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CHAPITRE III.

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Sur le devoir de placer sa destination définitive dans la perfection ou le souverain bien.

1. Le Livre des Vers dit:

«C'est dans un rayon de mille li (cent lieues) de la résidence royale

Que le peuple aime à fixer sa demeure

2. Le Livre des Vers dit:

«L'oiseau jaune au chant plaintif mien-mân

Fixe sa demeure dans le creux touffu des montagnes.»

Le philosophe [KHOUNG-TSEU] a dit:

En fixant là sa demeure, il prouve qu'il connaît le lieu de sa destination; et l'homme [la plus intelligente des créatures][4] ne pourrait pas en savoir autant que l'oiseau!

3. Le Livre des Vers dit:

«Que la vertu de Wen-wang était vaste et profonde!

Comme il sut joindre la splendeur à la sollicitude la plus grande pour l'accomplissement de ses différentes destinations!»

Comme prince, il plaçait sa destination dans la pratique de l'humanité ou de la bienveillance universelle pour les hommes; comme sujet, il plaçait sa destination dans les égards dus au souverain; comme fils, il plaçait sa destination dans la pratique de la piété filiale; comme père, il plaçait sa destination dans la tendresse paternelle; comme entretenant des relations ou contractant des engagements avec les hommes, il plaçait sa destination dans la pratique de la sincérité et de la fidélité[5].

4. Le Livre des Vers dit:

«Regarde là-bas sur les bords du Ki;

Oh! qu'ils sont beaux et abondants les verts bambous!

Nous avons un prince orné de science et de sagesse[6];

Il ressemble à l'artiste qui coupe et travaille l'ivoire,

A celui qui taille et polit les pierres précieuses.

Oh! qu'il parait grave et silencieux!

Comme sa conduite est austère et digne!

Nous avons un prince orné de science et de sagesse;

Nous ne pourrons jamais l'oublier!»

5. Il ressemble à l'artiste qui coupe et travaille l'ivoire, indique l'étude ou l'application de l'intelligence à la recherche des principes de nos actions; il ressemble à celui qui taille et polit les pierres précieuses, indique le perfectionnement de soi-même. L'expression Oh! qu'il paraît grave et silencieux! indique la crainte, la sollicitude qu'il éprouve pour atteindre à la perfection. Comme sa conduite est austère et digne! exprime combien il mettait de soin à rendre sa conduite digne d'être imitée. Nous avons un prince orné de science et de sagesse; nous ne pourrons jamais l'oublier! indique cette sagesse accomplie, cette perfection morale que le peuple ne peut oublier.

6. Le Livre des Vers dit:

«Comme la mémoire des anciens rois (Wen et Wou) est restée dans le souvenir des hommes!»

Les sages et les princes qui les suivirent imitèrent leur sagesse et leur sollicitude pour le bien-être de leur postérité. Les populations jouirent en paix, par la suite, de ce qu'ils avaient fait pour leur bonheur, et elles mirent à profit ce qu'ils firent de bien et de profitable dans une division et une distribution équitable des terres[7]. C'est pour cela qu'ils ne seront point oubliés dans les siècles à venir.

Voilà le troisième chapitre du Commentaire. Il explique ce que l'on doit entendre par placer sa destination définitive dans la perfection ou le souverain bien[8].

[4] C'est l'explication que donne le Ji-kiang, en développant le commentaire laconique de Tchou-hi: «L'homme est de tous les êtres le plus intelligent; s'il ne pouvait pas choisir le souverain bien pour s'y fixer, c'est qu'il ne serait pas même aussi intelligent que l'oiseau.»

[5] Le Ji-kiang s'exprime ainsi: «Tchou-tseu dit: Chaque homme possède en soi le principe de sa destination obligatoire ou de ses devoirs de conduite, et atteindre à sa destination est du devoir du saint homme.»

[6] Tcheou-koung, qui vivait en 1150 avant notre ère, l'un des plus sages et des plus savants hommes qu'ait eus la Chine.

[7] C'est l'explication que donnent de ce passage plusieurs commentateurs: «Par le partage des champs labourables et leur distribution en portions d'un li (un dixième de lieue carrée), chacun eut de quoi s'occuper et s'entretenir habituellement; c'est là le profit qu'ils en ont tiré.» (Commentaire, Ho-kiang.)

[8] Dans ce chapitre sont faites plusieurs citations du Livre des Vers, qui seront continuées dans les suivants. Les anciennes éditions sont fautives à cet endroit. Elles placent ce chapitre après celui sur le devoir de rendre ses intentions pures et sincères. (TCHOU-HI.)

Les quatre livres de philosophie morale et politique de la Chine

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