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Chapitre quatre

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Karina s’agenouilla près d’un fantassin, et s’occupa d’une entaille sanglante dans sa cuisse. L’épée avait traversé de part en part, mais si elle pouvait nettoyer la blessure et arrêter l’hémorragie il devrait s’en sortir.

Allongé au sol et appuyé sur les coudes, le blessé la regardait. Les autres fantassins allaient et venaient, occupés à ramasser des armes sur le champ de bataille, et elle les entendait achever les attaquants blessés – leur tranchant la gorge ou leur transperçant le coeur avec leur épée. C’était barbare, écoeurant et cela la mit en colère mais elle n’y pouvait rien ; donc elle essayait seulement d’étouffer les sons tout en travaillant.

Elle termina de suturer la blessure et approcha la main du bandage liquide Gelspray, mais avant qu’elle n’ait eu le temps de l’appliquer sur la blessure, l’homme poussa un cri au moment où une épée s’abattit sur lui, lui transperçant le coeur.

“Espèce de sale fils de pute!” Elle se mit debout d’un bond, repoussant le fantassin. “Tu viens de poignarder l’un de tes propres hommes.”

Il tituba en arrière mais en se retenant à l’épée qu’il retira du corps de l’homme. Karina baissa les yeux vers l’homme qui avait été poignardé; sa bouche était béante, laissant échapper un faible cri muet d’appel à l’aide tandis que ses yeux grands ouverts étaient fixés au ciel. Puis ses yeux se fermèrent et son corps se relâcha.

“J’aurais pu le sauver, espèce d’idiot ignorant.”

Le soldat eut un rire et avança d’un pas vers elle, son épée ensanglantée pointée vers son ventre.

“J’ai son front dans ma ligne de lire, Karina,” dit Kawalski par radio. “Tu n’as qu’à dire un mot et je lui éclate la cervelle.”

“J’ai son coeur en visuel,” dit Joaquin.

“Et moi j’ai sa veine jugulaire,” dit Lorelei Fusilier.

“Non,” dit Karina. “Cette salope est rien que pour moi.”

“Sukal!” cria une femme derrière Karina.

L’homme regarda derrière Karina, puis la regarda à nouveau avec toujours ce même sourire lubrique.

Karina ne put voir qui était la femme – elle devait continuer à garder les yeux sur les siens. “Qu’est-ce qui est arrivé à tes dents, Sukal?” demanda-t-elle “Quelqu’un te les a cassées d’un coup de pied?”

Sukal brandit son épée comme un cobra qui veut charmer sa proie subjuguée.

“A moins que tu ne veuilles manger cette épée, tu ferais mieux de l’enlever de sous mon nez.”

Il s’élança vers l’avant. Elle se baissa, fit demi-tour et lui frappa le poignet du tranchant de la main, pour écarter son épée. Sukal utilisa l’élan de l’épée en mouvement pour lui faire faire un demi-tour et la ramener vers elle, en visant son cou.

Karina se laissa tomber au sol, fit une roulade, et lui fit un ciseau aux chevilles. Il tomba brutalement mais se remit sur pied rapidement.

Elle aussi, et elle se mit en garde, prête pour l’attaque suivante.

Il alla sur elle en cherchant le coeur.

Elle fit une feinte d’un côté, en attirant son épée, mais elle changea de côté et lui envoya un coup de coude dans l’oeil.

Sukal tituba mais planta son épée dans la terre pour se rétablir. Il saisit l’arme des deux mains, la leva au-dessus de sa tête et vint sur elle en courant et beuglant comme un taureau enragé.

Karina leva le genou gauche et fit une vrille de côté tout en donnant un coup de pied de karaté dans son plexus solaire avec sa botte de combat taille 40.

Sukal se plia en deux, laissant tomber son épée. Il tomba à genoux en se tenant le ventre, essayant de reprendre sa respiration.

Karina fixa un instant l’homme haletant, puis regarda qui était derrière elle. C’était la brune qu’ils avaient vue sur l’un des éléphants. Elle avançait à grands pas vers Karina et Sukal, vsiblement très en colère, et s’arrêta devant Sukal,  pieds écartés et poings sur les hanches. Elle parlait vite, en gesticulant vers le mort. Karina n’avait pas besoin d’interprète pour savoir qu’elle engueulait Sukal d’avoir tué le blessé.

Sukal retrouvait son souffle, mais il restait à genoux, regardant par terre. Il n’avait nullement l’air de s’en repentir; il attendait probablement juste qu’elle arrête de lui crier dessus.

La femme passa sa colère, puis se pencha et ramassa l’épée de Sukal pour la jeter aussi loin qu’elle put. Elle ajouta encore une insulte qui se terminait par quelque chose comme “Kusbeyaw!” Puis elle sourit à Karina.

Le mot devait vouloir dire “idiot”, “crétin” ou “connard” mais dans tous les cas ce n’était sûrement pas un compliment.

“Bonjour,” dit Karina.

La femme dit quelque chose et lorsqu’elle s’aperçut que Karina ne comprenait pas, elle toucha ses lèvres avec deux doigts, puis sa poitrine et montra Karina du doigt.

“C’est bon.” Karina regarda Sukal s’éclipser. “Je lui ai mis un bon coup de pied à ce kusbeyaw.”

La femme rigola, et se mit à parler, mais elle fut interrompue par le grand officier, celui à la cape écarlate. Il était à vingt mètres, et il fit signe à la femme de s’approcher de lui. Elle toucha le bras de Karina, sourit, puis alla voir l’officier.

Karina contemplait le champ de bataille. Les fantassins du convoi avaient récupéré toutes les armes et les objets de valeur sur les attaquants. Les femmes et les enfants allaient et venaient en déshabillant les morts, ce qui visiblement ne donna pas grand-chose : ce n’étaient pour la plupart que des peaux d’animaux en haillons.

“Je crois qu’ici tout a de la valeur.”

“J’en ai bien l’impression,” dit Kady. “T’as bien eu cet enfoiré de Sukal. De toute ma vie, je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi surpris quand tu lui as donné un coup de pied dans le bide.”

“Ouais, ça m’a fait du bien. Si je l’avais pas culbuté, je crois que c’est la femme à l’éléphant qui l’aurait fait. Elle était vraiment furax.”

“Je me demande bien ce qu’elle t’a dit.”

“Je pense qu’elle essayait de me dire qu’elle était désolée que Sukal ait tué le type que j’étais en train de soigner. La blessure était plutôt moche, mais je pense qu’il s’en serait remis.”

“Ballentine,” dit l’adjudant Alexander à la radio. “Toi et Kawalski vous montez la garde à la caisse d’armement. Je vais faire un tour vers l’arrière de cette colonne pour voir si elle est encore longue.”

“Entendu, Mon adj’,” dit Karina.

Mon adj’ regarda le soldat debout juste à côté de lui. “Sharakova,” dit-il, “tu me suis.”

“Bien pris.” Sharakova fit passer son fusil en bandoulière sur son épaule.

“Tu t’en es bien sortie avec cet abruti, Ballentine,” dit Mon adj’. “J’espère que tu ne te mettras jamais dans une colère pareille après moi.”

“Hourrah!” dit Kawalski. Son cri fut repris par plusieurs autres.

La Dernière Mission Du 7ème De Cavalerie

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