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UNE VICTOIRE FÉMININE

J’ai la douteuse distinction d’être la seule « madame » alcoolique de notre section. C’est peut-être dans l’intention de jouer un « rôle de soutien » pour mon sexe que je demande d’être inspirée pour raconter mon histoire de façon qu’elle puisse donner à d’autres femmes qui ont ce problème le courage de le regarder en face et de demander l’aide qui m’a redonné vie.

Quand, pour la première fois, on m’a suggéré que j’étais alcoolique, mon esprit a tout simplement rejeté l’idée. Horreur ! Quelle honte ! Quelle humiliation ! C’est grotesque ! Moi qui déteste le goût de l’alcool – boire n’était qu’une façon de fuir quand ma peine devenait trop grande. Même quand on m’a expliqué que l’alcoolisme était une maladie, je ne pouvais pas comprendre que j’en étais victime. J’avais honte, je voulais me réfugier derrière l’écran des raisons du « traitement injuste », du « malheur », du « lasse et découragée », et des dizaines d’autres causes qui motivaient ma recherche de l’oubli dans le whisky ou le gin.

Peu importe, j’étais convaincue que je n’étais pas alcoolique. Cependant, depuis que j’ai reconnu les faits, et c’en est certainement un, j’ai pu profiter de l’aide qui nous est si gracieusement donnée quand nous apprenons à être vraiment honnêtes avec nousmêmes.

La route qui m’a conduite à cette aide bénie a été longue et tortueuse. Elle m’a menée dans les labyrinthes et les perplexités d’un mariage malheureux et d’un divorce, aux jours noirs de la séparation de mes enfants adultes et à l’adaptation à la vie à l’âge où la plupart des femmes sont assurées d’un foyer et de la sécurité.

Mais, j’ai trouvé une source d’aide. J’ai appris à reconnaître et à accepter les causes profondes de ma maladie : l’égoïsme, l’apitoiement et le ressentiment. Il y a quelques mois à peine, si on m’avait attribué ces qualificatifs, j’en aurais été aussi indignée que si on m’avait dit que j’étais alcoolique. À force d’essayer, et avec l’aide inépuisable de Dieu, j’ai pu accepter qu’ils s’appliquent à moi, et me fixer certains objectifs.

Quant à la sinistre réalité de l’alcoolisme, j’aimerais pouvoir décrire à quel point elle est terriblement insidieuse, de façon à ce que personne ne puisse jamais plus ne pas percevoir les étapes confortables et faciles qui mènent au bord du précipice pour soudain disparaître et me laisser seule avec ce grand vide devant moi. Je ne pouvais plus faire marche arrière et retourner sur la terre ferme.

La première étape s’appelle – « le verre du matin pour enlever la gueule de bois. »

Je me souviens très bien du moment où j’ai franchi cette étape – je buvais comme tous les jeunes mariés que je connaissais. Cela a duré quelques années, lors de fêtes et dans les « bars clandestins » comme on les appelait à l’époque, et quelques verres après le spectacle. Je m’amusais en faisant la tournée.

Puis, un matin, j’ai tremblé pour la première fois. Quelqu’un m’a suggéré de « prendre un petit verre pour faire passer la gueule de bois ». Une demie heure plus tard, j’avais repris tous mes esprits en me disant combien il était facile de calmer des nerfs irrités. Quelle merveille que l’alcool ! En quelques minutes seulement, mon mal de tête avait disparu, je me sentais normale et tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Malheureusement, il y avait un piège – j’étais alcoolique. Avec le temps, le verre du matin devait être pris de plus en plus tôt – il devait être suivi d’un autre une heure plus tard, avant que je puisse faire face à la vie.

Peu à peu, je trouvais que le service était lent dans les réceptions ; les autres invités semblaient heureux et détendus après le deuxième verre. Je tendais à avoir la réaction contraire. Il fallait réagir, alors je m’en offrais un autre, d’abord ouvertement, mais à mesure que le besoin se faisait plus pressant, je me cachais de plus en plus souvent.

Pendant ce temps, le traitement du lendemain de la veille prenait une direction vraiment incroyable. Le petit verre du matin arrivait de plus en plus tôt, était de plus en plus grand, de plus en plus fréquent et, avant que je le sache, c’était l’heure du déjeuner ! Si j’avais des plans pour l’après-midi – un bridge, un thé ou des visiteurs, je devais justifier mon haleine. J’ai donc commencé à utiliser des excuses comme une légère grippe ou un autre malaise qui m’avait fait prendre un whisky chaud avec du citron. Ou « quelqu’un » était venu déjeuner et nous avions pris un verre ou deux. Puis vint la période du sans-gêne – j’allais aux réceptions bien blindée contre la nervosité ; le lendemain matin je téléphonais – « Désolée, je ne pourrai pas me joindre à vous cet après-midi, j’ai un horrible mal de tête » ; puis j’oubliais tout simplement mes rendez-vous ; je passais deux ou trois jours à boire, je cuvais mon vin et je recommençais dès mon réveil.

