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PRÉFACE.

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Table des matières

L’ouvrage que j’ai rédigé sur les Haras n’aurait jamais vu le jour, si M. le baron Finot, préfet de la Corrèze, n’avait pas voulu établir un annuaire dans le département qu’il a administré pendant plusieurs années avec cet esprit d’ordre et de justice, cette impartialité rigoureuse, cette envie prononcée de donner une impulsion puissante à toutes les branches d’industrie agricole et manufacturière qui rendront toujours son souvenir cher aux Corréziens.

Attaché, à cette époque, comme inspecteur, au haras de Pompadour, mes tournées annuelles pour visiter nos étalons répartis dans leurs diverses stations de monte m’avaient mis à portée de bien étudier les diverses races de chevaux que voient naître les départemens de la Haute-Vienne, de la Corrèze et de la Creuse, qui forment la circonscription du haras.

M. le baron Finot m’engagea, en 1823, à rédiger une notice pour l’annuaire. Je cédai à son invitation. Elle fut accueillie avec tant de bienveillance par les propriétaires, et on m’en demanda une autre avec tant d’instances, que je me fis un devoir de répondre à l’appel qui m’avait été fait.

Cette seconde notice fixa tellement l’attention, que M. de Valon, secrétaire du Conseil général du département et frère d’un de nos députés, dans un article qu’il fit imprimer dans l’annuaire de 1827, me sollicita publiquement de continuer l’ouvrage que j’avais ébauché et de former pour les propriétaires un corps complet de doctrine sur les véritables moyens à employer pour l’amélioration de nos races chevalines. Ces suffrages honorables encouragèrent mes faibles efforts; j’agrandis le champ que j’avais à parcourir, et je me décidai à consacrer chaque année quelques momens à la rédaction d’un chapitre sur les Haras.

«Des améliorations importantes dans le système

» de nos Haras, dit M. de Valon, ont été indiquées

» dans plusieurs notices insérées dans notre annuaire.

» La société d’agriculture de la Corrèze a donné de

» justes éloges à l’auteur de ces notices (M. De-

» moussy); il a été cité avec succès à la tribune par

» un de nos députés, et il doit à notre pays de con-

» tinuer à traiter une branche d’économie rurale qui

» intéresse la gloire de nos armes et même l’indé-

» pendance de la France.»

Mon cœur tout français ne pouvait que palpiter vivement en entrevoyant le but qui m’était indiqué. Je continuai donc l’ouvrage que j’avais commencé, et je m’approchai chaque année du terme que j’avais fixé. Les suffrages de la société centrale et royale d’agriculture de Paris, à laquelle j’ai l’honneur d’appartenir comme membre correspondant, les lettres flatteuses du directeur général des Haras et de Son Excellence le ministre de l’intérieur, ont soutenu ma persévérance, et j’ai accompli enfin la tâche que je m’étais imposée.

Les sollicitations de mes amis m’ont déterminé à surmonter ma timidité naturelle et à livrer à l’impression le fruit des observations de ma vie entière et d’un travail de plusieurs années. J’ai coordonné tous les matériaux de manière à lier leurs diverses parties et à en former un cours complet sur les Haras.

J’y ai joint pour le compléter plusieurs mémoires qui m’ont valu successivement deux médailles d’or à l’effigie d’Olivier de Serre (le patriarche de l’agriculture française), le titre de membre correspondant, celui de correspondant de l’Académie de médecine de Paris, et enfin la grande médaille d’or que la société d’agriculture m’a décérnée dans sa séance publique de 1830.

J’ose espérer que le public accueillera favorablement cet ouvrage, et que je n’aurai pas à me repentir d’avoir abandonné le cercle dans lequel je m’étais circonscrit, et d’être sorti de l’obscurité à laquelle je m’étais voué, pour affronter le grand jour de l’impression générale.

Plusieurs personnes bienveillantes m’ont dit que j’avais su jeter du charme sur une matière qui leur paraissait aride, et qu’elles lisaient mes notices avec l’intérêt d’un roman ou d’un article de littérature. Je n’ai eu, je l’avoue, aucun mérite à cela; je me suis laissé aller au cours de mes idées; j’ai consigné toutes les réflexions qui se pressaient en foule, lorsque ma plume courait sur le papier, et j’ai rédigé cet ouvrage avec cet abandon d’une causerie amicale qui exclut toute prétention.

