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LA BIBLE GUIOT

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Le poème qui nous est parvenu sous ce titre contient des renseignements assez précis sur celui qui l’a écrit et sur la date où il a été rédigé.

L’auteur avait fréquenté, pendant la première partie de sa vie, les cours des princes. Il se souvenait d’avoir assisté, notamment, à la cour magnifique que l’Empereur Frédéric Ier Barberousse tint à Mayence en 1184. Il nomme près de cent grands seigneurs qu’il avait «vus» et qui lui avaient «fait des dons» en sa qualité de jongleur. Faut-il croire qu’il les avait tous, en effet, connus personnellement? Ou bien quand il dit:

Mais ces princes ai je veüz... 366

et

Ja ne vous ai baron nommé 492

Qui ne m’ait veü ou donné;

Quand il déclare que la mort, en enlevant ces princes et ces barons, l’a privé de ses «amis» (v. 418), est-ce une manière de parler? Si ce n’est pas une manière de parler, on est obligé d’en conclure qu’il avait été en relations avec les plus grands seigneurs de la seconde moitié du XIIe siècle, en France, dans l’Empire et jusqu’en Orient: avec le roi de Syrie Amauri († 1173), avec le roi de France Louis VII († 1180), avec le roi d’Angleterre Henri II († 1189), avec le roi d’Aragon Alfonse II († 1196), avec Richard Cœur de Lion († 1199), et avec les principaux barons des diverses régions de France, même du Midi, mais particulièrement de Bourgogne et de Champagne. S’il faut prendre ce qu’il dit au pied de la lettre, il aurait été de sa personne non seulement à Mayence, mais à Arles (v. 70), à Montpellier (v. 425), à Jérusalem (v. 1794).

A la suite de circonstances inconnues, il quitta le siècle et passa quatre mois dans l’abbaye cistercienne de Clairvaux. Quatre mois, pas davantage. Il dit d’une manière ambiguë qu’on le «ramposnait» à l’occasion de ce séjour. Mais il affirme qu’il «s’en partit molt franchement» de Clairvaux (qui lui laissa cependant le plus mauvais souvenir) sans dire, du reste, pourquoi ni comment. Il entra par la suite chez les moines noirs, dont il portait «les draps», c’est-à-dire la robe, depuis plus de douze ans passés lorsqu’il écrivit son livre (v. 1090). Il résida certainement, comme moine, au monastère de Cluni (v. 1658 et suiv.).

C’était, d’ailleurs, un singulier moine. Bon vivant, fort ennemi des austérités, dégoûté et de langage très libre.—Les Chartreux lui font horreur, car ils vivent solitaires (lui, il aime «la compagnie»); et ils privent de viande leurs malades (ce qu’il qualifie d’homicide). Les reclus, qui se font emmurer, sont fous:

La vie en France au moyen âge d'après quelques moralistes du temps

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