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CHAPITRE II

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Table des matières

Les comtes de Genevois et les sires de Faucigny.

LEURS RAPPORTS A L’OCCASION DU DON ET DE L’AVOUERIE DE LA VALLÉE DE CHAMONIX

L’histoire des comtes de Genevois et des sires de Faucigny à peine élucidée n’a pu être retracée en partie, qu’à l’aide des documents et des chartes recueillies et publiées en grand nombre depuis quelques années. Ces deux maisons, après avoir lutté l’une contre l’autre, malgré leurs alliances de famille et vu diminuer leur puissance au profit de celle de la maison de Savoie dont elles furent tour à tour alliées et ennemies, se sont éteintes sans garder dans l’histoire de nos pays la place qu’elles méritaient d’y tenir.

Les historiographes et les historiens les ont ou laissées complètement dans l’oubli ou abaissées au profit de la maison de Savoie, qui se développa en les absorbant toutes deux. Cependant les comtes de Genevois ont eu une large part d’influence dans le développement et l’organisation de leur province. Le fief de Genevois à l’origine fut peut-être plus considérable que celui des princes de Savoie, et finit par passer en entier sous leur domination au commencement du xve siècle (1401). Leur suzeraineté s’étendait, en effet, à toute l’ancienne province (district ou pagus) de Genevois dans laquelle une partie du Faucigny et l’Albanais étaient compris et au pays de Vaud jusqu’à la partie allemande de la terre de Gruyère . L’étendue de ces territoires permet de se faire une idée exacte de l’importance de la position occupée par les comtes de Genevois sous la monarchie Burgonde et sous celle des Francs.

Celle des sires de Faucigny paraît avoir été moins considérable bien qu’ils aient possédé plusieurs terres en Chablais et dans les pays de Vaud et du Valais. Leur principal apanage était la province à laquelle ils ont donné leur nom, à l’exception de quelques portions appartenant aux comtes de Genevois. Ils leur devaient un hommage à l’occasion de fiefs qu’ils tenaient d’eux, sans qu’il constituât un droit de suzeraineté.

Au plaid de 1124 tenu à Seyssel, où se réglèrent les différents entre l’évêque de Genève et Aymon de Genevois, ce dernier se présente cum comitatu suorum, Rodulphi de Fulciniaco, etc. Rodolphe de Faucigny figure au second rang de ses répondants. Le 24 mars 1229, à la suite d’un traité qui mit fin à une guerre entre Guillaume de Genevois et Aymon de Faucigny, ce dernier prête hommage au comte et se reconnaît son homme lige à raison de son château de Langin.

Les compétitions incessantes que devaient amener entre les comtes de Genevois et les sires de Faucigny, la position de leurs possessions enclavées les unes dans les autres, ont laissé des traces dans les chartes relatives à l’avouerie de Chamonix. Aussi avons-nous cru, en retraçant ce point d’histoire particulière, devoir en rapprocher les faits historiques contemporains qui en sont en quelque sorte le corollaire.

Le comte Aymon de Genevois et Gérold, son fils, interviennent seuls comme donateurs de la vallée de Chamonix comprise dans mon comté, dit le donateur (sicut ad comitatum meum pertinere videtur), au prieuré de Saint-Michel de la Cluse (1091). Willelme et Amédée de Faucigny, frères uterins du comte (ils étaient fils de Tétberge d’abord mariée à Louis de Faucigny et ensuite à Gérold de Genevois) et Turembert de Nangy y figurent à titre de témoins. Cette charte est une preuve qui vient à l’appui de ce que nous avons dit précédemment de l’extension du pagus de Genevois. Ajoutons que, tout près de la vallée de Chamonix, les comtes de Genevois possédaient le château-fort de Charosse et son mandement, dans lequel la commune de Passy était comprise. Les sires de Nangy, feudataires des comtes de Genevois avaient leur château en plein Faucigny, et possédaient sans doute quelques propriétés dans le voisinage ou dans les limites de la vallée de Chamonix. De là l’origine de leurs prétentions et leurs incursions sur les terres du prieuré, profitant des luttes des comtes de Genevois qui avaient amené la déchéance du comte Humbert battu en 1190 par le comte de Zœringen, et mis au ban de l’empire. Ces faits nous sont démontrés par la charte (1202) dans laquelle Willelme II de Faucigny déclare prendre sous sa protection et sa défense la vallée de Chamonix et ses dépendances dans les conditions indiquées par le donataire Aymon de Genevois, ainsi que son oncle le lui a demandé, et particulièrement contre les incursions des sires de Nangy. Cet acte fut passé à Mégève, en présence, et très probablement à la requête de Pierre, abbé de Saint-Michel de la Cluse. Deux années plus tard Guillaume II de Genevois, frère du comte Humbert, reconnaît la donation faite par ses prédécesseurs à Saint-Michel de la Cluse, approuvée par son père à son lit de mort, et promet de la maintenir et de la défendre plus particulièrement contre les sires de Nangy. Au milieu des contestations incessantes entre ces deux puissants voisins, les comtes de Genevois et les sires de Faucigny, les prieurs s’efforçaient de s’assurer les bonnes dispositions des uns et des autres, recherchant tour à tour leur appui.

