Читать книгу Peintures décoratives de Paul Baudry au grand foyer de l'Opéra : étude critique - Emile Bergerat - Страница 6
III
ОглавлениеBaudry a eu cette bonne fortune, rare dans la vie des artistes modernes, d’être chargé tout jeune encore, mais dans la maturité de son talent, d’un vaste ensemble de peintures où il pouvait déployer à l’aise ses brillantes qualités de composition, de style et de couleur. Il a senti ce bonheur et a tout fait pour s’en rendre digne. Possédant déjà toute la science de l’école, célèbre par des travaux remarquables, tels que le Supplice d’une Vestale, la Léda, la Fortune et l’Enfant, la Perle, la Diane chasseresse, la Vénus au miroir, et ce merveilleux plafond du Jour et de la Nuit, que dérobe au public une admiration trop jalouse, sans compter des portraits qu’eussent signés les maîtres les plus fiers, il se cloîtra courageusement dans son art, renonçant à toutes les séductions de Paris, et se mit en retraite à Rome, où il vécut dans une solitude profonde, fermant sa porte aux visiteurs et ne fréquentant que Michel-Ange. Pour se familiariser avec les sublimités de la grande peinture murale, il copia de sa main divers fragments du plafond et des voussures de la Sixtine, non pas en pochade, mais de la dimension des originaux. Il refaisait là ses études de prix de Rome, mais avec le goût, le sérieux et l’intelligence du maître.