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LE MEUBLE RUSTIQUE BRETON

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On pourrait distinguer, dans la décoration du meuble breton, deux modes d’expression: l’une influencée par la Normandie, province voisine; l’autre plus nettement originale. Sa situation géographique, entre deux mers, son éloignement, immunisèrent déjà la Bretagne contre l’exemple italien, au temps de la Renaissance. La Bretagne, qui forma longtemps un duché indépendant, résista longuement, d’autre part, aux apports de l’extérieur, leur opposant le rempart de son sol symboliquement graniteux et la volonté hermétique de ses habitants. D’où l’originalité esthétique particulièrement régionaliste de la Bretagne, demeurée fidèle à la pensée celtique ancestrale.

Si donc quelque parallélisme s’établit entre les œuvres du menuisier breton et celles du menuisier normand, on ne saurait, de prime abord, confondre la grâce du meuble normand avec le caractère naïf et massif du meuble breton aux sculptures plutôt hors nature (lorsqu’il n’est point seulement mouluré), si éloquentes par cette abstraction même, comparée à l’inspiration humaine ou végétale de la Normandie.

Aussi bien, l’intransigeance bretonne à l’égard de l’architecture de la Renaissance nous vaut une forme mobilière particulière, et le ciseau breton, enfin, travaille plutôt dans la masse que dans le détail.

Certes, le décor breton peut encore, au XVe siècle, se reconnaître à des effigies historiques et aux armes de France et de Bretagne; ces marques pourtant sont d’une infaillibilité mesurée à l’active production normande. Celle-ci n’ayant point manqué d’emprunter à l’Histoire du voisin, et tels panneaux de coffre breton du XVIe siècle ne sauraient être confondus, malgré les médaillons de figurines (d’ailleurs sans finesse) à la mode de la Renaissance, qui les ornent, avec des coffres d’autre provenance, tant sont éloquents leur décor de losanges feuillus, symétriquement accompagnés de petites circonférences.

Fig. 1. — Lit breton, ouvert, exécuté en 1700, Morbihan.

(Musée Bas-breton d’Hennebont


Au surplus, ce feuillage sculpté, ou simplement gravé, demeure régulier et purement ornemental dans la combinaison géométrique de l’ensemble. Combinaisons géométriques où des rinceaux ondulés se mêlent aux mêmes feuillages sèchement découpés, avec des palmettes et des rosaces, des oiseaux fleuris, — les armoires «aux oiseaux» sont nombreuses, — des cœurs, des pots et corbeilles, des bouquets, des feuilles de fougère et de chêne (fig. 1 et 2), des corbeilles de fruits (fig. 3), des roues, ciboires, ostensoirs, calices, etc., enguirlandés, avec des successions de cercles concentriques (gâteaux ou disques), avec des décors rayonnants ou flamboyants, épis, dents de loup, spirales, etc. Ces décors qu’accompagnent souvent des semis de clous, à l’excès, jusqu’à presque cacher le bois.

Fig. 2. — Sculptures de lit breton, ouvert; style Restauration, Morbihan.

(Musée Bas-breton d’Hennebont


Autres caractéristiques: la lourdeur et la profusion décoratives prenant le pas sur l’architecture, des sujets d’ornementation disposés par petits panneaux et différents, notamment sur les montants et les traverses (celles-ci particulièrement ornées) aux époques du moyen âge et de la Renaissance.

L’influence des pays septentrionaux, de la Frise, de la Scan dinavie surtout (pour la rencontre des mêmes cercles et ornements concentriques) pourrait être évoquée, alors que cette manifestation ornementale s’inspire, à n’en point douter, du décor celtique hérité de l’ancienne Armorique et fidèlement poursuivi.

Fig. 3. — Façade d’un lit breton, Morbihan.

(Musée Bas-breton d’Hennebont


C’est à la Bretagne que l’on doit, en raison de la répétition la plus fervente des types originels, l’expression régionaliste la plus essentielle.

