Читать книгу Nomade Maritime - Firouz Moustapha - Страница 6

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Ce n’était pas seulement la mère qui s’inquiétait à cause du retard de Tougay. Le chien qui était dans la courregardait souvent les horisons lointaines avec ses grands yeux noirs. Il sentait toujours la rentrée de son « ami”. D’habitudes, il restait silencieux devant la porte et regardait le chemin jusqu’à l’arrivée de Tougay. Il y avait d’autres « amis” de Tougay, tourmentés qui l’attendaient cette fois avec inquiétude: c’était l’aigle et le poisson.

Tougay aimait beaucoup les animaux et les oiseaux. Il avait créé tout confort pour chacun de ses « amis”. Le chien vivait dans sa petite niche faite de boue et de jonc, l’aigle vivait dans le grenier et le poisson dans le bassin large. En tant que des amis de Tougay – le chien, l’aigle et le poisson étaient amis aussi entre eux. Les parents et les voisins étaient stupéfaits d’apprendre la solidarité qui existait entre eux; C’était vraiment incroyable. Le chien et l’aigle passaient toute la journée ensemble, du matin au soir. Au plus, les jours où il faisait chaud ces deux visitaient le poisson; c’était l’heure où les trois amis dans le bassin se jettaient et faisaient du bruit comme des enfants gatés. La mère et Tougay ne comprenaient pas les relations des animaux au début, un plus tard ils ne doutaient guère que les « amis” avaient une langue commune et parlaient comme les êtres humains. Ces étranges créatures qui ne peuvent s’entendre dans la nature, sont liées d’une amitiée dans cette cour.

Tougay avait donné les prénoms à ses « amis”. Il avait appelé « Yagout”, poisson dont les yeux sages scintillaient, « Aygout”, aigle qui faisent toujours va-et-vient dans la cour les ailes largement ouverts et « Gayout” le chien. Il n’est pas difficile d’identifier que ces trois noms sont dérivés du nom de Tougay. Ce qui est plus intéressant et étrange, c’est que chacun d’eux connaît bien son nom. Dès que aigle entendait son nom prononcé par Tougay s’envolait vers lui et se posait sur son épaule. En entendant son nom, tout de suite Gayout, le chien rejoignait Tougay, se mettait debout sur ses deux pattes arrières et aboyait. Yagout aussi manifestait une grande attention pour l’appel de son ami aimé. Poisson sortait de l’eau comme une épée en argent sortant de son étui, faisait une ligne courbe en air et plongeait dans la profondeur de l’eau.

Parfois, quand il n’y avait personne les amis s’assemblaient autour du bassin et parlaient pendant longtemps leur « langue”.

Très souvent Tougay les rejoignait et écoutait leur” conversation”. En les observant on pourrait dire qu’ils parlaient vraiment. Pour chacun d’eux Tougay avait son histoire de connaissance.

Le chien lui était offert par un parent. Ce parent avait eu trouvé un jour dans la forêt une chienne qu’il avait apprivoisée et gardée chez lui. Une autre fois pour se débarrasser de ses petits il les avait mis dans un sac et emmenés dans un lieu lointain et il les avait laissés dans la forêt. Quelques jours après, l’un de ces petits avait retourné chez son maître ayant fait un long parcours. Cet homme avait voulu plusieurs fois égarer ce chiot mais sans résultat; chaque fois le petit sage était rentré des « voyages longs” sain et sauf. Un jour quand l’homme voulait trouver une solution définitive pour se débarasser de ce petit chien dont il avait vraiment déjà marre, Tougay était venu chez son parent. Ayant écouté l’histoire de ce petit brave, Tougay l’avait emmené chez lui. Deux-trois jours il était resté enchaîné mais très vite il s’était habitué à la nouvelle maison. Peu après, il avait oublié pour toujours son désir de quitter cette famille qu’il avait commencé à aimer.

L’autre histoire de connaissance de l’adolescent était celle avec l’aigle. Une fois quand Tougay rentrait de la mer il a cru d’entendre du bruit dans les rochers. D’abord il a pensé que c’était un serpent et a voulu de changer son chemin. Peu après il s’est arrêté et a aperçu un grand oiseau au pied du rocher; les yeux pleins de haine et de colère de l’aigle abrité au pied du rocher, étaient fixés sur le visage de Tougay. Il paraissait que « le tigre de ciel” était blessé. Tougay et l’oiseau sont restés longtemps vis à vis. Puis le jeune à s’est approché de l’oiseau avec précaution, lui a caressé la tête. L’oiseau a tendu son cou en avant et a voulu déployer les ailes. Et juste à ce moment Tougay a aperçu que l’aigle n’arrivait pas bouger l’une de ses ailes. Et quand il a vu le sang couler au-dessous de l’aile immobile il a compris la situation. En avançant sa patte, l’aigle a mis sa serre sur le bras du jeune. Tougay estimant ce « jeste” comme un signe de l’amitié future a pris l’oiseau au bras et l’a emmené chez lui. La mère de Tougay a mis un remède sur l’aile de l’oiseau. L’oiseau s’est guéri bientôt. Mais on dirait qu’il ne pensait plus s’envoler. Même une fois Tougay l’a pris dans ses bras et est allé à l’endroit où il l’avait trouvé – au pied des rochers au bord de la mer. De retour chez lui, le jeune a retrouvé l’oiseau dans la cour « causer” amicalement avec le chien.