Malgré leurs liens de famille, les sires de Faucigny ne craignaient pas de faire cause commune avec les adversaires des comtes de Genevois, les évêques de Genève, de Lausanne et les princes de Savoie. L’accord qui, en 1219, mit un terme aux longues querelles entre les évêques de Genève et les comtes de Genevois par une reconnaissance de vassalité de ces derniers consentie par Guillaume II de Genevois à l’évêque Aymon, fut suivi six ans après d’un arbitrage réglant les différents entre les comtes de Genevois et les sires de Faucigny.

Les amis communs décident que, si le sire Aymon de Faucigny peut prouver que le comte de Genevois donateur ordonna à Willelme (son neveu) de garder cette vallée contre lui et contre les autres, il en ait la garde telle qu’elle lui a été confiée et que, s’il s’est emparé de quelques droits ou de biens, il ait à les restituer à ceux à qui il les a enlevés. De nombreuses difficultés amenèrent peu après la rupture de ces arrangements, la guerre se ralluma de nouveau, pour se terminer par un nouvel accord en 1229. Aymon reconnaît que son château de Langin et tout le territoire qui en dépend sont liges du comte de Genevois auquel il prête hommage de fidélité. Relativement à l’avouerie de Chamonix pour laquelle il s’était réservé de fournir des preuves, il cède à Guillaume II tous les droits qu’il pouvait avoir sur cette vallée à raison de la garde dudit lieu accordée à feu son frère Wuillelme, soit de toute autre part.

Mais de plus graves motifs de crainte vinrent bientôt menacer les comtes de Genevois. Pierre de Savoie ayant renoncé à l’église (en 1233) épouse Agnès, héritière universelle des droits d’Aymon de Faucigny, obtient l’hommage du sire de Gex feudataire du comte de Genevois (1234), à qui il cède des terres en Faucigny, et s’efforce d’agrandir sa maison par l’abaissement de celle de Genevois.

Le prieur de Chamonix se hâte de se mettre de nouveau sous la protection des sires de Faucigny (1236). Aymon reçoit la maison de Chamonix, ses hommes et tous leurs biens en sa garde et protection et plus spécialement dans la présente guerre. Peu après il fit don à l’église de Chamonix d’un muid de froment à percevoir sur sa terre de Servoz, en outre du demi-muid qu’il lui devait déjà, en réparation des torts qu’il avait eus à l’égard du prieuré.

La lutte entre Pierre de Savoie et le comte de Genevois se termine en 1237, d’une manière onéreuse pour les comtes de Genevois, condamnés à 20,000 marcs d’argent de dommages garantis par la saisie du château d’Arloz. Cette sentence, rendue par le comte de Savoie Amédée VI, fut motivée sur ce que Rodolphe et Henri, fils du comte Guillaume de Genevois, rompant une trêve, avaient saisi et incarcéré Pierre de Savoie.

Des contestations au sujet de cette amende furent réglées en suite d’un compromis par lequel les deux parties nomment, pour seul arbitre entre eux, Philippe de Savoie, élu à l’archevêché de Lyon et jurent de s’en tenir à sa sentence et à ce qu’il décidera quand aux gages qu’ils remettent entre ses mains.

