Читать книгу Essai sur le paysage - Charles-Louis-François Le Carpentier - Страница 9
ОглавлениеDes dispositions et de la manière d’étudier le Paysage.
CELUI qu’un doux penchant entraîne vers l’étude du paysage, et qui veut s’y livrer avec succès, ne doit s’attacher à aucune manière. Il doit renoncer à toute méthode d’école, j’entends lorsqu’il aura reçu les principes nécessaires pour se conduire lui-même vers l’étude et l’imitation de la nature.
Son premier soin est d’examiner de quels moyens les grands maîtres en ce genre se sont servis pour la rendre avec intérêt dans leurs conceptions, puis il doit aller à son tour prendre les leçons de ce guide de tous les arts. Qu’il profite cependant des conseils et des avis des hommes habiles, consommes dans l’art, mais qu’il copie peu de tableaux.
Le peintre de paysages doit s’attacher à scruter le faire de chaque maître, qu’il étudie sur tout les tableaux de ceux qui ont su allier heureusement une façon de peindre large et agréable avec la naïve vérité de la nature.
Je veux qu’il cherche à observer dans leurs ouvrages ce qui paraît être plus analogue à son génie, qu’il en saisisse à propos les beautés, et que, semblable à l’abeille, il se nourrisse de ce qu’il y a de meilleur dans leurs productions.
Le jeune élève doit bien se garder d’imiter ces artistes peu courageux et casaniers qui s’imaginent trouver le secret de leur art en copiant servilement et souvent avec froideur dans les cabinets et dans les galeries, les chef-d’œuvres des grands peintres qui ont acquis de la célébrité, mais par une route bien différente.
C’est ainsi que ces peintres citadins croyent pouvoir se passer du miroir de la nature, et qui devenus serviles imitateurs ne produisent que de froides copies, souvent très-imparfaites. O imitatores, Servum pecus! Peut-être obtiennent-ils l’assentiment et même l’admiration d’une certaine classe d’amateurs et de quelques coteries à la mode; mais ces tableaux loués d’abord avec exagération, vont tapisser les immenses dépôts des marchands et finissent par aider à tromper les faux connaisseurs.
Le peintre au contraire qui a eu le courage de consulter la nature, a toujours le mérite de paraître original; le paysage d’ailleurs est celui de toutes les parties de la peinture qui offre plus de variété, et auquel l’artiste studieux peut toujours assigner un air de nouveauté qui plait même au vulgaire, peu instruit.