Chaque homme a son style, sa manière particulière d’exprimer ses idées et ses sentimens. Celui dont l’imagination est vive et le cœur brûlant ne peut avoir le calme et la mesure d’un esprit froid et didactique; il consulte sa raison seule, tandis que le premier s’abandonne à la fougue de ses pensées, et l’énergie de ses expressions correspond aux mouvemens impétueux de son intelligence féconde en comparaisons et en rapprochemens inattendus.

Je n’ai eu qu’une seule pensée dominante en rédigeant cet ouvrage: j’ai voulu me faire lire par les gens du monde, et, pour me servir d’une comparaison du poète de Sorrente, j’ai cherché à graisser de miel les bords du vase pour les engager à boire la liqueur qu’il contient.

Ma première pensée a été de dédier cet ouvrage aux Corréziens. Ils ne m’en voudront pas, si je leur préfère le digne et respectable auteur de mes jours; c’est à lui que je voue le fruit de mes veilles, bien persuadé qu’il l’accueillera avec cette indulgence paternelle dont sont empreints tous les actes de sa vie, et que je n’aurai pas au moins à redouter la sévérité de sa critique, sans faire entrer en balance les sentimens de piété filiale dont je suis pénétré et qui peuvent seuls justifier cette préférence.

Les Haras n’avaient point avant la révolution le mode d’organisation que leur a donné le décret du 4 juillet 1806. Le haras de Pompadour existait avant nos troubles politiques; il a été formé en 1761 dans la terre de ce nom, qui avait été acquise du duc de Choiseul. Sa création avait été précédée de celle du haras de Normandie qui fut transféré en 1715 dans la terre du Pin qui avait été vendue par M. de Nointel, conseiller d’état.

Ces deux haras étaient connus sous le nom de haras du roi. Ils n’avaient rien de commun avec l’administration des haras des provinces et encore moins avec celle des haras particuliers des états; ils existaient avant que cette administration fût réunie à l’office du grand écuyer. Les lettres-patentes qui ordonnent cette réunion sont. du 20 février 1764.

Jusqu’en 1783, époque de la retraite de M. de Briges, écuyer du Roi, le haras du Pin fut dirigé par les écuyers de la grande écurie. Alors le grand écuyer l’administra lui-même sous les ordres du Roi.

Le haras de Pompadour fut dirigé par M. de Tourdonnat, écuyer de la grande écurie, jusqu’à sa mort qui eut lieu en 1787. Le grand écuyer se chargea alors de sa gestion et l’administra sur les mêmes bases que le haras du Pin.

Le but de ces deux établissemens était la remonte des écuries et des manèges du Roi.

Lorsque le revenu des terres de ces deux haras ne suffisait pas à leur entretien, le Roi y suppléait de son trésor royal et quelquefois des fonds de l’écurie, mais jamais des fonds affectés aux haras des provinces. Les comptes des écuries le prouvent évidemment; ils ne se sont jamais écartés de ce qui leur était ordonné par les lettres-patentes du 20 février 1764, enregistrées à la chambre des comptes le 19 mars suivant. Ils rendaient compte à cette chambre des recettes et dépenses relatives à l’administration des haras des provinces, par un chapitre distinct et séparé des autres dépenses relatives aux écuries des haras du Roi.

L’entretien des haras du Roi n’a jamais rien coûté aux deux provinces dans lesquelles ils existaient, pas même l’achat des terres sur lesquelles ils ont été établis. Les lettres-patentes qui en ont ordonné l’acquisition en sont la preuve irréfragable.

Les haras des provinces étaient sous la direction de M. le duc de Polignac, qui était en même temps chargé du service général des postes et messageries. Ils formaient une administration séparée qui n’avait rien de commun avec celle des haras particuliers du Roi, destinés à la remonte de ses manèges et de ses écuries.

Les haras d’état, tels que ceux de Bretagne, ne reconnaissaient nullement la juridiction de la Cour. Les fonds en étaient faits par les états des provinces qui les régissaient comme bon leur semblait, pour parvenir à l’amélioration de leurs races chevalines.