L’arbitrage de Philippe de Savoie (1250) parut réduire l’amende fixée dans l’acte de 1237; Guillaume et ses fils ne sont plus condamnés qu’à 10,000 marcs de dommages en faveur de Pierre, somme qu’il leur eut été aussi impossible de se procurer que la première. Mais il les lie davantage en adjugeant au prince de Savoie en gagerie la plupart de leurs châteaux et possessions du Genevois et en obligeant leurs tenants à prêter hommage au comte Pierre. Celui-ci par son testament (1268) accorda aux enfants du comte de Genevois une remise de 2,000 marcs sur les 10,000 qu’ils lui devaient.

Dès lors les comtes de Genevois prêtent hommage aux princes de Savoie pour divers châteaux et pour le péage de Saint-Maurice, en 1262 au comte Boniface, en 1263 au comte Pierre, et en 1273 à sa fille Béatrix dame de Faucigny. Agnès, femme de Pierre de Savoie, lui légua en mourant (1262) les deux tiers de sa succession, laissant le reste à sa fille Béatrix, femme de Guigue VII, dauphin, que son père institua à son tour (1268) héritière de tout le territoire qu’il possédait en Genevois, dans le pays de Vaud et des fiefs de la gagerie des comtes de Genevois.

Béatrix (1273) comtesse de Viennois et d’Albon et dame de Faucigny accorda de nouvelles lettres de garde et de protection au prieuré et à la vallée de Chamonix, sous le servis de deux oboles ou d’un denier d’or, valant 10 sous viennois. Elle continua à faire servir les muids de froment donnés par Aymon, son grand-père, comme nous le montre l’ordre donné par elle en 1283 au châtelain de Montjoie, de les faire délivrer chaque année. La même année, elle ordonne à Vauteret de Mont-Vautier son homme lige de faire rendre hommage par un de ses fils au prieur de Chamonix pour l’albergement qu’il tient de celui-ci, du chef de sa femme. En attendant que son fils ait atteint l’âge légal, elle l’autorise à accomplir lui-même les services du s pour ce ténement, en réservant l’hommage et le droit de Faucigny.

Amédée de Genevois à qui l’héritage paternel était parvenu abaissé et réduit au profit de la maison de Savoie, trouva un allié contre elle en Béatrix de Faucigny, son fils Jean Dauphin de Viennois et son second mari, Gaston de Béarn. Ceux-ci non seulement s’unirent à lui, pour combattre les agrandissements de la maison de Savoie, mais encore lui rendirent (1282) tout ce qui avait été livré au comte Pierre à titre de gagerie par les comtes de Genevois, Guillaume et Rodolphe. Malgré les concessions faites par la maison de Faucigny et la paix conclue à la fin de l’année 1287, Amédée de Genevois chercha à ressaisir les droits qu’il prétendait avoir sur Chamonix en faisant naître ou en s’associant à une révolte des habitants contre le prieur et en les prenant sous sa protection. La majorité de la population ne s’y étant pas associée, elle ne put aboutir. Neuf des fauteurs, les plus compromis, s’étaient retirés au château de Charosse, près de Passy, une partie des habitants leur adresse une protestation contre leur conduite, les engageant à faire leur paix avec le prieur (1289, 19 mai). Les signataires déclarent ne vouloir point prendre part à leur acte de révolte et les prient de revenir à Chamonix pour concourir à régler le différend, qu’ils ont avec le prieur, mais pour lequel ils ne veulent recourir qu’à Dieu, à l’abbé de Saint-Michel et au prieur lui-même. Ils les invitent surtout à ne point faire de traité et à ne pas s’allier avec le comte de Genevois ou ses adhérents, ce qui serait de nature à faire naître des difficultés et à leur porter de graves préjudices, les prévenant qu’au cas contraire, ils ne leur prêteraient pas de concours et ne les aideraient point à payer les frais du traité qu’ils pourraient faire. Ils déclarent de plus, qu’ils ne leur donneront point d’aide et de conseil, tant qu’ils ne se seront pas accordés avec leur prieur et qu’ils révoquent le serment et les promesses de communauté qu’ils ont pu faire avec eux à cause des dommages et des périls qui pourraient en résulter pour eux. Trente-deux signataires vinrent successivement approuver cet acte dans l’intervalle du 19 mai au 4 juin, poussés par la crainte ou par l’espoir de concessions. Le 21 octobre suivant, un compromis fut passé entre Béatrix de Faucigny, Amédée de Genevois et le prieur de Chamonix à l’occasion de leurs prétentions respectives sur les hommes et les terres de Chamonix et pour mettre fin au différend né des encouragements et de la protection que le comte avait accordés aux sujets révoltés du prieur. Le Dauphin de Viennois et l’évêque de Valence sont choisis pour arbitres par chacune des parties et l’évêque de Vienne pour surarbitre par tous les intéressés. En ce qui concerne les plaintes des hommes de Chamonix, le comte et le prieur désignent des arbitres spéciaux. Les habitants révoltés sont sauvegardés pendant la durée du compromis, il est convenu relativement aux neuf habitants retirés à Passy, qu’ils resteront dans l’état où ils se trouvent. Le comte fera rendre les animaux pris dans les granges du prieur ou de ses hommes. Par un acte du même jour le comte révoque tous les traités existant entre lui et les hommes du prieur, les considérant comme nuls et non avenus, il renonce aux engagements qu’ils ont pris envers lui et les en décharge. Il promet de ne plus les aider à l’avenir contre leur prieur et rétablit celui-ci dans son droit antérieur sous réserve de ses prétentions sur les terres de Chamonix, auxquelles il déclare ne vouloir pas préjudicier par cet acte. Quelques jours après à la requête du prieur, la princesse Béatrix limite et assure son droit de garde, elle reconnaît que toute la vallée de Chamonix et les gens qui y demeurent sont liges du prieur et lui appartiennent avec plénitude de domaine et de juridiction et que le prieuré est sous la garde du sire de Faucigny moyennant la redevance d’un denier d’or annuel. Par le même acte, le prieur lui concède un mollard près du pont de l’Arve dans le territoire du lac, ainsi que les édifices bâtis ou à bâtir. Béatrix reconnaît les tenir en fief du prieuré de Chamonix, soit de l’abbaye de Saint-Michel de la Cluse et pour cette concession donne quittance au prieur du denier d’or annuel, correspectif de son obligation de garder et de protéger le prieuré et ses hommes. Elle ajoute, qu’au cas où elle viendrait à rendre ce mollard au prieur, elle continuerait le service de garde moyennant le rétablissement du payement annuel d’un denier d’or. Elle s’engage en outre à faire confirmer ces promesses par son gendre Humbert Ier et par sa fille Anne, dauphins et comtes de Viennois.

