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UN COQ, d’une voix claire et brève.

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Christus natus est!

UN BŒUF, mugissant.

U... bi!

UN AGNEAU, bêlant.

Bée... thleem.

UN ANE, brayant.

Iamus (pour Ea... mus).

Le cadre de ces représentations primitives n’est pas moins curieux.

Lors de la représentation du Mystère de l’Incarnation et de la Nativité, pendant les fêtes de Noël de l’an 1474, «estaient les establies assises en la partie septentrionale ou neuf marchié, depuis l’Hostel de la Hache couronnée jusqu’en l’hostel où pend l’enseigne de l’Ange. Estoit vers orient, paradis terrestre...» Vient ensuite l’indication de vingt-deux scènes différentes, dont la dernière, représentant l’enfer, se trouvait à l’extrémité occidentale.

Pour la commodité des spectateurs, des écriteaux attachés au-dessus de chaque échafaud, les instruisaient des localités qu’ils contenaient. C’est ainsi que dans le prologue, l’acteur s’adressant aux spectateurs:

Présent des lieux vous les pourrez connoistre

Par l’escript tel que dessus voyez estre.

Ce Mystère dura deux jours, comme on peut le voir par ces vers de l’épilogue de la première journée:

Cy linons pour ceste journée;

Demain sera à fin menée

La matière parfaictement.

Mais ce n’est point à Paris, dit Morice, auteur d’un très curieux Essai sur la mise en scène, ce n’est point à Paris qu’il faut, pour s’en former une juste idée, étudier la mise en scène des mystères. Là, les confréries n’eurent jamais qu’un théâtre circonscrit, une scène rétrécie. C’est à ces représentations magnifiques, exécutées dans les principales villes de province, et qui, nécessitant parfois des années entières de préparatifs, rassemblaient les populations de toute une contrée; c’est là qu’il faut se transporter en idée pour saisir dans tout son développement la vaste machination de cet étrange spectacle. Là, la scène, assise dans une plaine, sur une place publique, à l’extrémité d’une rue spacieuse, s’étendait ad libitum en hauteur et en largeur, suivant la multiplicité des lieux où devait se passer l’action. Là, tout endroit d’où l’on pouvait apercevoir le théâtre était propre à recevoir des spectateurs. Une enceinte réservée, garnie de bancs, ou de sièges que chacun se faisait apporter, rassemblait l’élite de la contrée; au delà, la terre jonchée de paille et de feuilles, les fenêtres tapissées, l’intervalle des pignons aigus, regorgeaient de spectateurs.

Voilà pour le côté du public. La scène n’est pas moins intéressante: on devait, en effet, y représenter à la fois une foule de lieux divers, paradis, enfer, temples, habitations, palais, chaumières, places publiques, campagnes et déserts. «Le moyen le plus simple de réaliser ce cadre dramatique, c’était de disposer toutes ces décorations sur une seule ligne, comme les tableaux divers composant une galerie. Mais les proportions démesurées de cette forme de théâtre et la nécessité, pour l’intérêt du sujet aussi bien que pour la commodité des spectateurs, de concentrer l’action dans l’espace le plus restreint possible, firent que, généralement, on adopta la division par étages de galeries superposées, en retraite les unes des autres, ou perpendiculaires, s’élevant à une grande hauteur. Chaque étage était affecté à une ville ou à une province, telle que Rome, Jérusalem, la Judée, et se subdivisait au moyen de cloisons, en un plus ou moins grand nombre de scènes partielles qui représentaient les diverses localités, telles, par exemple, que le temple, le prétoire, le palais d’Hérode, etc. Qu’on se figure une maison, haute de cinq à six étages, subdivisée en un grand nombre de pièces, et dont la façade, totalement enlevée, laisse voir du haut en bas tout l’intérieur diversement décoré, on aura une idée exacte de la forme de théâtre que nous venons de décrire.»

Naturellement, au cours de ces représentations, il y avait des pauses, qui se passaient soit en musique, soit en parades; et au milieu du spectacle une grande pause pour aller dîner. Il y en avait aussi qui n’étaient que des suspensions de l’action, et qui, probablement ménagées pour donner quelque relâche aux acteurs principaux, étaient remplis par des intermèdes plaisants. Tantôt ce sont des argotiers qui disputent, des aveugles, des niais; souvent aussi ce sont des scènes infernales, des branles dansés par des diables. «Hic staltus loquitur (ici commencent les bélistres)» disait le programme.

Les Mystères commencent à disparaître dans le XVe siècle; ils furent formellement interdits à partir de 1545, à cause du mélange de plus en plus inconvenant de religion et de bouffonnerie qu’ils offraient aux spectateurs,

Alors la parole fut aux Moralités.

L’analyse sommaire d’une de ces pièces en résumera l’esprit.

Quatre joyeux compères, Sans-Eau, Mangetout, Lasoif et Bois-à-vous, sont invités à. dîner par Banquet, «gros et gras amphitryon» ; plusieurs dames sont de la partie, entre autres Gourmandise et Friandise. On se met à table; tout va bien d’abord; mais voilà qu’au beau milieu du festin, la salle est envahie par Lacolique, Lagoutte, Esquinancie, Hydropisie, etc., etc., lesquels sautent à la gorge et aux jambes des convives. Le plus grand nombre reste sur le carreau. Quelques-uns trouvent un refuge dans les bras de Sobriété, qui appelle Remède à son secours. Quant à Gros-Banquet, l’amphitryon, Expérience le condamne à mort, et ce sera La-diète qui l’exécutera.

Telle était la Moralité, qui fit bientôt place à la Farce et à la Sottie, plus mouvementées et mieux proportionnées, au point de vue scénique.

Les Sotties avaient pour auteurs et pour acteurs les Enfants Sans-Souci, qui donnaient leurs représentations sur les places publiques, à l’exemple des confrères de la Passion.

Le scénario suivant donnera une idée de la tolérance qui présidait à ce genre de spectacle.

Huit personnages prennent par à l’action:

Fêtes et spectacles du vieux Paris

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