Читать книгу Chansons et rondes enfantines - Théophile Marion Dumersan - Страница 6
ОглавлениеENFANTS qui lirez ce livre écrit pour vous, ne vous effrayez pas de ces premières lignes tracées pour ceux qui doivent vous surveiller et vous conduire.
Ne craignez pas qu’en leur conseillant de ne pas vous quitter, même dans vos divertissements, leurs yeux sévères ne les troublent.
Vous devez les aimer assez pour jouer avec eux comme avec vos compagnons de plaisirs.
Vous étudierez ensuite avec eux comme avec vos amis.
Je ne suis point, moi, un grave et sévère professeur, je suis un vieil enfant.
Je me rappelle avec délices le temps où j’étais jeune comme vous, où je folâtrais comme vous.
Je viens encore jouer avec vous, comme mon vieux père jouait avec moi.
L’âge qui blanchit les cheveux et qui ride le visage, ne refroidit pas un cœur sensible.
La vieillesse aime l’enfance, parce que l’enfance est le miroir dans lequel elle revoit l’image de ses premiers beaux jours.
L’enfance doit aimer la vieillesse, en songeant que lorsqu’elle y arrivera, elle sera bien aise d’être aimée aussi.
J’ai donc fait ce livre, mes enfants, pour y consacrer les traditions enfantines qui n’ont jamais été recueillies, et qui, je ne sais comment, se sont perpétuées de siècle en siècle dans vos bouches, par la seule mémoire.
Leur origine est perdue dans la nuit des temps, les recherches les plus savantes auraient de la peine à la retrouver.
Maintenant, ces traditions passeront à l’avenir, et ce recueil les conservera pour la postérité.
Les grands esprits souriront peut être, et regarderont d’un œil dédaigneux ce recueil de chansonnettes, de rondes, de ballades, dont la poésie est peu élégante, et dont la naïveté fait tout le mérite.
Mais, peut-être, deviendront-ils plus indulgents, quand ils verront que ces chansons qui vous plaisent tant, peuvent aussi jeter dans vos esprits et dans vos cœurs, des leçons utiles sans pédantisme, une morale douce et une instruction amusante.
On vous a fait apprendre des fables de Lafontaine.
Elles ont dû vous charmer autant par la grâce et la naïveté, que par les maximes utiles qu’elles contiennent.
Vous avez vu l’étourderie de la cigale, la prévoyance de la laborieuse fourmi, la sotte vanité du corbeau.
La cruauté du loup, la mort du pauvre petit agneau, vous ont appris avec quel soin il faut fuir la rencontre des méchants.
Si toutes nos chansons enfantines ne nous donnent pas un résultat moral aussi certain, nous pourrons y puiser d’autres leçons, et trouver dans les notices que nous y joindrons toutes sortes de choses curieuses, et susceptibles de vous intéresser.
Une phrase, un mot, vous fera voir ce qu’on peut tirer du sujet le plus simple, et quelles connaissances on peut y puiser.
Cela vaudra bien ces contes de fées et de génies, productions absurdes qui gâtent l’esprit, et qui ne disent jamais rien au cœur.
Quand vous aurez chanté ces chansonnettes dont les airs sont si gracieux, que vous aurez dansé sur leurs. refrains, vous pourrez les essayer sur le piano, et vous exercer sur ces compositions mélodieuses et faciles.
Les mamans et les grandes sœurs pourront en faire de jolis quadrilles, et en égayer les bals de famille et de société, où ces gentilles compositions jetteront une aimable variété.
Et quand vous serez à votre tour pères et mères de famille, ce recueil qui aura amusé votre jeunesse, amusera celle de vos enfants.
Vous vous rappellerez en les voyant se livrer à une innocente gaîté, celle dont vous avez joui, et vous direz avec satisfaction ce joli refrain d’un vieux poète:
Des simples jeux de son enfance,
Heureux qui se souvient longtemps.