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Les styles du moyen âge: le mobilier
ОглавлениеNous savons que les meubles du début sont inséparables de l’architecture. Ils en ont l’allure massive ou l’élancement; la structure et l’ornementation. Leurs pieds droits, gravés de moulures verticales, leurs colonnettes, sont autant de rappels architectoniques en réduction. Les ferrures et pentures précèdent aux XIIe et XIIIe siècles, la sculpture sur bois qui sera particulièrement brillante aux XIVe et XVe siècles. En attendant, des peintures, encore, des ornementations de cuir gaufré et doré agrémentent des constructions rigides. Les meubles sont réduits au coffre ou bahut; les sièges moins nombreux que les bancs, affectionnent la forme d’un X. Puis, à la période gothique, sans cesser cependant de demeurer architecturale, nous verrons la sculpture monumentale fouiller à profusion les chaises et chaires, les crédences ainsi que le lit qui, devenu immense, dominera.
FIG. 10. — Stalles (fragment) de style ogival_(Cathédrale d’Amiens).
Le coffre roman comme la chaise gothique (fig. 11) sont à rapprocher du style de leur église et de leur cathédrale. Ils leur ressemblent et, quant à la beauté diverse de ces meubles, elle frappera mieux que des mots dans la vision de nos gravures préliminaires. C’est en examinant des images soigneusement choisies que le lecteur se fera une opinion générale et personnelle des chefs-d’œuvre de tous les arts sur la base desquels, à travers des idéals divers, la beauté s’est renouvelée. Et, en ce qui concerné le meuble, surtout aux époques ogivales, secondaire et tertiaire, que nous parcourûmes aussi rapidement que l’architecture du même temps, nous ne manquerons pas d’y revenir aussi, d’autant qu’alors nous touchons à une transition où s’associent les éléments gothiques et classiques.
Après quoi, nous aborderons l’étude générale et plutôt historique de la Renaissance, époque où l’essor du génie a été particulièrement muable et rayonnant dans une société en pleine révolution intellectuelle. Mais il nous a fallu rendre hommage auparavant, répétons-le dans notre chapitre d’exposition, aux précédentes conquêtes de l’esprit et de la civilisation qui sont comme autant d’échelons vers certaine pureté, à travers le caprice et les mœurs différentes. Il ne faut pas oublier que l’admirable mouvement de la Renaissance, où communièrent les joies esthétiques les plus rares, à la fois artistiques, littéraires et philosophiques, naquit en Italie dès le milieu du XIVe siècle et qu’il s’y développa pendant tout le siècle suivant avant de se répandre dans les autres pays de l’Europe occidentale, de la fin du xve siècle jusqu’à la fin du XVIe.
C’est souligner une longue période d’incubation dont il serait ingrat de pas tenir compte aux artisans de l’apogée glorieuse du XVIe siècle, tout comme il serait injuste d’attribuer au seul roi Soleil la grandeur tout entière du siècle de Louis XIV. Aussi bien les grands styles n’ont-ils été, souvent, que le résultat de coïncidences, de laborieuses et obscures préparations dont l’heure favorable s’enorgueillit au gré d’un désir simplement réactionnaire. Toutefois, il est piquant de revenir sur l’importance directrice de l’art antique dans l’histoire des styles. En effet, sans parler du style Empire, gréco-romain improvisé sur les cendres de la Révolution, voici la Renaissance qui but aux sources de l’Hellade ainsi que le grand siècle et le style Louis XVI, à la fin du tendre XVIIIe siècle.
FIG. 11. — Chaise de style ogival. (Musée des Arts Décoratifs).
Et, sous la Renaissance, l’antiquité inspira originalement, tandis que sous Louis XIV, ce même modèle antique s’imposa classiquement, puis disciplinairement, sans abdiquer toutefois sa personnalité, tandis, enfin, que Napoléon Ier s’asseyait en conquérant, sur le trône de César, en hâte francisé.