Читать книгу La gymnastique à la maison, à la chambre et au jardin - E Angerstein - Страница 7
II. Effets produits par les exercices du corps.
ОглавлениеLa base du corps humain est constituée par une charpente osseuse, qui sert de soutien aux parties molles et qui, dans certains cas, fournissant des parois solides aux cavités du corps (boîte crânienne, cage thoracique), protège les organes qui y sont enfermés. Les os forment en même temps des leviers, sur lesquels agissent les muscles pour produire les divers mouvements du corps. Autour de la charpente osseuse sont disposés les muscles, ces masses de chair rouge, qui représentent tantôt des cordes plus ou moins épaisses, tantôt des lames plus ou moins larges, et qui jouissent de la propriété de se contracter, de se raccourcir, sous l’influence de l’excitation d’un nerf. Cette contraction des muscles agit sur les os, auxquels les muscles sont attachés, de sorte que les os, unis l’un à l’autre par des articulations mobiles, subissent des modifications dans leur situation réciproque. Les muscles sont donc les organes importants des mouvements.
La nutrition de toutes les parties du corps se fait au moyen du sang, qui, poussé par les contractions du cœur, circule à travers tout l’organisme dans des tubes membraneux (vaisseaux sanguins). Circulant ainsi dans les vaisseaux partis du cœur (artères), le sang arrive aux divers organes, puis à travers les minces parois des plus fines ramifications vasculaires il laisse transsuder les éléments nutritifs qui pénètrent dans les tissus environnants, en même temps qu’il reçoit de ces tissus les éléments qui, ayant subi certaines modifications chimiques, sont devenus impropres à la nutrition. Ce sang, ainsi modifié, devenu, par suite des phénomènes chimiques qui se sont accomplis dans l’intimité des tissus, plus pauvre en oxygène et plus riche en acide carbonique, circule alors dans les veines, qui le ramènent au cœur (grande circulation). D’autre part, le sang, circulant à travers certaines artères, se rend du cœur aux poumons, lesquels par leur fonctionnement (respiration) le régénèrent en lui fournissant de l’oygène nouveau, en même temps qu’ils le débarrassent de l’excès d’acide carbonique qu’il contenait. Ainsi revivifié par l’oxygène qu’il vient de recevoir, et purifié par l’élimination de l’acide carbonique, le sang circule dans des vaisseaux veineux qui le ramènent des poumons au cœur (petite circulation ou circulation pulmonaire), d’où il esf lancé de nouveau dans la grande circulation.
Les divers éléments du sang (eau, albumine, fibrine, corps gras, sels) constituent les matériaux qui servent former tous les tissus de l’organisme. C’est le fonction nement des organes digestifs qui fournit au sang lés premiers éléments de sa reconstitution: ces organes digestifs font subir aux substances alimentaires qu’elles reçoivent de l’extérieur des modifications telles, que ces substances deviennent aptes à être assimilées et à se transformer en éléments organiques; ces substances, ains modifiées par la digestion, sont absorbées par les vaisseaux lymphatiques, d’où elles passent dans le torrent veineux de la grande circulation.
Tout corps vivant est le siège d’une transformation incessante de ses éléments chimiques. Plus un organe travaille, plus les transformations chimiques s’y produisent avec activité ; les éléments nutritifs s’y épuisant alors plus rapidement, il faut qu’ils soient plus rapidement remplacés, et que la nutrition et la respiration fournissent à l’organisme de nouveaux matériaux en quantité suffisante. C’est dans cet échange incessant et plus ou moins actif d’éléments éliminés et d’éléments absorbés que l’organe trouve les conditions les plus favorables à son fonctionnement et à son développement.
Or, les muscles formant la plus grande partie des masses molles du corps, on comprend qu’un fonctionnement actif, régulier et méthodique de ces organes doit avoir une grande importance. Par suite de cette activité, méthodiquement dirigée, le muscle se développe mieux, devient plus fort, capable de se contracter plus énergiquement et plus longtemps; il fonctionne aussi avec plus de précision et, les mouvements d’ensemble résultant du fonctionnement de plusieurs groupes musculaires s’exécutant avec plus d’assurance, le corps gagne en adresse et en grâce.
En même temps, cette activité musculaire produit des effets avantageux sur l’ensemble de l’organisme: cette masse considérable de tissu musculaire, soumise à un exercice actif, a besoin, pour se nourrir, d’une grande quantité de sang, d’où il résulte que la circulation s’accélère, que la respiration et la digestion se font plus énergiquement, que les échanges chimiques deviennent plus actifs et que la température du corps s’élève. Chacun sait par sa propre expérience que, à la suite de vifs mouvements, le cœur bat plus rapidement et plus énergiquement, que le pouls devient plus accéléré, que les mouvements respiratoires deviennent plus amples, que les joues se colorent, que la chaleur intérieure s’accroît et enfin que l’appétit augmente. Si alors on fournit au corps une alimentation proportionnée à ses besoins, les organes ainsi stimulés sauront tirer des matériaux alimentaires qui leur sont fournis le meilleur parti possible. C’est ainsi qu’un exercice méthodique des muscles, aura pour résultat de rendre la santé meilleure; les troubles de l’hématose (chloro-anémie), les stases dans la circulation sanguine, particulièrement dans le système de la veine-porte (hémorroïdes), les engorgements du foie, la constipation, les troubles digestifs, et maintes autres incommodités diminueront et pourront marcher peu à peu vers la guérison.
