de la victime. Au reste, l’erreur que vous faites n’a rien qui doive vous humilier. Goedaert&quelques autres savants anciens l’ont partagée. Ils ont cru que les chenilles malades&piquées par les mouches enfantaient des vers,&même ils admirèrent naïvement le soin que prenaient ces tendres mères de filer pour envelopper de soie leurs nouveau-nés.

«Les œufs mêmes des papillons ne sont pas à l’abri de l’invasion. Il y a de très-petites mouches qui viennent y déposer les leurs, les larves y éclosent, s’y nourrissent&s’y chrysalident. Mais d’après la loi qui veut que la vie s’alimente de la destruction, ces petits sont mangés à leur tour par des parasites plus petits qui leur font subir la peine du talion. Les chrysalides d’ichneumon, qui ont elles-mêmes un parasite, en sont un exemple.

«Puisque nous sommes en train de parler des ennemis directs de là chenille, disons que les oiseaux, les punaises, certains coléoptères,& certaines mouches leur font une rude guerre. Les larves du Calosome Sycophanta, qui vivent dans l’intérieur des nids des chenilles processionnaires, sont tellement voraces qu’elles s’étouffent à force d’en manger, &tellement féroces que les plus maigres d’entre elles mangent les plus grasses, de préférence aux chenilles qui les entourent.

«Je veux vous montrer un petit objet fort curieux que j’ai ramassé hier au bout de mon jardin.

–Qu’est-ce que cela? une petite bouteille?

–Une miniature de flacon de fine argile admirablement pétrie, comme vous voyez,&arrondie avec autant d’art&de régularité qu’un habile potier pourrait le faire. C’est l’ouvrage d’un insecte hyménoptère, le sphége tourneur (spirifex).

–Ne cassez pas ce chef-d’œuvre, c’est très-curieux.

–Oui, mais ce n’est pas rare&je veux vous faire voir ce qu’il contient. Il doit servir de sépulcre à quelque pauvre chenille.»

Et brisant la petite bouteille, M. Desparelles me montra en effet cinq petites chenilles vivantes, de diverses espèces, qui avaient été apportées là pour provision à une petite larve de spirifex.

«En voici une, reprit-il, qui, sans se douter de son sort, s’apprête à changer de peau.

–Les chenilles changent donc de peau?

Ne vous l’ai-je pas déjà dit? Le nombre des mues varie peu dans chaque espèce à l’état de nature. Cependant on peut, en captivité&par le mode de nourriture, en augmenter ou en diminuer le nombre chez certaines espèces velues. Ce qu’il y a d’assez singulier, c’est que je me suis amuse à tondre ras deux chenilles de Chelonia-caja (martre), la plus velue de toutes celles du genre: les poils ne repoussèrent pas; mais au bout de huit à dix jours, elle quitta sa vieille peau&en sortit plus fourrée que jamais. Il y a des espèces qui prennent une livrée tout autre que celle qu’elles portaient, quelquefois plus belle, d’autres fois moins.

Et d’où leur vient la fantaisie de changer de peau? demandai-je.

Fantaisie! s’écria M. Desparelles. Les animaux subissent des lois fatales&n’ont pas de fantaisies individuelles. La peau des chenilles est apparemment de nature à se sécher vite,&, dans cet état, elle cesse d’être un vêtement élastique; mais la loi de conservation, qui est dans le moindre animal, lui en prépare un nouveau plus moelleux&plus frais qui s’est formé sous l’ancien pour briller au jour voulu. Il faut croire que ce renouvellement ne s’opère pas sans effort, car toute décortication de la chenille est une maladie. Vous la voyez triste, terne, sans appétit, languissante, puis immobile&réduite à la diète pendant plus ou moins d’heures, suivant son espèce. Enfin la crise est arrivée: la vieille robe n’adhère plus, la calotte de la tète se soulève, le masque tombe,&, comme une graine qui éclate, l’enveloppe du corps se fend sur le dos jusque vers la moitié; alors l’individu se dégage du reste de l’étui&vous procure quelquefois les étranges surprises dont je vous parlais tout à l’heure. Dans certaines espèces, les sphinx particulièrement, la couleur&le dessin sont tellement changés que, si vous n’avez pas assisté à la métamorphose, ou si vous ne l’avez pas déjà observée, vous ne reconnaissez plus votre élève. Mais passons au troisième état, à celui de chrysalide.

