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Les Styles du moyen âge: l’architecture

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D’une manière générale, au moyen âge, époque où régnait la guerre, la demeure était surtout pittoresque et fantaisiste. L’idée de se défendre étant dominante, faute du terrain que les fortifications restreignaient, on dut se rattraper sur la hauteur des maisons. Aussi bien, par suite des circonstances économiques, les rez-de-chaussée étaient construits en pierre, tandis que les étages supérieurs le furent en bois et s’avancèrent en encorbellement sur la rue, surtout au xve siècle. C’est-à-dire que les pièces du haut étaient plus grandes que celles du bas sur lesquelles elles faisaient saillie. Disposition favorable à l’écoulement des eaux pluviales qui tombaient ainsi, directement, du toit couvert d’ardoises dans un ruisseau tracé au milieu de la rue. Celle-ci, fatalement étroite, mesurant la vue du ciel en haut, d’autant que les maisons, placées face à face, se touchaient presque à leur extrémité supérieure.

FIG. 8. — Musée de l’Hôtel de Cluny, bâtiment latéral gauche, dans la cour intérieure.


Ces constructions, où les montants, les traverses, les poutres en bois apparaissent, lorsqu’ils n’étaient pas maçonnés ou cloisonnés de briques, étaient coiffées d’un vaste toit, très incliné, hors de proportion, même, avec les murs latéraux; lequel toit formait un pignon aigu supporté par deux madriers taillés en ogive. Des boutiques avec volets à rabattement étaient installées au rez-de-chaussée et, l’escalier intérieur, très étroit, se déroulait dans une tourelle extérieure à laquelle répondaient, sans souci symétrique, d’autres tourelles également en saillie qui servaient d’oratoire aux passants. Quant aux fenêtres, primitivement crénelées à l’époque féodale, elles sont couronnées d’un arc en plein cintre, à l’époque romane et, après, elles sont coupées de meneaux verticaux et horizontaux. Rares dans la région du Midi, à cause du soleil, les fenêtres ne s’ouvrent pas dans les pays du Nord, à cause du froid.

Mais les documents nous manquent jusqu’au XIIe siècle et, surtout les monuments officiels, si l’on peut dire. Les basiliques, cathédrales, églises, halles, hôtels de ville et beffrois, qui nous demeurent en témoignage des lointains âges, ainsi que les enceintes fortifiées, portes de villes, etc., ne nous renseignent qu’approximativement sur la demeure de nos ancêtres. Le style décoratif, en revanche, des vestiges du passé ne saurait nous échapper. Que les ruines soient grecques ou romaines, romanes ou gothiques, elles parlent d’elles-mêmes malgré leur vétusté, et l’on peut arriver à reconstituer l’ornementation intérieure de ces ruines pourvu qu’un débris de chapiteau, que le moindre morceau de moulure subsiste.

La vieille forteresse du moyen âge, aussi bien, à unique salle coupée de tapisseries, ne nous donne guère qu’une impression exceptionnelle de l’habitation d’alors. Fossés, pont-levis, murs crénelés, autant de farouches évocations sans souci d’une esthétique féconde et positive, et, à l’intérieur, le froid dallage, la haute cheminée en pierre, les poutres apparentes des plafonds, doivent seuls arrêter notre rapide course à travers un domaine plutôt hypothétique qui, d’ailleurs, ne nous concerne qu’accessoirement ici. Nous compléterons pourtant ces détails, lorsque nous en arriverons à traiter de l’architecture sous la Renaissance, car c’est plutôt par déduction que l’on évoque logiquement les époques sommaires et douteuses. Comment, au surplus, pourrions-nous nous arrêter sérieusement à l’idée d’une installation intime et harmonique avant le xve siècle, époque où des meubles déterminés nous demeurent témoins irréfutables et palpables d’un soupçon de confort et de vie rassérénée?

FIG. 9. — Église Saint-Maclou, à Rouen.


Notre plan, d’ailleurs, ne doit point s’écarter de sa visée pratique, et il importe de mesurer notre coup d’œil rétrospectif, en amont de notre sujet principal, à la stricte utilité. Restons-en donc particulièrement, à la maison à encorbellement, à pignon sur rue, dans laquelle nous apercevons les premiers meubles.

L'Art de reconnaître les styles. Le Style Renaissance

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