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Méthode pour se règler dans le cours de ses études.

Table des matières

LE paysagiste doit mettre beaucoup d’ordre et de soin dans ses études, et ne pas s’accoutumer, dès le commencement de sa carrière pittoresque, à ne faire que de légers croquis ou de simples aperçus des objets dont il doit conserver le fidelle souvenir.

Que d’artistes sont restés fort au dessous de leur talent et qui se seraient fait une grande réputation, pour avoir pris de trop bonne heure cette habitude d’étudier et de courir précipitamment d’objets en objets, ils ont ainsi abusé de leur facilité, pour faire en apparence une prompte et riche moisson de dessins, dont l’abondance n’a fait que les appauvrir.

Si ces études faites à la hâte et prises pour ainsi dire à la volée, meublent promptement leurs porte-feuilles, elles les mettent ensuite dans un embarras extrême, en ne leur laissant que de faibles souvenirs. Ces études dépourvues des véritables effets de lumière que donne la nature, obligent l’artiste d’en imaginer qui manquent de force et de vérité; écueil dangereux qui le conduit à la manière, et qui finit par discréditer ses ouvrages.

Cette pratique de croquer et de faire de simples aperçus ne peut convenir qu’au peintre consommé, qui a passé sa vie entière à étudier sérieusement et à toujours observer; alors la forte habitude qu’il a de la nature, lui rappelle sur un simple trait fait adroitement ce qu’il a vu; il le reporte sur la toile avec cette vérité que donnent seules l’expérience et de longues études.

Ce n’est qu’après avoir acquis cette grande habitude de la mémoire, qu’il faut user de ces moyens, mais toujours avec sobriété: on peut citer Vernet comme un prodige et comme un exemple frappant d’une mémoire extraordinaire.

Ce peintre fécond, avec un trait, un simple souvenir, faisait naître un tableau qui avait toute la vérité, tout l’effet de la nature; mais combien peu d’hommes ont reçu ce don précieux qu’il possédait au suprême degré.

L’étude de la perspective est sur-tout indispensable pour le paysagiste; elle lui sert de guide et de boussole pour le conduire, et pour placer tous les objets en une juste proportion dans les divers plans de son tableau. Elle lui sert à éviter les erreurs dans lesquelles il tomberait, sans cette science régulatrice.

On a vu de grands peintres négliger cette. étude, et croire que la vue seule de la nature pouvait servir à les guider; aussi ont-ils laissé dans leurs ouvrages des fautes impardonnables.

On ne peut assez recommander aux jeunes gens l’étude de la perspective, qui n’a de rebutant que les premiers pas que l’on y fait, mais qui procure bientôt autant de satisfaction qu’elle avait d’abord fait éprouver de dégoût à ceux qui ont eu le courage d’en surmonter les difficultés.

Combien le peintre de paysages doit observer les règles de la perspective aérienne, qui sert à répandre une illusion si douce sur les objets même les plus éloignés!

Le paysagiste doit étudier et observer toute sa vie; il ne doit jamais laisser échapper une occasion de consulter la nature: toujours le crayon à la main, il faut qu’une promenade utile soit le délassement du travail de la journée. Quitte-t-il sa palette et son atelier, le soleil couchant l’appelle à la campagne, ou sur le bord des eaux. C’est à cette heure du jour, moment du repos de la nature, qu’elle lui offre de grandes lecons d’harmonie.

Essai sur le paysage

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