Читать книгу Couronne poétique de Napoléon : hommage de la poésie à la gloire - Diverse Auteurs - Страница 13
LE PARC DE COMPIÈGNE.
ОглавлениеEt tous ces souvenirs de tristesse ou de gloire, Se heurtaient a-la-fois dans ma vague membre
BARTHELEMI
POURQUOI ces chants d’amour et ces chants d’allégresse,
Tout est riant dans ce séjour;
Oiseaux, faites silence, et des chants de tristesse,
Des chants de mort, au lieu d’amour.
Oui, je voudrais le deuil dans ces jardins superbes;
Je voudrais sans parfum toutes ces belles fleurs;
Et ce vaste palais, couvert de hautes herbes,
N’aurait d’écho que pour les pleurs.
Un éternel hiver flétrirait ce feuillage,
Si j’avais le pouvoir que s’est réservé Dieu;
Tout parlerait de lui quand au lointain rivage,
A la France il disait adieu!
C’est ici qu’il venait, rêveur et solitaire
Loin du monde et des grands méditer les combats.
Oui, tout me le rappelle: ici je vois ses pas,
J’entends sa parole de guerre.
Plus loin je vois aussi son front large et saillant,
Et le sourire amer qu’il jette à quelque prince,
Qui vient lui mendier un faubourg de province,
Dont il fait l’aumône en raillant.
Alors ces rois déchus imploraient son empire,
Venaient à son lever inspirer la pitié,
Et rampant à sa voix, s’offraient dans leur délire
Pour lui servir de marche-pié.
Puis je le vois, proscrit qu’on raille et qu’on tourmente,
Jeté sur un rocher qui lui sert de tombeau;
Mais bien plus grand encor que lorsque dans sa tente
Il commandait à son drapeau.
Il est tombé trahi du faîte de la gloire;
Mais il dut dans sa chute écraser tous ces rois,
Ces héros de hasard, couronnés une fois
Par les lauriers de la victoire.
Si grand! puis rien, plus rien, moins qu’un pâtre, un soldat,
Un esclave! — Etre un aigle et mourir sans combat,
Mourir sans un baiser de la femme qu’on aime,
Sans une voix qui fasse encor vibrer le cœur;
Sans un dernier adieu, voir le moment suprême
Et cependant être Empereur!
FLORVILLE DE WIERS.