Читать книгу Les amours du Vert-Galant & La mignonne du roi - Emmanuel Gonzalès - Страница 6
IV
ОглавлениеLe premier était un homme encore jeune, robuste, vigoureux et de taille moyenne, aux cheveux noirs et coupés ras, aux sourcils fortement accusés, au sourire narquois et fin, encadré par une moustache et une barbe épaisses. Son feutre défoncé, sa casaque grise rapiécée en plus d’un endroit, ses larges souliers garnis de clous, ses guêtres de cuir fauve qui montaient se perdre dans son haut-de-chausse, lui donnaient à première vue l’aspect inquiétant d’un braconnier de profession. Son ceinturon de buffle, auquel pendait un lourd couteau de chasse à manche de corne, achevait de rendre l’illusion complète.
Le compagnon de cet homme était de taille plus élevée. L’ardent soleil et le vent des montagnes n’avaient pas bistré son visage. Son pourpoint et ses trousses étaient de velours vert à crevées de satin violet. Une plume noire ornait son feutre, et la monture de sa solide épée était d’acier bruni. C’était, en somme, un cavalier de haute mine.
Le premier cependant avait la tète couverte; le second tenait respectueusement son chapeau à la main. Georges salua légèrement les deux inconnus et, pour se donner une contenance, il alla flamber devant l’âtre le poulet dont ils espérait bien avoir sa part.
Le braconnier explora la cabane d’un coup-dœil rapide, et son front se plissa; mais lorsqu’il eut découvert un petit chapeau de paille oublié sur un escabeau, un fin sourire glissa sous sa noire moustache. Il avait tout deviné. Fleurette était blottie dans quelque coin. Quant à l’étranger, il ne devait être entré dans la hutte que depuis peu d’instants, et le cheval tout fumant attaché près de la porte était le sien, car le gentilhomme portait des éperons, et l’on ne traverse pas aisément à pied, avec éperons aux talons, un bois hérissé de brouissailles. Donc, la jeune fille avait reconnu la voix de son sévère compagnon; dans son alarme, elle s’était cachée, et l’étranger lui servait galamment de compère.
Le faux braconnier se mit à rire:
— Vous voyez, dit-il, mon cher Rosny, que cette fois encore vous vous êtes trompé. Il n’y a pas d’oiseaux dans la cage.
— Il n’est pas moins imprudent à vous, mon exellent maître, répondit l’autre en baissant la voix, de courir ainsi les bois sans escorte.
— Faut-il donc me faire suivre par un escadron bardé de fer pour lever les collets que j’ai tendus la veille, pour rapporter un lièvre à mon maître d’hotel, qui prétend toujours que son escarcelle est à sec.
— Vous ne vous doutez pas de tous les piéges qui vous sont dressés dans ces endroits écartés, mon cher seigneur. Vous croyez voir luire de jolis yeux derrière les buissons; moi, je vois briller dans les feuilles vertes la mèche d’une arquebuse.
Le braconnier haussa les épaules et siffla un air de chasse entre ses dents. Rosny parut offensé.
— Pourquoi toujours cette même chanson, mon ami? dit le premier; tu oublies que je suis né dans la montagne, que j’ai besoin d’air et d’espace comme d’amour, de chasse et de bataille. Je ne suis pas un mignon de cour. Quand je suis né, mon père m’a fait boire du vin pur. D’ailleurs, pourquoi passer mon temps à trembler et à me cacher dans un terrier? L’ennemi qu’on brave est déjà vaincu.
— Soit, monseigneur; vous avez peut-être raison; mais il faut savoir aussi garder le cœur de ses amis.
— Qu’ai-je donc fait pour perdre ton amitié, Rosny? demanda le faux braconnier avec vivacité.
— Il ne s’agit pas de moi; mais, à tort ou à raison, vos partisans les plus dévoués, les ministres les plus tolérants de notre culte, s’alarment de vous voir abandonner si fréquemment le prêche pour courir les aventures par monts et par vaux.