–Attendez que je m’émerveille un peu, m’écriai-je. Ce n’est pas le tout de devenir savant, il faut rester artiste&admirer la nature dans ses œuvres. Ces petites créatures, que tant de gens repoussent avec dégoût,&que, pour ma part, j’avoue n’avoir jamais regardées qu’avec une sorte de mépris, me paraissent, à présent, avoir leurs agréments physiques.

–Je le crois bien! dit-il. Ouvrez donc les yeux à leurs beautés!»

Alors nous revînmes ensemble à l’examen des fraîches couleurs ou des riches fourrures de diverses espèces. Il me fit observer qu’il n’y a aucune analogie future entre la parure de la chenille&celle du papillon qu’elle produira. Telle chenille terne&insignifiante amènera un papillon étincelant de richesse. Telle autre, qui étale une robe semée de pierreries, deviendra un lépidoptère humblement ou sordidement vêtu, comme si la nature voulait dédommager une de ces deux existences des privations de l’autre. Il me fit admirer la chenille de Io (paon de jour), qui semble être habillée de velours noir à points blancs brillants comme du jais; celle de Liparis salicis (du saule), dont le dos blanc mat se borde d’une double ligne noire semée de boutons orange vif&de bouquets de légers cheveux ambrés. Dans le grand nombre de celles qui sont lisses &d’un vert printanier, il me fit remarquer combien il régnait de variétés dans leurs légers ornements, dans leurs fines rayures, dans leurs nuances délicatement fondues ou vigoureusement tranchées.

«Mais pourquoi tous ces noms latins? Ne serait-il pas plus simple de les appeler livrée, flambé, paon de jour en français?

–Les noms vulgaires qui leur ont été donnés primitivement ne sont pas plus à mépriser que les noms scientifiques; mais il faut bien dans les sciences une langue universelle; celle des localités est trop variée&trop incertaine. Si vous alliez parler de la Belle Dame à un Allemand, il ne vous comprendrait pas, tandis qu’il en sera tout autrement si vous dites cardui (du chardon). Les tribus&les genres changent selon les auteurs, mais le nom de l’espèce ne varie jamais. C’est un nom de baptême que lui confère le premier qui la découvre&que sanctionne ensuite la science. Il faut cependant que le nom imposé soit ou celui de la plante qui nourrit la chenille comme médicaginis (de la luzerne), brassicœ (du chou), delphinii (du pied d’alouette), etc.; ou tiré de quelqu’une des qualités de l’insecte, comme plumistaria (ayant des antennes semblables à des plumes), apiformis (en forme d’abeille); lanestris (laineux), etc. Au siècle dernier, les noms des demi-dieux et héros de l’antiquité furent très en vogue: Adonis, Eurvdice, Apollon, Scipion, Cléopâtre, etc.; mais aujourd’hui on préfère celui de l’entomologiste qui a découvert cette nouvelle espèce ou bien celui du savant sous le patronage duquel on la met: Yvanii (d’Yvan), Dejeanii (de Dejean), Saportœ (de Saporta), Maillardi (de Maillard), etc.

«Toutes les chenilles sont munies de trois paires de pattes courtes, articulées&à crochet simple, posées sur les trois premiers anneaux à partir de la tête. Vous retrouverez ces six pattes appelées, pattes écailleuses ou vraies pattes dans le papillon. Les autres pattes, dites membraneuses ou fausses pattes, sont des tubercules charnus pourvus à leur extrémité de petits crampons circulaires&rétractiles au moyen desquels l’insecte se tient sur les plantes. Le nombre des six vraies pattes est invariable, mais celui des fausses pattes varie de deux à dix selon les différentes familles de chenilles. Toutes les larves que vous trouverez munies de plus de seize pattes ne vous donneront jamais de papillons, mais des mouches ou des coléoptères. D’ailleurs, elles ne sont jamais velues comme celles d’une grande partie des lépidoptères.

