Читать книгу Traité complet des haras, et moyens d'améliorer et de multiplier les chevaux en France - Achille Demoussy - Страница 8

CROISEMENT DES RACES CHEVALINES.

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Les chevaux arabes doivent obtenir la préférence pour l’amélioration de nos races.

Leurs croisemens doivent être long-temps continués.

Les croisemens s’opèrent par les étalons, et non par les jumens.

Causes qui entravent l’amélioration.

Le cheval est l’animal domestique qui souffre le plus de l’acclimatation.

Les chevaux du Midi s’acclimatent mieux que les chevaux du Nord.

Système de la consanguinité ; ses dangers.

Chaque espèce créée a son climat de prédilection qui a servi de berceau à ses tribus naissantes. A mesure que ses rejetons se sont multipliés, les migrations se sont étendues et les animaux ont été modifiés dans leurs formes par l’influence toute-puissante des agens extérieurs qui n’exerçaient plus sur eux les mêmes impressions que ceux de la terre natale: de là les diverses races qui, disséminées dans tontes les parties du globe, constituent la même espèce,

Le type primitif est conservé ; mais la taille, le volume, la configuration du corps, ont subi des altérations plus ou moins profondes qui établissent entre elles des dissemblances plus ou moins prononcées, selon la nature du sol, de l’air, des eaux, des alimens, dont l’action permanente sur chaque individu s’étend depuis sa naissance jusqu’au moment de sa dissolution.

L’homme habitué à réfléchir sur tous les objets qui appellent son attention et qui intéressent son bien-être, a senti la nécessité d’aller chercher dans un climat plus favorisé par la nature les animaux qui pouvaient modifier avec avantage ses espèces domestiques. Cette alliance d’animaux de même espèce, nés dans différens climats, a reçu le nom de croisement.

L’expérience vint bientôt confirmer les essais qui furent tentés, et il est bien reconnu à présent que le moyen le plus sûr et le plus prompt d’améliorer une race dégradée est de la croiser avec des étalons d’une race supérieure qui aient cependant avec elle des rapports de taille, de volume, et quelque identité de formes.

Le cheval de voiture ne convient pas à la jument de selle; l’étalon destiné par ses formes musculeuses à traîner la charrette pesante ne doit pas être appatronné avec la poulinière qui peut être attelée à un char élégant et léger. C’est toujours en suivant une marche graduelle que l’on parvient au but que l’on veut atteindre.

Ces croisemens d’étalons étrangers avec les jumens indigènes, pour être fructueux, doivent être continués pendant un grand nombre de générations; et pour confirmer le bien qui a été opéré, lorsque la race améliorée est déjà assez distinguée pour que ses rejetons les plus purs puissent être consacrés à la reproduction, il est nécessaire de conserver le feu sacré, si je puis m’exprimer ainsi, en unissant toujours les jumens d’élite aux étalons arabes qui ont avec elles de l’affinité.

Malgré toutes les assertions contraires, le cheval est l’animal des pays chauds. C’est dans l’Orient que ses qualités sont le plus exaltées; c’est sous l’influence d’un ciel brûlant, de pâturages secs, d’eaux vives et pures, qu’il acquiert le feu, la légèreté, l’énergie, qui le distinguent d’une manière si remarquable. Ce sont les races orientales qui possèdent éminemment le type améliorateur, et c’est dans leurs tribus nombreuses que nous devons choisir les étalons qui peuvent régénérer nos haras.

Quelque engouement que nous ayons pour les chevaux anglais, quelque justice que je rende à leurs qualités, je ne puis perdre la conviction que les étalons arabes bien choisis ne conviennent mieux à nos établissemens destinés à procréer des chevaux de selle, et je me servirai de l’exemple même des Anglais pour étayer mon opinion.

Jusqu’au règne d’Élisabeth les chevaux de la Grande-Bretagne n’ont joui d’aucune réputation. On se rappelle encore que Henri IV lui envoya quatre de ses bons chevaux du Berri. C’est depuis le règne de cette princesse, digne du trône par l’étendue de ses lumières, que les races de l’Angleterre se sont perfectionnées, et leur amélioration date de l’époque où quelques jumens indigènes furent appatronnées à quelques chevaux arabes qui y furent importés.

La beauté des poulains qui provinrent de ces croisemens dirigea l’esprit spéculatif des Anglais vers cette branche d’économie rurale. Ils sentirent bientôt qu’il fallait suivre avec persévérance la marche qui avait été tracée par le succès des premières alliances, et des chevaux arabes achetés à grands frais vinrent confirmer le bien qui avait été opéré.

