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CHAPITRE SEPT

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« Très bien, » dit Zoe, en s’installant devant la table qu’elles avaient constituée en poussant deux bureaux côte à côte. « Qu’est-ce qu’on a jusqu’à présent ? »

Shelley jeta un coup d’œil sur les dossiers qu’elles avaient répartis des deux côtés de la table. Un côté pour Michelle Young, un autre côté pour Lorna Troye. « Nous avons deux jeunes femmes, à peu près du même âge. Toutes deux assassinées dans la journée, ce qui démontre un certain niveau de confiance. Toutes deux dans la même région, bien que dans deux villes différentes, au sein du même État. Une blonde, une brune. Toutes deux seules au moment du décès. Aucun témoin, ni pour l’une, ni pour l’autre.

– Et nous avons l’arme du crime qui semble être la même dans les deux cas, ajouta Zoe. La machette, utilisée pour décapiter les victimes et soustraire les têtes dans un endroit encore inconnu. »

Similitudes et différences. Dans les premiers stades d’une affaire impliquant des homicides multiples, c’est ce qu’il fallait chercher. Qu’est-ce que les victimes avaient en commun, qui les isolait et en faisait des cibles ? Quelles étaient les différences entre elles ?

Leur âge et leur apparence étaient un bon point de départ pour déterminer la cible. Il se pouvait qu’une opportunité se présente, mais peut-être pas, comme elles l’avaient déjà envisagé.

Mais qu’en était-il des différences ?

« La distance entre les villes peut être importante. Un périmètre de quarante minutes en voiture.

– Il pourrait être du coin, dit Shelley. Ou bien il voyage, je suppose ? »

Zoe inclina la tête. « Les statistiques suggèrent que la majorité des tueurs en série frappent à proximité de leur domicile. Généralement pas à proximité immédiate pour qu’ils ne se sentent pas en sécurité. Assez loin pour dissiper les soupçons, mais assez près pour pouvoir se déplacer facilement. Un rayon de deux heures à partir des deux villes pourrait être une bonne base en termes de secteur à étudier. »

Shelley jeta un coup d’œil sur une carte. « Trop d’endroits dans ce rayon pour être pris en compte, dit-elle. Nous allons devoir le circonscrire encore plus. »

Que pourraient-elles utiliser d’autre ?

« Lorna n’était pas censée être seule quand elle a été tuée, » dit Zoe à voix haute, tout en réfléchissant. « Cela signifie que si notre tueur l’avait attendue, il aurait su que ses plans étaient annulés, ou il aurait simplement attendu que quelqu’un passe sans savoir exactement à qui s’attendre. »

Shelley rongeait l’un des ongles, l’attaquant d’un côté avec ses dents. « L’amie qui a annulé, dit-elle. On devrait pouvoir la retrouver. Est-ce qu’on a le portable de Lorna ?

– Pas encore, » dit Zoe, en vérifiant un registre des preuves que le shérif leur avait fourni. « Il semble qu’ils ont quelqu’un qui essaie d’y accéder. Il était protégé par un mot de passe. Nous devrons probablement attendre un mandat pour que la compagnie de téléphonie mobile nous donne l’accès.

– Les comptes des réseaux sociaux, alors, » dit Shelley d’un ton décisif, en saisissant son propre portable et en commençant à pianoter sur l’écran.

« Je ne suis pas sûre que nous ayons les noms de ses comptes pour l’instant, » dit Zoe, en feuilletant les pages du rapport sur les objets personnels de Lorna.

« Nous n’en avons pas besoin, » dit Shelley, en souriant. Elle lui montra son écran. Sur celui-ci figurait en évidence un portrait de Lorna, qui apparaissait sur le fil d’une page Facebook. « Il n’y a pas beaucoup de Lorna Troyes dans cette région. »

Zoe se rapprocha, en se penchant au-dessus de la table pour mieux voir. « Des messages récents d’une certaine Cora ? »

Shelley fit défiler le fil d’actualité. « Oui, ici, regarde : elle les a taguées toutes les deux dans un restaurant il y a deux semaines. Cora Day.

– Bravo. » Zoe fit un signe de tête. « J’imagine qu’il n’y a aucune chance qu’elle ait aussi Michelle Young comme amie ? »

Shelley fronça les sourcils, en retournant l’écran vers elle et en glissant rapidement vers le bas de la page, tout en examinant la liste d’amis de Lorna. « Non, on ne dirait pas.

