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LA VISION D’EZÉCHIEL
Peinte sur bois.

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Ce tableau si petit est peut-être dans l’œuvre de Raphaël ce qu’il y a de plus élevé, ce qui semble tenir le moins à la matière, c’est à mes yeux de la sculpture antique.

La tête du Père Eternel rappelle le Jupiter Mansuetus du Vatican. La physionomie du Jupiter annonce la justice, la force et toutes les qualités utiles il y a2000ans; c’est là le beau idéal antique. Le beau moderne doit annoncer moins de force, mais plus d’esprit, et de facilité à être touché; comparez la tête du Persée de Canova à celle de l’Apollon, la tête de la Vénus de Milo à la tète de la célèbre Vénus de Fogelberg.

Voici des observations de détail:

La jambe droite du Père Eternel est beaucoup plus courte que celle qui porte sur l’aigle.

Remarquons toutefois que si cette jambe avait la longueur demandée par la correction, elle arriverait à la hauteur des animaux posés sur les nuages, et formerait ainsi avec eux, une ligne transversale qui couperait le tableau d’une façon désagréable.

Raphaël, comme les Grecs, reculait devant le laid, et pour obvier à l’inconvenient, que je viens d’indiquer, il sera arrivé jusqu’à ce point de faire plus courte la jambe droite de sa figure.

Ceci n’est-il pas une preuve évidente que le goût (l’amour du beau) est ce qui a toujours dirigé ce grand maître? il a laissé l’exactitude géométrique aux pauvres modernes. Il a osé sacrifier au beau jusqu’à la vérité, mais il a sauvé cette hardiesse par tant de précautions, qu’elle reste invisible au spectateur qui passe; il faut copier ses tableaux pour s’en apercevoir.

Il me semble que toute la partie de la figure du Père Eternel qui se détache sur la vive lumière de la Gloire, est plus colorée que la jambe qui se détache sur les animaux emblêmes du génie des Evangelistes. Ne pourrait on pas croire que Raphaël imitant en cela ces statues grecques qu’il aima avec tant de passion, a voulu faire voir qu’un Dieu se couvrant d’une forme humaine, doit rester toujours d’une nature plus élevée que la forme qu’il a daigné prendre pour se rendre sensible à nos organes grossiers?

Remarquez l’effet de couleur que produit votre main si vous la placez entre votre œil et le soleil, ou devant une bougie, et vous vous rendrez raison du ton coloré de la figure du Père Eternel. Je trouve un effet semblable dans la fresque de la Délivrance de S.t Pierre (chambres du Vatican). L’Ange qui se détache sur la lumière de sa propre gloire, est d’un ton bien plus rouge, que les autres figures. Ceci ne peut-être une erreur, elle serait deux fois repétée, puisque nous voyons cet Ange deux fois dans le tableau: d’abord dans l’intérieur de la prison fesant tomber les liens de S.t Pierre, et une seconde fois hors de la prison, conduisant par la main l’Apôtre étonné. Ces deux Anges sont bien plus colorés que les autres figures du tableau.

Cette remarque sur la force de coloris donnés aux êtres surnaturels, trouve sa preuve dans la fresque de Constantin, apercevant la croix lumineuse (première salle du Vatican). Les Anges qui portent la croix et se détachent sur la lumière resplendissante de cette croix, sont infiniment plus rouges que le reste de la peinture. C’était peut-être une tradition conservée par les élèves de Raphaël. Exagérant comme tous les copistes, qui ne regardent pas la nature, mais bien une imitation de la nature, il semble qu’ils ont outré le rouge dans ces figures, afin d’être plus sûrs qu’ils suivaient bien leur maître.

De là le ridicule du Vasari et de tous les autres imitateurs du beau idéal de Michel-Ange qui consistait à exagérer le renflement des muscles dans leur contraction.

C’était beaucoup en1508au milieu d’une génération de peintres timides par excellence, que d’oser songer à créer un beau idéal; on n’admire pas assez Michel-Ange.

Idées italiennes sur quelques tableaux célèbres

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