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Technique du massage stimulant et du massage calmant.

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Un massage stimulant est un massage auquel on demande une action momentanée sur les muscles, qui fasse rendre à ceux-ci leur maximum d’énergie et de force.

Ce massage se pratique de la façon suivante: le coureur, allongé sur le dos et laissant ses jambes dans un état de parfaite inertie, s’efforcera de songer à tout. autre chose qu’à l’objet du massage, afin qu’une excitation rachidienne ne vienne pas contrarier l’excitation périphérique.

L’opérateur commencera par traiter les groupes musculaires antérieurs, externes et internes avec une dizaine d’effleurages centripètes. Ces effleurages commenceront par le pied pour se terminer au pli de l’aine quand il s’agira des groupes antérieurs et internes, à la ceinture lorsqu’il s’agira du groupe externe.

L’effleurage des groupes externes de la cuisse doit être très profond, car l’aponévrose de leurs muscles étant très épaisse, l’action de ces effleurages serait considérablement diminuée. Je conseillerais volontiers à l’opérateur d’effleurer les muscles de ces groupes avec les phalanges des doigts refermés.

Ces effleurages terminés, l’opérateur effectuera un pétrissage léger qui n’excédera pas une durée de trois à quatre minutes pour le membre, ceci pour éviter la fatigue musculaire que ce mouvement provoque.

Ce pétrissage se fera en commençant de haut en bas, car le mouvement de propulsion qu’il occasionne dans les veines se trouverait annulé si l’on massait en sens contraire.

J’ai dit plus haut pourquoi l’écrasement était supprimé dans cette forme de massage.

Le pétrissage terminé, on opèrera une série de tapottements dont la durée sera d’environ une minute par membre. Ces tapottements se feront sur un trajet d’aller et de retour; ils augmenteront au fur et à mesure et leur vitesse et leur énergie. Toutefois, il sera bon de restreindre cette énergie sur le groupe interne, qui renferme des vaisseaux capitaux qui pourraient avoir à souffrir de chocs trop violents. J’ai dit que ce mouvement devait augmenter sa vitesse et sa force après chaque trajet d’aller et retour, et cela se comprendra puisqu’on lui demande une action excitante; il ne serait pas logique de vouloir communiquer d’un seul coup, sans méthode, une excitation à un membre dont les nerfs sont difficilement excitables.

Dans le second chapitre j’ai dit qu’il serait bon d’opérer une vibration centripète, elle viendra parfaire l’action du massage stimulant sur l’appareil nerveux et donnera aux vaso-moteurs des veines ainsi qu’à leurs vaso-constricteurs la tonicité suffisante à leur bon fonctionnement.

Lorsque les groupes antérieurs et externes seront massés on fera retourner le coureur dans la position opposée, en lui faisant mettre les jambes légèrement en losange pour que les muscles soient bien au repos; ceci fait, on répétera toutes les opérations précédentes sur les groupes postérieurs de la cuisse et de la jambe, dans cet ordre.

Les effleurages se continueront sur les muscles fessiers en. contournant légèrement les hanches, car il y a là deux muscles très volumineux, le moyen et le grand fessier, qui jouent, eux aussi, un grand rôle dans l’effort.

Les pétrissages commenceront par ces muscles, mais dans le sens des fibres, c’est-à-dire en commençant par l’angle de la hanche pour les continuer vers la commissure des fesses.

Ces deux muscles pétris, l’opérateur fera le pétrissage du groupe postérieur de la cuisse. C’est un pétrissage très laborieux eu égard au volume des muscles à pétrir. La même opération se répétera sur le groupe postérieur de la jambe en insistant un peu au niveau du tendon d’Achille.

Les tapottements sont très utiles sur ces groupes et leur vitesse en augmentera l’efficacité ; ceux des fessiers se feront dans le sens latéral.

Je voudrais aussi attirer l’attention de l’opérateur sur la nécessité de masser les muscles lombaires qui fatiguent beaucoup de la traction des bras sur le guidon et qui souffrent aussi de cette position courbée qui ne leur est pas naturelle. Qui n’a ressenti, après une abstention plus ou moins longue de l’usage de la bicyclette, cette fatigue des «reins» ? ce ne sont ni plus ni moins que les muscles lombaires qui manquent d’entraînement.