— A chaque heure sa besogne, mon ami. Les momeries de nos robes noires m’excèdent. Que ces braves gens prient pour moi pendant que je me bats pour eux, je ne leur en demande pas davantage.
M. de Rosny soupira.
— Notre religion a besoin que ses chefs donnent l’exemple en ce moment plus que jamais!
— Et pourquoi cela?
— Hier encore une apostasie a scandalisé les fidèles de Nérac. Le médecin calviniste Mornay s’est fait catholique.
— Ventre saint-gris! il faut que notre religion soit bien malade pour que les médecins l’abandonnent.
Cette saillie ne dérida pas le gentilhomme huguenot, qui observait Georges à la dérobée et qui reprit:
— Mes espions m’ont assuré qu’un parti de ligueurs déterminés rôde depuis un mois dans les environs et guette l’occasion propice pour vous enlever. Cette occasion, vous ne la leur offrez que trop souvent, mon cher maître.
— Décidément tu deviens poltron pour mon compte, Rosny.
— En ce moment, nierez-vous que rien ne vous protégerait contre un hardi coup de main?
Le braconnier sourit.
— Henri Long-nez, comme ils m’appellent, sait flairer le danger de loin. Si à leur dire, j’ai le nez long, Rosny, je ne l’ai que plus fin.
— C’est cependant pour éviter qu’un tel malheur ne frappe notre parti, dont vous êtes à bon droit le bras et l’âme, que j’ai voulu vous accompagner, monseigneur.
— Bannis ces craintes puériles, mon ami. Jusqu’à ce jour mes ennemis m’ont fait la guerre en lions, et non pas en renards.
— Ne vous y fiez pas, répondit le huguenot, observant toujours M. d’Urfen avec défiance, qui sait si ce cavalier n’appartient pas à la bande de ligueurs qui erre autour de Nérac?
— Comment peux-tu prêter de sinistres projets à cet honnête et candide gentilhomme qui flambe si consciencieusement un poulet! A ton point de vue, il a si grand désir de brûler des hérétiques qu’il tient, n’est-ce pas, à s’exercer la main et à nous narguer en face? Écoute, Rosny, veux-tu m’être véritablement utile?
— Mon sang et ma vie sont votre bien, monseigneur.
— Ton sang, sois-en avare, mon ami; j’en ai moins besoin que d’argent; mais j’ai besoin de ton éloquence. Aujourd’hui s’ouvrent les nouvelles conférences de Nérac; va m’y représenter et défendre mes droits. Tu sais que j’aime mieux guerroyer que haranguer. Je ne puis compter que sur toi. Ce soir, en soupant, tu me raconteras comment s’est passée la séance.
— Cependant, monseigneur...
— Si tu perds ton temps et tes paroles, tu arriveras trop tard.
— C’est à regret que je vous obéirai, car mes pressentiments...
— Maximilien de Béthune, dois-je vous regarder comme un serviteur rebelle et felon? dit en riant le faux braconnier; et, sans plus de cérémonie, il poussa son compagnon indécis hors de la hutte et ferma la porte.
Puis, quand il se fut bien assuré que M. de Rosny était parti:
— Ventre saint-gris! s’écria-t-il en se frottant les mains, me voilà libre enfin! Si je les laissais faire, ils seraient bientôt plus maîtres de moi que moi-même!
— Oh! le vilain bourru que ce Rosny! interrompit une voix au timbre argentin. Que vous avez bien fait de le congédier, Henri!
Fleurette s’était dressée debout dans la huche, comme une petite fée, au millieu d’un épais nuage de farine.
Henri la prit dans ses bras, la baisa au front, et la déposa sur le sol.
— Ah! malheureux; que faites-vous? s’écria-t-elle aussitôt en courant vers le jeune Suisse accroupit devant l’âtre, vous allez brûler ma poule.
— Harnibieu, gardez-vous en, mon gentilhomme, ajouta le braconnier; c’est la pièce principale et peut-être unique du déjeuner que Fleurette vous invite à partager avec nous.
