Читать книгу Tombé Pour Elle - A. C. Meyer - Страница 6
ОглавлениеCadu
Ma journée s’annonce difficile.
Trois réunions, dont une avec toute l’équipe, pour parler de la maquette, tellement nulle, du prochain numéro. Des pages et des pages, prêtes pour la poubelle. Je savais que je devais recruter un nouveau réviseur, mais je n’ai pas arrêté de repousser au lendemain. Renée fait partie de l’équipe depuis si longtemps qu’elle va avoir du mal à accepter son licenciement.
Je me gare dans le garage du bâtiment où se trouve les bureaux de Be. Mon père m'a "légué" le magazine de mode pour me punir de toutes les bêtises qu'il a dû supporter tout au long de mon adolescence, au lieu de m'attribuer un des magazines plus sérieux de notre portefeuille comme je m'y attendais. Mais Be est désormais toute ma vie.
J’enfile ma veste avant d’entrer dans l’ascenseur. Je regarde mon reflet dans le miroir et ce que je vois me plaît. Le costume sur mesure et la cravate en soie renvoient l’image d’un homme d’affaires qui a réussi.
Je vérifie l’heure à ma montre, pendant que l’ascenseur vide m’emmène au 12e étage, et je souris en pensant à Mariana, mon assistante ultra compétente, qui va me préparer un café et l’apporter dans mon bureau exactement trois minutes après mon arrivée.
Elle travaille pour moi depuis trois ans et elle est excellente. Elle a de bonnes idées, et elle apporte un brin d’authenticité dans le monde surfait qui nous entoure. Mince, je suis particulièrement poétique aujourd’hui. Mariana et moi avons une relation professionnelle plaisante, et j’ai de la chance de pouvoir compter sur quelqu’un qui est capable, entre autres, de supporter mes sautes d’humeur et garder mes journées organisées.
Quand l'ascenseur s'arrête à mon étage, je prends une grande inspiration et je me prépare à laisser Cadu derrière moi, l'homme passionné de musique et de baignade, et à devenir Carlos Eduardo Moraes, rédacteur en chef de l'un des plus grands magazines du pays. J'entre dans les bureaux et la réceptionniste me fait un grand sourire. C'est une très belle fille, mais elle a le cerveau de la taille d'une noix.
"Bonjour, M. Carlos Eduardo." Elle me salue, je souris et hoche la tête. Je marche jusqu'à mon bureau en répondant aux nombreuses salutations que j'entends en chemin. À mi-chemin de mon bureau, mon cerveau est déjà passé en mode travail et je traverse le couloir en pensant à tout ce que Mariana doit faire pour moi avant les réunions du jour. Je vais aussi lui demander de se renseigner sur les réviseurs de nos concurrents. Peut-être pourrais-je en débaucher un ?
J'entre dans mon bureau et ce que je vois me coupe le souffle. Mariana est à quatre pattes près de mon bureau, dos à la porte. Elle s'applique à rassembler des documents. Elle grogne et marmonne que les papiers sont vivants, mais je ne vois que ses jambes incroyables, et son corps comme je ne l'avais encore jamais vu. Mince, où avait-elle caché tout ça ? Tout à coup elle se lève, et quand elle se retourne, elle est toute rouge. Ses cheveux, habituellement attachés, sont libres, ce qui la rend très séduisante.
"Oh, Carlos Eduardo, je suis désolée. Je n'avais pas réalisé que tu étais là. J'ai tout fait tomber." s'excuse-t-elle. Je ne peux m'empêcher de sourire devant son air gêné. Mariana est la définition même de la perfection, et la voir ainsi la rend presque... humaine !
"Ce n'est pas grave, Mariana. Est-ce que mon café va arriver dans une tasse ou est-ce que je risque de le prendre sur moi ?" Je ne peux m'empêcher de la taquiner.
Elle a l'air perplexe. Nous avons une bonne relation, mais nous plaisantons rarement entre nous. Je suis un homme drôle, amusant, mais pas au travail. Je ne sais pas ce qui m'a pris, mais mon trait d'humour semblait simplement... opportun. Elle sourit timidement, et je ne peux pas expliquer ma réaction, qui me fait penser à la fois où Rodrigo m'a frappé fort à l'estomac pendant un entraînement de jiu-jitsu. Le coup était inattendu. Il s'y était mal pris et m'avait frappé, me laissant le souffle court ; et je ressens exactement la même chose.
"Non." Elle sourit et son visage devient tout rouge.
Qui rougit encore de nos jours ?
"Je promets que ton café arrivera dans une tasse." répond-elle, toujours souriante. Elle place alors une mèche de cheveux derrière son oreille. J'observe chacun de ses mouvements. Elle rougit à nouveau, peut-être à cause de l'intensité de mon regard, et je secoue la tête pour essayer de sortir de la transe dans laquelle je semble être.
"Merci, Mariana. Je serai dans mon bureau. Pas besoin de te presser avec ce café." J'essaie de comprendre ce qui m'arrive. Je ferme la porte de mon bureau et je vais directement à la fenêtre ; je prie pour que la belle vue sur la plage d'Ipanema remplace l'image aguichante de Mariana et me calme.
J'ai une réunion avec des annonceurs dans une demi-heure, et les laisser voir combien je suis soudainement troublé par mon assistante ne mènera à rien.