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Mari

Driiiiiiiiiiiiiiiiiiing ! Driiiiiiiiiiiiiiing !

Oh, merde ! Je me retourne dans mon lit. Je tends le bras pour atteindre "répétition" sur l'alarme de mon téléphone, tout en essayant de me réveiller. Je déteste me réveiller tôt. Avoir à me lever est si difficile que j'ai huit, oui, huit, alarmes programmées ; une toutes les quinze minutes, juste pour me permettre d'être à l'heure au travail.

Je me lève lentement, je m'étire et je prends une bonne douche chaude pour me préparer à une autre journée chez Be, un des magazines de mode les plus respectés du pays.

Je suis l'assistante personnelle du PDG, Carlos Eduardo Moraes, depuis trois ans. C'est un travail exigeant et fatiguant, qui demande beaucoup de créativité et de compromis de ma part. Je me rends au travail à la même heure chaque jour, mais je ne sais jamais à quelle heure je vais rentrer chez moi. Mais, c'est très formateur et je peux mettre en pratique une grande partie de ce que j'ai appris en école de commerce.

Be est une entreprise où il fait bon travailler. Je gagne bien ma vie, j'ai de nombreux avantages et j'ai obtenu un master dans une bonne université, financé par l'entreprise. J'adore mon travail, même si certaines choses me dérangent encore, comme la façon dont la plupart des gens me traitent.

Ok, peut-être que dire "la plupart des gens" est un peu injuste. La plupart de mes collègues sont en fait très sympathiques. Les mannequins, leurs agents et les personnes qui leur sont liées, sont une tout autre histoire. Bien que j'essaie d'être agréable avec tout le monde, je suis clairement différente de la majorité de ceux qui travaillent dans ce domaine.

Je sors de la douche et retourne dans ma chambre pour m'habiller. Je m'arrête devant le miroir et regarde un instant mes longs cheveux bruns, mon visage ordinaire. Mon corps ne correspond pas aux critères de beauté que je vois quotidiennement dans mon travail, sans parler des normes généralement imposées par la société.

Ceci étant, ne pas correspondre aux stéréotypes de cette industrie ne me dérange pas, bien au contraire. Lais, ma meilleure amie, dit que je suis comme une des femmes dans les publicités pour le savon Dove, une femme ordinaire ou "normale". Je suis une femme brésilienne 100% typique, avec des courbes là où il faut. Je fais partie de la majorité qui, au lieu d'une taille 34, porte une taille 44. Mais à côté des mannequins et de leur image artificiellement parfaite...

Je me débarrasse de ces pensées, qui ne mènent à rien, et je me concentre sur ce qu'il me reste à faire pour arriver à l'heure. Mon patron est génial, mais il déteste le manque de ponctualité. Et je ne vous parle même pas de son rituel matinal.

J'allume ma musique et la voix mélodieuse de mon chanteur préféré remplit la pièce. Je chante tout en enfilant une jupe crayon noire qui met parfaitement mes courbes en valeur et une chemise blanche en soie à manches courtes.

Je complète mon look avec des talons aiguilles couleur chair, une belle paire de boucles d'oreilles et un bracelet. S'il y a une chose dont je suis fière, c'est mon style. Je ne suis peut-être pas un des modèles du magazine, mais je suis toujours bien habillée et élégante, prête quelle que soit la situation.

Je suis en train de me maquiller quand mon téléphone portable se met à sonner. Le visage amusé de mon amie apparaît à l'écran.

"Coucou !"

"Bonjour, Mari ! Je suis là. La navette ne va pas nous attendre !" Elle me dit la même chose chaque jour.

Je souris tout en attrapant ma veste et mon sac à main. "J'arrive !"

Nous vivons à Méier, un quartier de la banlieue de Rio de Janeiro. Nous travaillons de l'autre côté de la ville et nous avons la chance d'avoir une navette qui va de Méier à Leblon, ce qui est rare. Lais descend avant moi, à Botafogo, et je m'arrête à Ipanema où se trouve Be. Les locaux sont très chics et modernes et ils offrent une vue imprenable sur l'océan.