L’étude approfondie des formes et des qualités des produits, signalées par l’établissement des courses, démontra bientôt que les poulains issus des jumens déjà améliorées valaient mieux que ceux qui ne devaient leur origine qu’à un premier croisement. On en conclut nécessairement que la poulinière, qui avait déjà reçu deux fois l’empreinte du cachet arabe, unie à un bel étalon de cette race étrangère, donnerait des enfans dont la perfection serait encore accrue. Ces espérances se réalisèrent. Enfin un quatrième croisement, basé toujours sur les mêmes principes, épura tous les organes et mit le sceau à l’amélioration croissante de quatre générations successives.

Le cheval anglais refondu, si je puis m’exprimer ainsi, par ces alliances étrangères, fut modifié dans ses formes; la somme de ses qualités fut accrue, mais sa taille et son volume ne subirent aucune mutation. Les pâturages fertiles de la Grande-Bretagne donnèrent à leurs organes le même degré d’expansion, et leur moule primitif ne perdit aucun de ses diamètres. Ce n’était pas sous l’influence de matériaux alibiles aussi abondans qu’il pouvait se restreindre aux dimensions du cheval né sous le ciel brûlant de l’Arabie, dont les pâturages torréfiés par la chaleur se couvrent d’une herbe rare et sèche promptement convertie en tissu ligneux.

Les fils de ces jumens perfectionnées, par la continuité de quatre croisemens consécutifs, furent consacrés à la reproduction. Alliés aux poulinières déjà améliorées, ils donnèrent ces excellens chevaux de chasse, ces hunters si renommés, il y a un demi-siècle, en Angleterre et en France; appatronnés aux jumens communes, ils procréèrent des poulains robustes que leur taille élevée, leur étoffe et la vigueur de leur constitution, rendaient propres à faire d’excellens chevaux de cavalerie et à servir avec avantage aux besoins de l’agriculteur et du commerçant.

Nous tomberions dans une grande erreur, si nous venions à croire que cette quatruple alliance des jumens indigènes avec les chevaux arabes suffit pour conserver dans la race améliorée le sceau de la perfection qui lui a été imprimé. Pour qu’il soit durable, il faut toujours unir les jumens d’élite aux chevaux des contrées orientales, et ce n’est qu’après un laps de temps très-long que nous pouvons sans crainte, pendant quelques générations, greffer l’un sur l’autre les rejetons indigènes.

Quelques observateurs ont prétendu que ce n’était qu’après la septième génération que nous pouvions renoncer aux alliances étrangères. Je suis bien loin de partager cette opinion. Je suis intimément convaincu que, dans notre vieille Europe, nous aurons toujours besoin, pour maintenir nos races dans le degré de pureté où elles sont parvenues, de l’influence toute-puissante des étalons arabes dont le sang, riche des principes que lui a communiqués la terre natale, viendra imprimer une nouvelle énergie à la constitution des jumens que les agens modificateurs dont elles sont entourées tendent sans cesse à ramener au type qui est inhérea à la localité.

En infusant du sang arabe dans les veines de nos jumens parvenues à leur dernier degré d’amélioration, nous les armons contre l’influence du climat; nous les imprégnons d’un nouveau feu puisé directement dans les contrées orientales, et nous disposons leurs organes à résister avec plus de succès aux modifications que leur font éprouver la nature du sol qu’elles parcourent, l’air ambiant qui les enveloppe, les eaux dont elles s’abreuvent et les alimens dont elles se nourrissent.

Si les étalons arabes possèdent les facultés amélioratrices qui rétablissent une race dégénérée, à plus forte raison jouissent-ils de l’avantage de les maintenir dans le degré de pureté qu’ils lui ont fait acquérir.

Il y a des observateurs assez superficiels pour nier l’influence du climat et pour affirmer qu’une race améliorée n’a plus besoin de secours étrangers pour conserver l’épuration qu’elle a acquise. C’est bien vouloir briser la chaîne des observations recueillies dans tous les siècles. Quel est le médecin, quel est le naturaliste qui méconnaît la toute-puissance des agens extérieurs qui nous entourent? Les premières notions physiologiques suffisent pour nous en instruire.

L’air pénètre avec les alimens dans le tube digestif; il comprime le corps de toutes parts; il l’excite ou l’affaiblit par sa température; il se mêle au sang dans le poumon et lui communique ses qualités artérielles ou réparatrices, en lui cédant le principe vital qui ranime ses élémens nutritifs.

L’eau fournit le véhicule de tontes les liqueurs animales.

Les alimens renouvellent à chaque instant, par leur conversion en chile et en sang, les particules moléculaires qui se détachent de tous les points de la machine animale.

Le sol agit par ses exhalaisons, par sa nature sèche ou humide, par ses coupes variées; et tous ces agens, dont l’action insensible n’est jamais ralentie, ne modifieraient pas profondément l’homme et les animaux! Rejetons cette erreur et croyons que la nature a réparti ses dons dans tous les climats. Elle a accordé à chacun d’eux la faculté de porter quelqu’une des espèces végétales et animales à la plus grande perfection qu’elles puissent atteindre, pour qu’un doux échange s’établît entre les peuples qui doivent mettre en commun leurs richesses, et pour que les liens fraternels qui unissent le genre humain ne fussent jamais rompus par les distances qui séparent ses diverses tribus.