Tougay avait trouvé poisson dans le filet d`un pécheur. D’habitude dans le filet on peut voir beaucoup d’espèces de poissons. Pourtant, jusqu’aujourd’hui, ni les vieux pécheurs, ni Tougay n’avaient vu dans cet endroit cette espèce de poisson; c’était un bel être vivant argentin et frêle. Ce bel être des eaux avait tout de suite attiré son attention avec sa conduite très étrange: il sautait comme un vrai danseur sportif. Et comment? Il se tenait tout droit sur sa queue, tournoyait ou à gauche ou à droite et comme des clowns faisait rire. Tougay éprouvait du contentement de l’avoir sauvé et enlevé des pécheurs …. (tamahkar). La mère qui ne l’aimait au début avait déjà de l’affection pour lui; les temps libres elle aimait regarder la danse du poisson et parfois ne s’abstenait de rire.

…De Tougay il n’y avait aucune nouvelle. Les « amis” restaient silencieux. Shahla qui d’habitude venait ces heures visiter la mère ne se voyait pas. La femme anxieuse du retard de son fils était au plus tourmentée de voir ces « muets” se chagriner et s’attrister. Qu’est-ce qu’ils avaient? Peut-être ils sentaient le mal? Peut-être ils savaient quelque chose?

– Qu’est-ce que vous avez?.. Pourquoi vous taisez-vous?

Ces mots prononcés machinalement l’ont stupéfiée. A qui elle s’adressait? A l’aigle? Au poisson? Au chien? Etaient-ils capables de la comprendre?

En entendant la mère les « amis” se sont réunis autour du bassin et ont commencé à « discuter” d’abord tout bas, en murmurant, puis à haute voix.

Peu après le silence a régné de nouveau. Le chien est sorti de la cour en traînant les pieds sans qu’on s’en aperçoive. Juste maintenant la mère s’est rappelé d’une histoire pareille qui avait déjà eu lieu autrefois; un jour quand Tougay s’attardait Gayout l’avait « trouvé” et amené chez lui. Ce jour-là Tougay et son ami pêcheur auraient dû passer la nuit chez le gardien de forêt à cause de l’orage dans la mer. Plus tard Tougay racontait comment cette nuit-là le chien l’avait amené chez sa mère en le trainant avec ses dents par le bout de sa veste. Peut-être et cette fois-ci Tougay est là dans la forêt, dans la même cabane? Peut-être le chien va retrouverson ami? Mais cette fois le chien est rentré très tôt. Ca voudrait dire que Tougay n’était pas à l’approximité. Parce que la mère savait très bien que le flair dont possédait ce chien héritablement ne devait pas le tromper. En voyant le chien rentrer l’aigle s’est approché de lui. Il a ouvert largement les ailes et stupéfié, il a regardé insistement Gayout. Le chien a aboyé deux-trois fois. Yagout a commencé à s’agiter en entendant son aboiement triste et étouffé. L’aigle a poussé un cri et s’étant décollé il a fait quelques tour de vol au-dessous de la maison.

A ce moment une jeune fille est entrée dans la cour; c’était Shahla, la jeune voisine. On dirait qu’elle était venue dans ce village du monde des magies. Elle était de grande taille, marchait à pas léger, comme une gazelle. Avec sa beauté elle rivalisait avec le Soleil et la Lune. Dans ce monde elle n’avait que sa mère. C’était bizarre, la nature avait créé cette mère et sa fille très différentes, l’une opposée à l’autre; la mère était insociable, tandis que sa fille était attirante.

Eloignée un instant du monde des rêves, la femme a avancé de quelques pas, et elle a rencontrée la fille voisine qui venait d’entrer dans la cour silencieusement comme une ombre.

– Bonjour, ma tante…

– Bonjour, ma fille.

– J’ai entendu le cri de l’aigle et je suis venue. S’est-il passé un évènement?

– Evènement? Non… Mais Tougay n’est pas encore rentré de la mer. Je m’inquiéte beaucoup, ma fille…

– Inshallah, il va revenir, tante. Ne vous en faites pas.

