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Notice historique sur son origine et ses accroissemens.

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Les historiens ont vainement essayé, par des recherches minutieuses et des interprétations subtiles, à pénétrer dans l’obscurité qui enveloppe l’origine de Paris; une simple bourgade composée de maisons construites en bois et en terre, couvertes de paille, de chaume, et sans cheminées, renfermée entre les deux bras de la Seine, et environnée de toute part de marais, de collines et de bois; tel était, il y a dix-neuf siècles, c’est-à-dire avant l’invasion des Romains dans la Gaule, une ville aujourd’hui des plus grandes et des plus magnifiques de l’univers. Cette petite ville, que les Gaulois nommaient Lutèce, était, au rapport de César, le premier qui en ait parlé, la capitale de la province des Parisiens, l’une des soixante-quatre qui composaient l’État des Gaules. Camulogène en était le gouverneur ou souverain magistrat, lorsque Labiénus, lieutenant-général de César, en fit la conquête, l’an du monde (ère vulgaire) 3998; 56 avant Jésus-Christ. Ses habitans craignant d’être forcés dans leur île, marchèrent au-devant de l’ennemi; mais ils furent battus, et le vainqueur ne trouva que les tristes restes de la ville qu’ils avaient incendiée avant d’en sortir. Les Romains, voulant profiter de sa position avantageuse, la rebâtirent plus régulière, l’embellirent d’un palais, et la fortifièrent de murs, de tours et d’un château fort à l’extrémité de chacun des deux ponts, ( le grand et le petit Châtelet) Quatre cents ans s’écoulent alors sans que l’histoire fasse mention de Lutèce; enfin Julien l’Apostat, qui y fut proclamé empereur en 390, la montre toujours bornée par les bras de la Seine; car les remarques qu’il fait sur son climat, son terroir, ses vignes et ses figuiers, donnent à croire qu’il n’aurait pas manque de parler de ses faubourgs, si réellement ils eussent été considérables. Quelque temps après, les Francs se répandirent dans la Gaule, et Clovis poussa si loin leurs conquêtes, que, s’étant rendu maître de tout le pays, il en chassa les Romains, et établit Paris la capitale de son royaume, l’an 508.

Pendant l’espace de six cents ans, c’est-à-dire jusqu’au milieu du douzième siècle, le seul accroissement que reçut Paris consiste dans 2 ou 500 maisons éparses çà et là sur les bords de la rivière et dans les vignes qui couvraient la montagne Sainte - Geneviève. Philippe-Auguste, qui naquit en 1165, aima les lettres, accueillit et protégea les savans, et forma le projet de réunir dans une même enceinte une partie considérable de ces lieux éloignés, et de couvrir de bâtimens les espaces inoccupés; mais ce qui rend, pour nous, la connaissance de son règne importante, c’est que ce fut lui qui, à la sollicitation de Rigord son médecin et son historiographe, fit paver les rues de Paris. «La puanteur intolérable, dit ce dernier, qui s’élevait des boues et immondices de la ville, était si grande qu’elle pénétrait jusque dans le palais de nos rois, et le rendait presque inhabitable. Le roi, ajoute-t-il, prit la résolution de remédier à un mal si dangereux; et ce prince, sans s’étonner de la difficulté de l’entreprise, ni de la dépense prodigieuse qu’elle demandait, et qui a rebuté tous ses prédécesseurs, donna ordre au prévôt de Paris, l’an 1184, de faire paver toutes les rues et les places publiques, pour en faciliter le nettoiement; et ce qui rendit la ville beaucoup plus commode.» Un nommé Gérard de Poissy, riche financier, voulant participer à la gloire de cette entreprise, y contribua d’une somme considérable. Philippe-Auguste augmenta encore la salubrité de la ville, en faisant environner de murailles le cimetière des Innocens, et construire des halles pour les marchands qui, à cette époque, étaient épars dans la ville. Enfin, chaque prince concourut à exécuter le projet formé par Philippe-Auguste de rendre Paris une des plus belles et des plus grandes villes du monde, et chaque année le vit s’accroître et s’embellir. Dans le treizième siècle, Robert Sorbon, aumônier et confesseur de Louis IX, choisit le côté du midi pour établir ses écoles, y attira en peu de temps les gens de lettres, et y détermina l’établissement des autres colléges. Ce concours de professeurs dans toutes les sciences, donna le nom d’Université à ce quartier qu’on voulut, par-là, distinguer de la Cité, et de la Ville qui était la partie construite sur la rive droite de la Seine. Dans le quatorzième siècle, Charles V et Charles VI construisirent une nouvelle enceinte. Plus tard, c’est - à - dire sous Charles IX et Henri III, l’argent, disent tous les historiens, étant devenu plus commun par les profanations des calvinistes, et les sommes immenses que l’Espagne prodigua pour soutenir la ligue, ayant répandu l’aisance parmi les particuliers, tous s’empressèrent de faire construire des maisons, et on ouvrit une multitude de rues. Henri IV embellit la ville de places régulières et décorées des ornemens de l’architecture. Enfin Louis XIV régna, et bientôt Paris n’eut plus d’enceinte; ses portes furent changées en arcs de triomphe, ses fossés, comblés et couverts d’arbres, devinrent des promenades magnifiques. Ces accroissemens, et les embellissemens qu’elle a reçus à la fin du 18e siècle et au commencement du 19e, ont rendu cette ville telle qu’aucune autre aujourd’hui ne la surpasse par la réunion de tout ce que les connaissances humaines peuvent offrir; aucune n’ose le lui disputer en bâtimens somptueux, en industrie, en commerce, et surtout en établissemens publics pour la propagation et les progrès des sciences en tout genre.

Tel est à peu près le résumé de tout ce qu’ont écrit les historiens sur les époques principales d’une ville que nous nous proposons d’envisager sous un rapport purement médical. Le détail des guerres, des révolutions, en un mot des événemens civils, militaires ou religieux dont elle n’a cessé d’être l’objet ou le théâtre, mérite assurément l’attention des personnes qui écrivent l’histoire, et de celles qui l’étudient; c’est un spectacle intéressant et instructif pour la politique, la philosophie et l’humanité, de voir par quels degrés différens elle a du successivement passer avant d’arriver au rang qu’elle tient aujourd’hui parmi les premières villes du monde.

Topographie médicale de Paris

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