Le souverain régulateur, qui ne laisse pas tomber un seul cheveu de notre tête sans sa permission, a aussi voulu, selon les décrets de sa sagesse éternelle, croiser les diverses races humaines. Un seul peuple s’est refusé constamment à ces alliances; il l’a frappé de réprobation. Toutes les migrations qui ont eu lieu du Midi au Nord et du Nord au Midi n’ont-elles pas mêlé le sang de tous les peuples?

Les Assyriens, les Mèdes, les Perses, les Grecs, les Romains, n’ont-ils pas tour à tour tenu le sceptre du monde? Quand les Romains eurent soumis à leurs lois l’Europe, l’Asie et l’Afrique, les peuples septentrionaux vinrent fondre sur leur empire, et leurs nombreuses peuplades se répandirent comme un torrent fougueux sur toutes les terres qu’ils avaient conquises.

Affermis dans leur domination, ils furent renversés à leur tour par les Sarrasins sortis des déserts brûlans de l’Arabie. Les Croisades arrachèrent l’Europe de ses fondemens et la précipitèrent sur l’Asie. Nos peuples occidentaux, comme toutes les nations du globe, après avoir versé leur sang dans mille combats, ont uni les vainqueurs aux vaincus, et ont porté à la fin sur les plages si long-temps ignorées de l’Amérique les descendans de tous ces peuples dont la victoire et la défaite avaient opéré la fusion.

Puisse le commerce, ce lien universel de toutes les nations, remplacer toutes les commotions politiques qui ont arraché tant de familles à leur terre natale! Puisse-t-il entretenir seul les relations qui nous rappellent notre commune origine, et par les alliances multipliées qu’il provoque entre les individus de chaque peuple, cimenter notre union fraternelle que la soif des conquêtes a si souvent troublée!

Les Anglais possèdent, sans contredit, à présent la première race de l’Europe, parce qu’il y a deux siècles qu’ils s’occupent avec persévérance de son amélioration. Je ne lui disputerai pas la prééminence qu’elle a acquise et qui est la juste récompense des soins qu’ils lui ont prodigués. Ils n’ont pas varié dans le choix des étalons et des jumens d’élite qu’ils consacraient à la reproduction; mais je repousserai l’orgueil national qui en porte un grand nombre à affirmer que leurs chevaux n’ont plus besoin de s’allier aux arabes pour conserver les formes et surtout les qualités qui les distinguent.

Ils ont réuni tous les élémens de prospérité qui peuvent faire fleurir leurs haras. Les riches propriétaires habitent leurs terres; le goût des chevaux est universellement répandu dans leur île, où l’équitation est employée comme un des plus puissans moyens de la médecine hygiénique; les courses fixent tous les regards: elles flattent l’amour-propre qui s’enivre des succès obtenus, puisqu’ils ont pour base la connaissance approfondie des formes et des qualités des coursiers. Les paris énormes auxquels elles donnent lieu excitent la cupidité : elles ont été pour plusieurs d’entre eux la source d’une immense fortune. Ils ne redoutent aucun sacrifice pour obtenir des rejetons des chevaux qui ont brillé dans l’arène et qui donnent un bénéfice certain à leurs propriétaires, puisqu’ils disputent la palme jusqu’à ce qu’ils aient trouvé un vainqueur; mais tout en rendant justice à l’enchaînement des causes qui ont porté leurs chevaux à ce degré de perfection, je combattrai, par les faits, l’assertion dictée par vanité ; et peut-être, en soulevant le voile qui la couvre, pourrait-on entrevoir l’esprit mercantile qui préside à toutes leurs spéculations.

En rejetant pour leurs races les chevaux arabes qui les ont améliorées, en déclarant qu’ils n’en ont plus besoin, n’est-ce pas dire aux autres peuples de l’Europe que c’est en Angleterre et non en Arabie qu’ils doivent venir prendre leurs étalons? Pourquoi aller chercher bien loin ce qu’on peut trouver à sa potte à moins de frais et en courant moins de dangers?

Si les Anglais n’avaient pas besoin de l’entremise des chevaux arabes pour conserver leurs races dans le degré de pureté qu’elles ont acquise, ils n’acheteraient pas avec autant d’empressement ces étalons, lorsqu’ils réunissent les qualités qu’ils recherchent avec tant de soin. Ils en font un choix sévère et il ont raison, parce qu’en Arabie, comme dans toutes les contrées du globe où l’on se livre à l’éducation des chevaux, il y a un choix à faire, et que tous les arabes ne conviennent point indistinctement à la reproduction.

