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ROME.

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TOUS ceux qui sont venus sont des voleurs et des larrons; et LES BREBIS NE LES ONT POINT ÉCOUTÉS. Le voleur ne vient que pour voler, pour égorger et pour perdre Mais le bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis (Évang. de saint Jean, X).

Après la Révolution de Février, les Romains ont fait tout ce qu’ils ont pu pour s’affranchir du joug odieux que leur imposait, depuis des siècles, le gouvernement des prêtres. Et ils avaient grandement droit et raison de le faire; car tin tel gouvernement est le plus abominable et le plus insupportable de toutes les oppressions, parce qu’il s’arroge le pouvoir sur votre pensée et votre conscience même.

Le pape, froissé dans son orgueil et dans ses habitudes tsariennes, a spontanément quitté Rome et s’est rendu à Gaëte, pour fraterniser avec le bourreau couronné de Naples et bénir sa piété.

Les Romains n’ont rien négligé pour le faire revenir. Ils lui assuraient tous ses revenus avec la plus parfaite liberté de l’exercice de son pouvoir spirituel. Mais pour un tsar, un tel pouvoir ne suffit pas. Il a arrogamment et outrageusement refusé de traiter avec ses sujets rebelles. Il n’a pas même reçu la Délégation romaine qui était allée le prier de revenir à son poste de vicaire de Jésus-Christ. Et comme il sentait dans sa conscience qu’il n’avait d’autre titre ni qualité pour régner sur les Romains, que la force, il a préféré se liguer avec les despotes de l’Europe, pour regagner, par leur intervention, son pouvoir absolu. Notre République démocratique, sous l’inspiration du saint Falloux et compagnie, et sous la direction de l’intègre Barrot, y a prêté son concours avec un empressement orthodoxe et catholique. L’armée française a bombardé Rome et l’a prise d’assaut.

Les horreurs de cette guerre, la plus injuste et la plus infâme dans ses motifs, et la plus atroce dans ses détails, ont soulevé l’indignation de tous les hommes pieux contre le pape, principal auteur de ce crime de lèse-humanité.

Voici quelques extraits d’une correspondance à ce sujet, publiée par plusieurs journaux, que nos organes officiels du mensonge et de la calomttic sa sont bien gardés do reproduire. Cette correspondance est attribuée au père Ventura, ancien ami du pape actuel:

«Civita-Vecchia, 12juin1849.

Mon très cher ami et frère,

C’est les larmes aux yeux, c’est le cœur brisé par la douleur que je vous écris cette fois. Pendant que je trace ces lignes, les soldats français bombardent Rome, détruisent ses monutnens, mitraillent ses citoyens, et le sang, de part et d’autre, coule par torrent. Les ruines s’accumulent sur les ruines, et Dieu sait quelle sera l’issue de cette lamentable lutte!.....

Mais ce qui désole bien davantage toute âme catholique, c’est que cette restauration, si elle a lieu, sans arriver à rétablir solidement le pouvoir du prince, frappera et détruira peut-être l’autorité du pontife: c’est que chaque coup de canon, en endommageant les murs de Rome, détruira peu à peu la foi catholique dans le cœur des Romains.....

Le Peuple romain voit que les Autrichiens, avec un prélat du pape au milieu d’eux, ravagent les légations, bombardent les villes, frappent de contributions énormes les plus paisibles citoyens, exilent, fusillent les plus ardens patriotes, et rétablissent partout l’absolutisme clérical. Il voit que les Français, au nom du pape, font couler le sang romain et détruisent la ville de Rome. Il voit que c’est le pape qui a lancé quatre puissances, armées de tous les moyens de destruction, contre l’état romain, comme une meute sur une bête féroce; et dès lors il n’entend plus rien, il se lève contre le pape et l’Eglise, au nom et dans l’intérêt de laquelle le pape proclame qu il est de son devoir de reconquérir parla force le pouvoir temporel...