On ne sait pas pourquoi, mais la voix de la jeune fille a vibré un peu. En réalité, Shahla essayait de maitriser son excitation interne; mais il parait qu’elle ne pouvait pas le faire. Son agitation n’était pas sans raison. La dernière nuit Shahla, couchée dans son lit près de la fenêtre ouverte, avait contemplé longtemps les étoiles. Elle s’était endormie en les regardant scintiller, clignoter, « parler” entre elles avec des gestes au sein du ciel. Vers le matin elle avait rêvé: le petitbateau de Tougay avançait dans les eaux colorées où il y avait de nombreuses fleurs de différentes couleurs. Ce qui était bizarre, c’était que le lit de bois où Shahla nageait dans les eaux, derrière le bateau de Tougay. Celui-ci lui brandillait en souriant, de temps à autre lui envoyait un « bisou”. Comme si son lit s’était transformé en bateau. La jeune fille était frappée par l’odeur des fleurs multicolores. Même, elle avait profité de l’occasion pour en ramasser quelques-unes. Les gouttes d’eau coulant des pétales brillantes des fleurs fraîches tombaient sur le sein et le visage de la jeune fille. Mais ces gouttes d’eau froide lui brûlaient le visage. Shahla s’est réveillée et a essuyé le visage, il plevait en dehors et la pluie tombait sur son visage par la fenêtre ouverte. Elle s’est surprise: Ô, mon Dieu, les gouttes de pluie étaient chaudes, brulantes comme celles de son rêve. On dirait que ces gouttes froides seraient imbibées de la chaleur des « bizous” que Tougay lui avait envoyé. Elle s’est levée pour fermer la fenêtre et quand elle a vu une belle la regarder par la vitre bleue foncé elle s’est étonnée encore plus; elle a failli de ne pas se reconnaître. Comment elle était grandie! Il lui a semblé que quelqu’un la regardait à ce moment-là, tandis qu’elle était seule dans sa chambre. Elle sentait toujours une brulure sur ses joues.

Encore elle était sous l’influence de son rêve. Elle sentait jusqu’ici l’odeur agréable des fleurs de son rêve. « Tougay est-t-il au danger?” Shahla a eu peur des idées obscures. Mais elle a pu maitriser sa peur.

La mère savait que Shahla était l’une de ceux qui s’ennuyaient et s’inquiètaient pour Tougay. Elle le sentait avec son intuition féminine et elle lisait ses pensées par ses yeux clairs comme l’eau et par l’inquiétude de sa voix vibrante.

– Voilà, l’aigle est de retour.

Shahla a dit en regardant le ciel. C’était vraiment l’aigle qui a fait une tour en l’air et s’est posé sur le bassin. Le poisson a sorti la tête de l’eau et a regardé l’aigle. Le chien s’est approché d’eux. La conduite des amis a attiré l’attention de Shahla.

– Comme s`ils discutaient- a dit jeune fille étonnée.

La mère a dit au sourire triste :

– T`as raison, ils parlent entre eux.

L“événement qui s’est passé à ce moment a pétrifié la mère et Shahla. D`abord Alabache, le chien a couru avec une vitesse de flèche vers la porte et il y a été perdu de vue. Un peu plus tard Yagout a sauté en air de l’eau calme de la piscine. Ayant resté un instant en air le poisson a plongé dans la profondeur de l’eau de nouveau. Il a répété cela quelques fois.

La june fille a haussé les épaules ayant regardé avec intérêt le poisson agité dans l’eau.

– Qu’est-ce qu’il a, lui? – elle a demandé.

– Je pense qu’il s’ennuie sans Tougay, a répondu la mère d’un ton triste.

Mais le poisson ne voulait pas se calmer. Il sautait, nageait à droit et à gauche et se heurtait contre le mur froid de la piscine. L’aigle qui suivait d’oeil cet évènement s’est décollé soudain, a fait un tour au dessus de la piscine et a attrapé le poisson qui avait sauté en air.

Un instant après il a disparu.

La mère et Chahla étaient restée immobiles. Quelques minutes après Chahla a dit :

– Je pense que l’aigle va le détruire en morceau.

– Non, ce n’est pas possible, la mère a murmuré, – ils sont grands amis.

– Mais pourquoi se sont-ils sauvés?

– Je suis choquée moi-aussi. Franchement, pendant l’absence de Tougay je me soulage


grâce à eux. Mais eux, voilà… Sont-ils infidèles à notre amitié?! Ils sont partis et ils m’ont laissée seule, parce que Tougay n’est plus là? Je m’étais bien attachée à eux! Evidemment je suis trompée! Oh, mon enfant, pourquoi dois-je me facher contre les animaux qui n’ont ni langue, ni connaissance, tandis qu’on peut pas compter sur les êtres humains? … Chahla, ma fille, qui sait, peut être est’il en danger mon fils maintenant? S’est-il rencontré avec les animaux sauvages de la mers? Est-il en orage? Peut être… Peut être…

Chahla a essayé de soulager la mère, mais en vain. Un peu plus tard les larmes de la dame a commencé à « laver” ses joues. Chahla a compris que la situaion de la mère s’était aggravée surtout avec la disparition brusque des amis de Tougay: Alabach, le poisson, et l’aigle. Elle était frappée par l’infidélité des amis de son fils.

Mais vraiment, qu’est-ce que les amis ont eu d’un coup? Pourquoi ont-ils disparu? Peut-être avaient-ils décidé de quitter la maison à cause de la disparition de Tougay? Parce que chacun de ces animaux a sa patrie a lui: Mer pour le poisson; ciel pour l’aigle et forêt pour le chien.

Le chagrin déchirait le coeur de la mère et Chahla essayait toujours de la soulager.

Nomade Maritime

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