Lorsque notre brave armée d’Egypte fut obligée de céder au nombre de ses ennemis et d’accepter la capitulation honorable qui lui avait été offerte, les Anglais achetèrent à tout prix les chevaux arabes que montaient les officiers et les chefs de chaque corps de cavalerie. Certes ils n’en auraient pas fait l’acquisition, et ils ne les auraient pas fait conduire en Angleterre, s’ils n’avaient pas voulu les consacrer à la génération.

Plusieurs agens sont allés depuis quelques années dans la Grande-Bretagne pour y acheter des chevaux pour nos divers établissemens: ils y ont toujours trouvé des étalons arabes et en ont même acheté quelques-uns pour nos haras.

Tous ces faits que je pourrais multiplier prouvent d’une manière indubitable que les chevaux arabes possèdent au plus haut degré les qualités amélioratrices, et que c’est sur cette race que nous devons fonder nos espérances pour donner à nos haras l’impulsion vivifiante dont ils ont besoin pour rivaliser avec ceux de l’Angleterre. L’exemple qu’elle nous a donné ne doit pas être perdu pour nous. Suivons les mêmes erremens et nous atteindrons le même but, puisque nous avons comme elle tous les élémens du succès; il ne s’agit que de les bien coordonner et de marcher avec constance dans la voie qui nous a été tracée.

Les chevaux anglais ont une riche provision de sang arabe qui a été accumulée par deux siècles de croisemens, et, sous ce rapport, ils sont utiles à la régénération de nos races; mais si nous le puisons directement à sa source, je suis intimement convaincu que leur amélioration sera plus prompte et plus certaine.

Je le répète encore, l’Orient est le berceau de l’espèce chevaline, et la description brillante que nous en à laissé le patriarche de la terre des Hus s’applique encore au cheval rapide du Bédouin. Si ce noble animal, dont les générations ont traversé les siècles dans ces heureux climats, n’a point dégénéré malgré toutes les révolutions qui les ont bouleversés tant de fois, nous devons croire que les pays chauds sont sa patrie adoptive, et nous devons en conclure que l’amélioration doit marcher du Midi au Nord et non du Nord au Midi.

Les Anglais ont en vain transporté des étalons arabes dans leurs contrées froides et humides; ils ne donneront jamais à leurs descendans la plénitude de leurs qualités amélioratrices, parce qu’ils n’ont pu y transporter le ciel, la terre et les eaux.

Le sang arabe, malgré tous leurs soins, en passant dans les veines de leurs jumens indigènes, se dépouille nécessairement d’une partie de la richesse de sa terre natale; il devient anglais, parce que l’air, l’eau, les alimens, le sol, les font anglais. Leurs efforts et le succès qui les a couronnés prouvent d’une manière victorieuse jusqu’à quel point l’intelligence de l’homme peut surmonter les obstacles que la nature lui oppose; mais quelle que soit sa puissance, elle ne pourra jamais égaler celle qui réunit ses forces à celle d’un climat qui en favorise le développement.

La Prusse qui, à l’instar de l’Angleterre, a porté ses haras à un haut degré de perfection, doit les heureux changemens qu’elle a opérés dans ses races à la persévérance de ses croisemens avec les chevaux des contrées orientales.

Ces exemples seront-ils perdus pour nous, et nous traînerons-nous toujours à la remorque de l’Angleterre, au lieu de frapper nos races du type originel de l’Arabie, pur et dégagé de toute empreinte étrangère? Flacons des étalons anglais dans quelques-uns de nos établissemens; mais ayons surtout des chevaux arabes bien choisis et doués des qualités éminentes qui distinguent cette tribu privilégiée.

Nos haras ont fait de grands progrès depuis que nos établissemens se sont enrichis des cheveaux arabes que nous a procurés l’expédition d’Egypte; ils auraient été bien plus prononcés, si un funeste ordre du jour donné par le général en chef, quelques jours avant l’embarquement, n’avait forcé les officiers à se défaire de leurs chevaux d’élite. Ce n’est qu’après leur cession aux Anglais qu’il fut permis au colonel et au major de chaque corps de transporter un cheval en France: ils les choisirent alors parmi les chevaux de troupe.

Le bien immense que ces chevaux ont fait à nos haras doit être pour nous un gage assuré du succès que nous devons en attendre, si nous pouvons nous procurer des chevaux d’élite de cette race; et je ne vois pas de meilleur moyen de nous en procurer que d’attacher à la légation de Constantinople un agent instruit qui serait chargé de les acheter et de les expédier en France à mesure qu’il en ferait l’acquisition.

Nos nombreuses relations avec la capitale de la Turquie, dans laquelle affluent tous les dignitaires de l’empire et tous ceux qu’y appellent le commerce et les affaires, et qui voyagent tous à cheval, lui fourniraient des occasions fréquentes d’en acheter et des moyens faciles de transport. On profiterait des vaisseaux marchands pour l’effectuer, et il serait facile de faire partir un ou deux chevaux à chaque expédition.