Le massage des muscles lombaires consiste en une vingtaine d’effleurages dans le sens latéral et ne partant que de la colonne vertébrale pour aller vers le bord de la ceinture. Ces effleurages seront donc communs à chacun des côtés lombaires.

Le pétrissage de ces muscles s’opérera dans le même sens, mais il sera peu facile de l’obtenir avec une pression du pouce et des quatre doigts opposés; il faudra, de préférence, le pratiquer avec la pression du pouce opposé aux deux premiers doigts de la main; ces deux opérations terminées, il sera utile d’opérer une série de vibrations dans le même sens que les effleurages, en donnant un léger temps d’arrêt aux mains de chaque côté de la colonne vertébrale.

Je veux parler un peu des mouvements de résistance, des mouvements que l’opérateur exécutera pour résister à certains mouvements commandés au coureur.

Ces mouvements ont pour but d’assouplir les muscles en leur donnant un maximum d’élasticité.

On commandera un mouvement de flexion de la jambe au sujet, mais après lui avoir préalablement pris le pied en cravate avec les deux mains. On cèdera de prime abord à ce mouvement de flexion, puis on augmentera la force de résistance de façon à contrebalancer presque l’effort produit vers le milieu de la flexion; arrivé à ce point du mouvement on cédera graduellement, de façon à permettre à l’homme d’accomplir entièrement ce mouvement.

Cette manœuvre sera immédiatement suivie du mouvement de résistance à l’extension de la jambe.

Le membre étant encore dans la position de flexion, le masseur opposera son propre poids à l’accomplissement du mouvement d’extension, puis, vers le milieu de la course de la jambe, il résistera en s’arc-boutant sur ses jambes; il finira par céder lorsque la jambe aura marqué un temps d’arrêt et terminera ce mouvement par une bonne traction sur le pied.

Cette opération sera répétée 4 à 5 fois de suite, mais avant les séances d’entraînement seulement, car avant une épreuve officielle ce serait là un surcroît de fatigue, qui pourrait bien devenir préjudiciable par la suite.

Un mouvement très utile aussi, c’est le mouvement de circumnutation de la jambe. Il a pour résultat de frotter les surfaces articulaires du genou et de faciliter ainsi leur lubrification.

Ce mouvement est utile mais non indispensable. Pour reconnaître son utilité, l’opérateur apposera sa main sur la rotule pendant que son client balancera sa jambe dans le vide.

Si des crépitations se font sentir sous la main, c’est que l’articulation manquera de synovie, ou que des concrétions d’acide urique se seront déposées en elle; bref, un état arthralgique latent, car les coureurs ne sont pas à l’abri de l’atavisme et de l’hérédité. Alors, mais seulement alors, il faudra recourir à ce mouvement circonvolutoire de la jambe, qui éliminera ces concrétions gênantes, ou qui provoquera une sécrétion plus active de synovie.

Ce mouvement s’effectue de la façon suivante: l’homme est couché sur le dos en travers du lit, ou du divan, le masseur lui fait fléchir la jambe jusqu’à ramener la cuisse le plus près possible de l’abdomen; ceci fait, il place sa main gauche au pli poplité de la face supérieure accolée à la cuisse, pour la maintenir dans son état de flexion; il prend alors la jambe au niveau des chevilles et lui imprime un mouvement de rotation de dehors en dedans et de dedans en dehors, alternativement.

Ces mouvements, continués pendant deux ou trois minutes, seront immédiatement suivis d’un léger écrasement des culs-de-sac articulaires du genou, faits aux quatre angles de la rotule, en la supposant de surface carrée (1, 2, 3, (4).

Il reste bien entendu que cette opération ne devra pas, elle non plus, être opérée avant un effort officiel, car elle provoque une fatigue de la capsule articulaire et de la membrane qu’elle renferme.

Je veux donner encore un avis en ce qui concerne la durée du massage et sa vigueur, avant l’entraînement et avant la course.