Ce mode d’organisation simple et économique, débarrassé de tout état-major, était peut-être le plus favorable à la perfection et à la multiplication des races, parce que l’intérêt personnel qui était mis en jeu indiquait les moyens de parvenir à ce double résultat et veillait à l’exécution des mesures qui avaient été arrêtées par le Conseil de la province.

J’ai proposé de donner une organisation militaire à nos haras, parce que le ministre de la guerre est le plus grand consommateur de nos chevaux indigènes. J’ai long-temps flotté entre cette opinion et celle qui me portait à proposer d’établir de préférence des haras départementaux qui ne seraient régis que par le préfet dirigé par les avis du Conseil général du département.

Ce Conseil, composé des propriétaires les plus intéressés par l’étendue de leurs terres à l’amélioration de toutes les branches de notre économie rurale, exercerait une surveillance active sur cet établissement. Chaque membre apporterait chaque année à la préfecture le tribut des observations qu’il aurait recueillies dans son canton; les Chambres n’auraient qu’à voter annuellement une somme fixe et déterminée pour l’achat des chevaux indigènes et étrangers qui seraient nécessaires pour recruter les écuries de chaque haras départemental; elle serait mise à la disposition du ministre de l’intérieur qui ordonnerait ces achats et qui ferait la répartition des étalons. J’ai renoncé à cette idée, parce que le système trop concentré de centralisation, triste héritage du régime impérial, oppose un obstacle insurmontable à ce projet.

Les deux haras du Pin et de Pompadour fournirent un grand nombre de chevaux distingués qui, suivant leurs qualités, leur taille, leur volume, leur genre de conformation et le mode de leurs mouvemens lians, souples, cadencés ou rapides, étaient destinés à la chasse ou au manège. Les étalons barbes qui furent placés à Pompadour obtenaient en général la préférence sur ceux des autres races qui y furent envoyés; aussi l’ancienne race limousine fut-elle empreinte de leur cachet.

Le bien qui avait été opéré par les haras du Roi et par ceux des provinces et des états fut détruit par le funeste décret de l’assemblée constituante qui supprima ces établissemens. La vente des chevaux que contenait le haras de Pompadour fut effectuée le 1er mai 1791. Il en fut de même dans tous les autres établissemens, et nos races, abandonnées à la seule direction de l’intérêt particulier, commencèrent à se détériorer, parce qu’il n’était point éveillé par les bénéfices de leur éducation. Les propriétaires et les cultivateurs négligent toujours les animaux dont la vente ne les dédommage pas de leurs soins et de leurs dépenses.

Il y avait au haras de Pompadour, à l’époque de la vente qui se fit aux enchères:


De ce funeste décret date la dégénération de la race limousine et de toutes les races de France. Le fléau des réquisitions vint bientôt accroître les effets de cette mesure désastreuse, et les cultivateurs ne conservèrent plus que des chevaux tarés, pour que les proconsuls ne fussent pas tentés de les leur enlever.

Le génie de la destruction qui planait sur la France ne pouvait respecter l’antique château de Pompadour. Les habitans reçurent l’ordre de le démolir. La cupidité se joignit au désir de détruire, et bientôt l’arrière-bâtiment qui avait été construit, sur la fin du quinzième siècle, par Geoffroy de Pompadour, grand aumônier de France, fut renversé. Ce monument du moyen âge, surchargé d’ornemens dans le style gothique, travaillés avec une rare perfection, ne présenta plus qu’un vaste amas de décombres.

Le château de Pompadour aurait été entièrement détruit, si ceux qui s’étaient emparé du pouvoir, à cette époque, plus éclairés que leurs prédécesseurs, n’avaient donné l’ordre de suspendre les démolitions. Ce même gouvernement sentit la faute qui avait été commise et voulut recréer le haras de Pompadour. On y envoya en 1794 quelques étalons qui étaient réunis à Versailles; quelques rejetons limousins, soustraits au fléau des réquisitions, devinrent leurs auxiliaires, et l’on travailla à réparer le mal qui avait été commis. Le bien qu’ils opérèrent ne pouvait avoir lieu que d’une manière insensible, puisque toutes les jumens de race étaient allées périr aux armées, et que les étalons n’étaient appatronnés qu’avec des jumens communes et tarées.