On pourrait encore placer un agent au Caire auprès du consul général. Cette capitale de l’Egypte, dans laquelle la civilisation commence à poindre, serait aussi pour nous une pépinière d’étalons de choix, et le pacha qui fait construire des vaisseaux dans nos ports nous permettrait sans doute d’acheter chaque année quelques chevaux pour nos haras.

Dix étalons par année suffiraient à nos besoins. Il faudrait les choisir avec beaucoup de sévérité et les destiner exclusivement aux jumens les plus distinguées dont l’origine serait la mieux constatée et la plus ancienne. Leurs enfans amélioreraient nos races secondaires, et de cette source de sang arabe sans cesse renouvelée et constamment entretenue naîtrait l’épuration successive de toutes nos races. Ebauchée dans les jumens communes, elle suivrait des degrés ascendans à mesure que les croisemens se multiplieraient, et, par une marche lente, mais assurée, tous nos chevaux se perfectionneraient. La jument du simple cultivateur aurait à la longue sa provision de sang arabe. Tel l’humble ruisseau s’enrichit dans son cours du tribut des eaux voisines; il accroît successivement son volume, et devient un fleuve qui répand dans les campagnes la fraîcheur et la fécondité.

Je le répète encore, ce n’est pas en travaillant sur une grande échelle que nous parviendrons au but que nous voulons atteindre; c’est en adoptant un plan fixe et en le suivant avec persévérance que nous aurons de bons chevaux. Les arabes ne conviennent qu’aux jumens d’élite; leurs fils, leurs petits-fils, sont bien plus propres qu’eux-mêmes à semer les premiers germes de l’amélioration.

La dépense de ces agens serait peu considérable, puisque leurs fonctions se borneraient à la recherche des chevaux qui affluent à Constantinople et au Caire, sans aucuns frais de déplacement, et qu’ils pourraient être utiles sous d’autres rapports à la légation et au consulat auxquels ils seraient attachés.

Après les arabes, les chevaux de la Perse et du Kurdistan sont ceux que nous devons rechercher pour nos haras; les barbes ne viennent qu’en troisième ligne. L’ancienne race limousine avait été principalement greffée par ces chevaux qui lui avaient communiqué une partie de leurs qualités et de leurs défauts.

Les turcs, qui sont d’origine arabe, persanne, tartare, conviendraient très-bien à nos jumens de deuxième et troisième classes.

Quant aux chevaux de l’Europe, je crois que nous devons y renoncer, en faisant cependant exception des chevaux anglais qui, saturés de sang arabe et employés en Normandie, en Bretagne et en Poitou, ne peuvent que hâter la régénération de ces races, jusqu’à l’époque où nous serons assez riches de notre propre fonds pour y substituer les descendans d’arabes naturalisés français.

Pour que cette régénération fût assurée, il faudrait que le haras du Pin s’enrichît de quelques étalons que voit naître l’Arabie heureuse; leur taille et leur volume surpassent les dimensions des arabes du désert. Ces chevaux, exclusivement destinés aux jumens d’élite de la Normandie, formeraient la pépinière de ses étalons.

En suivant le plan que j’ai indiqué, nous formerions peu à peu une race homogène qui se reconnaîtrait à ses formes identiques; tandis que, jusqu’à ce moment, le mélange qui a eu lieu dans chaque établissement d’étalons de tous les climats a tellement confondu leurs caractères, que leurs produits n’ont presque entre eux aucune similitude. Chaque race départementale est comme une table en mosaïque où l’industrie de l’artiste s’est plu à réunir toutes les nuances des marbres les plus variés.

Les croisemens s’opèrent toujours par les étalons et non par les jumens. Plusieurs motifs militent en faveur de cette prédilection. Les étalons donnent chaque année un grand nombre de produits, puisqu’ils peuvent saillir jusqu’à quarante jumens, lorsqu’il s sont dans la force de l’âge, tandis que les femelles ne peuvent donner l’être qu’à un seul poulain par année.

Les étalons nourris au sec depuis l’âge de trois à quatre ans éprouvent moins l’influence du climat dans lequel ils sont transplantés, parce que les herbes dans leur état de dessication et le grain dont ils s’alimentent modifient moins leurs organes que ceux des poulinières qui, pour avoir un lait abondant et substantiel, doivent consommer ces plantes dans la richesse de leur végétation.

L’étalon est le type de son espèce; la jument ne marche qu’en seconde ligne; ses formes sont moins robustes, son énergie moins puissante et les caractères de sa race moins saillans. Restant presque toujours en plein air, affaiblie par la gestation et par l’allaitement, elle est beaucoup plus sensible à l’impression des agens modificateurs de l’économie: aussi presque tous les peuples, par un concert unanime, ont-ils donné la préférence aux étalons pour croiser leurs races, et l’expérience a confirmé leur opinion.