Avant l’entraînement on devra graduer le massage, c’est-à-dire qu’il suivra une méthode analogue à celle du procédé d’entraînement. Il faut d’abord masser légèrement pour habituer la musculature à ce genre d’exercice, puis augmenter progressivement pour arriver à un maximum de force déployée. Vouloir masser énergiquement dès le début serait condamner le muscle à une fatigue trop subite, qui aurait pour résultat de le durcir. Le procédé serait analogue à celui d’entraîner un homme pour 100 kilomètres en les lui faisant abattre dès les premiers jours, à toute allure. Il faut, en massage comme en entraînement, opérer avec une méthode basée sur l’expérience et le raisonnement.

Avant l’effort en course officielle, il faut que le masseur sportif sache bien que l’on demande au massage sportif d’habituer les muscles à un effort violent. Si sur cet effort violent vient se greffer une fatigue musculaire provenant du massage, on voit le piètre résultat auquel condamnerait ce manque de logique.

Donc, avant l’effort, diminuez les mouvements trop fatigants, trop actifs. Diminuez les pétrissages, faites-les moins profonds, faites les tapottements moins énergiques et, par contre, augmentez les effleurages, quoique dans une certaine mesure, en profondeur, et les vibrations profondes.

Si le coureur est d’un naturel nerveux, facilement impressionnable, avant son entrée en piste, opérez une vibration centrifuge sur la colonne vertébrale, de haut en bas, et répétez l’opération sur les bras, de l’épaule à la main. Cela aura pour résultat de donner un peu de confiance à son esprit inquiet et de lui éviter les fautes tactiques que cette inquiétude pourrait lui faire commettre.

Massage d’élimination.

Nous venons de voir quels étaient les effets du massage sportif stimulant dans son application au sport cycliste, nous allons voir dans ce chapitre quel est le but que se propose d’atteindre le massage dit: massage d’élimination.

J’ai dit en maints endroits de ce traité que l’effort du muscle avait pour résultat physiologique d’augmenter les combustions intra-musculaires. Si l’acide, qui est le résultat de ces combustions, séjournait dans le muscle tout le temps qu’il faut à celui-ci pour l’éliminer par ses propres moyens, il se produirait un durcissement de ce muscle, nuisible à sa force de contraction.

Ceci explique l’état d’infériorité des coureurs de classe (Pottier: 24 heures), qui se sont astreints à un entraînement fatigant trop près d’une course. Ils ne peuvent éliminer à temps tout l’acide qui durcit leurs muscles et sont plus vite la proie de la cruelle défaillance que ceux qui sont entrés en course avec des muscles absolument toniques, c’est-à-dire très élastiques et très facilement contractiles.

Il faut donc que le massage remédie à cet état après chaque séance d’entraînement et qu’il vienne aider la physiologie humaine, laquelle ne fonctionne pas en vue de ces efforts exceptionnels. Il faut aussi qu’il vienne aider nos organismes héréditaires dans lequels fermentent parfois les ferments pathologiques légués par nos aïeux, ou un état constitutionnel dû à une longue ascendance de rabelaisiens.

Pour bien amener une musculature en forme, il faudra que le masseur sportif connaisse un peu l’anatomie et la physiologie propre du muscle; je vais essayer de lui en donner une description et une explication très brèves sinon très compréhensibles.

Un muscle est composé de fibres musculaires, striées lorsqu’elles sont soumises à notre volonté, comme celles d’un muscle du bras par exemple, lisses lorsqu’elles échappent aux ordres de notre cerveau, comme celles du cœur qui bat malgré nous et à notre insu, sauf quelques cas très rares de névrose spéciale.

Une certaine quantité de fibres accolées les unes aux autres forment un faisceau musculaire qui est associé, dans l’action, aux autres faisceaux, mais qui conserve néanmoins son élasticité propre. Tous les faisceaux réunis forment un muscle, le quel est isolé dans une membrane nommée aponévrose.

Tout muscle est terminé par un ou deux tendons qui lui servent de point d’attache à l’os ou au cartillage sur lesquels ils s’insèrent.

Chaque fibre musculaire reçoit une terminaison nerveuse qui lui transmet le commandement cérébral; tout faisceau est irrigué par un système artériel, continué par un appareil veineux qui emporte le sang vicié.

Les tendons sont enfermés dans une gaine séreuse, qui fait suite à l’aponévrose et qui les lubrifie pour faciliter leur glissement.

