Читать книгу Études historiques, littéraires et scientifiques sur l'arrondissement de Jonzac - Pierre-Damien Rainguet - Страница 32

535 hab. — 1644 hect.

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L’église et la paroisse sont dédiées à sainte Eugénie, fille d’Adelbert, duc d’Alsace, et abbesse de Haut-Hohenbourg, au commencement du VIIIe siècle; elle y avait pris la place de sainte Odile, sa tante, vénérable fondatrice de cette abbaye. Sa fête se célèbre le 16 de septembre, mais on ne la solennise à Saint-Eugène, que le dimanche qui suit le 11 du même mois. Jusqu’en 1760, peut-être même jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, cette paroisse avait porté le nom de Sainte-Eugénie, celui de Saint-Eugène a prévalu depuis la Révolution. L’église forme une croix orientée selon l’usage du moyen-âge. De l’édifice du XIe siècle, il ne subsiste plus que la partie centrale. L’abside et le chœur ont été refaits sous la période ogivale, avec fenêtres à lancettes très-étroites. En 1660, la travée du portail étant tombée, on rebâtit le mur de la façade et on inscrivit cette date sur l’arceau nouvellement dressé. Les deux chapelles latérales sont très-resserrées; leurs voûtes forment un quart de cercle qui s’appuie, en contre-bas, sur les murs de la nef. La chapelle de gauche, dite de Frédouville vers le commencement du XVIIIe siècle, est, depuis 1743, dédiée, contre la règle ordinaire, à N.-D. L’abbé Brosset, docteur en théologie, curé originaire de la paroisse, contestait dès 1709, cette appellation seigneuriale de Frédouville, disant que la chapelle était sciemment un objet public et non privé ; rien n’indiquant un oratoire funéraire de fondation. Celle de droite dite de la Barde, fortement endommagée, et où la famille du Sault avait autrefois sa sépulture, a une voûte plein-cintre en pierres de petit appareil; on y voit des restes de peinture murale et quelques fleurs de lis. Cette chapelle est dédiée à saint Blaise, martyr à Sébaste; on doit croire qu’elle a été anciennement la chapelle de N.-D. Séparée maintenant du reste de l’édifice. par un parpaing, elle sert de magasin de chaises et de passage pour monter à la chaire.

Au dessus du transept de l’église, s’élève une coupole, surmontée du clocher, tour carrée assez lourde et qui, anciennement, se terminait par une pyramide en pierre à quatre pans et dont on aperçoit encore la naissance sous la toiture actuelle. Voici l’inscription de la cloche d’origine moderne:

L’AN 1808 J’AI EU POUR PARRAIN

M. GASPARD-JOSEPH DE MADRONNET DE St-EUGÈNE

ET POUR MARRAINE DAME JEANNE DOROTHÉE DE RABREUL

EPOUSE DE M. CHARLES JOUBERT DU LOGIS DE LA BARDE

DE St-EUGÈNE — JEAN BAPTISTE MONJOU CURÉ.

Sur le retable de l’autel de N.-D., on voit une statuette, tenant en main la crosse abbatiale et figurant la patronne de Saint-Eugène.

La cuve baptismale de cette paroisse est d’une forme et d’un travail remarquables. C’est une pierre octogone, ayant 1 mètre d’élévation; chaque face mesure environ 45 centimètres; les pans parallèles affectent une ornementation similaire: deux imbriqués, deux à têtes de clous, deux à étoiles, et deux unis. On découvrit cette pierre vers 1830, dans les décombres accumulés, près de la façade de l’église, par les ruines de 1660, et dans l’endroit à peu près où se trouvaient les anciens fonts-baptismaux. Elle resta longtemps exposée aux injures de l’air et des passants, et il fut même question de la briser pour en faire du moëllon, lorsque M. l’abbé Rideau, alors curé de Saint-Eugène, préserva de la destruction cette belle cuve baptismale, en la faisant placer dans le lieu saint.

