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TE DEUM.

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CARTHAGE, Athènes, Rome, élevez moins vos têtes

Elevez moins vos noms! riez moins de vos fêtes!

Etalez moins aux yeux de cent siècles ouverts

Les blasons de vos dieux remplissant l’univers!

Nous avons notre Dieu! nous avons notre Rome!

Nous avons notre histoire et notre premier homme!

Nous avons, pour répondre à vos bruits insolens,

Notre Napoléon qui sortit de nos flancs?

Oui, la France enfanta l’aigle des cent batailles,

Dont le monde aujourd’hui sonne les funérailles.

La France a dans ses murs, sous son toit, dans son cœur

Annibal, Alexandre, et César le vainqueur!

Elle a tout dans sa cendre et dans sa seule tombe!

Vos gloires, vos combats, merveilleuse hécatombe,

Ne sont plus, retracés à l’horizon lointain,

Qu’un fantôme des nuits qu’efface le matin!

Découvrez vos manteaux et vos riches bannières!

Déployez! déployez vos reliques altières!

Sur ses restes sacrés, nos immortels flambeaux,

Nous, Français, aujourd’hui nous levons nos drapeaux!

Univers, lève-toi! venez siècles et mondes!

Terre! éveille aujourd’hui tes entrailles profondes!

Ciel, revêts ton manteau splendide et solennel!

Martyrs, chantez là-haut votre chant éternel!

Guerriers, jeunes soldats, apportez pour hommage

Votre sang de vingt ans et votre beau courage,

L’ardeur que vous transmit le maître souverain

Qui grava votre nom sur un arbre d’airain!

Peuple, rassemble-toi! mêle ton flot immense

A l’onde des regrets qui murmure en silence!

Vieillards, femmes, enfans, joignez vos douces voix

Aux pleurs de la nature, à la terreur des rois

Cœurs d’audace brûlans, corps altiers, âmes fortes,

Napoléon revient! ouvrez toutes vos portes!

Venez tous assister à son large convoi

Où la gloire de l’homme efface l’or du roi!

Venez couverts de deuil autour du char funèbre:

Son poids hausse la France entre toutes célèbre:

Levez sur le cortège un suprême regard,

Car vingt ans de hauts faits forment son corbillard!

A celui qui créa sceptres, lois, culte, trônes,

Nous pouvons donc tresser d’odorantes couronnes,

Effeuiller sur son corps parfums, lierres et fleurs!

Et rafraîchir sa cendre aux ruisseaux de nos pleurs!

Comme un dais généreux qu’aux jours des saintes fêtes

Le prêtre du seigneur met sur les jeunes têtes,

Nous conduirons l’enfant que notre orgueil rêva

Sous les cyprès d’Arcole et de la Moskowa!

L’étranger qu’il domptait avec sa main loyale

N’approchera jamais de l’urne impériale:

Notre mort exilé dont nous étions jaloux,

Nous saurons le sceller désormais parmi nous.

Notre voix n’ira plus vers le noir Sainte-Hélène

Porter nos souvenirs, nos regrets, notre haleine:

Pour voir sa tombe ouverte et prier désormais

Nous n’aurons plus recours au geôlier de l’Anglais!

Nous pourrons, protégés par son ombre visible

Qui vainquit tout orgueil en restant invincible,

Apprendre à nos voisins de la sombre cité

Ce qu’ils devaient d’égards à son adversité ;

Honorés de son pas qui désigna leur côte,

Ce qu’ils devaient de gloire à l’empereur, leur hôte!

A son tour il viendra, ce puissant ennemi,

Lorsqu’il voudra revoir Charlemagne endormi:

Il viendra, chapeau bas, toucher l’aigle magique

Qui troubla par son yol le clocher britannique,

Et tandis que plus fiers, plus grands, plus généreux,

Pour garder nos trésors nous veillerons sur eux,

Lui, honteux du cyprès qui sur son nom retombe,

En détournant les yeux il ouvrira sa tombe!

Oh! qu’il devait souffrir cet auguste lion

Loin de son beau pays! la superbe Sion!

Que de soupirs cachés pour ses splendides charmes

Pour elle que de pleurs! pour elle que de larmes!

Pour ses Français aimés que de sombres regrets!

Combien son cœur allait et revenait auprès!

Que de fois il a dû dans son âme fidèle

Rêver de plans encore pour la rendre plus belle!