J’avais, bien sûr, les meilleures excuses ; mon mari ne rentrait pas dîner ou n’était pas rentré depuis plusieurs jours ; il dépensait l’argent qui devait servir à payer les factures ; il avait toujours été un buveur ; je l’ignorais jusqu’à ce qu’il me donne mon premier verre alors que j’avais presque trente ans. Oh, elles étaient parfaites – toutes les excuses, toutes les raisons et toutes les justifications. J’ignorais que je me détruisais par l’égoïsme, l’apitoiement et le ressentiment.

Il y a eu les périodes où je jurais de ne plus boire et celles du « régime sec » – qui duraient de deux semaines à trois ou quatre mois. Un jour, après une sérieuse maladie de six semaines (causée par l’alcool), je n’ai pris aucun alcool durant près d’un an. Je croyais bien avoir réussi cette fois-là, mais tout à coup les choses sont devenues pires que jamais. J’ai découvert que la peur n’avait aucun effet.

Puis, ce fut l’hospitalisation, pas dans un sana normal, mais dans un hôpital local où mon médecin m’envoyait quand j’en étais au point où je devais faire appel à lui. Le pauvre homme – j’aimerais qu’il puisse lire ceci, car il saurait que ce n’était pas de sa faute si je ne guérissais pas.

Après mon divorce, j’ai cru que la cause avait disparu. Je croyais que, libérée de ce que je considérais comme une injustice et un mauvais traitement, je réglerais le problème de mon malheur. Un peu plus d’un an plus tard, je me suis retrouvée dans l’aile des alcooliques d’un hôpital public ! C’est là que L____ est venue me voir. Je l’avais un peu connue dix ans plus tôt. Mon ex-mari me l’avait présentée dans l’espoir qu’elle pourrait m’aider. Elle l’a fait. Elle m’a emmenée de l’hôpital chez elle.

C’est là que son mari m’a parlé du secret de sa renaissance. Ce n’était pas vraiment un secret, mais quelque chose de gratuit et d’accessible à nous tous. Il m’a demandé si je croyais en Dieu ou en une puissance supérieure à la mienne. Je croyais bien en Dieu, mais à cette époque je n’avais aucune idée de ce qu’Il était. Enfant, on m’avait enseigné les « Avant de m’endormir » et « Notre Père qui êtes aux cieux ». On m’avait envoyée à l’école du dimanche et emmenée à l’église. J’avais été baptisée et confirmée. On m’avait appris qu’il y avait un Dieu et qu’il fallait « l’aimer ». Mais, bien qu’on m’ait enseigné toutes ces choses, je ne les avais jamais apprises.

Quand B___ (le mari de L) a commencé à parler de Dieu, je me sentais bien petite. Je croyais que Dieu était quelque chose dont je pouvais me passer, tout comme les autres qui me ressemblaient. Pourtant, j’avais conservé « l’habitude de la prière ». En fait, je me disais à moi-même « Si Dieu répond à ma prière, je saurai qu’il existe. » C’était un bon plan, sauf qu’il ne semblait pas donner de résultats !

Enfin, B___ m'a ainsi présenté les choses : « Tu admets que tu as fait un fiasco en tentant de faire les choses à ta manière, es-tu prête à lâcher prise ? Es-tu prête à dire ‘Voici mon fiasco, Dieu. Je ne sais pas comment le démêler, je te le confie.’ » Je ne pouvais pas vraiment aller jusque-là. Je ne me sentais pas bien et j’avais peur qu’une fois le brouillard dissipé, je voudrais revenir en arrière. C’est ainsi que nous avons laissé les choses dormir pendant quelques jours. L et B m’ont envoyée demeurer chez des amis à eux en dehors de la ville – des gens que je ne connaissais pas. L’homme de la maison, P____, avait cessé de boire trois mois auparavant. Après quelques jours chez eux, j’ai vu que P____ et sa femme possédaient quelque chose qui les rendaient plein d’espoir et heureux. Mais, je me sentais un peu mal à l’aise de demeurer jour après jour chez de parfaits inconnus. J’en ai parlé à P____ et il m’a dit : « Bien, tu ne sais pas à quel point le fait que tu sois ici m’aide. » Quelle surprise ! Avant, chaque fois que je me remettais d’une débandade, j’étais désagréable pour tout le monde. C’est alors que petit à petit, j’ai commencé à voir en quoi consistaient ces principes spirituels.