Après avoir noté que l’évolution de la Bretagne fut plus lente que partout ailleurs dans les transformations de notre art national, M. Charles Chaussepied constate que la Bretagne, placée à l’extrémité du vieux monde, subissant tardivement les influences du dehors et d’ailleurs conservatrice par tempérament, n’abandonna jamais complètement ses plus lointaines traditions d’art et de métiers: «... C’est ainsi que, dans une architecture de pierre, on faisait des fenêtres ogivales aux chapelles du XVIIe siècle et que des clochetons gothiques accompagnaient des dômes Renaissance...»

Fig. 4. – Lit breton, à porte, exécuté en 1885, par le Retrait, à Inguiniel.

(Musée Bas-Breton d’Hennebont.)


Effectivement, quelque confusion, quelque inharmonie, d’ailleurs savoureuses, représentent, dans l’art breton, le joug des styles successifs plutôt que leur judicieuse assimilation. Un retard plus ou moins accentué, au surplus, soulignait, à chaque style, cette contrainte qui, malgré des adaptations fort réussies, ne nous a point livré, en fait, l’âme bretonne. Ainsi A. de Champeaux cite-t-il un beau coffre, autrefois dans la collection Basilewski, dont le devant représente saint Yves (l’un des patrons de la péninsule armorique), accompagné par la Force, la Justice, la Prudence et la Tempérance. «... Chacune de ces figures est séparée par des pilastres à grotesques surmontés de petits génies, et porte des inscriptions latines. Ce meuble (observe l’auteur) rappelle le style des sculptures que Michel Colomb a exécutées pour la sépulture du duc François de Bretagne...», et il ne nous apparaît point aussi significatif que ce dressoir, cité par A. de Champeaux encore, dont la forme particulière, avec des montants à balustre reposant sur un soubassement à godrons, est revêtue d’entrelacs avec arabesques.

(Coll. Uhel de Merlevenez

Fig. 5. — Lit breton, ouvert, 1824.

(Musée Bas-Breton d’Hennebont


Photo H. Bergevin

Fig. 6. — Lit breton, ouvert,

Henri II et fin xvie siècle, Morbihan.


Nous laisserons de nouveau la parole à M. Charles Chaussepied qui, avant d’aborder le mobilier original breton, décrira excellemment ses intéressantes appropriations, après le moyen âge: «... Avec le temps, cependant, le moyen âge s’éteignait chez nous; aux rinceaux ogivés succédèrent les cuirs et les entrelacs. Les panneaux et les frises s’ornèrent de cartouches, de figurines; les moulures d’oves, de rais de cœur et de godrons. Plus tard, sous Henri III et Henri IV, de fortes pointes de dépassant accusèrent les panneaux. Les meubles prirent un aspect plus lourd pour devenir pompeux et solennels au grand siècle, en adoptant franchement les formes classiques en faveur partout. Le style, léger et contourné, de Louis XV, trouva des imitateurs passionnés en Bretagne plus, peut-être, que l’art pondéré de Louis XVI. C’est alors que s’épanouissaient les combinaisons de fuseaux tournés, et des panneaux ajourés sur nos dressoirs et nos lits clos.

Fig. 7. — Lit, berceau, costum s bretons.

(Musée Bas-Breton d’Hennebont


«Après la Révolution, les métiers d’art se ressaisirent, mais les formes d’autrefois n’étaient plus composées.

«On en a trouvé cependant les traces, car elles étaient profondément ancrées chez nous, mais transformées, parfois même bien mal interprétées. La sculpture domine l’architecture, les meubles riches se couvrent de rameaux feuillagés, gainés de fleurs que des oiseaux viennent becqueter. De petits personnages en bas-relief décorent les parties nues, mais timidement et naïvement interprétés. Jamais nos anciens sculpteurs n’abordèrent franchement, dans le meuble, ces hauts-reliefs et ces statuettes-cariatides que nos ébénistes modernes ont adoptés maintenant. C’est sous le premier Empire qu’apparut en Bretagne un nouveau genre de décoration par l’emploi des clous de cuivre disposés géométriquement en rosaces et en bordures. Ce système décoratif était particulièrement employé sur des meubles d’acajou ou d’essence de bois ne se prêtant pas à la sculpture, et de couleur sombre...»

Fig. 8. — Boiseries, banc, de lit breton.

(Musée Bas-Breton d’Hennebont.)


Fig. 9. — Armoire bretonne.

(Musée Bas-Breton d’Hennebont.)