Armé de son génie, il mesurait ses pas

Qu’il traînait à la gloire et qu’il n’arrêtait pas!

Comme un jeune taureau sans lisières aux cornes,

Il la voyait courir un espace sans bornes,

Parcourant les chemins par son compas ouvert

Il la suivait au loin dominant l’univers,

Et, grandissant son nom, dans sa noble espérance,

Il ne voyait qu’un mot pour les mondes, la France!

Oh! merci! bien merci pour notre grand martyr?

Car votre cruauté l’en fit plus grand sortir:

Merci! nous l’aimons mieux; il prend mieux sa demeure

Dans notre siècle ému qui le garde et le pleure:

S’il eut dans son orgueil un noble égarement,

Vous l’avez bien absous par votre enseignement;

Il est sanctifié pour la jeune mémoire,

Par ses six ans de lutte inscrits dans notre histoire;

Merci de ce cercueil où son esprit mouvant

Conserva son courage et s’éteignit vivant!

Merci de ton exil, bienfaisante Angleterre?

De ses beaux jours jetés dans ton noir monastère,

De l’étroite fournaise où tu l’as mis bouillant,

Comme la foudre altière au gouffre étincelant:

Merci! car il a pu, dans ces jours d’agonie,

Découvrir de sa main l’éclair de son génie:

Il a pu, de l’étude appelant le soutien,

De son trône sans nom se faire historien;

Il a pu, déposant sa glorieuse épée,

De sa grande existence expliquer l’épopée,

Apprendre à l’univers, ô spectacle étonnant,

Ce que seule eût pu faire une ombre en revenant!

Comme un soldai au camp avec la main qui saigne,

Il a lui-même écrit le rapport de son règne:

Il a noué lui-même avec les frais,lauriers

Les anneaux chargés d’or de ses lustres guerriers;

Aux siècles qui viendront il a tracé la route,

Et découvert son âme à l’avenir qui doute!

Plus heureux que ces rois embaumés dans l’orgueil,

Qui, déposant leur sceptre au penchant du cercueil,

Alors qu’un peuple entier interrogeait leur cendre,

Se sentaient accuser sans pouvoir se défendre,

Pharaons, mourans rois dans leur pourpre en lambeau,

Et que l’on condamnait sur le froid du tombeau?

Aux petits enfans qui s’élèvent,

Et qui déjà de lauriers rêvent,

Nous raconterons ses combats:

Nous dirons sa carrière immense,

Noble sitôt qu’elle commence,

Plus noble encore à son trépas

Nons dirons ce que peut la haine,

Corbeau croassant sur la plaine,

Brisant l’épi qui penche au bas;

Ce que peut le vent de l’envie

Sur la fleur d’une belle vie,

Poison qui ne se montre pas!

Nous dirons qu’il couvrit la terre

De la magnifique poussière

De l’Empire et du Consulat,

Qu’il fit rejaillir sur leurs têtes

Le lustre ardent de ses conquêtes,

Soleil qui s’effeuille en éclat!

Nous dirons à ces jeunes âmes

Les noms des riches oriflammes,

Ombre où faibles on les berçait:

A ces petits-fils de la gloire

Nous occuperons la mémoire

De ce que l’aïeul amassait.

Fiers d’eux-mêmes, fiers de la France,

Ils couveront sous l’espérance

Féconde d’un germe puissant:

La gloire a la gloire pour gage;

Naître noble à noblesse engage;

L’œuf de l’aigle est aigle en naissant.

Ils admireront le génie

Qui voulut la France infinie,

Et, libérale ambition,

Proclameront l’indépendance

Qui n’enchaîna pas par prudence

L’élan de la création!

Oh! c’est qu’il savait bien, l’homme de la pensée,

Jusqu’où la nation, par la peur abaissée,

Peut descendre dans son malheur

Il savait que la ville, à la crainte venue,

Est la prostituée à la chasteté nue,

Qui souillera bientôt son cœur.

Il savait que le peuple aime, chérit, vénère

L’étendard glorieux où son œil lit: Espère!

Que pauvre, c’est son hochet d’or;

Car sa patrie à lui, c’est sa seule noblesse,

Son seul bien, son seul droit, et l’unique richesse

Qui, pauvre, le fait riche encor.

Il connaissait aussi, comme naît la jeunesse;

Qu’au sortir de son lange, un noble orgueil l’oppresse,

Que l’amour du beau la conduit.

Il savait son ardeur pour toute renommée,

Aussi belle à ses yeux que la maîtresse aimée

Dort le prestige l’a séduit!

