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VERS A MON CHARDONNERET.

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Toi dont mon seul regard faisait frissonner l’aile,

Qui m’égayais par ton babil,

Hélas! te voilà sourd à me voix qui t’appelle,

Cher oiseau! la saison rutile

De la vie a tranché le fil!

Ne crains pas que l’oubli chez les morts t’accompagne,

O loi, le plus doux des oiseaux!

Tu fus pendant six ans ma fidèle compagne,

Oubliant pour moi la campagne,

Ta mère et ton nid de roseaux!

Moi je fus avec toi si vite accoutumée!

Nos jeux étaient mon seul loisir;

Lorsque tu me voyais dans ma chambre enfermée.

Tu chantais, la voix aimée,

Mon ennui devenait plaisir!

Dans ta captivité je semblais te suffire,

Tu comprenais mes pas, ma voix,

Mon nom même en ton chant tu savais me le dire,

Dès que tu me voyais sourire

Tu le gazouillais mille fois!

Oh! notre vie à deux! qu’elle était douce et pure,

Oh! qu’ensemble nous étions bien!

Le peu qu’il nous fallait pour notre nourriture,

Je le gagnais à la couture;

Je pensais: mon pain est le sien!

Je variais tes grains; puis en forme de gerbe,

Cueillie aux bords des champs d’été,

Tu me voyais suspendre à ta cage superbe

Un cœur de laitue, un brin d’herbe

Entre tes barreaux becqueté !

Que ne peux-tu savoir combien je te regrette!

Hélas! ce fut à pareil jour

Que tu vins par ton vol égayer ma chambrette

Où maintenant je te regrette

Seule sous cette ombre d’amour1

Et cela finissait par deux ou trois strophes plus tristes encore et par un espoir de revoir au ciel son oiseau enseveli pieusement par elle, dans une caisse de rosier, sur sa fenêtre, fleur qui inspirait tous les ans au chardonneret ses plus joyeuses et ses plus amoureuses chansons. Je regrette de les avoir égarées ou déchirées en quittant Marseille.

Geneviève

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