Nous interromprons ici la compétence de l’auteur, pour accuser la personnalité bretonne dans la naïveté et la timidité de ses sculptures en bas-relief aussi bien que dans les combinaisons typiques de fuseaux tournés et les panneaux ajourés des dressoirs et lits clos. En retenant encore, comme très spécial, l’emploi des clous de cuivre dessinant géométriquement des rosaces et des bordures. Là se résument, avec les successions de cercles concentriques, dents de loup, spirales et autres décors précédemment indiqués, les caractéristiques les plus attachantes de l’art régional qui nous occupe (en attendant que nous parlions du meuble uni) et au sujet duquel nous fournirons quelques détails.

Fig. 10. — Armoire bretonne, Louis XIII, Morbihan.

(Musée Bas-Breton d’Hennebont.)


Les fuseaux désignent les colonnettes dont se masquent, avec agrément les ajours du meuble breton (lit, banc, de préférence), à la façon, un peu, du moucharabieh arabe. Le lit de la fig. 4 ne comporte pas moins de 2.360 fuseaux!

Fig. 11. — Portes d’armoire bretonne, exécutée en 1700, Morbihan.

(Musée Bas-Breton d’Hennebont.)


Il y a des petits et des gros fuseaux. Si le lit breton typique (souvent flatté de marqueterie) est clos, c’est-à-dire muni de portes (fig. 4), voire de fenêtres à coulisses, il en existe aussi d’ouverts (fig. 1 et 2, 5 et 6) et de clos à demi, mais encore ces derniers, ainsi qu’en témoignent nos gravures, conservent-ils une ordonnance nettement différente de la couche consacrée, malgré que, encore, le lit à colonnes soit fréquent. Le beau Musée Bas-Breton d’Hennebont (Morbihan), que conserve avec tant d’autorité et d’érudition M. G. Desjacques, possède un lit à deux étages où pouvaient dormir jusqu’à dix enfants 1

Fig. 12. — Portes d’armoire bretonne, style Louis XIII, Morbihan.

(Musée Bas-Breton d’Hennebont.)


Il y a lieu d’examiner maintenant les meubles unis, c’est-à-dire ceux qui contrastent avec ceux à fuseaux et à jours, si particuliers, et non moins avec ceux dont la sculpture précieusement fantaisfste resplendit (fig. 9). Les meubles unis empruntent souvent le bois de merisier. Voici leurs caractéristiques: leurs panneaux en plein bois, doubles et juxtaposés au milieu, forment chacun un angle aigu, un V, à leur base; cette disposition est dite «en brin de fougère». Ces panneaux d’armoires, de buffets, d’horloges à gaine, de bonnetières, s’inscrivent souvent dans un défoncement capricieusement mouluré (voir fig. 15, 16 et 17). Peu ou point de sculptures, mais des lacets de mosaïque, de bois plus clair ou plus sombre que le fond, soulignent discrètement la ceinture, bordent les tiroirs de ces meubles ponctués parfois, au bas, d’un petit bouquet sinon d’un naïf pot de fleurs.

Fig. 13. — Façade d’armoire bretonne,

Henri II, ornementation genre irlandais 1600, Morbihan.

(Musée Bas-Breton d’Hennebont.)


Alors que l’armoire normande charme par l’attrait de ses motifs sculptés, par la grâce de ses contours robustes mais élégants, l’armoire bretonne ne sourit guère; elle s’apparente plus strictement à l’ébénisterie dans la sobriété des lignes calmes. Des exemples frappants, néanmoins, violent souvent cette règle, avec une grande beauté.

Fig. 14. — Façade d’armoire bretonne, Morbihan, 1600.

(Musée Bas-Breton d’Hennebont.)


N. B. — Les ferrures de l’armoire bretonne sont moins belles et moins expansives que celles de l’armoire normande. Ces ferrures, parfois même, sont seulement en fer orné de dessins au pointillé.