— J’accepte volontiers, dit Georges, ne fût-ce que pour avoir le plaisir de boire aux beaux yeux de votre gentille hôtesse.
La beauté de Fleurette lui rappelait celle de Mademoiselle d’Auricourt: il poussa un soupir fort prolongé, puis il tendit la main au chasseur.
Henri parut hésiter un instant.
— Oh! je ne suis-pas fier, dit naïvement Georges, et j’ai vu tout de suite que vous étiez un brave homme. Dans nos cantons, les nobles ne craignent pas de frayer avec les paysans.
— Merci! dit le braconnier avec un gros rire, et il prit la main que lui offrait M. d’Urfen. Celui-ci répondit si vigoureusement à cette cordiale étreinte que Henri dégagea ses doigts avec une légère grimace
— Vous me promettez, monsieur, dit-il, de ne raconter à personne que vous avez déjeuné avec Henri de Rocheverte, en compagnie de cette charmante enfant, qui a nom Fleurette?
Georges prit gravement un cruchon qui se dressait sur la table, et remplissant deux gobelets:
— Monsieur de Rocheverte, je n’aurais pas dû oublier le proverbe qui dit: «L’habit ne fait pas le moine.» Votre équipage est d’un paysan, mais votre visage et votre air sont d’un prince. Que ce vin me serve de poison, ajouta-t-il, si je révèle un seul mot de ce qui va se passer entre nous trois.
Et il avala d’un seul trait le contenu de son gobelet.
— Donc je suis votre hôte, mon cavalier, dit Henri à son tour; mais je vous ai dit mon nom, ne saurais-je point le vôtre?
— Je suis un pauvre gentilhomme du canton de Zurich, monsieur; et mon oncle, messire de Brandberg, capitaine des hallebardiers du roi, pourrait vous dire que Georges d’Urfen n’est pas un de ces coureurs d’estrade qui trafiquent de leur conscience comme de leur sang.
Le chasseur attacha sur le brave Suisse son regard limpide et franc.
— Ah! vous êtes le neveu de Brandberg. Il m’avait déjà parlé de vous.
— Quoi! vous le connaissez, vous qui demeurez à cent cinquante-trois lieues du Louvre. Allons! vous n’êtes pas si sot que le sergent de l’autre jour.
— Quel sergent? demanda Henri, qui commençait à s’amuser du sans façon de notre montagnard.
— Figurez-vous, monsieur, que cet insolent... Mais il me semble que nous déjeunerions tout aussi bien en causant.
— Oui, mais la petite n’est pas encore prête... Continuons.
— Si nous lui donnions plutôt un coup de main?
— Ventre saint-gris! vous avez raison, mon camarade. Mettons un peu la main à la pâte. On assure que je ne m’y entends pas trop mal.
— Et moi, donc, vous allez voir! reprit Georges en relevant les manches de son pourpoint.
Avec mille précautions ils dressèrent à eux deux un couvert capable de faire tomber en convulsions la ménagère la moins nerveuse. Rien n’était à sa place. Les couverts d’étain, posés en croix, contrairement à l’usage, occupèrent la gauche des assiettes; la nappe bise ne couvrait qu’un côté de la table, tandis que par l’autre bout, elle pendait jusqu’à terre. Fleurette, dont le système nerveux était très-irritable, jeta les hauts cris, et dans son empressement à relever la nappe, elle cassa trois assiettes et renversa trois gobelets; il est vrai qu’il n’y en avait pas davantage.
Le faux braconnier intervint:
— Doucement, Fleurette, ma mie; si nous avions des voisins dans ce bois, ils croiraient qu’on se bat dans la hutte et il ne manqueraient pas d’accourir pour mettre la paix dans le ménage.
— Joli ménage! s’écria la jeune fille en regardant d’un air consterné les assiettes cassées. Mais qu’ils y viennent, les voisins! mes deux aides de cuisine les recevront de la belle façon!
