Читать книгу Mémoire sur les plis cérébraux de l'homme et des primatès - Pierre-Louis Gratiolet - Страница 5

§ Ier.

Оглавление

Table des matières

L’importance des couches corticales du cerveau et de leurs plis est depuis longtemps reconnue. Depuis Érasistrate, les plus illustres anatomistes ont tour à tour examiné cette question. Quelques-uns, comme Vésale et Thomas Bartholin, se rangent aux opinions de Galien, et attachent peu d’importance à des plis que le cerveau des brutes présente aussi bien que celui de l’homme. Th. Bartholin résume fort bien cette opinion: Superficies externa cerebri, anfractuosa est, atque circonvolutiones, gyrosque varios, instar intestinorum habet: quos non ad intellectum factos dicendum cum Erasistrato, cum et Asini habeant; nec ad levitatem, ut Aristoteles voluit; nec absque fine vel usu esse, ut alii putant; sed ut vasa cerebri per hos anfractus ducerentur tutius, nec ex motu assiduo ruptionis periculum esset, PRÆSERTIM IN PLENILUNIO, quando in calvaria cerebrum maxime turgescit (Th. Barth., Anatomia reformata, p. 319; 1656). Ainsi la seule utilité qu’on leur donne, si toutefois ils en ont une, c’est d’aider à la distribution normale du sang dans le cerveau. Mais l’un des plus grands anatomistes des temps modernes, Willis, revient à l’idée d’Érasistrate; il dit, en effet (Cerebri anatome cap. x, § 3, p. 294; Opera medica et physica, Lugd., 1676): «Si inquriitur quid

«cerebro gyri et circonvolutiones præstant sive quem ob finem tota ejus compages an-

«fractuosa existit, dicimus cerebrum ita fabricari, tum propter UBERIOREM ALIMENTI

«spirituosi RECEPTIONEM, tum ob commodiorem spirituum animalium, in quosdam

«usus, dispensationem.» Et plus loin: «Attamen haud minoris momenti ratio et

«necessitas anfractuum in cerebro à spirituum animalium dispensatione petitur:

«cum enim spiritus animales, propter varios imaginationis et memoriæ actus, intra

«certos et distinctos cancellos commoveri, motusque istos per eosdem tractus sive

«orbitas sæpe iterare debent: idcirco propter hasce diversimodas spirituum anima-

«lium diataxes, multiplices cerebri plicæ ac convolutiones requiruntur, nempe ut in

«istis, tanquam in diversis cellulis et apothecis, sensibilium species reservari, atque

«illinc pro data occasione evocari queant. Hinc, plicæ seu circonvolutiones istæ longe

«plures ac majores in homine sunt quam in quovis alio animali, nempe propter va-

«rios et multiplices facultatum superiorum actus; incertâ autem et quasi fortuitâ serie

«variegantur, ut functionis animalis exercitia sint libera, et mutabilia, nec ad unum

«determinata. Gyri isti in quadrupedibus pauciores sunt, ac in quibusdam, uti Fele,

«sub certâ figurâ et diataxi reperiuntur: quare hæc bruta vix alia quam quœ naturæ

«instinctus et exigentiæ suggerunt, meditantur aut reminiscuntur.»

Ainsi, selon Willis, chaque circonvolution paraît avoir, dans l’histoire de l’intelligence, un rôle particulier: de la simplicité, de la pauvreté de ces plis, de leur uniformité dans les animaux inférieurs, résulte l’uniformité des actes intellectuels dans tous les animaux d’une même espèce; de leurs variations infinies résultent dans l’Homme non-seulement les variétés des aptitudes individuelles, mais encore, jusqu’à un certain point, la liberté morale.

Sectateur des idées de Willis, Malpighi a essayé la démonstration de quelques-unes de ces grandes hypothèses. Suivant cet illustre anatomiste, les couches corticales sont composées de petites glandes dont les tubes nerveux sont les conduits excréteurs; et cette idée, longtemps acceptée, se retrouve dans les exagérations de Cabanis, et semble renaître sous une forme nouvelle dans les travaux de MM. Purkinje et Valentin.

Il suffit de citer Willis et Malpighi pour montrer quelle importance on a attachée, dès le XVIIe siècle, à la considération des couches corticales, de leur structure et de leurs plis. Toutefois, quelque opinion qu’on s’en fasse, nul anatomiste, avant la fin du dernier siècle, n’a essayé de découvrir dans l’Homme la loi de leur arrangement. La nature capricieuse semble, en effet, se jeter, à cet égard, dans des écarts infinis. Qui pourrait assigner une forme à ces contours indéterminés comme ceux d’un nuage? Qui pourrait décrire ces méandres irréguliers, pareils, dans leur complication, aux circonvolutions intestinales? Aussi l’anatomiste les néglige, et le peintre les dessine au hasard. Les figures données dans les plus beaux ouvrages, barbouillées plutôt que dessinées, ne méritent point d’être étudiées un seul instant.

En vain le génie de Willis avait deviné, sous cette complication, un certain ordre; cette curieuse étude reste abandonnée, si bien, qu’il faut arriver à Sœmmering et à Vicq-d’Azyr pour apercevoir quelques progrès appréciables. Quelques plis sont bien décrits par Vicq-d’Azyr. La figure que Sœmmering a donnée des plis internes de l’hémisphère humain mérite encore aujourd’hui d’être consultée.

Avec de tels devanciers, nul doute que Gall, s’il n’eût été préoccupé de son vain système, n’eût enfin donné à cette partie de l’anatomie cérébrale une précision plus grande. Mais il ne s’agissait point, à ses yeux, de découvrir les faits dans leur vérité absolue, il s’agissait (tendance trop commune, hélas!) de les plier à la démonstration de son hypothèse. Aussi, par une sorte de contradiction, au premier abord inexplicable, l’étude des circonvolutions, languissante et inféconde parmi les sectateurs de Gall, a-t-elle dû ses plus grands progrès aux adversaires les plus déclarés de la plirénologie.

Mémoire sur les plis cérébraux de l'homme et des primatès

Подняться наверх