Enfin, j’ai gauchement et brièvement demandé à Dieu de me dire ce qu’Il voulait que je fasse. Ma prière était aussi faible et désespérée qu’on puisse imaginer, mais elle m’a appris à ouvrir ma bouche et à prier avec ferveur et sincérité. Cependant, je n’étais pas sortie de l’auberge. J’étais remplie de peur, de honte et autres croquemitaines et deux semaines plus tard, un incident s’est produit qui m’a fait rechuter. Il m’a semblé que la peine causée par cet incident était trop grande à endurer sans « soulagement ». J’ai donc remplacé le Spirituel par le « spiritueux » et ce soir-là, j’ai entrepris une longue session avec mon vieil ennemi « alcool ». J’ai supplié la personne chez qui je demeurais de n’en rien dire à personne, mais elle a eu le bon sens de communiquer sans délai avec ceux qui m’avaient aidée auparavant et bientôt, ils étaient tous autour de moi.

On m’a sortie de mon trou et un jour ou deux plus tard, j’ai eu une longue conversation avec une de ces personnes. J’ai admis tous mes péchés de commission comme d’omission, j’ai raconté tout ce qui, à mon avis, pouvait causer une situation de peur, une situation de remords ou de honte. J’ai pensé alors que c’était horrible de me mettre à nu ainsi, mais je sais aujourd’hui que c’est le premier pas pour s’éloigner du précipice.

Tout se passa bien pendant une bonne période, jusqu’à un jour de pluie. J’étais seule. La température et mon apitoiement m’ont concocté un joli plat de morosité. Il y avait de l’alcool dans la maison et je me suis surprise à me dire : « Un seul verre me rendra tellement plus joyeuse. » Alors, j’ai pris la Bible et « Victorious Living » et assise bien en face de la bouteille, j’ai commencé à lire. J’ai aussi prié. Mais je n’ai pas dit « Je ne dois pas prendre ce premier verre parce que je le dois à celui-ci ou à celui-là. » Je n’ai pas dit « Je ne prendrai pas ce verre parce que je suis assez forte pour résister à la tentation. » Je n’ai pas dit « Je ne dois pas » ou « Je ne le ferai pas ». J’ai simplement prié et lu et, une demi heure plus tard je me suis levée totalement libérée de l’envie de boire.

Il aurait été formidable de dire « Fini ! » dès cet instant, mais je vois maintenant qu’il me restait du chemin à parcourir. Je caressais et entretenais toujours mes deux préférés, l’apitoiement et le ressentiment. Évidemment, je me suis cassé la figure une autre fois. Cette fois, j’ai pris le téléphone (après deux verres) et j’ai appelé L pour lui dire ce que j’avais fait. Elle m’a demandé de lui promettre de ne pas prendre un autre verre avant que quelqu’un arrive chez moi. J’en avais appris assez sur l’honnêteté pour refuser de promettre. Dans mon ancien mode de vie, j’aurais eu honte de demander de l’aide. En réalité je n’aurais pas voulu qu’on m’aide. J’aurais essayé de cacher le fait que je buvais et j’aurais continué jusqu’à ce que je me retrouve dans le pétrin. On m’a ramenée chez B où je suis restée trois semaines. J’ai cessé de boire le matin après mon arrivée, mais la souffrance a continué pendant quelque temps. Je me sentais désespérée et je me croyais incapable d’accepter l’aide que les autres avaient reçue et qu’ils mettaient en pratique avec tant de succès. Lentement pourtant, Dieu a nettoyé mes méninges pour que je commence à comprendre. C’est alors que j’ai pleinement compris et accepté. J’ai compris et accepté que j’étais bourrée d’apitoiement et de ressentiment, j’ai compris que je n’avais pas entièrement confié mes problèmes à Dieu. Je tentais de réparer les choses moi-même.

Il y a plus d’un an de cela. Depuis, même si les circonstances n’ont pas changé, car il y a toujours des épreuves, des difficultés, des peines, des désappointements et des désillusions, l’apitoiement et le ressentiment ont disparu. Au cours de la dernière année, je n’ai pas été tentée une seule fois. Je n’ai pas plus envie de prendre un verre pour m’aider à traverser une période difficile que si je n’avais jamais bu. Mais, je sais que dès l’instant où je pleurerai sur mon sort, ou si je me laisse envahir par la peine ou le ressentiment à cause d’une autre personne, je serai en grand danger.

Je sais que ma victoire n’a rien à voir avec ma nature humaine. Je sais que je dois demeurer digne de l’Aide divine. Et le plus beau dans tout ceci : je suis libre, je suis heureuse et il est possible que j’aie l’occasion bénie de « le transmettre ». Je dis en toute révérence, Amen.

Expérience, force et espoir

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