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DES PARENTS PLUS ÂGÉS DANS UNE SOCIÉTÉ «BÉBÉPHILE»

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Contre Simone de Beauvoir et les mouvements féministes des années 1970, il est aujourd’hui entendu que la maternité est une des composantes centrale de l’identité féminine. Dans les sociétés rurales d’autrefois, la stérilité-toujours attribuée aux femmes-apparaissait comme un grand malheur. Aujourd’hui la procréation est une des formes de l’accomplissement de soi. Sur une femme qui n’a pas d’enfants, on s’apitoie, et on s’étonne encore plus si elle affirme (et ose le faire) que c’est un choix mûrement réfléchi. Elle en a d’autant plus de mérite que la société est «bébéphile», tout au moins dans ses discours et ses représentations. Contrairement aux Etats-Unis, où les couples peuvent afficher publiquement leur choix de rester des DINKS (Double income, no kids-Double revenu, pas d’enfant), le modèle français comporte une incitation à «faire un enfant»: «la femme qui veut mais ne peut pas procréer se considère comme mise au ban de la société, qu’elle se place elle-même en retrait du groupe ou que celui-ci l’exclue de ses rangs. Les femmes elles-mêmes, leur famille et leur groupe d’appartenance vivent la stérilité comme une malédiction» (Flis-Trèves, 1990: 27). Etre enceinte est à la mode.

Pour s’en convaincre, il suffit d’observer le changement radical intervenu dans la garde-robe pour future maman. Jusque dans les années 1960, toutes sortes de sacs tentaient, sans succès, de cacher ce qu’on nommait encore par euphémisme «le doux secret», protubérance qu’on ne souhaitait pas exhiber. Des couleurs ternes, des vêtements amples n’incitaient guère à sortir de chez soi, ce qui était une façon de se protéger contre les dangers censés guetter les futures mères. Aujourd’hui, celles-ci ceignent leurs ventres d’écharpes multicolores qui en soulignent les rondeurs; elles s’exhibent en maillot de bain deux pièces, arborant fièrement leur rotondité, à l’instar de toutes les vedettes dites «people» qui peuplent les magazines du même nom. Les psychanalystes s’inquiètent d’ailleurs de la «fétichisation» de la grossesse, de la célébration d’une sorte de «maternel érotique» dont le premier signe fut la photo par Annie Leibovitz en 1991 de Demi Moore posant, en couverture du magazine américain Vanity Fair, enceinte de sept mois, avec pour unique parure une bague en diamants. Si la photo déclare de façon fracassante la fierté et la beauté du corps gravide, la «Bébé attitude» n’est toutefois pas sans danger lorsque l’enfant réel, ses pleurs nocturnes et ses coliques, sera là pour de bon (Flis-Trèves, 2005). Il existe aujourd’hui d’ailleurs des unités psychiatriques pour soigner le «mal de mère», souvent fréquent chez de jeunes femmes très angoissées face à leur nouveau-né, comme des spécialistes qui tentent de comprendre les pleurs redoublés des nouveaux nés.

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