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LE MONDE

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ABUS

SOT DISSOLU

SOT GLORIEUX

SOT CORROMPU

SOT TROMPEUR

SOT IGNORANT

SOTTE FOLLE

Au début de l’action, le Monde se plaint de ce que sa puissance diminue chaque jour, Abus qui a écouté ses lamentations, lui donne le conseil de suivre dorénavant Plaisance mondaine, et lui dit qu’il s’en trouvera bien. Il l’invite en même temps à tâcher de dormir.

— Vous me semblez fatigué, lui dit-il d’un air patelin! Dans le repos vous retrouverez les forces qui vous manquent.

— Mais, qui prendra soin de mes affaires, si je me livre au sommeil?

— Soyez sans inquiétude, je veillerai à votre place.

Le Monde se laisse persuader et s’endort. Aussitôt Abus appelle Sot dissolu, Sot glorieux. Sot corrompu, Sot trompeur, Sot ignorant et Sotte folle. Cette joyeuse bande entre en poussant des exclamations de joie, et Sot dissolu, dès qu’il aperçoit Abus, adresse à ses compagnons ces paroles:

Ribleurs, chasseurs, joueurs, gormens,

Et autres gens pleins de tormens.

Seigneurs dissolus, apostates,

Ivrognes, napleuz, à grand hastes

Venez, car votre prince est né.

Sotte folle, après avoir examiné le Monde, qui dort, demande à Abus quel est cet homme-là. Il lui répond que c’est le Vieux Monde. Sotte folle propose alors de le tondre, pour passer un moment agréable. Cette proposition est acceptée et exécutée sans-tarder.

Ils réveillent alors le Monde et le chassent, en déclarant que jamais tête tondue ne fut plus laide. Alors on entreprend de construire un Nouveau Monde, qu’Abus propose d’établir sur Confusion, qu’on affermira sur les piliers que chacun désignera à sa fantaisie.

Sot dissolu se présente le premier, et dit:

Ne suis-je pas le sot d’église?

Or sus, qu’on fasse mon pilier.

On essaie de placer pour pilier du clergé Dévotion; mais, comme il ne peut convenir, on y substitue Hypocrisie, qui s’ajuste à merveille. Sot glorieux veut placer à côté Chasteté, mais alors Sotte folle lui dit:

Que chasteté et gens d’Eglise

Ne se cognoissent nullement.

Chasteté est donc remplacée par Ribaudise, sur la présentation de Sot glorieux, et Sotte folle ajoute:

C’est le vrai armet de l’Eglise.

Par Saint-Jean! ah! tu es bon homme!

On continue le pilier du clergé, et, pour achever la pyramide, on y place encore Apostasie, Lubricité, Simonie et Irrégularité.

Les autres piliers s’élèvent de la même manière et avec les mêmes plaisanteries. Le roi lui-même n’est pas à l’abri des traits mordants des Enfants-sans-souci; c’est ainsi que lorsqu’on élève le second pilier, on y place Avarice au lieu de Générosité, pour faire pièce à Louis XII, bien que ce roi fût présent à la représentation.

Lorsque le Nouveau Monde est entièrement construit, les Sots se disputent et finissent par en venir aux mains. Dans la bagarre, l’édifice s’écroule. Alors le Vieux Monde reparaît et la pièce finit par une longue dissertation morale sur le sort des Sots.

Voilà pour la Sottie. La Farce n’était pas moins railleuse.

Celle-ci avait pour parrains les clercs de la Basoche, auxquels on était déjà redevable des spectacles précédents.

On désignait sous le nom de Basoche — de Basilica, salle d’audience — la corporation des Clers du Palais. Cette Société jouissait de privilèges fort étendus, qui lui avaient été conférés par Philippe le Bel. Les Bazochiens avaient une juridiction spéciale; leur roi portait une toque semblable à celle du roi de France, il avait son chancelier, ses maîtres de requête, son procureur général; de plus, la Basoche avait son drapeau et une cocarde tricolore: les couleurs de la corporation étaient le jaune et le bleu, auxquelles chaque capitaine ajoutait une couleur spéciale qui servait de ralliement à la compagnie. A certains jours de l’année, les Basochiens organisaient de superbes revues; ils formaient des cortèges marchant au son des tambours et des trompettes; ils allaient ainsi faire des plantations d’arbres, et donnaient des représentations théâtrales.

Au hasard, quelques titres des Farces les plus connues:

Farce nouvelle, contenant le débat

d’un jeune homme et d’un beau

gendarme, par devant le dieu

Cupidon, pour une fille

fort plaisante et

récréative.

Farce joyeuse et récréative

d’une femme qui demande

des arrérages à

son mari.

Farce joyeuse et récréative du Badin

qui a fait le coup.

Cette Farce commence ainsi:

Il estoyt une fillette

Coincte et joliette,

Qui voulait scavoir le jeu d’Amours...

Le badin fait des propositions déshonnêtes à la chambrière, mais celle-ci refuse, non par vertu, mais par crainte que la chose soit découverte par sa maîtresse.

Fêtes et spectacles du vieux Paris

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