– Peut-être que nous pouvons voir si elles ont des intérêts communs ou des amis autres que Cora, suggéra Zoe. Je vais prendre Michelle, tu restes sur Lorna. On peut appeler les noms des amis par ordre alphabétique et voir s’ils correspondent. »

Shelley accepta, reprenant la liste de Lorna et lisant consciencieusement les noms qui y figuraient, un par un. Zoe, qui avait heureusement réussi à retrouver Michelle assez facilement en consultant son profil, garda un œil sur la liste alphabétique de ses amis, l’un après l’autre. Aucun d’entre eux ne correspondait à la liste.

Shelley soupira. « C’est une impasse, alors.

– Peut-être pas encore, rétorqua Zoe. C’est encore une zone plutôt petite, et ce n’est pas comme si tout le monde ajoutait systématiquement chaque personne rencontrée à sa liste d’amis. Nous devrions jeter un coup d’œil à leurs publications et à leurs check-in. Peut-être qu’elles se rendaient régulièrement toutes les deux au même endroit. »

Shelley acquiesça. « Je vais commencer par faire une liste, dit-elle. Tout ce qui concerne les derniers mois. On peut comparer les notes. »

Zoe se mit à vérifier le fil d’actualités de Michelle. C’était un travail de fourmi. Michelle semblait avoir l’habitude d’exprimer toutes les idées possibles sur sa page, souvent avec des commentaires si vagues que seule la personne à qui ils étaient destinés semblait pouvoir les comprendre vraiment. Il y avait souvent une rafale de commentaires sur ces mises à jour évasives, demandant plus de détails que Michelle ne donnait jamais.

Mais, attendez : là… était-ce… ?

« Cora Day ? » dit Zoe, à voix haute. « C’était ça son nom ?

– C’est ça, » dit Shelley, en levant les yeux. « Tu as quelque chose ?

– Là, » dit Zoe, lui présentant l’écran. « On dirait qu’elles se connaissaient finalement. »

Il y avait une photo montrant Michelle et un groupe d’autres femmes. À gauche, une femme taguée comme étant Cora Day, souriante.

« C’est elle, confirma Shelley. Où a-t-elle été prise ? »

Zoe consulta les tags. « Dans une boîte de nuit en ville. Je vais continuer à chercher. Il y en a peut-être d’autres. »

Il y en avait davantage, et elle ne tarda pas à les trouver. Il y avait, juste quelques posts en dessous, un commentaire de Cora – le premier qu’elle avait vu, mais d’un point de vue chronologique, le plus récent.

Quoi qu’il se soit passé entre elles, cela ne semblait pas avoir été agréable.

« Écoute ça, » dit Zoe en lisant à voix haute. « Ton jeu est tellement clair, salope. Arrête de poster des mises à jour sur moi. Si tu as quelque chose à dire, dis-le-moi en face.

– C’est quoi ça ? » dit Shelley, le souffle coupé.

« C’est un commentaire de Cora Day sur le mur Facebook de Michelle Young, dit Zoe d’un air triomphant. Il semble qu’elles étaient amies jusqu’à cet épisode. Michelle lui dit d’aller se faire foutre et Cora n’a jamais répondu. J’imagine que c’est le moment où elles se sont bloquées mutuellement.

– C’était il y a combien de temps ? » demanda pensivement Shelley.

Zoe consulta les dates. « Il y a un peu plus d’un mois.

– Donc, pour résumer, » dit Shelley, en esquissant lentement un sourire sur son visage, « Cora Day se brouille avec Michelle Young, et environ un mois plus tard, elle finit par mourir. Puis Cora annule son rendez-vous avec Lorna Troye pour une randonnée planifiée à l’avance, la laissant seule, et Lorna finit également par mourir de la même façon.

– Et le coroner dit qu’il est tout à fait possible que le suspect que nous recherchons soit une femme, surtout si l’on tient compte de la poussée d’adrénaline additionnelle qui pourrait leur permettre de frapper avec plus de force que ce que l’on imagine.

– En plus du fait que le tueur était suffisamment confiant pour approcher les deux femmes en plein jour alors qu’elles étaient seules, sans qu’elles s’enfuient terrorisées, très probablement parce qu’elles le connaissaient déjà.

– Il semble que nous ayons un suspect, » dit Zoe, consciente de l’enthousiasme que Shelley ressentait manifestement. Et pourquoi pas, après tout ? Cela pourrait être ça, la piste qui allait décanter toute l’affaire.

– Je vais voir si le shérif dispose de l’adresse actuelle de Cora Day, » dit Shelley, en sautant de sa chaise et se précipitant dans le couloir, en redoublant d’enthousiasme.

Le Visage de la Folie

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