On a cherché à obtenir la race pure par le transport simultané des jumens arabes, barbes, turques, espagnoles, anglaises, et des étalons des mêmes climats. Ces essais ont été infructueux pour les races dont la terre natale formait une opposition trop tranchée avec les pays qu’elles allaient habiter.

Ces migrations ne peuvent être avantageuses que pour les chevaux nés dans une région qui a de l’analogie avec celle dans laquelle ils sont transplantés. La race anglaise, soumise en France au régime qui lui est imposé en Angleterre, doit y jouir à peu près des mêmes prérogatives; elle s’y conservera pendant quelques générations, mais elle dégénérera insensiblement, si elle n’est pas empreinte de nouveau du type améliorateur, c’est-à-dire, si elle n’est pas vivifiée par de nouvelles alliances avec les chevaux des contrées orientales.

La dégénération marche avec une promptitude remarquable, lorsque les jumens importées, qui ont à combattre l’influence du nouveau pays qu’elles habitent, sont saillies par des étalons d’une race inférieure qui n’ont pas eu comme elle le temps de s’acclimater.

Appatronnées aux étalons indigènes, leurs poulains dégénèrent également, mais d’une manière plus lente, parce que leur constitution, modifiée par l’influence paternelle, est plus en état de lutter contre les impressions des agens extérieurs.

Saillies dans leur pays même par un étalon de même race et transportées ensuite sur une terre étrangère qui reçoit leurs nouveau-nés, elles offrent des signes de décadence dans leur première génération, et cette détérioration s’accroît dans les générations subséquentes. Elles doivent donc être éliminées de nos haras, quand le climat où elles ont pris naissance diffère essentiellement de celui où elles sont importées.

Dans la première année de leur vie, leurs poulains conservent l’empreinte de la noblesse de leur origine; mais à mesure qu’ils avancent en âge, la beauté de leurs formes s’éloigne du type primitif, parce que leurs organes naissons se modifient profondément par l’impression continuelle que l’air, les eaux, les alimens, la température, le sol, exercent sur leur texture délicate et sensible.

Ils sont beaucoup plus impressionnables que leurs mères, dont la constitution robuste, consolidée par l’âge, résiste davantage à l’action de ces agens extérieurs; mais comme elle s’affaiblit par la continuité de leur influence, il en résulte nécessairement que les générations suivantes vont toujours en se dégradant jusqu’à ce qu’elles soient arrivées au terme fixé par la nature du climat.

Les troupeaux de mérinos qui ont été exportés d’Espagne so sont naturalisés en France; les taureaux et les vaches de la Suisse, qui y ont été importés, ont peu dégénéré. Pourquoi l’espèce chevaline résiste-t-elle davantage à l’acclimatation?

Le plus noble des animaux que l’industrie de l’homme ait su dompter a donc des organes plus impressionnables que ses compagnons de domesticité, puisque les agens extérieurs exercent sur lui plus d’empire. Serait-ce dû à la conformation de son tube alimentaire? Son estomac est uni, loculaire, tandis que ce réservoir, dans les bœufs et dans les moutons, est divisé en quatre compartimens. La puissance des organes digestifs, qui est plus grande dans les ruminans que dans les monogastriques herbivores, nous donnerait peut-être la solution de ce problème.

Les alimens sont, sans contredit, un des modificateurs les plus actifs de l’économie, et une digestion plus parfaite en forme une pâte, un chyme plus homogènes, quelle que soit la diversité de leurs principes constituans.

Si je voulais m’élever à des considérations supérieures et empreindre d’un sentiment religieux ces observations, je pourrais dire que celui qui a permis à l’homme de se nourrir de la chair des animaux a voulu que le bœuf qui, pendant sa vie, partage ses travaux agricoles, que la brebis qui lui donne pour se vêtir le tribut annuel de sa toison, et qui lui fournissent l’un et l’autre, après leur mort, une nourriture aussi saine que substantielle, pussent s’acclimater dans toutes les régions plus facilement que le cheval, dont la destination est moins liée aux besoins de son existence.

Si le cheval est moins en état de braver les changemens de climat que le bœuf et le mouton, dont la texture organique résiste davantage à l’impression des agens extérieurs, il est encore certain que cet animal supporte mieux les migrations du Midi au Nord, que du Nord au Midi.

Les chevaux des contrées orientales, disséminés comme étalons dans toutes les régions de l’Europe, s’y acclimatent sans beaucoup de difficulté. Ils finissent par supporter le froid de la Pologne et les glaces de la Russie; ils s’habituent bien vite à la douce température de la France, de l’Italie et de l’Espagne.