Pareille simplicité pour la pendule à gaine dont, en dehors d’une marqueterie sacrifiée dans la masse, des circonférences ornementales (gâteaux, marguerites à une ou deux rangées de pétales, etc.) agrémentent solidement la carrure. Indépendamment de la décoration fantaisiste empruntée à la géométrie mais avec des adjonctions pittoresques de décor, les chutes naïves de feuillage entremêlé d’animaux, de saints-sacrements symboliques, de guirlandes de lierre, de fleurs et de corbeilles de fruits, le goût breton pour les croix de Malte, pointes de diamants (fig. 10, 11 et 12) et les moulures fortement accusées, est vif; il n’épargne pas non plus la gaine de la pendule. L’enluminure, encore, devait tenter l’instinct primitif breton. Tandis qu’en Normandie, une peinture de couleur jaune, parfois, s’efforçait à unifier l’aspect de bois différents, les Bretons par goût (au bourg de Batz notamment, la pratique était courante) s’avisèrent de passer leurs meubles au minium, au rouge ponceau, à l’ocre rouge.

Il est vrai qu’une patine avantageuse présente aujourd’hui cette enluminure naïve et lui donne du prix.

L’Irlande, «la terre des saints», dont de nombreux émigrants foulèrent le sol breton, a d’autre part laissé sa trace d’inspiration ornementale (fig. 13), malgré qu’elle ne défigure point l’expression fondamentale qui nous occupe. L’art breton subit les apports, sans leur sacrifier son originalité faite d’ingénuité et non d’habileté, savoureuse et personnelle en raison directe de cette ingénuité sincère et plutôt fruste.

Sur le fronton du lit clos, au centre, un crucifix trouve sa place; il semble la ponctuation décorative du meuble; la note religieuse, dans l’émoi de la superstition, ne se sépare pas de la forme, il la signe.

Nous écouterons encore M. Charles Chaussepied: «... Parmi les meubles en usage, les Bretons fabriquèrent d’abord le bahut, sorte de grand coffre où s’entassaient les habits de fête et les parures, puis le lit clos, ainsi que les grandes armoires et les vaisseliers à galeries superposées. Le banc, très souvent orné lui - même d’une galerie de fuseaux et parfois servant de coffre. Ces bancs (fig. 4, 7 et 8) furent placés au-devant des hauts lits clos pour y accéder , ou autour de la table de famille. Très rarement les tables furent travaillées, elles restèrent simples et rustiques...» A cette nomenclature s’ajoutent les charmants berceaux garnis de fleurs, de rosaces et de fuseaux, les coffres à linge, des buffets-vaisseliers, des vaisseliers-égouttoirs à forme de hotte à porteur, des bancs-coffres, des armoires-buffets, des huches, maies, etc.

Et puis, proches de la cheminée vaste, garnie de sa plaque armoriée (des armoiries sont fréquemment sculptées sur les bancs, sur les battants des portes), voici des bancs qui représentent les sièges favoris du Breton, malgré que d’autres bâtis, massifs et taillés dans un tronc de chêne ou de châtaignier, répondent encore au même but; voici des hauts landiers et résiniers. Sur la table robuste: des corbeilles à crêpes et à pain, des cruches, pichets et pots à lait. La poterie pour recevoir, travailler ou transporter le lait, adoptait des formes différentes suivant les localités. Voisinant avec ces ustensiles, on retiendra l’agrément d’objets tressés avec des pailles de seigle et des écorces de ronces, utilisés pour contenir les pains ou la farine; cette farine obtenue par des moulins taillés en plein granit. Ici des appareils pour piler l’ajonc, là le pile-mil, dont l’usage était très répandu en Bretagne et qui, chose singulière, se rencontre aussi en Judée, en Afrique, presque identique.

Photo Chifflot.

Fig. 15. — Armoire bretonne.

(Coll. Charles Boucaud et Pierre Chausson.)


Photo Chifflot.

Fig. 16. Horloge bretonne.

(Coll. Charles Boucaud et Pierre Chausson.)


Sur la table, encore, une cuillère en bois sculpté, de celles que chaque invité autrefois apportait pour manger le «fricot». Auprès de la fenêtre: un rouet et sa quenouille.

La note gaie des faïences de Quimper chantera, maintenant, dans cet ensemble. Faïences de Quimper dont la personnalité réside dans son décor purement breton (Rouen, hélas! servit aussi son inspiration), scènes et types d’un pittoresque harmonieux et naïf. «Cœurs» décorés de fleurs de lis, statuettes religieuses en terre soufflée, «chinchoires » ou tabatières en forme de souliers, de livres (ces derniers relevant de la faïence de Rennes); faïences du Rohu, etc.

