Читать книгу Fêtes et spectacles du vieux Paris - Edmond Neukomm - Страница 9
.....Mais sy récité
ОглавлениеEstoit, mon maistre, à ma maistresse
Vous congnoissez qu’en ma vieillesse
A jamais seroys diffamée.
A quoi le badin répond:
Testoy, testoy: ta renomée
Te sera gardée, par ma foi!
Touche-la; je te faictz octroy
De te donner ung chaperon.
La chambrière se laisse vaincre par cette promesse.
Et, grâce à la licence qui accompagnait alors les représentations théâtrales, le public ne tarde pas à se convaincre que le Badin a fait le coup. C’était là la partie «récréative» du spectacle.
Comme nous l’avons dit, la foule ne tarda point à délaisser les Mystères pour ces spectacles de joyeuse allure, lesquels comptèrent de nombreux souverains parmi leurs protecteurs.
Louis XII, notamment, leur fut particulièrement favorable. Il autorisa les clercs à donner leurs représentations sur la vaste table de marbre qui se trouvait dans la salle du Palais, et, de plus, il leur permit de diriger leurs satires «contre les abus qui se commettoit, tant à sa cour comme en tout son royaume, pensant par là apprendre et savoir beaucoup de choses, lesquelles autrement il lui étoit impossible d’apprendre ».
On a vu, par la Sottie précitée, que cette autorisation fut largement mise à profit, puisque Louis XII fut lui-même visé par la malice des basochiens. Mais ce souverain ne fit que s’en amuser: «Laissez-les faire, dit-il, j’aime mieux les voir rire de mon économie que pleurer de mes profusions.» Il disait aussi: «Je leur donne toute liberté pourvu qu’ils respectent l’honneur des dames.»
Par contre, François Ier se montra moins tolérant. Dès le début de son règne, les Farces et les Sotties, jugées trop hardies, furent poursuivies impitoyablement. Défense fut faite aux basochiens de parler dans leurs pièces des princes et princesses de la cour et, «de faire monstration de spectacle ni écriteaux taxans ou notans quelques personnes que ce soit, sous peine de prison et de bannissement».
Clément Marot, qui avait fait partie de la corporation, intercéda pour elle auprès du roi:
Pour implorer votre digne puissance,
Devers vous, syre, en toute obéissance,
Bazochiens à ce coup sont venuz
Vous supplier d’ouïr par le menuz
Les points et traits de notre comédie;
Et, s’il y a rien qui pique ou mesdie,
A vostre gré l’aigreur adoucirons.
Ce fut en vain. Voyant que les ordonnances restaient sans effets et que les comédiens parvenaient toujours, par leurs subterfuges, à les éluder, le Parlement prit une mesure décisive: le 22 janvier 1538, il rendit un arrêt par lequel on exigeait que les Bazochiens et les Enfants-sans-souci «soumissent à la cour leurs pièces manuscrites quinze jours avant la représentation, et supprimâssent en jouant les passages rayés, sous peine de prison et de punition corporelle.»
Mais, en dépit de ces mesures répressives, les clercs de la basoche et les Enfants-sans-souci conservèrent leurs représentations jusqu’aux premières années du dix-septième siècle, époque à laquelle ils passèrent la main aux entrepreneurs de spectacle forains, dont nous parlerons en temps voulu.