–Comment se fait-il que, parmi les chenilles des papillons de jour, les unes aient des épines sur le corps, tandis que d’autres n’ont que de petits poils courts et serrés?

–Ces appendices sont pour l’entomologiste ce que sont les aiguillons, les épines&vrilles pour le botaniste. Ils ne diffèrent des poils que parce qu’ils sont plus gros, plus durs, de consistance cornée&prenant souvent une extension qui les force à se ramifier. Est-ce que les piquants du porc-épic, les soies du sanglier, les plumes des oiseaux, les écailles des poissons, la laine des moutons, les cheveux de l’homme sont autre chose que des poils? Vous savez bien que toute substance, tout être se modifie selon le milieu qui lui est assigné. Les épines, crins, brosses, cornes&appendices plus ou moins bizarres des chenilles ne sont donc également que des cheveux; mais des cheveux implantés sur chaque peau nouvelle de l’insecte, car l’ancienne peau tombe avec toutes ses épines pour faire place à de nouvelles épines toutes fraîches, toutes molles, qui ne prennent de consistance&ne se redressent que quelques instants après, au contact de l’air.

«Je vous disais, tout à l’heure, que les chenilles avaient beaucoup d’ennemis; mais la nature qui ne crée jamais un animal, si faible qu’il soit, sans le mettre en mesure de se défendre, les a pourvues de certaines armes. Les unes sécrètent&lancent par la bouche une liqueur acre; les autres se servent de leurs mâchoires pour mordre. Les Géomètres n’ont d’autres moyens de défense que la fuite; elles se laissent tomber dans l’espace&restent accrochées par un fil. Chez les Dicranura, le corps se termine par deux tubes mobiles&cornés d’où sortent, quand la chenille est tourmentée, deux longs filaments rouges dont elle se sert comme d’un fouet pour chasser les mouches friandes de sa peau délicate.

«Chez les Papilio&les Parnassiens, c’est une corne charnue en forme de fourche, placée au-dessus de la tête&cachée alors que la chenille est sans inquiétude; mais j’ai là des élèves de ce genre, nous pouvons tenter l’expérience.»

Et au moyen d’une barbe de plume, il chatouilla&agaça si bien l’une d’entre elles, qu’elle se redressa en colère&fit sortir une longue membrane orangée, dont elle frappait de droite&de gauche, en exhalant une odeur que je comparai à de l’extrait de carotte.

«Naturellement, me dit le professeur, les feuilles de ce légume étant la hase de sa nourriture, ses organes&ses sécrétions sont imprégnées de ce suc savoureux.

«Mais regardez autre chose d’intéressant. C’est le travail de celle-là qui, après avoir trouvé une place convenable, se prépare à se métamorphoser en chrysalide.»

La chenille venait de tapisser de soie la tige qui devait la soutenir. Elle se retourna, cramponna ses deux dernières pattes, tout en entourant de soie l’extrémité de sa croupe garnie de petits poils roides visibles à la loupe; ainsi fixée au réseau de soie, elle appliqua d’un côté de sa tête, un peu en arrière, un fil qu’elle lâchait peu à peu en le faisant passer entre ses pattes écailleuses&le colla de l’autre côté. Elle recommença ainsi une cinquante de fois, en s’assurant à chaque reprise que le fil était solide. Elle fabriqua de la sorte une véritable corde, eu égard à son corps&à son volume. Cette soie provenait d’une liqueur contenue dans un petit réservoir sous le menton de la chenille, liqueur qui a la propriété de se solidifier à l’air. Le câble étant prêt avait la forme d’un petit arc. L’insecte commença par se plier, passa la tête dans le nœud&se glissa dessous jusqu’à ce qu’il fût sur son dos. Ainsi placée, la chenille se tendit&poussa de toutes ses forces sur ce lien pour en éprouver la solidité. Après quelques mouvements oscillatoires qui eurent pour but de lui faire entrer le fil dans la peau, elle rétracta ses pattes,&, lâchant tout point d’appui, elle se trouva soutenue par cette sangle&par les fils qui retenaient son extrémité inférieure.