Nous croirions volontiers que cette église aurait été bâtie par les religieux bénédictins de la communauté de Baignes, et notre présomption s’appuie sur la charte du XIe siècle, déjà citée, et par laquelle Robert de Pons avait donné l’église de Sainte-Eugénie, aux moines de Saint-Florent de Saumur. Sur la fin du XIe siècle, les religieux de Saint-Florent transmirent cette église, à titre d’échange, aux religieux de Saint-Étienne de Baignes, avec l’agrément du même Robert et de Goubert, curé de Sainte-Eugénie.

Au village de chez Pagnon, à 500 mètres du bourg, se voit le couvent ou maison d’éducation pour les jeunes personnes, fondé en 1840, par M. Gaspard-Joseph de Madronnet, comte de Saint-Eugène, et qu’il confia au zèle des révérendes filles de Saint-Vincent-de-Paul. Le fondateur, exilé durant la tempête révolutionnaire, avait vu disparaître toute sa fortune. Lorsque le calme se fit, il rentra dans sa patrie et devint le commensal de Mlle de Saint-Eugène, sa sœur, qui avait conservé sa fortune personnelle. Celle-ci, en mourant, le nomma son légataire universel, à la charge d’établir la communauté de chez Pagnon, lieu qu’elle avait habité. La condition du legs fut scrupuleusement remplie, le saint asile fut fondé et richement doté par M. de Saint-Eugène qui, dans les neuf dernières années de sa vie, vint souvent y goûter le calme de la solitude, comme le recueillement de la piété et y recevoir, en outre, les soins que son grand âge réclamait, et pour lesquels la vertueuse supérieure, sœur Adélaïde, suppléa parfaitement Mlle de Saint-Eugène, passée à une vie meilleure. Le pieux fondateur mourut à Bordeaux, et ses dépouilles mortelles furent déposées dans le cimetière de la Chartreuse, mais son cœur fut envoyé à Saint-Eugène, où il fut reçu avec de grandes marques de vénération et placé dans la muraille de droite de la chapelle de N.-D. ou de Frédouville. Une plaque en marbre noir le constate et porte l’inscription suivante:

CI-GIT

LE COEUR DE JOSEPH-GASPARD DE MADRONET

DE SAINT-EUGÈNE

BIENFAITEUR DE CETTE PAROISSE

DÉCÉDÉ LE 17 OCTOBRE 1849.

Armes: d’azur au lion d’or, armé et lampassé de gueules, tenant une croix d’argent.

Un peu au-dessous de la communauté, coule perpétuellement une jolie fontaine, que Jacques-Philippe Brosset, petit-neveu du curé précité, fit voûter, à ses frais, en 1775.

Saint-Eugène, placé sur la voie romaine, n° 16, de Saint-Maigrin à Saintes, a dû être dans l’antiquité et le moyen-âge, témoin de faits importants. On rapporte qu’autrefois, une ville s’étendait du bourg de Saint-Eugène au village actuel de Bagot. Les dénominations de Frédouville, de Villeneuve surtout, que porte encore un petit hameau très-voisin de l’église, seraient peut-être une réminiscence d’un brillant passé. Ce qui est incontestable, c’est qu’à Saint-Eugène, on trouve une quantité d’anciens débris, tels que briques à rebords, vases, armes, tombeaux, remontant à une haute antiquité. En plusieurs endroits, on a découvert beaucoup de squelettes réunis, juxtaposés, au nombre de 50, 80 et quelquefois plus, tous inhumés sans sarcophages. Dans cette ville ruinée, d’autres voient une simple bourgade renversée lors de l’invasion des Alains, vers le Ve siècle , et dans le lieu dit Champ des Batailles, la place même d’un sanglant combat, dont l’époque est tout à fait indéterminée. Un menhir, peut-être un dolmen, connu dans le pays sous le nom de Pierre Merveille, était planté tout proche de Saint-Eugène; un propriétaire l’a renversé et brisé vers 1845. La carte du pays des Santons indique l’existence d’un dolmen, qui ne se retrouve plus dans cette commune. On y montre trois anciennes gentilhommières: Bois-Courbon, la Barde et Frédouvllle.

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