Читать книгу Idées italiennes sur quelques tableaux célèbres - Abraham Constantin - Страница 11

LA DÉLIVRANCE DE SAINT PIERRE
Fresque des Chambres du Vatican.

Оглавление

Table des matières

Cette fresque si belle est placée de la façon la plus malheureuse, au dessus et autour d’une fenêtre, et encore cette fenêtre ne se trouve pas au milieu de l’espace accordé à la peinture; toutefois elle est beaucoup plus raprochée du centre que la fenêtre de la Messe de Bolsène; la différence entre les deux côtés, n’est que de trois à quatre pouces; tandis qu’elle arrive au moins à un pied dans le tableau du Miracle de Bolsène.

La composition offre trois groupes de quatre figures chaque.

Le pilier de la prison du côté gauche de la peinture est plus étroit que celui de droite, c’est aussi le petit côté du tableau.

Au moyen de cette précaution Raphaël a obtenu autant de place pour le groupe de l’Ange qui conduit S.t Pierre par la main, que si la fenêtre eut occupé exactement le centre de l’espace. Pour obvier à cette inégalité l’artiste a tenu son point de vue un peu plus à droite du tableau, ce qui fait que l’élévation du pilastre qui est en avant cache un peu la partie du pilier qui est derrière, et semble motiver cette inexactitude. Du reste ces deux piliers sont dans l’ombre et le défaut n’est point apparent.

Les marches de l’escalier ne correspondent point entre elles d’un côté à l’autre, Raphaël les a ou élevées ou abaissées selon le besoin qu’il en avait pour le mouvement de ses figures; la première marche du côté droit, n’est point parallèle à la base même du tableau, tandis que celle de gauche y est parallèle. Les jours que laissent entr’eux les barreaux de la prison, ne sont pas égaux, l’artiste a modifié l’espace selon le besoin qu’il en avait pour ne pas cacher quelques parties intéressantes des figures.

Une observation que j’ai faite dans toutes les fresques du Vatican, c’est que lors qu’il y a un vide dans le mur, et, que ce vide occasionné par une porte ou une fenêtre entre dans l’espace destiné à être peint, Raphaël a placé au dessus un corps solide, presque toujours emprunté à l’architecture. Ainsi dans l’Ecole d’Athènes, on voit le piedestal d’une colonne tronquée au dessus du vide de la porte; dans la Dispute du S.t Sacrement au dessus de la porte on trouve un mur sur lequel un personnage est appuyé; au dessus des deux fenêtres de la justification de S.t Léon, et du Miracle de Bolsène le peintre a placé un autel. Dans le couronnement de Charles Magne, la tribune des choristes se trouve au dessus du vide de la porte; dans le Parnasse, enfin, sujet de paysage, l’artiste, n’ayant pu introduire de l’architecture au dessus de la fenêtre, y a peint des rochers formant comme une voute.

Je reviens à la Délivrance de S.t Pierre. Le faire de cette fresque est large, le groupe de l’Ange qui conduit S.t Pierre par la main est de la plus haute expression. Cette partie du tableau rapelle la Vision d’Ezéchiel.

La couleur donnée aux chairs de l’Ange offre encore un sacrifice de la vérité au Beau idéal, mais je parlerai de cette singularité à propos de la Vision d’Ezéchiel.

Les Anges de Raphaël ne sont point de jeunes hommes, à quinze ans les hommes n’offrent aux arts que des formes ingrates. Les Anges de Raphaël se raprochent des formes d’une jeune fille de vingt ans.

La largeur des hanches ainsi que les contours de la poitrine sont remarquables en ce sens, tandis que les jambes et les bras semblent se raprocher davantage des formes masculines. Raphaël a-t-il eu la pensée de ne point assigner de sexe à un être d’une nature si élevée? Ou plutôt a-t-il voulu faire un ensemble, un tout de ce qui constitue la beauté dans l’homme et dans la femme?

On voit au dessus de la porte d’entrée, à la frise de la salle de Constantin (la première des chambres du Vatican) des figures nues et fort colorées, qui soutiennent des bandelettes chargées d’inscriptions, le haut de ces figures appartient au sexe féminin et la partie inférieure évidemment à un jeune homme.

Ces figures d’une couleur de brique fort désagréable, furent peintes par les élèves de Raphaël; comme tous les copistes ils auront outré les idées du maître dont ils ne voyaient pas le pourquoi.

Je ne pense pas que Raphaël nous eut montré des figures de ce genre, nues, l’effet de l’altération des formes n’est pas à beaucoup près aussi heureux que dans les figures habillées.

Au tombeau des Stuards à S.t Pierre, Canova a placé deux génies avec des formes féminines, et les écrivains de Paris disent des horreurs de ce charmant tombeau. Voyez les tombeaux élevés à Paris depuis30ans, quoi de plus laid? Paris a un malheur affreux: souvent le pauvre artiste français est obligé de peindre un miracle et il ne croit pas au miracle, et le ministre qui le nomme ne croit pas au miracle, et le public qui doit donner un rang à son œuvre jure bien qu’il croit au miracle, mais, il n’en est rien.

Quand aurons-nous des artistes croyans comme Fra Bartolommeo, Michel-Ange, ou Fra Angelico da Fiesole?

Idées italiennes sur quelques tableaux célèbres

Подняться наверх