«Dans quinze jours, dit M. Desparelles, le papillon sortira de son enveloppe, étendra ses ailes magnifiques&ira animer les lisières fleuries de la forêt. Je dis qu’il éclôra en quinze jours s’il reste dans son milieu naturel; car le cours de sa vie à l’état de chrysalide peut être allongé ou diminué selon la température.


–Comment cela?

–L’insecte que nous appelons chenille est un papillon caché sous des vêtements organisés dont il a besoin pour croître. Sa croissance se fait sous la forme de larve,&la solidification de ses parties sous celle de chrysalide. Sous la première forme, il mange&fait provision de sucs nutritifs qui demandent à être digérés, distribués&surtout épaissis pendant la seconde période. Les organes du papillon ne sont encore qu’à l’état de bouillie dans la chenille. Dans la chrysalide, il s’établit une transpiration; les parties aqueuses s’évaporent par la chaleur&les tissus se raffermissent. Cette opération se fait en plus ou moins de temps selon les conditions atmosphériques.»

Nous passâmes à la boîte aux éclosions.

«Avant tout, me dit-il, il faut voir s’il n’y aurait pas quelque nouveau-né qui s’échapperait si nous manquions de précautions.»

En effet, après avoir regardé à travers le canevas, il aperçut plusieurs naissances: le Sphinx pinastri (du pin), Elpenor (de la vigne), le Smerinthe tiliœ (du tilleul), variété rousse, la Callimorphe-hera (chinée), d’une fraîcheur incomparable.

«Voilà de splendides papillons!

–Assez communs! répondit-il tranquillement;&, s’armant d’une épingle, il ouvrit la boîte&piqua la callimorphe, qui, en se débattant, fit voir ses ailes inférieures.

–Variété! s’écria-t-il. Hera à ailes inférieures jaunes, au lieu de rouges!

–Ne seraient-elles pas plus jolies rouges?

–Ce que Dieu a fait est bien fait; mais l’entomologiste préfère la variété,&surtout la rareté.»

Il passa à l’individu une autre épingle en travers, afin qu’il ne débattît point ses ailes, ce qu’il appela mettre un frein, en attendant la préparation complète. Je regardai les chrysalides&demandai l’explication des détails de leur logement.


«D’abord, me dit-il, cette boîte est divisée en trois parties. Voici un endroit sec pour toutes ces coques de Saturnia (grands et petits paons). Une partie éclôra l’année prochaine, au mois d’avril, une autre partie l’année suivante; prévoyance de la nature, en cas de désastre, gelée intempestive, sécheresse, etc. Voici deux vieilles coques de la même espèce qui sont en chrysalide depuis trois ans.

–Et ces êtres-là sont vivants? dis-je, étonné.

–C’est la vie à l’état latent.

–Quelle différence y a-t-il entre cette vie d’expectative&la mort?

–La chrysalide vivante a un mouvement. (Il me le fit observer en pressant légèrement le corps d’un individu de Catocala sponsa (fiancée), dont l’abdomen fit des oscillations comme celles d’un poisson. Les chenilles, reprit-il, respirent par de petites ouvertures que l’on appelle stigmates,&qui sont au nombre de neuf de chaque côté de leur corps. Ces stigmates se retrouvent dans les chrysalides comme dans les papillons.»

Il me montra ensuite comment on découvre que la mort a remplacé la léthargie. Il y a décès quand les anneaux se soudent&que la momie devient légère.

La seconde partie de la boîte contenait, sur un lit de mousse, les coques&chrysalides qui veulent de la fraîcheur sans être dans la terre. Au-dessous d’elles, sous un grillage, un tiroir plein de terre mouillée entretenait l’humidité.

