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DEUXIÈME PARTIE

Table des matières

LA BATELLERIE DE LA SEINE ET LES TRAVAILLEURS DE LA RIVIÈRE

LA SEINE, BERCEAU DE PARIS

DU PLAISIR ET DE L’UTILITÉ DES VOYAGES

LA VIE DES PÉNICHIENS — LES TRAVAILLEURS DE LA RIVIÈRE

Table des matières

Quand vous passerez par le Pont-Neuf, regardez sur le petit bras gauche de la Seine le bassin des Grands-Augustins; vous y verrez réunie une population de braves mariniers qui, s’ils ne sont plus comme les bateliers de jadis «maîtres de la Cité » détenant «la clef des vivres de Paris», n’en sont pas moins fort intéressants à connaître... embarcations et équipages.

Voyez ce bateau ponté, à fond plat, aux angles arrondis et bombé à la proue comme à la poupe, c’est une péniche flamande. Cet autre ponté et à quille, c’est un chaland; voici un berrichon avec ses deux gouvernails, un marnois, une flûte bourguignonne non pontée et que l’on peut voir souvent amarrée à son port de débarquement avec une charge de briques ou de longues sapines; une toue venant des canaux du centre. Tous ces bateaux sont groupés près des deux rives et nous montrent le bariolage de leur proue, quelques-uns arborant un mât. Celui-ci, allégé, élève haut son bordage à côté d’un autre qui, enfoncé sous le poids du chargement, aligne son pont au-niveau de l’eau.

LES TRAVAILLEURS DE LA RIVIÈRE. — Les Carapatas.


Au milieu de ces longs corps morts, sombres et silencieux, circulent des remorqueurs aux proues rouges; ils vont en avant prendre leur poste de pilotes pour la manœuvre de l’écluse.

Parfois on rencontre aux ports parisiens des chalands construits en fer; ces bateaux d’un nouveau modèle sont en état de tenir la mer.

Un malfrat.


Tous ces bateaux peuvent circuler librement sur tous les cours d’eau de France, et les éclusiers doivent donner passage à tous gratuitement. Mais il faut toujours un permis de naviguer que délivre le service de la Navigation.

L’équipage, c’est l’âme du bateau. Tous ces gens de rivière sont des philosophes, des indépendants dont la vie en plein air et au fil de l’eau est calme et heureuse. Celui-ci descend-il de la Haute-Seine, c’est un Champenois ou un Bourguignon; celui-là vient-il de la Basse-Seine, presque à coup sûr c’est un Normand. Le pénichien vient du nord; il est Flamand de France ou de Belgique. Né sur son bateau, il y vit, il y meurt après avoir laissé en héritage à ses enfants sa péniche qu’il aime, et qui est la véritable patrie de ce chemineau naviguant, son «pays natal». Quand un enfant naît durant un voyage, le clocher de son village, c’est le premier que l’on rencontre: on dresse là son acte de naissance.

Capable d’un beau chargement, l’embarcation porte un nom qui est cher à tous: elle a peut-être ses défauts, mais que de qualités aussi!

Le patron a beaucoup voyagé, mais ne connaît pas pour cela beaucoup de pays; à Paris, il ne quitte pas la Seine et ne s’éloigne guère de son port de débarquement. Lui, Flamand, s’est marié avec une Normande, une Berrichonne ou une Bourguignonne, et sa femme est devenue «marinière» militante. Grâce à son aide, le couple naviguant fait aussi souvent qu’il peut des économies sur les frais de traction: en rivière, la patronne est au gouvernail et le maître, armé de longues perches, donne la marche en avant que le courant parfois refuse.

Dans les canaux, des haleurs spéciaux, qui portent le nom bizarre de Carapatas, remorquent les embarcations.

Le Carapata loge dans les bateaux; c’est une race aquatique qui ne vit que sur l’eau et ne met pied à terre que pour traverser l’écluse. Alors il tire à col d’homme la large péniche où, près des volets verts de la cabine brillante de propreté, entre des pots de fleurs soigneusement entretenus, se montrent des enfants à la mine curieusement éveillée, parqués prudemment derrière un léger balcon protecteur, sous l’œil vigilant de la mère.

Les montluçons, ces étroites péniches que l’on voit quelquefois couplées deux par deux, descendre bord à bord la Seine, venant des canaux du Berry, emmènent ordinairement un vigoureux petit âne qui fait le halage. Ce carapata à quatre pattes vit aussi constamment sur l’eau, est choyé, bichonné, a une belle petite écurie et, quand il est par trop fatigué de remorquer, la patronne le relaye.

Les ouvriers du bord de l’eau, eux aussi, ont une existence qui n’a rien à démêler avec celle des camarades terriens; ce sont des bohèmes.