Il savait tout, cet homme! Il savait que le monde

Porte dans sa racine une langueur profonde,

Que les jours froids ont leur dégoût:

Qu’il faut pour l’âme humaine une source où s’abreuvent

L’esprit, les sens, la vie; un ressort où se meuvent

Et ce grand rien et ce grand tout!

Hélas! il en est mort de ses longs jours sans phare,

Mer sans fond, port sans rive où notre âme s’égare

Incessante et morne prison;

Son corps et son esprit s’abîmaient dans l’espace.

Son existence allait comme une tête lasse,

Dont le cerveau perd sa chanson.

Lui, restreint dans son vol! lui rasant de ses ailes

Le roc de sa prison, le mur de ses tourelles,

Ployé sur un hamac petit;

Lui mendiant de l’air, des chevaux et des chaumes;

Lui qui pétrissait l’or, les états, les royaumes;

Lui dont on pèse l’appétit!

Lui qui prit autrefois l’univers pour demeure,

Qui conduisit du doigt comme un cadran sans heure

Des jours qui n’avaient pas de nuit;

Lui qui glanait les rois sur son champ de bataille,

Sans trouver un boulet au niveau de sa taille;

Lui qu’un vassal anglais conduit!

Oh! qu’il a dû souffrir! Dieu lui fit pour épreuve

Une autre coupe à boire, une souffrance neuve,

Un calice large et profond:

Il le surnomma Job, l’abreuva de misères,

Retourna dans son cœur le poison des ulcères

Dont sa mort a trouvé le fond!

Et comme Job aussi quelle humilité sainte!

Quelle douleur sans fiel! quel désespoir sans plainte!

Comme il souffrit! comme il mourut!

Il reçut du Seigneur ce châtiment sublime,

Comme une âme chrétienne aspirant Dieu sans crime,

Et sans tache au ciel il courut!

O Seigneur! pourquoi sa jeunesse?

Pourquoi son ardeur en naissant?

A son lever tant de richesse?

Tant de larmes en finissant?

Pourquoi son enfance si belle,

Son unique et large cerveau,

Foyer dont la flamme étincelle

A peine aux portes du berceau?

Pourquoi le seul parmi ses frères

Fut-il la sève qui germa?

Pourquoi les fleurs qui te sont chères

Sont celles que ta main ferma?

Pourquoi tant donner à l’enfance,

Construire un arbuste orgueilleux,

Du souffle élargir sa puissance

Pour l’abattre si près des cieux?

Est-ce, ô Dieu! pour que ta présence

Soit la seule unique et sans fin,

Et que l’homme en son insolence

Ne t’atteigne pas de la main?

Est-ce une leçon pour la gloire,

Une ombre à son sublime pas,

Un enseignement pour l’histoire?

Fais-tu la crêche et le trépas?

Qu’importe, Dieu puissant, ta volonté cachée?

Le but que ta main donne à la gerbe couchée,

Grande et belle apparition!

Qu’importe où va l’étoile après sa bien-venue,

Qu’elle serve à la terre ou retourne en la nue?

Elle est de ta création!

Et toi, Lætitia, toi, monument austère,

Tu seras en exemple aux femmes de la terre,

Tu soutiendras, leur juste orgueil.

Les siècles béniront ta divine souffrance:

Mère du Christ armé, tu le fis pour la France,

Et tu pleuras sur son cercueil!

Frères, désormais plus de larmes!

L’avenir dévoile ses charmes;

De leur fourreau sortez vos armes!

Allumez vos mornes flambeaux!

Ramier que la froidure exile

Nous l’avons repris de son île,

Qu’il repose calme et tranquille:

A nous d’honorer son tombeau!

Du sort, des combats des tribunes,

Proclamant les gloires communes,

Au partage de ses fortunes

Il appela l’égalité :

Lorsqu’un grand acte se consomme,

Quand l’esclave veut se faire homme,

C’est Napoléon seul qu’il nomme,

Il ébaucha la liberté !

HERMANCE LESGUILLON.

Comme philosophe, comme écrivain, comme homme, je le déclare, ce n’est pas sans un certain regret d’imagination que je le verrai descendre de ce rocher où tout est souvenir, où l’admiration et la piété du monde se plaisaient à aller le chercher.

LAMART. Disc. à la Ch. des Députés.

Couronne poétique de Napoléon : hommage de la poésie à la gloire

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