Cet acte fut confirmé par l’abbé de Saint-Michel de la Cluse (16 mars 1290). Le 12 janvier de la même année, le prieur Richard avait déclaré que le prieuré, comme cela résultait de documents authentiques, était depuis 55 ans sous la garde et protection des seigneurs de Faucigny. La comtesse Béatrix le reconnait et, sur sa demande expresse, promet en son nom et en celui de ses successeurs de les maintenir.

Malgré ces engagements et sans doute ensuite des réserves qu’il avait faites des droits pouvant lui appartenir sur la vallée de Chamonix ou sur ses limites, le comte Amédée de Genevois et ses gens s’étaient livrés à de nouvelles incursions sur les terres du prieuré. Deux arbitres, le Dauphin de Viennois et Jean de Chalon furent choisis pour régler ce nouveau différend et notamment les limites de la terre de Chamonix (1290, 4 septembre). Les arbitres fixèrent un délai avant l’expiration duquel les deux parties devaient produire leurs titres et décidèrent que cinq semaines après la Toussaint chacun d’eux enverrait en un lieu appelé la Bornéte, un homme sage pour entendre les témoignages, les dires et les propositions des parties, les assignant à se trouver au même lieu. Pierre de Compeys et Guillaume de Prissey, chevaliers sont chargés de surveiller la pose des bornes aux limites désignées par les arbitres et de maintenir la paix jusqu’à la sentence définitive. Le comte de Genevois s’engagea à suspendre toute hostilité sur les terres de Chamonix.

Nous ne possédons pas le document relatif à la pose des limites d’ailleurs parfaitement définies dans l’acte de donation du prieuré et reconnues dans les actes qui vont suivre.