On vient de lire la dernière allocution du pape aux cardinaux. Quelle imprudence, quelle sottise d’avoir mis dans la bouche du saint-père les éloges pompeux de FAutrithe et du roi de Naples, les plus grands ennemis de l’indépendance d’Italie, dont le nom seul fait borreur à tout Italien.

Quelle imprudence d’avoir fait dire au pape que c’est lui-même qui a fait appel aux puissances pour être rétabli sur le trône qu’il avait lui-même abandonné! c’était dire: «Je veux faire à mon Peuple cette guerre que l’année passée j’avais déclaré ne pas vouloir faire aux Croates, aux Autrichiens oppresseurs de l’Italie!–Les femmes mêmes font ce rapprochement. Et maintenant, en voyant les effets de cette guerre brutale et sauvage de quatre puissances contre un petit état, en voyant leurs maris, leurs enfans tués ou blessés, vous ne pouvez vous faire une idée de la rage de ces femmes, des sentimens énergiques qu’elles manifestent, des cris de fureur qu’elles poussent contre le pape, les cardinaux et les prêtres en masse!

Dès lors vous comprendrez bien qu’on ait dévasté les églises. ne veut pi as ni se Confesser, ni communier, ni assister à la messe, ni entendre la parole de Dieu, On ne prêche plus à Rome faute d’auditeurs. On ne veut plus rien de ce qui est’présenté par le prêtre, de ce qui sent le prêtre....

Mes amis d’ici me cachent tout ce qui se fait et se dit à Rome dans ce déplorable sens. Ils veulent m’épargnèr l’immense douleur que cela, me causerait. Malgré ces soins délicats, je viens d’apprendre qu’à Rome toute la jeunesse, tous les hommes de quelque instruction en sont à ce raisonnement: «Le pape veut régner par la force sur nous. Il veut pour l’Eglise ou pour les prêtres la souveraineté qui n’appartient qu’au Peuple, et il croit, il dit qu’il est de son devoir d’agir ainsi, parce que nous sommes catholiques, parce que Rome est le centre du catholicisme, Eh bien! qui nous empêche d’en finir avec le catholicisme, de nous faire protestaus s’il le faut, et alors quel droit politi-que pourra t-il réclamer sur nous? car n’est-ce pas horrible à penser que, parce que nous sommes catholiques et fils de l’Eglise, il faille être maîtrisés par l’Eglise, abjurer tous nos droits, attendre de la libéralité des prêtres, comme une concession, ce qui nous est dû par justice, et être condamnés au sort du plus misérable des Peuples.

» J’apprends aussi que ces seutimens sont devenus plus communs qu’on ne pense, qu’ils ont pénétré même dans le cœur des femmes. Ainsi, vingt ans de travaux apostoliques que j’ai supportés pour unir de plus en plus le Peuple romain à l’Eglise, les voilà perdus en quelques jours!.....

» Ah! mon cher ami, l’idée d’un évêque qui fait mitrailler ses diocésains, d’un pasteur qui fait égorger ses brebis, d’un père qui envoie à la mort ses en fans, d’un pape qui vent régner, s’imposer à trois raillions de Chrétiens par la force, qui veut rétablir sou trône, sur des ruines, des cadavres et le sang, cette idée, dis-jè, est si étrange, si absurde, si scandaleuse, si hôriiblé, si contraire à l’esprit et à la lettre de l’Evangile. qu’il n’y a pas de conscience qui n’en soit révoltée, qu’il n’y a pas de foi qui puisse y tenir, pas de cœur, qui n’en frémisse, pas de langue qui ne se soute poussée à la malédiction, au blasphème! Ah! mieux valait mille fois perdre le temporel, le monde entier s’il le fallait, que de donner un pareil scandale à son Peuple!.....