La physiologie du muscle, au point de vue circulatoire, fonctionne ainsi: une artère principale apporte au muscle le flot sanguin; cette artère se subdivise en artères secondaires qui se subdivisent elles aussi en artérioles, puis en capillaires.

Ce système artériel a pour mission d’apporter aux cellules qui composent la fibre musculaire l’oxygène qui est l’agent de combustion, sans lequel il n’y a pas de vie possible. Le phénomène chimique de la combustion dans la cellule a pour résultat d’opérer un échange entre la cellule et la veine capillaire qui l’avoisine. Quand la cellule a pris l’oxyhémoglobine au sang, elle contient après la combustion de l’acide carbonique qu’elle rendra à la veine capillaire voisine.

On voit par cet exposé succinct le rôle du massage dit d’élimination.

Ce massage augmentera la vitesse circulatoire, d’une part, forcera l’excès d’acide à affluer vers la veine, d’autre part, qui l’absorbera en vertu delà force attractive de la vitesse du sang. Le muscle retirera donc deux profits du massage: meilleures combustions, plus nombreuses et plus actives aussi; purification, par l’élimination, des agents étrangers à son fonctionnement physiologique.

Le massage d’élimination doit se pratiquer de la façon suivante: une dizaine d’effleurages sur le groupe antérieur de la jambe et de la cuisse auront pour effet d’augmenter la vitesse circulatoire du sang et, partant, la force d’aspiration au niveau des veines capillaires. Ceci fait, l’opérateur commencera un pétrissage consciencieux de ces groupes musculaires, toujours en débutant par le sommet du muscle pour finir à sa base. Le pétrissage terminé, il fera un bon écrasement, en commençant par le sommet du muscle, et il terminera par une série d’effleurages centrifuges très légers, à fleur de peau, pour neutraliser l’excitation provoquée par ce massage.

Le massage rationnel du groupe antérieur terminé, l’opérateur procédera successivement au massage des groupes externes de la cuisse, puis de la jambe, à celui du groupe interne, toujours dans le même ordre.

Ces trois groupes terminés sur chaque membre, il fera retourner son «poulain» et commencera le massage des fessiers en passant par toute la gamme de ces manipulations. Ceci fait, il continuera par les groupes postérieurs de la cuisse, puis de la jambe.

Il sera bon aussi d’opérer un massage d’élimination sur les muscles lombaires, mais avec cette modification que les effleurages seront vibratoires et très profonds; ces vibrations auront un retentissement sur la moelle et feront disparaître l’excitation causée par le massage.

Ces vibrations se feront en effleurant dans le sens indiqué plus haut, avec une forte contraction des muscles brachiaux de l’opérateur.

Lorsque le massage d’élimination sera terminé on fera les mouvements de résistance indiqués plus haut, mais beaucoup moins prolongés et beaucoup moins violents.

Il faut qu’après le massage d’élimination le coureur reste une vingtaine de minutes allongé dans sa cabine, non seulement parce que tout mouvement est une cause d’excitation, mais aussi pour donner le temps au massage de produire tout son effet.

Je crois qu’il serait bon de faire une petite marche, le corps en avant, comme la décrivent MM. Raoul et Régnier, mais ceci est du ressort de l’entraînement et je ne veux pas me permettre d’incursions dans ce domaine.

Hélas! combien sont nombreux ceux qui croient qu’il faille habituer le corps malgré tout à accomplir un effort athlétique, et combien sont nombreux ceux qui commettent l’erreur de vouloir y parvenir par de multiples fatigues, qui ne font qu’appauvrir la physiologie humaine sans tendre un seul instant vers ce but de culture physique, qui est l’idéal poursuivi par les protagonistes du sport!

Je terminerai cet ouvrage, peut-être fastidieux, en affirmant ma conviction qu’un massage bien compris peut rendre de réels services à ceux qui font profession du sport cycliste, mais je dirai à ceux qui ne professent pas:

— Si vous pratiquez un sport quel qu’il soit, souvenez-vous que, pour parvenir à cet idéal de culture physique que vous rêvez, vous avez un puissant auxiliaire dans le massage.

D’ailleurs, rien n’est nouveau sous le soleil et plus d’un Grec eut recours à des pratiques semblables avant de se rendre aux jeux olympiques.

Le massage sportif

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