Les étalons arabes qui ont été envoyés au haras de Pompadour, y sont arrivés soigneusement enveloppés de camail et de grosses couvertures de laine. On leur conservait cet abri contre le froid humide du Limousin, tant que l’hiver faisait sentir ses rigueurs; mais dès que le soleil du printemps avait échauffé l’atmosphère, ils en étaient débarrassés, et ils supportaient ensuite, comme les autres étalons, toutes les inclémences de l’air sans que leur santé en fût altérée. Ces chevaux sont d’un tempérament robuste; ils bravent le climat comme la fatigue.

Il n’en est pas de même des chevaux du Nord transplantés dans les contrées méridionales: ils sont promptement moissonnés par les maladies inflammatoires. Les étalons normands que Charles IV fit conduire en Espagne, pour les croiser avec des jumens andalouses et en obtenir des chevaux de voiture, furent presque tous rapidement enlevés par des pneumonies, des gastrites et des entérites toujours suivies d’adynamie. Notre armée, qui a si longtemps combattu dans la Péninsule, a trop appris combien ces maladies sont meurtrières, et ses pertes nombreuses ont plus d’une fois éclairci les rangs de notre cavalerie.

Les chevaux allemands, qui ont si long-temps servi à nos remontes, au grand détriment de nos races françaises, ne résistent point à la fatigue comme nos chevaux indigènes: ceux-ci sont encore utiles après dix années d’existence dans les régimens, tandis que les premiers succombent après deux ou trois années de service,

Que conclure de tous ces faits? Que nous devons nous attacher de préférence aux chevaux des contrées orientales pour régénérer nos haras, puisqu’ils ont en partage la force, la durée, la longévité et la légèreté. Ils transmettent le feu qui les anime à leurs descendans, tandis que les chevaux du Nord n’ont de qualités amélioratrices qu’autant qu’ils ont été croisés avec les arabes.

Pour être employés comme étalons dans nos haras, ils doivent être tellement épurés par eux, que leurs défectuosités originelles soient complètement effacées. La nature seule donne la force et la noblesse; et la race arabe, née sous le ciel brûlant des tropiques, les possède au degré le plus éminent. Pour réussir dans ses entreprises, l’homme doit bien étudier ses lois; et pour s’y conformer dans l’amélioration de l’espèce chevaline, il doit tirer ses rejetons de la souche primitive: l’Orient est son berceau, et c’est en Orient que nous devons aller chercher nos étalons.

Le système des croisemens a été adopté par tous les peuples qui ont voulu perfectionner leurs races. Ce système est fondé sur les lois qui président à la conservation des espèces végétales et animales.

A l’époque de la floraison, le pollen ou la poussière fécondante des étamines, emporté sur l’aile des vents, va vivifier les germes qui reposent à la base des pistils. Les principes des plantes, combinés par cette union intime, acquièrent une nouvelle exaltation. Leurs semences mieux nourries, plus développées, soumises à, l’action de la chaleur et de l’eau dont la terre est imprégnée, étendent leurs radicules et leurs tiges naissantes, et l’amalgame qui s’est opéré dans leur lit nuptial, accroissant leur vigueur, leur donne un luxe de végétation qui est refusé à celles qui n’ont point éprouvé ce croisement. Ainsi les espèces animales dont les races se sont multipliées ont besoin de confondre leurs qualités respectives pour effacer leurs défauts, que l’incurie et les variations des divers climats qu’elles habitent ont développés.

Le système de la consanguinité que les habitans de l’Andalousie ont adopté depuis que les Maures de Grenade sont tombés sous les armes triomphantes de Ferdinand et d’Isabelle, est donc proscrit par la nature et par la raison. Sous le règne de Charles IV, qui aimait les grands chevaux, quelques propriétaires, pour croiser leurs jumens, ont tiré des étalons de Baiza et d’Ubéda, renommés par la taille plus élevée de leurs coursiers, afin d’obtenir des poulains qui pussent entrer dans le régiment des carabiniers, qui les payait plus cher que les autres corps de cavalerie; mais le plus grand nombre, fidèle aux erremens de ses pères, a toujours choisi ses étalons parmi les chevaux de sa race particulière.

Les chartreux de Séville et de Xérèz, dont les chevaux jouissaient d’une grande réputation, ont repoussé constamment toute alliance étrangère. Leur exemple a été suivi par tous les grands seigneurs qui attachaient beaucoup d’importance à conserver leurs races pures et sans mélange: il en est résulté que ces races se sont abâtardies et que leurs chevaux si renommés ne sont plus que les fils dégénérés de ceux dont les qualités supérieures avaient fondé la réputation de ces castes particulières.

Les croisemens qui ont eu lieu chez quelques propriétaires se sont toujours bornés à l’union de leurs jumens avec des étalons andaloux choisis dans la Loma de Baëza et d’Ubéda. S’il y a cependant en Europe des races susceptibles de s’identifier promptement avec le sang arabe et d’en acquérir les qualités, c’est, sans contredit, celles de l’Andalousie.

