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À HUGUES REBELL

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Mon cher ami, je vous dédie ce livre où, à défaut de qualités, je souhaite que votre haut et pur jugement découvre mon désir de suivre ici ces bons conteurs français pour qui nous mîmes tant de fois notre prédilection en commun. C'est d'eux que Taine a dit: «Ils effleurent le ridicule; ils se moquent sans éclat… ils ont l'air de n'y point toucher, un mot glissé montre seul le sourire imperceptible. Cela n'a rien de commun avec la franche satire qui est laide parce qu'elle est cruelle; au contraire, cela provoque la bonne humeur; on voit vite que le railleur n'est point méchant… tout son désir est d'entretenir en lui-même et en nous un pétillement d'idées agréables.»

Hélas! que je suis loin de maîtres si charmants! Je ne les rattraperai point! Mais je veux aller sur le beau chemin où ils passèrent; je veux m'exposer au soleil qui leur dora l'humeur et le teint; je cueillerai les fleurs simples qui suffirent à donner à leur bonne grâce un parfum et à leurs alentours cette saveur et cet ornement par quoi sont flattés, à la fois, un sens délicat et le naturel appétit du plaisir; enfin, je veux m'amuser librement des petits incidents invariables et même médiocres qu'ils se gardèrent de dédaigner, sachant de longtemps que rien de ce qui touche les hommes n'est jamais bien nouveau ni tout à fait fameux. Après cela, si, du haut de la côte, quelqu'un de ces aînés me voulait faire l'avantage d'un signe, tel que: «Viens çà, petit!» toute ma fatuité serait à l'aise… – Mais c'est une attitude qui n'est guère à la mode! – Mon ami, ne me dites pas cela, car mes goûts sont si ordinaires que je serais désolé de n'être pas mis comme tout le monde.

Votre

RENÉ BOYLESVE.

Le Médecin des Dames de Néans

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