«La manière dont les chenilles se transforment, me dit M. Desparelles, varie beaucoup, comme vous voyez; voici des cocons analogues à ceux des vers à soie, d’autres enveloppés seulement de quelques fils. Cette coque triangulaire verte, avec cette nervure plus claire au milieu, est celle de l’Halias-quercana (du chêne), la plus grande platyomide du genre. Celle-ci, qui ressemble un peu aux chrysalides des Pierides brassicœ (du chou), est cependant une phalène, l’Ennomos-tiliaria (du tilleul). En voilà une, la Cucullia verbasci (du bouillon blanc), qui se tapisse ou plutôt maçonne une coque en terre très-solide. Voici la coque du Bombyx quercus (du chêne), qui ressemble à un gland; celle du Bombyx rubi (de la ronce), qui est allongée en forme de croissant; celle de l’Urapterix-sambucaria (du sureau), qui flotte, suspendue par de légers fils de soie, dans un hamac diaphane; celle de Saturnia pyri (grand paon de nuit), que vous avez vue tout à l’heure, est d’un agencement admirable. Les soies dont elle se compose sont disposées de manière à laisser sortir le papillon sans effort, à l’heure de son éclosion,&à ne pas permettre l’entrée aux insectes durant le sommeil de la chrysalide.

«En général, toutes les chenilles velues font des coques,&celles qui ont des tubercules, comme Saturnia pyri, fournissent bien plus de soie que les autres.

«Voici le dernier compartiment, continua-t-il. C’est un tiroir plein de terre de bruyère où reposent les chrysalides de sphinx. Celles d’Atropos (tête de mort) sont énormes. Ce sont les plus grosses de nos climats. Voici une douzaine de coques de Sesia-apiformis (apiforme), qu’elles composent avec des parcelles de bois rongé&réduit par elles à l’état de sciure. Remarquez une particularité intéressante: au bout de cette coque rude, épaisse, difficile à déchirer, vous voyez le fourreau vide de la chrysalide qui semble avoir monté d’elle-même jusqu’à l’orifice pour donner passage à l’insecte parfait. Il y a mieux, cette même sésie va bâtir&cacher sa coque dans l’intérieur des peupliers,&parfois dans les racines jusqu’à un demi-mètre de profondeur;&pourtant, la nymphe fait ce trajet, puisqu’on la trouve à moitié sortie à travers les écorces. Ainsi cette momie, si bien serrée dans ses anneaux comme dans des bandelettes, a la faculté de grimper. Vous vous en assurerez en remarquant qu’elle est pourvue de petites pointes qui garnissent les segments de son abdomen&sur lesquels elle appuie ses mouvements.»

Il me fit voir, dans une autre boîte, des nymphes de papillons de jour, suspendues la tête en bas, ou attachées par le milieu du corps, au moyen d’une soie à peine visible, filée par la chenille.

«Ce sont les plus belles de toutes! m’écriai-je. Elles sont tout en or, en argent ou en bronze.

–C’est ce qui leur a fait donner le nom de chrysalide, de ypucoç (or). On a ensuite généralisé ce nom, en l’employant pour toutes les transformations. Cette enveloppe n’a pourtant de l’or que l’apparence; c’est une substance gommeuse appartenant à l’insecte,&qui, recouverte d’une petite pellicule transparente, brille d’un éclat métallique.

–Comment font donc les papillons pour sortir de là avec leurs grandes ailes? Ils grandissent donc?

–Il n’en est rien! Le papillon sort de sa chrysalide, qui n’est plus alors qu’une espèce de pelure d’oignon que le moindre souffle emporte au loin; je parle ici des Vanesses, Argynnes, Mélitées&autres genres diurnes;&il en sort absolument de la même manière qu’il est sorti de ses vieilles peaux lorsqu’il n’était encore que chenille. Il est d’abord mou&humide, ses ailes sont petites&chiffonnées. Il s’accroche& reste immobile; puis ses ailes se développent, se sèchent&s’affermissent. Avant de les essayer, il se débarrasse de son meconium, espèce de liqueur rouge comme du sang. Toute cette opération se fait dans l’espace d’une heure au plus; mais le papillon n’a pas plus grandi, relativement, que votre parapluie quand vous l’ouvrez,&il ne grandira plus.

L’éclosion est plus compliquée chez les papillons qui font des coques; puisque, déjà à moitié dégagés de la chrysalide, ils ont encore à percer le cocon qui l’enferme. Les uns ramollissent l’endroit qui doit leur donner passage, avec un liquide qui dissout la gomme; les autres, comme certains bombyx, coupent les soies de la coque; mais, comme ils n’ont plus de mâchoires, je suppose qu’ils doivent se servir de leurs yeux taillés à facettes, comme d’une lime. Le plus souvent, l’insecte n’a qu’à pousser devant lui l’opercule retenu par quelques fils qui se rompent à la moindre pression du prisonnier.