La consanguinité perpétue les défauts dont une race est entachée. Les alliances incestueuses qui ont lieu entre les frères et les sœurs, les fils et les mères, les filles et les pères, éloignent toute espèce d’amélioration. Les étalons souillés par les imperfections qui déshonorent les jumens de leur caste, ne peuvent que fortifier les vices de construction dont elles sont atteintes. Ces défauts s’accroissent dans leurs descendans par leur union irréfléchie; leurs qualités s’affaiblissent à mesure que cette prédominance se consolide dans les générations subséquentes, et les races les plus distinguées descendent peu à peu au dernier degré de détérioration.

Tous les législateurs, à mesure que les sociétés se sont étendues et perfectionnées, ont proscrit la consanguinité. La loi divine la rejète avec horreur. Si l’orgueil du trône l’avait admise pour les rois d’Assyrie et de Perse, quels rejetons impurs ne sont pas sortis de ces branches incestueuses?

La beauté de l’ame et du corps n’est pas circonscrite dans l’enceinte d’une seule famille, d’une seule caste, d’une seule tribu, d’un seul peuple: tous les hommes ont conservé l’empreinte de leur céleste origine; tous ont part aux bienfaits du souverain créateur; ils sont appelés à s’éclairer mutuellement, à mettre en commun leurs vertus, leurs défauts, leurs qualités, leurs vices physiques et moraux, pour que les unes s’épurent par leur alliance, et que les autres se détruisent par leur opposition et par leur choc. Les castes qui s’isolent complètement ne tardent pas à en être punies. La vanité élève les barrières qui les séparent des autres hommes. La nature se venge de leur éloignement en leur retirant peu à peu les dons qu’elle avait prodigués à leurs pères. Nous ne pouvons transgresser impunément ses lois; et membres de la grande famille du genre humain, rien de ce qui regarde nos frères ne peut ni ne doit nous être étranger.

Cette loi s’applique à toutes les espèces créées, et le suprême régulateur a voulu que tous les animaux et que tous les végétaux qui ont entre eux de l’identité pussent se perpétuer par leur union et se perfectionner par leur croisement.

La race arabe elle-même, malgré toutes les circonstances locales qui assurent sa supériorité, perdrait de ses qualités, si elle ne se renouvelait pas par les croisemens qu’opèrent les chevaux qui réunissent tous les suffrages, et si les dangers de la consanguinité ne s’affaiblissaient pas à mesure que les individus se multiplient.

C’est donc sur la double influence des appareillemens bien calculés et des croisemens avec les chevaux des contrées orientales que doit être fondée l’amélioration de nos races françaises; mais, quelque puissante que soit leur action, elle sera toujours renfermée dans d’étroites limites, si elle n’a pour moteur l’intérêt des propriétaires qui s’adonnent à l’éducation des chevaux.

Le principe vital de nos haras est la consommation de nos chevaux indigènes. Qu’ils soient employés exclusivement pour tous nos besoins civils et militaires, et la prospérité de nos établissemens, assise sur cette triple base, ira toujours en croissant, jusqu’à ce que nos races soient parvenues au degré de perfection compatible avec la nature du climat que nous habitons.

Toutes nos races domestiques peuvent s’améliorer par elles-mêmes par des appareillemens bien entendus, et en consacrant toujours à la reproduction les individus les plus beaux de chaque sexe; mais cette marche est lente et ne remédie en outre qu’imparfaitement aux vices de construction que nous devons chercher à détruire. La voie la plus courte et la plus assurée est d’avoir recours aux croisemens, et ces alliances étrangères, pour être fructueuses, doivent être formées surtout avec les arabes qui possèdent au degré le plus éminent le type améliorateur. Je crois l’avoir démontré d’une manière irréfragable.

Quant aux principes qui doivent guider les propriétaires dans les croisemens et dans les appareillemens de leurs poulinières avec les étalons répartis dans leurs diverses stations de monte, c’est en comparant, par une marche analytique, les diverses régions du corps du cheval et de la jument qui vont être unis, qu’ils seront à même de juger si l’étalon peut corriger les défauts qu’ils veulent éviter dans leurs descendans.

Il ne faut pas un examen bien approfondi pour comparer la hauteur et la longueur du corps du cheval et de celui de la jument; elles doivent être à peu près égales dans la belle nature. Il est facile de faire contraster la tête, l’encolure, le garrot, les régions dorsale et lombaire, les côtes, le ventre, la croupe et les membres thorachiques et pelviens.

Les vices particuliers des articulations peuvent échapper à des yeux peu exercés; mais ces proportions générales, qui embrassent les grandes divisions du corps, n’exigent qu’un peu d’attention et d’habitude pour être facilement saisies, et on se livre avec plaisir à cet examen comparatif, quand on aime les chevaux.


Traité complet des haras, et moyens d'améliorer et de multiplier les chevaux en France

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