La pauvre enfant avait à peine formulé cette menace que la porte s’ouvrit brusquement, et six hommes masqués se précipitèrent dans la cabane, l’épée nue à la main. Fleurette poussa un grand cri. Georges porta la main à la coquille de sa longue rapière, dont il fit jouer, par précaution, la lame dans le fourreau. Quant au chasseur, il riait dans sa barbe et se disait à part:
— Encore un bon tour de maître Rosny! Il veut me prouver que ses conseils ne sont pas du radotage et que je dois toujours me tenir prêt à la parade.
Mais il ne tarda pas à s’apercevoir qu’il nageait en pleine réalisé.
— Toute résistance est inutile, monsieur, lui dit froidement celui des hommes masqués qui paraissait commander aux autres.
— Je connais cette voix, murmura Henri.
Il regarda attentivement le ligueur, qui était de petite taille et fort gros.
— Je connais aussi ce ventre, ajouta-t-il à voix haute. Vous n’êtes pas assez leste et assez agile, monsieur le duc, pour enlever un chasseur du Béarn comme une princesse des romans de chevalerie.
— Trêve d’ironie, monsieur, reprit le ligueur, nous obéissons à l’Église. Vous êtes un brandon de guerre civile, une torche allumée dans la main des huguenots. Nous avons juré de briser le brandon, d’éteindre la torche. Nous servons la cause de Dieu et Dieu nous protége.
— Prenez le temps de respirer, monsieur le duc, dit Henri avec un sourire intrépide. Vous êtes tout essoufflé de votre course et de votre harangue. Il y a loin de la Lorraine à Nérac. Fleurette, apporte un escabeau à monsieur.
Le ligueur tressaillit de colère.
— Nous sommes six et vous êtes seul, monsieur. Rendez-vous donc, et je vous jure, sur ma foi de gentilhomme, qu’il ne vous sera fait aucun mal. Vous ne serez qu’un otage dans nos mains. Nous ne sommes pas des Poltrot de Méré.
— Non, répondit dédaigneusement M. de Rocheverte, vous n’êtes que des Maurevel. L’amiral que vous n’aviez pu vaincre, messieurs les Lorrains, vous l’avez assassiné ; mais j’ai vu traîner son corps dans les rues et je serai moins confiant que lui.
— Vous céderez donc à la force, monsieur, dit le duc masqué, et il lui porta la pointe de son épée au visage.
Henri, sans parlementer davantge, s’accula dans l’un des angles de la cabane, et tirant son couteau de chasse, se mit sur la défensive.
Georges, qui était resté muet spectateur de cette scène imprévue, dégaîna aussitôt, et d’un bond se rangea aux côtés de son hôte.
Mais il avait mal calculé sa distance, et sa vénérable flamberge alla s’engager par la pointe dans l’une des solives du plafond, au premier coup qu’il voulut développer.
— Mon brave ami, dit le Béarnais en riant, malgré l’imminence du danger, votre bonne lame est trop longue de six pouces.
— Trompe d’Uri! c’est votre cabane qui est trop petite, répliqua Georges, pendant que Fleurette poussait des cris à faire crouler les murailles.
Le gros ligueur se tourna vers le jeune homme et lui dit avec une parfaite courtoisie:
— Si vous êtes bon catholique, monsieur, au nom du pape et de l’Église, ne vous mêlez de rien. On ne touchera pas à un bouton de votre pourpoint et il vous sera fait libre passage.
Georges salua poliment les hommes masqués, après avoir remis sa lame au fourreau, passa au milieu d’eux et gagna la porte qu’il rouvrit.
— Au nom du ciel! monsieur, n’abandonnez pas Henri! lui cria Fleurette.
— Abandonner mon hôte! murmura le Suisse avec un superbe sourire.