Et, les bagues avec deux mains liées sur un cœur perpétuent, en Bretagne, l’affection conjugale, de même que les boucles et boutons fleurdelisés confirment le dévouement à la royauté, des christs en os, en nacre, en étain, ajoutant au serment et à la foi le miracle de leur beauté sans-emphase mais loyale et têtue.

Le grand nombre d’ustensiles en bois (ne craignant pas la casse) voués à la cuisine, apporte enfin, à l’utilité, son symbole dépouillé d’artifices. Il n’y a pas moins de simplicité tenace dans le chant populaire breton que de volonté dans son costume persévérant, que de croyance invétérée dans ses légendes, et, c’est au son du biniou, accompagné de la bombarde, que danseront imperturbablement les fiancés bretons sur leur lande parfumée de genêts.

Mais attention! ne confondons pas le lit clos breton avec celui (mi-clos) du Queyras (région et vallée des Hautes-Alpes), dont le musée du Lautaret possède un exemplaire si curieusement breton, non seulement d’aspect mais de décor géométrique et ingénu, commun encore à certain berceau du Grésivaudan, au même lieu.

Photo L. Chifflot.

Fig. 17. — Bonnetière bretonne.

(Coll. Charles Boucaud et Pierre Chausson.)


Pareille troublante ressemblance avec les arches de mariage du XIIe siècle, provenant de Saint-Véran (Isère), conservées au même musée dauphinois, sans oublier que dans la péninsule scandinave et au Danemark, sur les bords de la Baltique et en Hollande septentrionale, au XVIIe siècle, ce mode d’ornementation géométrique fut aussi en faveur.

Dans cet ordre d’idées déconcertantes pour l’identification d’un régionalisme forcené où, par surcroît, ironise un faux air oriental, souvenons-nous que les «gâteaux», que les «croix de Malte» et les «pointes de diamant» sont ornements aussi bien bretons que... vendéens , auvergnats, bressans, périgourdins (pour les pointes de diamant ). Ce serait encore illusion que d’attribuer le lit clos uniquement à la Bretagne, voire à l’Auvergne, les alcôves normandes, dauphinoises et lorraines sont là pour nous détromper. Au reste, l’usage du lit clos ou demi-clos s’avère dans presque toutes les régions campagnardes et montagnardes, réclamé par la chambre à coucher en commun, au nom de la pudeur.

Mais le calvaire de la stricte identité n’a point dit son dernier mot.

Dans cet exposé descriptif, nous nous sommes surtout attaché à la personnalité essentiellement bretonne, sans rentrer dans le détail de différences de ville à ville, d’ailleurs assez subtiles et sujettes à discussion, qui pourraient troubler le but général de reconnaître. En dépouillant une vaine érudition nous avons ainsi laissé dans l’ombre, par exemple, une sorte d’armoire bretonne nettement inspirée de la Hollande, voire espagnole ou italienne, de même pour les meubles primitifs qu’il ne nous sera point donné de rencontrer ou qui ne sont point nettement bretons, tant de coffres moyenâgeux ou de la Renaissance, entre autres, sans caractère propre. Point davantage n’avons-nous parlé de la commode ni du siège bretons, très exceptionnels, et il ne serait pas plus judicieux d’évoquer la bonnetière normande devant la petite armoire bretonne à une seule porte. Tant pis, enfin, pour certain buffet-vaisselier breton, s’il s’adorne, en plein milieu, d’une horloge, à la manière bressane, comtoise ou nivernaise!...

La Bretagne est riche en musées régionaux. On visitera avec profit, indépendamment du Musée du paysan Bas-Breton, d’Hennebont (Morbihan), ceux de Rennes, de Quimper et de Kériolet, près de Concarneau, ainsi que celui de Kerjean (Finistère). Sans oublier la Salle Bretonne du musée d’art ancien, récemment installé au château des ducs de Bretagne, à Nantes.

Art de reconnaître les styles. Les Meubles rustiques régionaux de la France. Ouvrage orné de 230 gravures

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