–Et combien de temps vit un papillon?

–Leur existence est généralement courte. Le mâle périt après l’accouplement,&la femelle après la ponte. Celles-ci en captivité& forcées au célibat vivent ordinairement plus longtemps qu’à l’état de nature,&meurent sans avoir pondu. Cependant celles des Bombvcides se débarrassent de leurs œufs sans avoir été fécondées. En somme, on peut fixer à une dizaine de jours la durée de la vie d’un lépidoptère.

«Il y a cependant des exceptions. Les Vanesses, qui vivent en famille à l’état de chenille, éclosent en été. Dans la même espèce, les unes volent, s’accouplent&meurent dans la quinzaine; les autres se retirent dans les arbres creux, les fentes des vieux murs, les caves,& tombent dans un engourdissement léthargique dont elles ne sortent, aux premiers beaux jours, que pour s’accoupler en mars, c’est-à-dire huit mois après leur éclosion. Vous pensez bien qu’après cette hibernation, ces papillons ont perdu beaucoup de leur fraîcheur. Cependant c’est un plaisir pour le naturaliste de voir, au moindre rayon du soleil d’hiver, ces hôtes des jardins&des prairies, sortir de leur retraite, secouer leur torpeur&voltiger sur les plantes encore blanches de la gelée du matin. Je les ai souvent observés,&je peux dire que chaque hiver il y en a une demi-douzaine que je connais de vue, l’un à sa grandeur anormale, l’autre à son aile déchirée, d’autres encore à leurs habitudes&au choix de leur cachette le long des espaliers. Ce sont des Atalante, des grande tortue, des Antiope. Elles se trompent peut-être de saison; pourtant je ne les vois pas chercher à fouiller les fleurs absentes. Elles ne paraissent songer qu’à se dégourdir les ailes en volant avec lenteur sur les pierres un peu attiédies par le soleil, ou à se poser, les ailes ouvertes, sur le sable sec. Le fait de papillons qui passent l’hiver a également lieu pour les chrysalides. Prenons la Piéride brassicœ (du chou) comme exemple. Sur trente chenilles qui se chrysalideront à l’arrière-saison un tiers éclôra, pondra&mourra en quelques jours, l’autre tiers éclôra,&restera en léthargie, comme je viens de vous le dire, tandis que les dix derniers hiberneront à l’état de chrysalide. De cette façon, vous êtes sûr d’avoir pour l’année suivante des œufs, des chrysalides&des papillons qui vous donneront de quoi dévorer votre potager. En général, il y a deux pontes par an&deux apparitions, l’une au printemps, l’autre à l’automne, mais la génération de l’arrière-saison donne toujours des sujets plus petits&moins brillants que ceux de la première. En revanche il y a des espèces qui ne paraissent qu’une seule fois, d’autres chez lesquelles les mâles éclosent longtemps avant les femelles. Certaines autres qui, après avoir passé l’hiver en chrysalides, éclosent au printemps&sont vêtues de couleurs si différentes de celles de leurs frères aînés, qu’on en avait fait deux espèces, comme la variété Levana de la vanesse Prorsa.

«J’ai remarqué aussi que les papillons avaient des heures régulières selon les genres pour sortir de leurs momies. Tous les mâles des Chélonides, entre autres Caja (oursine), Villica (fermière), Purpurea (pourprée), éclosent vers sept heures du matin,&les femelles à la tombée du jour; les noctuelles Fimbria, Pronuba, de neuf heures du soir à minuit; Tenebrosa (ténébreuse) vers cinq du soir; les phalènes des genres Boarmia, Amphydasis&Larentia, vers minuit. L’apparition des papillons de jour a lieu ordinairement de huit à dix heures du matin, tandis que les sphinx attendent l’après-midi.

–C’est bien curieux&bien intéressant! Mais alors il n’y a plus qu’à chercher les chenilles, car le papillon doit être bien plus beau, élevé de cette façon.

–Certainement! aussi est-ce à l’état de chenille que je le cherche le plus. Mais le soleil monte, partons!»


Le monde des papillons : promenade à travers champs

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