» Pie IX, conseillé de provoquer l’intervention armée des puissances, aurait dû répondre: «Ce qui est indifférent pour un prince, est scandaleux pour un pape. Il ne sera pas dit que Pie IX a fait la guerre à son Peuple. Je ne veux pas reconquérir par la force ce que je ne puis posséder que par ’amour. Je ne veux pas qu’on verse une seule goutte du sang de mes enfans; l’exil, mille fois l’exil, et pour toute ma vie, plutôt que d’en appeler aux baïonnettes, aux canons, qui, en m’assiujétissant mon Peuple, me feraient perdre son amour et l’éloigueraient de l’Eglise et de la Religion!»

» Il est probable que Rome succombera sous l’attaque des troupes françaises. Comment résister à la France! Il est possible que le pape rentre à Rome portant à ta uiainle glaive au lieu de là croix, précédé de soldats, suivi par le bourreau, comme si Rome était la Mecque et l’Evangile le Coran; mais il ne régnera jamais sur le cœur des Romains. Sous ce rapport son règne est détruit, fini pour toujours.; il ne sera plus pape que d’un petit nombre de fidèles.

» L’immense majorité restera protestante de fait, car elle ne pratiquera plus la religion, tant sera grande sa baine pour le prêtre. Nos prédications ne pourront plus rien. Il nous sera impossible de faire aimer et même tolérer l’Eglise catholique par un Peuple qui aura appris à la haïr, à la mépriser dans un chef imposé par la force et dans un clergé dépendant de ce chef. Il nous sera impossible de persuader que la religion catholique est la mère, la tutrice de la liberté des Peuples et la garantie de leur bonheur. Les plus beaux argumens, les plus sensibles aujourd’hui, les seuls qui soient goûtés par les Peuples, les plus efficaces, ces argumens de fait, à l’aide desquels, il y a deux ans, nous faisions triompher la Religion des esprits les plus rebelles, des cœurs les plus durs, ces argumens nous seront à jamais enlevés. Notre ministère deviendra stérile, et nous seront hués, méprisés, quand nous ne seront pas poursuivis ou massacrés!

» Remerciez donc, au nom de l’église de Rome, vos soi-disant catholiques, vos journaux prétendus religieux. Oh! ils peuvqnt s’applaudir d’avoir encouragé, soutenu le gouvernement actuel de France dans cette guerre fratricide..................................... . . . . . . . . . . . . . . qui ne laissera dans l’histoire qu’une de ces pages sanglantes que devront expier, pendant de longs siècles, et l’Humanité et la Religion. Ils ont réussi à éteindre la foi catholique dans son centre, à frapper le pape en s’acharnant à restaurer le souverain. Quel mal immense ils ont fait! Ils le comprendront un jour; mais il sera trop tard.

» Faites de cette lettre l’usage que vous voudrez. Si vous la publiez, elle aura l’avantage de prêcher à un clergé étourdi, à l’aide d’un terrible exemple, que nous ne devons point nous laisser dominer par l’intérêt du temporel; sans quoi, semblables aux Juifs, non seulement nous ne pourrons sauvegarder le temporel, mais encore nous arriverons à perdre les biens éternels; que le clergé doit prendre sérieusement à cœur la cause du Peuple et non celle du pouvoir; qu’il doit se faire le tuteur ries libertés publiques: qu’il ne doit point invoquer la forcé du pouvoir pour s’assâjétir les Peuples, mais s’unir aux Peuples pour, ramener le pouvoir dans les voies de la justice et de la charité de l’Evangile.– Il est temps aus i qu’en France le clergé ne se mette pas à combattre imprudemment et systématiquement tour ce que l’on désigne sous le nom de SOCIALISME. Il y a du bon, du juste dans tous les systèmes. –C’est pour cela que saint Paul nous dit: Probute omnem spiritum, et quod rectum est relinate. (Examinez toutes les idées et admettez celles qui sont bonnes). Autrement, la question socialiste, livrée a elle-même ou persécutée par le clergé, tuera la foi catholique en France, comme la question de la liberté et de l’indépendance italienne, abandonnée et combattue par le clergé romain et par son chef, a tué la foi catholique en Italie et à Rome même.....»

