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HISTOIRE DU PREMIER CALENDER, FILS DE ROI.

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Madame, pour vous apprendre pourquoi j'ai perdu mon œil droit, et la raison qui m'a obligé de prendre l'habit de Calender, je vous dirai que je suis né fils de roi. Le roi mon père avait un frère qui régnait comme lui dans un État voisin. Ce frère eut deux enfants, un prince et une princesse, et le prince et moi nous étions à peu près du même âge.

Lorsque j'eus fait tous mes exercices et que le roi mon père m'eut donné une liberté honnête, j'allais régulièrement chaque année voir le roi mon oncle et je demeurais à sa cour un mois ou deux, après quoi je me rendais auprès du roi mon père. Ces voyages nous donnèrent occasion, au prince mon cousin et à moi, de contracter ensemble une amitié très-forte et très-particulière. La dernière fois que je le vis, il me reçut avec de plus grandes démonstrations de tendresse qu'il n'avait fait encore, et voulant un jour me régaler, il fit pour cela des préparatifs extraordinaires. Nous fûmes longtemps à table, et après que nous eûmes bien soupé tous deux: Mon cousin, me dit-il, vous ne devineriez jamais à quoi je me suis occupé depuis votre dernier voyage. Il y a un an qu'après votre départ, je mis un grand nombre d'ouvriers en besogne pour un dessein que je médite. J'ai fait faire un édifice qui est achevé et on y peut loger présentement: vous ne serez pas fâché de le voir; mais il faut auparavant que vous me fassiez serment de garder le secret et la fidélité: ce sont deux choses que j'exige de vous.

L'amitié et la familiarité qui étaient entre nous ne me permettant pas de lui rien refuser, je fis sans hésiter un serment tel qu'il le souhaitait, et alors il me dit: Attendez-moi ici, je suis à vous dans un moment. En effet, il ne tarda pas à revenir, et je le vis entrer avec une dame d'une beauté singulière et magnifiquement habillée. Il ne me dit pas qui elle était, et je ne crus pas devoir m'en informer. Nous nous remîmes à table avec la dame, et nous y demeurâmes encore quelque temps, en nous entretenant de choses indifférentes et en buvant des rasades à la santé l'un de l'autre. Après cela, le prince me dit: Mon cousin, nous n'avons pas de temps à perdre; obligez-moi d'emmener avec vous cette dame et de la conduire d'un tel côté, à un endroit où vous verrez un tombeau en dôme nouvellement bâti. Vous le connaîtrez aisément: la porte est ouverte; entrez-y ensemble et m'attendez. Je m'y rendrai bientôt.

Fidèle à mon serment, je n'en voulus pas savoir davantage. Je présentai la main à la dame, et, au moyen des renseignements que le prince mon cousin m'avait donnés, je la conduisis heureusement au clair de la lune, sans m'égarer. A peine fûmes-nous arrivés au tombeau que nous vîmes paraître le prince, qui nous suivait, chargé d'une petite cruche pleine d'eau, d'une houe et d'un petit sac où il y avait du plâtre.

La houe lui servit à démolir le sépulcre vide qui était au milieu du tombeau; il ôta les pierres l'une après l'autre et les rangea dans son coin. Quand il les eut toutes ôtées, il creusa la terre et je vis une trappe qui était sous le sépulcre. Il la leva, et au-dessous j'aperçus le haut d'un escalier en limaçon. Alors mon cousin, s'adressant à la dame, lui dit: Madame, voilà par où l'on se rend au lieu dont je vous ai parlé. La dame, à ces mots, s'approcha et descendit et le prince se mit en devoir de la suivre; mais se retournant auparavant de mon côté: Mon cousin, me dit-il, je vous suis infiniment obligé de la peine que vous avez prise; je vous en remercie: adieu. Mon cher cousin, m'écriai-je, qu'est-ce que cela signifie? Que cela vous suffise, me répondit-il; vous pouvez reprendre le chemin par où vous êtes venu.

Les plus beaux contes des 1001 nuits

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