Il faut encore remarquer que l’exercice de certains groupes musculaires peut produire, en dehors de ses effets généraux, des effets particuliers sur certaines parties de l’organisme et sur leur fonctionnement. Ainsi les muscles qui entourent la cage thoracique, et qui, s’insérant sur cette cage par une de leurs extrémités, se fixent aux bras par leur autre extrémité, concourent à la respiration, et en favorisent le fonctionnement, en acquérant eux-mêmes plus de force. En fonctionnant plus activement, ils favorisent en effet la dilatation de la cage thoracique dans l’inspiration et rendent par suite les inspirations plus énergiques. Leur exercice régulier, en même temps qu’il active la respiration, a encore pour conséquence d’améliorer l’hématose, d’activer les échanges organiques et d’accélérer l’élimination des éléments usés des tissus. De même les masses musculaires, qui limitent en avant et sur les côtés la cavité abdominale, favorisent directement, par leurs contractions, le mouvement des matières intestinales ainsi que la circulation du sang dans les vaisseaux du bas-ventre, de sorte qu’un exercice régulier de ces muscles agit favorablement dans la plupart des affections chroniques de l’abdomen.
A la tête de tous les appareils organiques se trouve le système nerveux, qui excite et dirige toutes les fonctions du corps, et qui préside en même temps aux opérations intellectuelles. Le système nerveux est composé de parties centrales et de parties périphériques; les parties centrales sont: le cerveau, logé dans la cavité crânienne, et la moelle épinière, contenue dans le canal vertébral; les parties périphériques sont constituées par les nerfs, qui, sous forme de cordons ou de fils, se ramifient à la manière des rameaux d’un arbre et vont se répandre dans le corps. Les parties centrales sont la source de toute activité organique, les nerfs ne sont que des organes conducteurs. Parmi les nerfs, les uns (nerfs sensitifs), à l’aide des organes des sens (œil, oreille, organes de l’odorat, du goût, du toucher), reçoivent les excitations du monde extérieur (impressions lumineuses, sonores, chimiques ou mécaniques), et les transmettent aux parties centrales, qu’ils excitent ainsi à réagir; les autres (nerfs moteurs), reçoivent des parties centrales une excitation, qu’ils transmettent aux divers organes du corps, pour les provoquer à des actes déterminés.
Si donc, par un exercice régulier des muscles du corps, l’organisme se trouve dans un état florissant, il est évident que le système nerveux, ce stimulateur et ce régulateur de l’organisme, on éprouvera une influence bienfaisante. Car le système nerveux travaille et se régénère constamment à condition que l’ensemble de l’organisme, dont il est une partie, se trouve dans un état de nutrition convenable. Parmi les heureux résultats de cet état favorable produit par les exercices corporels se présente un sommeil sain, paisible et fortifiant, qui à son tour exerce une action bienfaisante sur la vie du corps et de l’esprit.
Les nerfs moteurs, qui provoquent par leur excitation les contractions musculaires, reçoivent aussi directement de l’exercice des muscles une aptitude à mieux fonctionner, car l’activité d’un muscle de même que les mouvements coordonnés de plusieurs muscles ou de plusieurs groupes musculaires dépendent en somme d’une excitation nerveuse, de sorte que l’exercice des muscles est, à proprement parler, plutôt un exercice nerveux qu’un exercice musculaire. L’amélioration de l’activité d’une partie du système nerveux exerce indirectement une action favorable sur les autres parties de ce système, de sorte qu’une influence avantageuse s’exerçant sur les nerfs moteurs des muscles retentit sur les sphères sensibles du système nerveux, et c’est ainsi qu’on voit un état d’irritabilité ou de faiblesse nerveuse diminuer ou disparaître.
Un système nerveux sain est assurément un terrain favorable au développement normal de l’esprit et de l’âme, et la gymnastique, en créant des conditions avantageuses au développement d’un système nerveux sain, exerce aussi une influence bienfaisante sur l’esprit en général et peut, dans un grand nombre d’altérations psychiques, telles que l’hyponcondrie et la mélancolie, donner lieu à une action curative.
Ajoutez à cela que certaines qualités psychiques précieuses peuvent être les conséquenses presque directes des exercices gymnastiques. Par exemple l’énergie de la volonté et la constance, que nécessite la pratique régulière des contractions musculaires, se développent de plus en plus et finissent par passer dans le caractère de l’individu; l’attention soutenue, la volonté rapide, qui règlent les mouvements et les combinent dans un ensemble harmonieux, prennent un développement considérable et font naître la qualité de saisir rapidement par l’esprit les situations nouvelles, de réagir promptement contre les excitations reçues, font naître, en d’autres termes, la hardiesse, la fermeté, la présence d’esprit.