Cet état de langueur subsista jusqu’en 1802. A cette époque on reconnut qu’il fallait stimuler les propriétaires et les intéresser à la prospérité du haras, par la vente fructueuse de leurs élèves. Ces achats donnèrent une puissante impulsion aux cultivateurs, et chacun d’eux travailla à remplacer sa jument commune par une poulinière d’une race plus distinguée. Pour que les chevaux se perfectionnent et se multiplient en France, il faut que leur éducation soit la branche la plus productive de l’industrie agricole.

L’expédition d’Egypte nous procura, en 1805, une colonie de chevaux arabes qui enrichirent nos haras de leurs nombreux rejetons. Les chevaux taillés sur un autre patron que les chevaux barbes qui avaient créé l’ancienne race limousine, effacèrent les faibles vestiges du type de leurs prédécesseurs, et une nouvelle race, remarquable par la solidité et l’élégance de ses formes, s’est multipliée jusqu’au moment où l’anglomanie est venue détruire les caractères que les chevaux de l’Orient avaient imprimés à nos races méridionales. Nos chevaux ont acquis en taille et en volume ce qu’ils ont perdu en nerf et en qualité, et on cherche à présent en vain, dans le Limousin, un poulain qui ait conservé les formes arabes.

L’esprit d’innovation qui ne sait que détruire pour courir après un mieux chimérique, est le plus cruel fléau qui puisse nous frapper: l’expérience du passé ne nous éclaire jamais pour l’avenir. La fureur de la mode nous entraîne, et la mobilité de notre imagination est exploitée par ceux qui ont un intérêt direct à profiter des fautes que nous fait commettre notre inconséquence. Nous oublions toujours que la persévérance dans les plans fortement arrêtés forme le gage assuré du succès.

Lorsque la tourmente révolutionnaire, comme un ouragan furieux dont rien ne peut réprimer la violence, eut sappé toutes nos vieilles institutions, on a réparé lentement le mal qui a été fait dans nos temps de fougue et de folie. Les mains sacriléges qui renversaient nos anciens monumens ont été arrêtées dans leur fureur destructive, et l’on a enfin senti que ceux qui nous avaient été légués par nos pères formaient un héritage qui liait le passé au présent, et que si quelques-uns de ces monumens rappelaient la tyrannie du régime féodal, ils nous parlaient aussi des temps où la France, appuyée sur le courage de ses enfans et sur les forteresses dont elle était hérissée, put enfin refouler dans son île l’Anglais qui avait envahi nos plus belles provinces.

Ce n’est qu’en 1806 que les Haras furent établis sur une grande échelle par la main puissante qui s’était emparée du sceptre. Dans cette organisation, à laquelle présida le génie de Napoléon, le haras de Pompadour conserva sa prééminence native et la supériorité incontestable que lui méritaient sa position dans la province la plus renommée pour ses chevaux de selle, l’immensité de ses prairies et le zèle qui portait les principaux propriétaires à s’adonner à l’élève des chevaux.

Cet établissement, porté avec le haras du Pin à la première classe, a conservé sa suprématie jusqu’en 1825. A cette époque, M. Syrieys de Meyrignac fut nommé à la direction générale des Haras. Fort étranger aux connaissances requises pour les administrer convenablement, il était rempli de zèle et de bonne volonté ; il voulait le bien des Haras qui lui étaient confiés; mais dépourvu des notions nécessaires pour l’opérer, il ne put se défendre des suggestions dont il était entouré. Tous les hauts fonctionnaires de l’Etat sont obligés de vivre dans une atmosphère d’erreurs et d’illusions décevantes, que fait briller à leurs yeux l’intrigue dirigée par l’intérêt personnel. Pour s’en défendre, ils doivent avoir des connaissances spéciales et une grande fermeté de caractère; s’ils ne sont pas protégés par ce bouclier, ils sont entraînés par les sourdes menées qui sont conduites avec habileté ; ils croient céder à leur propre impulsion, et ils ne sont que l’écho qui répète le son qui l’a frappé.