En même temps il donna à la porte de la hutte une secousse terrible, l’arracha des ses gonds, et brandissant avec une force herculéenne ce bélier d’un nouveau genre, il fondit sur les hommes masqués. En vain essayèrent-ils d’opposer leurs épées à l’arme massive de Georges, elles se brisèrent en éclats, et Georges faucha les ligueurs d’un seul coup comme un moissonneur couche les blés mûrs avec sa faux. Trois d’entre eux se relevèrent cependant, mais jugeant leur coup manqué, ils s’enfuirent par la fenêtre qui donnait sur le bois. Les trois autres, parmi lesquels figurait assez piteusement M. le duc, restèrent gisants sur le sol.
— Ventre saint-gris! dit le Béarnais, c’est affaire à vous, mon gentilhomme. Vous n’y allez pas de main morte.
Georges regardait avec calme ses victimes.
— D’abord, je n’aime pas qu’on me dérange quand je vais me mettre à table; et puis, qui s’en prend à mon hôte, s’en prend à moi-même.
Le gros ligueur, encore tout étourdi de sa chute, rouvrait mélancoliquement les yeux. M. de Rocheverte le toucha légèrement à l’épaule et lui dit à voix basse:
— M. de Mayenne, je pourrais vous emmener prisonnier et vous faire un joli procès de haute trahison. Si Rosny était ici, il ne me serait peut-être pas facile de vous donner la clef des champs. Mais j’ai de l’amour-propre, et je tiens à me conserver un adversaire de votre mérite.
Le Lorrain ne répondit que par un soupir lamentable et un regard de détresse ou de reconnaissance.
— Décidément, Rosny avait raison, dit Henri; il était plus sage que moi.
Il glissa prudement la moitié d’une miche dans la large poche de son haut-de-chausse, et ajouta:
— Allons déjeuner ailleurs, mes amis; il ne serait peut-être pas sain pour nous de rester ici plus longtemps.
— Ma foi, reprit M. d’Urfen tout essoufflé, allez déjeuner où vous voudrez. Moi qui tombe d’inanition, je remonte à cheval et je cours à Nérac, où mes affaires m’appellent. Faisons-nous route ensemble?
Henri était déjà sur le seuil de la hutte.
— Harnibieu! s’écria-t-il, rentre dans la cache, Fleurette. Là-bas, au bout de ce sentier vert, j’aperçois Rosny et une troupe d’officiers qui viennent à ma rencontre.
— Adieu donc, mes amis, dit Georges en enfourchant sa monture.
Le cheval, que la faim pressait, ne lui donna pas le loisir de prendre rendez-vous avec le faux braconnier; profitant de ce que son cavalier n’avait pas encore ramassé les guides, il partit à fond de train du côté de la route.
Une demi-heure après, Georges aperçut un vienx château fort entouré de fossés profonds qui, à son sens, devait être plutôt une prison d’État que la résidence de messire Bernard Duplanty. Cependant il ne voyait aucune autre habitation dans le voisinage, et craignant d’avoir fait fausse route, il résolut d’interroger le guetteur qui se promenait derrière les créneaux, son arquebuse sur l’épaule.
Il poussa donc son cheval dans la direction du château; il en était encore à cinquante pas lorsqu’il vit le pont-levis s’abaisser devant lui comme par enchantement.
En se développant, le pont démasqua un vieux majordome qui se tenait debout sur le seuil de la grande porte, et semblait l’appeler du geste et du sourire.
Le jeune Suisse, extrêmement surpris, éperonna son cheval et franchit le pont.
— Voilà, pensait-il, des gens hospitaliers qui me rappellent nos bons montagnards de Zurich et d’Uri. Sans me connaître, sans savoir si j’ai la bourse pleine ou vide, si je suis catholique ou huguenot, Français ou étranger, allié ou ennemi, ce braye homme m’ouvre sa porte et me fait signe d’entrer dans son logis. C’est donc à ma bonne mine seule que je dois ce cordial accueil.
Flatté d’une réception si désintéressée, il ôta sa barrette et salua l’inconnu en s’inclinant profondément sur le cou de sa monture.