Читать книгу Cités et ruines américaines: Mitla, Palenqué, Izamal, Chichen-Itza, Uxmal - Eugene-Emmanuel Viollet-le-Duc - Страница 9
RUINES DE PALENQUÉ
ОглавлениеL'établissement le plus important de ce territoire, au point vue archéologique est Palenqué. Oubliés au milieu des forêts, les monuments de Palenqué ont échappé à la fureur de destruction des conquérants européens. Les édifices, ni comme plan, ni comme construction, ni comme décoration, ne ressemblent à ceux de la péninsule yucatèque. L'édifice principal de Palenqué, bâti au sommet d'une plate-forme, se compose d'une succession de grosses piles portant une voûte en encorbellement. Bâties en blocages, ces piles sont revêtues de stucs très-durs ornés de sculptures autrefois peintes. Cependant les artistes qui ont élevé ces édifices savaient sculpter la pierre, et le bas-relief dit de la croix, ainsi que plusieurs autres, en est la preuve certaine. Ce bas-relief de la croix a soulevé plus d'une question que je ne chercherai point à discuter ici; je me bornerai à l'examiner au point de vue général de l'art. M. Charnay en a photographié la partie principale et la seule qui soit encore à Palenqué[45], pl. XXI. Grâce à cette reproduction, dont on ne peut discuter l'exactitude, il est facile de voir que le personnage debout à côté de la croix, et qui semble faire une offrande au coq qui la surmonte, ne présente nullement les traits des figures d'Isamal, de Chichen-Itza et d'Uxmal; son front déprimé, ses yeux saillants, son nez busqué, la distance énorme qui sépare le menton des narines, la compression de l'occiput, établissent un caractère de race étrangère à celles qui sont reproduites dans les sculptures de l'Yucatan. Sous la croix cependant, on retrouve la tête monstrueuse si souvent figurée à Uxmal et à Chichen-Itza. Le style de la sculpture diffère de celui des monuments que nous avons déjà examinés; s'il indique un art plus savant, si les proportions du corps humain sont observées avec plus de soin et d'exactitude, on s'aperçoit que le faire est mou, rond, et qu'il accuse plutôt une période de décadence que l'âpreté des premiers temps d'un art. Les mêmes observations peuvent s'appliquer aux fragments de personnages représentés sur les pl. XIX et XX, et qui proviennent également du grand palais de Palenqué. Nous prions nos lecteurs de ne point oublier ces observations sommaires; nous aurons l'occasion de les développer. Il semble préférable en ce moment, de continuer notre examen.