C’est pour les mettre en garde contre ces intrigues sans cesse renouvelées que je désirerais qu’il y eût des règles fixes dans chaque administration. Chaque haut fonctionnaire, tourmenté par la manie des innovations, devrait être arrêté par une barrière formée par un comité spécial, composé d’hommes indépendans. Il ne devrait se livrer à aucun changement sans qu’il eût été discuté avec maturité et après un laps de temps suffisant pour que le nouveau projet fût considéré sous toutes ses faces. Il ne faut pas oublier que toutes les innovations bouleversent un grand nombre d’existences, et qu’elles font répandre des larmes amères à ceux qui en sont les victimes; elles aliènent les cœurs et changent souvent en ennemis ceux qui s’étaient complètement voués à l’administration à laquelle ils étaient attachés. C’est pour prévenir ces funestes résultats qu’il faut, dans chaque branche d’administration, un comité chargé de l’examen approfondi de toutes les mesures que l’on ne manque pas de proposer comme indispensables.

Le bien ne s’opère qu’avec lenteur, il marche à pas de tortue, tandis que le mal vole avec rapidité. Il y a déjà plusieurs années que le haras de Pompadour a été réduit à un simple dépôt, et l’injustice criante dont il a été frappé n’est pas encore réparée. Avant de lui enlever la prééminence dont il jouissait à si juste titre, il fallait considérer qu’en ne conservant que deux haras en France, il était nécessaire d’en établir un au Nord et un autre au Midi. On a foulé aux pieds toutes ces considérations et on a placé les deux haras dans nos départemens septentrionaux. On a déshérité le Midi d’un établissement qui avait été fondé en 1761, en faveur duquel militaient ses droits d’aînesse, l’immensité de ses prairies, les dépenses considérables qui avaient été faites antécédemment, la bonté de ses pâturages, les races distinguées qui s’élevaient et se perfectionnaient sans cesse, le zèle des propriétaires et l’antique réputation des chevaux limousins, pour accorder la préférence au haras de Rosières, qui n’offrait aucun de ces avantages. Certes, M. Syrieys de Meyrignac, qui n’a pu être arrêté par aucune de ces considérations, a été débordé par l’esprit d’intrigue, ou a cédé à une funeste hallucination, ou a abusé de l’envie qu’il avait de faire le bien, et les mesures désastreuses qu’il a prises n’ont pu être dictées que par l’intérêt personnel, qui se couvrait du masque du bien public.

En signalant ses erreurs, je ne suis mu que par le désir de voir réparer le mal qu’a souffert le bel établissement de Pompadour. Le Gouvernement sentira la nécessité de lui rendre son antique splendeur, et il lui rendra tôt ou tard le titre qu’il n’aurait jamais dû perdre.

Non content de faire descendre le haras de Pompadour au rang de simple dépôt, on a encore privé le département de la Corrèze de l’institution des courses qui avait déjà produit les plus heureux résultats; elles n’avaient pas encore acquis tout l’éclat qu’elles auraient eu, mais elles engageaient les propriétaires à conserver leurs chevaux faits, à les épurer sans cesse par des croisemens bien calculés, à conserver leurs jumens qui avaient brillé dans l’arène, à soigner davantage leurs poulains, à leur accorder une nourriture plus substantielle, plus alibile, plus tonique, et, sous ces divers rapports, elles contribuaient puissamment à l’amélioration de la race corrézienne. Le goût des chevaux pénétrait dans les masses, et le simple cultivateur travaillait à perfectionner sa caste particulière.

Il n’en est plus de même à présent que les courses sont concentrées dans le département de la Haute-Vienne. Il y a bien encore quelques riches propriétaires qui s’adonnent à l’élève des chevaux de course; mais leur nombre se restreint chaque jour, et la masse des cultivateurs, rebutée par les entraves qui ont suspendu son essor, ne s’occupe plus autant de ses poulinières et de leurs rejetons.

Il faut proclamer ces vérités pour qu’elles se propagent jusqu’au Gouvernement. Ma faible voix ne sera peut-être pas entendue, mais je crois remplir un devoir en me livrant à ces réflexions; elles sont l’expression sincère de ma conviction pleine et entière, et je m’y abandonne avec sécurité, bien persuadé que l’on n’y trouvera aucune maligne intention. Personne ne respecte plus que moi le pouvoir, personne n’est plus disposé à lui accorder l’obéissance et le respect qui doivent toujours l’entourer et dont il a besoin pour accomplir le bien dont la tâche lui est imposée; mais la position élevée des gouvernans leur dérobe souvent la vérité, et quand des voix généreuses se font entendre par intervalle, elles ne crient pas toujours dans le désert.

Traité complet des haras, et moyens d'améliorer et de multiplier les chevaux en France

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