Читать книгу Études historiques, littéraires et scientifiques sur l'arrondissement de Jonzac - Pierre-Damien Rainguet - Страница 37
484 hab. — 706 hect.
ОглавлениеCette paroisse est dédiée à saint Germain, évêque de Paris au VIe siècle, l’une des gloires de l’Eglise de France et dont les miracles et la sainteté furent préconisés par le bienheureux Venance Fortunat, depuis évêque de Poitiers, son contemporain et son ami. Ce saint évêque de Paris fut très-célèbre dans nos contrées en raison surtout de la charité qu’il déploya envers les pauvres et les esclaves, si nombreux de son temps en Espagne, en Ecosse, en Bretagne, en Gascogne, en Saxe, en Bourgogne au témoignage de saint Fortunat.
La fête patronale se célèbre à Saint-Germain-de-Vibrac, le dimanche qui suit le 28 mai. L’église, en forme de croix latine, mais avec prolongement de la chapelle de droite jusqu’au mur de façade, ressemble à celle de Mortiers pour son plan par terre. Elle paraît avoir été complétement remaniée sous la phase ogivale et peut-être aussi sous celle de la renaissance. A droite est une chapelle dédiée à N.-D. Celle de gauche est sous l’invocation de saint Germain. Les chapelles de l’abside ont été voûtées dans le style ogival. La nef est recouverte par un plafond en bois. Le ciborium du transept affecte la forme octogonale et est surmonté d’un clocher roman à toit obtus qui renferme une cloche fondue récemment. La cure était anciennement à la nomination de l’évêque diocésain. Avant 1830, une mission fut prêchée à Saint-Germain par des ecclésiastiques du diocèse. La croix en bois, portant l’image du Sauveur et qui fut plantée alors, se voit encore sur une éminence peu distante du bourg. Une chambre du presbytère consacre le souvenir des missionnaires. [V. Tugeras.]
On montre dans cette paroisse et au lieu dit encore l’Ourse, l’emplacement de l’abbaye de Saint-Germain-d’Ourse, ordre de Saint-Benoit, dont la chapelle a disparu la dernière et a été renversée durant la tourmente de 93. A la place de l’antique moutier, se trouve maintenant un hameau que renomme une frérie annuelle des plus fréquentées.
Nous inclinerions à croire que ce lieu fut, au VIe siècle, le théâtre d’un des prodiges attribués à saint Germain par son historien, Venance Fortunat.
Chariulphe ou Warnulfe, d’origine franque s’était, selon l’usage de ces temps barbares, emparé d’une partie des biens fonds appartenant à une église. Saint Germain l’en reprit sans succès, il eut alors recours à la prière et le ciel se chargea de venger l’église spoliée. Un ours furieux, sorti de la forêt voisine, multiplia durant trois nuits, les désastres et le carnage parmi les chevaux et les bêtes de somme du coupable. Celui-ci ouvrit enfin les yeux et députa son fils vers saint Germain, avec l’engagement de rendre le bien mal acquis. Cet événement eut lieu, dit saint Fortunat, afin que, grâce aux coups d’une brute, l’homme retrouvât sa raison et qu’une bête donnât à un aveugle d’esprit, une haute leçon d’intelligence.
Saint Grégoire de Tours nous apprend que ce même Chariulphe s’était associé en 585, avec Waddon, comte de Saintes, et le patrice Mummole, vaillant chef de guerre au service du roi d’Austrasie, fléau des Lombards, afin de trahir Gundovald, ambitieux de bas étage selon les uns, issu du sang de Clovis et fils de Clotaire, selon d’autres, et dont ils avaient d’abord encensé la bonne fortune. Par suite de leurs intrigues, Gondovald tomba au pouvoir de ses ennemis et fut massacré en prenant le ciel à témoin de la fourberie des hommes.
Or les principaux efforts d’un prétendant au trône contre les rois de Bourgogne et d’Austrasie, Gontran et Childebert, eurent lieu dans l’Aquitaine et Gondovald fut nommé roi par les pays de la Gaule méridionale, situés entre la Charente et les Pyrénées et qui abhorraient le joug des Francs. Mézeray dit que tout le pays de delà la Garonne lui obéissait. Mais il paraît qu’il possédait plusieurs places importantes en deçà et au-delà de ce fleuve, puisqu’il était maître d’Angoulême, de Périgueux, de Cahors, de Toulouse et de Bordeaux.
Saint-Germain-d’Ourse, pourrait donc bien avoir été fréquenté par Cariulphe et avoir vu se dérouler, sur son territoire, des événements religieux et politiques d’une haute importance.
Quoiqu’il en soit, il consacre par sa dénomination, le souvenir d’une de ces entreprises sacriléges si usitées chez les Francs, comme au moyen-âge, et miraculeusement réprimée par le saint évêque de Paris.
Il est plus que probable que c’était à cette ancienne abbaye de Saint-Germain-d’Ourse, que Jonzac payait la redevance dont parle la France illustrée et dont il sera fait mention à l’article Jonzac.
Un des restes de l’abbaye, un bénitier en marbre, est actuellement possédé par l’église de Saint-Germain. C’est un don récent du possesseur actuel des terrains où reposa l’antique maison conventuelle.