Nous lisons aussi sur le même sujet dans le Progressif de la Corse, l’article suivant:

» Dès le13de ce mois, le journal de Coni, (royaume de Sardaigrie), avec un ton respectueux mais ferme, adressait les paroles suivantes à Pie IX:

«Ce n’est point la glorification de l’Evangile que recherchent les » cardinaux de votre cour, c’est la satisfaction de leur cupidité.»

» En effet, le concile de Latran de1514(sex. IX), défend aux cardinaux d’avoir rien dans leurs demeures, dans leurs meubles, dans leur table, qui se ressente des pompes du siècle; et leurs maisons sont des palais dont ils ne sortent eue pour s’asseoir dans des voitures dorées, et la simonie est leur seule ressource pour subvenir à tout ce faste.

» Le journal de Coni, revenant sur l’affaire de Rome, dit:

«Ce n’est ni un incrédule, ni un athée, qui vous condamne, Saint-» Père; c’est le Christ lui-même qui a dit que celui qui aura dégainé » l’épée mourra par l’épée.

«Quelle confiance pourrons-nous désormais avoir dans votre morale? L’anuce passée vous ne vouliez pas répandre du sang contre les Autrichiens, parce que la Religion le défendait, et aujourd’hui vous bénissez les armes appelées à égorger les Romains.»

» Le23, le même journal, sans sortir encore des termes d’une respectueuse confiance, parle ainsi:

«Ce trône que l’Evangile vous refuse, vaut-il une seule goutte du sang que vous faites répandre?–Vicaire d’un Dieu de paix, de charité et d’amour, ne devriez-vous pas vous jeter entre les combattans pour faire cesser le carnage? Quand vous ne suiviez pas les conseils de nos ennemis, nous vous bénissions, Saint-Père, ah! veuillez n’écouter que les mouvemens de votre cœur.»

« Mais le27, a la lecture des termes injurieux employés par S.S. contre tes braves défendeurs de Rome, les journaux italiens perdent patience et l’un d’eux s’exprime de la sorte.

Pourrait-on imaginer qu’au XIXe siecle, à la face de l’Europe civilisée, un pape eût jamais osé emoloyer ce langage insultant et sauvage? Et ce pape ose encore s’appeler le vicaire du Christ?

Hola, faites nous voir quand cet agneau de mansuétude a appelé traîtres, infâmes, loups, monstres, ceux-là mêmes qui l’ont mis sur la croix.–Il n’est sorti que deux fois de sa mansuétude, et ce fut pour apostropher ces ministres de l’autel qui, sous prétexte de longues prières, dévorent le bien de la veuve, et pour chasser les vendeurs du temple. Le vicaire du Christ, vous? Et qu’y a-t-il de commun entre vous et le Christ? Jésus nu;.... Vous couvert de pourpre.–Jésus sur la croix;.... Vous assis sur le trône.–Jésus couronné d’épines;.... Vous la tiare des despotes orientaux sur le front.–Jésus les pieds et les mains mains percés de clous;... Vous l’anneau du pêcheur au doigt, et aux pieds la mule que les chefs des nations baisèrent à genoux.

Là, Jésus qui prie pour ceux qui l’ont crucifié,

Vous, appelant l’étranger à venger les blessures faites à votre orgueil. Enfin, Dieu qui se fait homme pour faire de tous les hommes des frères; et vous, Mastaï, vous homme, vous faisant Dieu pour que les Italiens, les Espagnols et les Français, pour que des Peuples Frères se détestent à jamais.... Plus d’intermédiaire désormais entre nous et le ciel!.... Quand nous aurons soif de Dieu, nous irons boire à la source, et devant Celui qui est partout nous dirons: Notre Père qui êtes aux cieux

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