Le premier est le règlement des arbitres nommés dans le compromis de 1290; après enquête et examen en fait et endroit des dires des intéressés, ils ont pris les décisions suivantes acceptées par les parties. Amédée se désistera de l’avouerie, du mixte empire et de tous les droits de souveraineté qu’il pouvait avoir ou auxquels il prétendait, sans rien conserver sauf les prières de l’église, en faveur de Béatrix de Faucigny moyennant le payement de 500 livres viennoises (fr. 19,272). Les obligations auxquelles son aïeul était tenu vis-à-vis des hommes de Chamonix quant à la garde des usages et des libertés de ces vallées, seront remplies par Béatrix. Le comte renonce à toute inimitié contre le prieur, ses hommes et ceux de la dame de Faucigny. Le prieur et Béatrix abandonnent, de leur côté, toutes récriminations contre les hommes du prieuré qui ont prêté serment au comte de Genève. Le 26 avril suivant, la princesse déclare que son neveu Amédée ayant fait les renonciations précédemment énoncées, elle lui paye 500 livres viennoises par amour de la paix, et quoique bien convaincue, par les titres, qu’il ne possédait aucun droit sur le prieuré. Elle reconnaît ensuite avoir reçu la somme de 500 livres du prieur Richard, et s’engage à lui transmettre tous les droits compris dans cette cession, à la réserve de la garde du prieuré tel qu’il avait été concédé par Willelme à de Faucigny par la convention de 1289, dont elle maintient les stipulations.

Humbert, Dauphin et Anne, sa femme, interviennent pour approuver la cession faite au prieur de Chamonix par la Dauphine, leur mère et belle-mère.

La quittance des 500 livres viennoises fut faite le 29 juillet 1291 par le comte de Genevois, et le 30, la dame de Faucigny passe au prieur une quittance de 700 livres. L’acte est muet sur l’augmentation de 200 livres, peut-être payées par les hommes de Chamonix pour la promesse de concession ou la reconnaissance des franchises obtenues par son intermédiaire.

Le 20 septembre de la même année, comme reconnaissance de l’arbitrage du 7 février précédent, Amédée comte de Genevois, à la requête du prieur Richard, reconnait que les vallées de Chamonix et de Vallorsine, au diocèse de Genève, appartiennent de temps immémorial au prieuré et que leurs habitants avec tout ce qu’ils possèdent sont les hommes liges du prieur qui a sur eux toute seigneurie et juridiction. Le comte ajoute qu’il ne réclame aucun droit sur les terres et les hommes de ces vallées, soit à raison du comté de Genevois, soit de son château de Charosse. Il promet de ne leur causer aucun dommage et de faire tous ses efforts pour empêcher que des torts soient causés au prieur, à ses biens, à ses sujets, de défendre ceux-ci, et de ne retirer, ni leur fournir aide, que de son consentement.

Pour les habitants, la reconnaissance des points contestés de leurs franchises et de la déclaration d’oubli des fédérations faites contre leur prieur n’eurent lieu qu’en 1292 (voir le chapitre VII, franchises de Chamonix).

En 1319, Hugues, Dauphin de Viennois, sire de Faucigny reconnaît à son tour que le prieur de Chamonix a sur la vallée-mère, mixte empire et omninode juridiction et déclare vouloir tenir en fief de l’abbaye de Saint-Michel de la Cluse et spécialement du prieuré de Chamonix, le mollard et le château du Lac. Il promet de défendre et garder la vallée, de ne pas recevoir en garde ou défendre les hommes du prieuré et se soumet lui et ses successeurs à la juridiction de l’évêque de Genève. Son châtelain du mollard prête serment de soutenir et de défendre le prieuré de Chamonix.

Les hommes habitant le village du Lac dépendaient de la juridiction de Faucigny, étaient jugés par le bailli de Faucigny et le châtelain de Montjoie (vallée de Saint-Gervais) dont Servoz faisait partie (1297). Les frères Jacques et Wuillelme Gravez et d’autres personnes de la paroisse du Lac furent admis à composition pour avoir porté des coups avec une pelle de bois à Vuillelme, sergent de la châtellenie de Montjoie et proféré des injures contre la dame de Faucigny, moyennant payement de 4 livres genevoises. Ces hommes revinrent sous la juridiction du prieur en 1435, avec le territoire du Lac et le château de Saint-Michel, ainsi que nous le verrons plus loin.

Les Dauphins de Viennois, sires de Faucigny ou leur châtelain de Montjoie continuèrent à servir au prieur la redevance annuelle d’un muid 1/2 de froment à percevoir sur le territoire de Servoz en conformité de l’acte de donation d’Aymon de Faucigny (1236).

Histoire de la Vallée et du Prieuré de Chamonix.

Fac-simile de l’Acte de Donation du Prieuré de Chamonix.

d’après une photographie.


Histoire de la vallée et du prieuré de Chamonix

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