Je prends l'ascenseur de mon immeuble, encore en train d'arranger mes vêtements, et quand j'arrive au rez-de-chaussée, Lais est en train de parler à un de mes voisins, Marcio. Sexy, vingt-cinq ans, il tient un magasin de vêtements pour hommes au centre commercial d'à côté. C'est également un homme aux mœurs plus que légères.

"Regarde qui va là, la belle Mariana." dit-il avec son sourire de tombeur. Bien que sa beauté soit à couper le souffle, nous savons qu'il n'est pas fait pour une relation durable. Nous sommes peut-être charmées par ses yeux et son sourire, mais sa façon de changer de femme comme la plupart des hommes changent de chaussettes ne mènera qu'à un cœur brisé.

"Salut, Marcio ! Allons-y, Lais. Nous sommes en retard." lui dis-je précipitamment.

"Oh, Mari, il est si sexy !" Lais se retourne pour regarder Marcio, alors que nous nous précipitons vers la navette.

"Je sais, mais il n'est pas pour nous. Allez ! On y va." Je la pousse à avancer, un sourire aux lèvres. Elle rit, sachant que si je la laissais faire, elle bavarderait avec Marcio et nous louperions notre navette.

Lais et moi sommes amies depuis la maternelle. Nous avons grandi dans le même quartier, nous sommes allées dans les mêmes écoles, et nos mères sont encore amies aujourd'hui. Lorsque nous avons décidé de quitter la maison de nos parents à l'âge de vingt-deux ans, rien ne nous a semblé plus naturel que de vivre proche l'une de l'autre. Nous partageons une si profonde amitié, qu'un simple regard suffit à savoir ce que l'autre pense. Je sais tout sur elle et elle sait tout sur moi.

Ou presque tout.

"Et pourquoi pas ton séduisant patron, hein ? Il sort toujours avec Fashion Barbie ?" me demande-t-elle. Je ne peux m'empêcher de rire.

Lais sait presque tout sur moi... mais pas tout. Carlos Eduardo est effectivement un patron séduisant, mais ce que Lais ne sait pas, c'est qu'en réalité, je suis follement amoureuse de lui. Je sais, je sais. Je suis bien consciente que Carlos Eduardo n'est pas intéressé par moi. Il sort normalement avec des poupées Barbie et je suis loin de son type habituel de femme au corps parfait, botoxé et retouché. Mais je peux toujours regarder, non ? En tous les cas, je ne peux pas réprimer mes sentiments.

Je lui réponds en riant : "Non, en ce moment il sort avec une future Gisele Bündchen, mais aux seins encore plus gros." Bien que je sois attirée par lui, je continue de vivre ma vie sans me faire trop d'illusions. Il est beau à tomber, mais il ne fréquente que des mannequins. Il me verra toujours comme son assistante, et jamais autrement.

La navette arrive et nous continuons notre conversation tout au long du trajet. Le même groupe de personnes va au travail tous les jours avec cette navette depuis trois ans ; le trajet est donc toujours sympa. Ces moments privilégiés sont essentiels pour mon bien-être, après un réveil si matinal.

Quand nous arrivons à Botafogo, Lais me prend dans ses bras et me fait une bise.

"Envoie-moi un SMS quand tu arrives !" dit-elle en me disant au revoir d'un geste de la main. Nous nous envoyons des messages tous les jours pendant nos heures de travail. Cela ne nous a jamais empêchées de faire notre travail, mais nos échanges quotidiens font partie de notre routine.

Environ vingt minutes plus tard, la navette atteint l'avenue Vieira Souto, une des rues les plus riches de la ville, qui abrite également Be.

"Voilà, petite Mari. Tu es arrivée !" dit Ruan, le chauffeur, en souriant. Je descends devant le bâtiment, respire l'air de l'océan, et me prépare à laisser Mari, la fille ordinaire, derrière moi et à me transformer en Mariana Costa, l'assistante compétente de Carlos Eduardo.

Tombé Pour Elle

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