Quels sont ces hommes, l’un tout blanc et l’autre noir, qui font de l’équilibre sur une planche flexible posée sur la berge et appuyée par l’autre bout au pont du bateau? La légère passerelle ploie sous leur poids et leur donne l’air d’acrobates dansant sur une corde. Le nègre est un Coltineur; il décharge un bateau de houille. Dans la corbeille posée sur sa nuque, que protège une lame de cuir, a passé toute une variété de charbons anglais, allemands ou belges. Le pierrot blanc est un Malfrat qui débarque du plâtre.

Un coltineur.


Plus loin un Tireur, les pieds dans l’eau, dépèce un train de bois à coups de hache; un Dérouleur roule des tonneaux sur le quai en pente. La Seine, cette grande rue de Paris, a tout comme les autres ses «biffins» errants, ses chiffonniers, ses écumeurs; à bord d’un bachot muni d’un récipient — leur hotte — ils pêchent à la pointe du croc les épaves de nature variée qui flottent sur l’eau. Les chats et les chiens noyés sont précieux à recueillir: leurs os, réduits en charbon, font d’excellent noir animal: rien ne se perd.

CONDITIONS A REMPLIR POUR NAVIGUER

DIMENSIONS DES BATEAUX, TRAINS OU RADEAUX. — Aucun bateau, train ou radeau circulant ne doit excéder les dimensions déterminées de la façon suivante et qui sont mesurées de dehors en dehors, y compris le chargement et sans aucune tolérance. La longueur maxima des bateaux, trains ou radeaux doit, en général, être fixée de telle sorte que, dans les écluses, lorsqu’ils touchent le mur de chute, il reste toujours 0m,30 de jeu du côté des portes d’aval, dans toutes les positions qu’elles occupent pendant leur mouvement. La largeur des bateaux doit être moindre de 0m,20 que celle des écluses; mais cette différence est portée à 0m,40 pour les trains ou radeaux, qui sont plus difficiles à mesurer exactement, à cause de leur irrégularité.

L’enfoncement du bateau, au-dessous du plan de flottaison, doit être inférieur de 0m,20 à la profondeur d’eau sur le fond normal réglé par le zéro des échelles hydrométriques des écluses. Néanmoins, dans des cas exceptionnels et pendant les sécheresses, cet enfoncement peut être réduit. Avis est donné de cette réduction par voie de publication et d’affiche.

Tout bateau, train ou radeau ne satisfaisant pas aux conditions prescrites par le présent article peut être retenu au point qui est désigné par les agents de la Navigation.

Il ne pourra être remis en marche que s’il remplit ces conditions.

Le petit bras de la Seine, entre la Cité et le quai des Augustins.


DEVISE. — Les bateaux doivent porter à la poupe leur dénomination, le nom et le domicile du propriétaire; les trains ou radeaux aussi, sur une planche fixée à demeure, de manière à ne pouvoir être déplacée.

Les inscriptions doivent être apparentes, en toutes lettres, en caractères ayant au moins huit centimètres de hauteur. Elles sont peintes, ou sur le bordage du bateau, ou sur une planche fixe.

PERSONNEL. — AGRÈS. — Chaque bateau, train ou radeau naviguant isolément doit avoir au moins un marinier à bord sur les canaux et deux sur les rivières.

Il doit, en outre, être muni de tous ses agrès en bon état et notamment de plusieurs ancres, de piquets d’amarres et des cordages nécessaires.

VÉRIFICATION DE L’ÉTAT DES BATEAUX. — Tout bateau doit être soumis, tous les ans au moins, et plus souvent, si cela est jugé nécessaire par les agents de la Navigation, à une vérification ayant pour objet de constater qu’il est en état de naviguer, qu’il est muni des échelles prescrites et que leur point zéro correspond exactement au tirant d’eau à vide.

Tout bateau reconnu en mauvais état est retenu et ne peut se remettre en marche qu’après avoir été convenablement réparé.

PIÈCES DONT TOUT BATELIER DOIT ÊTRE MUNI. — Tout conducteur de bateau, train ou radeau doit être muni d’une lettre de voiture en bonne forme, ainsi que du procès-verbal de jaugeage et de la déclaration de chargement.

Tout conducteur de bateau doit être, en outre, porteur d’un certificat délivré par l’un des agents commis à la vérification dont il est parlé précédemment et constatant que son bateau est en état de naviguer.

Tout bateau isolé naviguant de nuit doit avoir deux mariniers au moins à bord.

Les chevaux de halage sont toujours conduits par un charretier, qui, s’il n’est pas à cheval, doit se tenir à la tête du premier cheval.

Avant de vous entraîner de Paris vers la mer, il nous reste encore à vous présenter le «personnage» principal en compagnie duquel nous allons accomplir notre belle excursion: la Seine.

LES ENCEINTES SUCCESSIVES DE PARIS. — CARTE DU DÉVELOPPEMENT PROGRESSIF DE LA CITÉ.


De Paris à la mer

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