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Faits et événements anciens

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Table des matières

Avant que ne tombent dans l’oubli certains faits ou événements peu connus des plus jeunes, il est temps d’en mentionner quelques-uns.

Lors d’épidémies de peste, les personnes atteintes de cette maladie étaient rassemblées en un lieu isolé, excepté dans les bourgs importants dotés de léproserie. Les traditions nous rapportent que, sur le territoire de la commune, les pestiférés étaient regroupés dans une cabane construite dans les bois, en bordure du chemin reliant Le Châble à Viry , près du ruisseau dit “Nant de la Folle”.

Lors d’une épidémie au XVIIe siècle, nous relevons en 1629 à Beaumont que, sur huit décès, six sont dus à la peste. L’année suivante, sur quatorze personnes décédées, huit le furent de cette maladie.

Ici était un hameau...

Au XVIIe siècle existait encore le petit hameau “Chez les Clèges”, situé à l’ouest des maisons de “Chez Cuta”. De nos jours, il n’en reste aucune trace, si ce n’est le lieu-dit “Les Clèges”.

Les moulins de Cutafort

Ces moulins, propriété des chartreux de Pomier, fonctionnaient encore au XVIIIe siècle et avaient une certaine importance. Les propriétés de la chartreuse de Pomier étant déclarées «biens nationaux», les moulins de Cutafort seront vendus à Etienne Pissard le 3 thermidor de l’an IV (21 juillet 1796), puis connaîtront la décadence. Sur les ruines d’un de ces moulins, M. Lachenal construira une scierie en 1910 . Les autres bâtiments, non entretenus, disparaîtront sauf un peut-être, actuellement propriété de la famille Eusébio.

Le 29 mai 1793: on a brûlé les titres de la chartreuse de Pomier avec les officiers municipaux en écharpe avec les citoyens, ceux de la présente commune qui étaient du fief de la cy-devant chartreuse étant joints avec d’autres des paroisses voisines ont subi le sort du feu à la dite chartreuse, toute la municipalité n’ayant pu s’y rencontrer par rapport à la troupe couchée au Châble et qu’il n’en avait pas été brûlé qui puisse porter préjudice au publique (sic).

Le jour de la Toussaint de 1823

La commune est en émoi... un vol a été commis à l’église au cours de la nuit précédente. Les paroissiens se rendant aux offices ont abondamment commenté ce délit dont voici la relation: «Des voleurs ayant forcé les barrots (sic) de la fenêtre à côté de la chapelle du Rosaire, sont entrés dans l’église où ils ont volé le calice avec sa patène en argent, la croix processionnelle en cuivre plaquée en argent, la boîte des Saintes Huiles, et morcelé le drap des morts». Ces objets n’ont pas été retrouvés et le curé Vuarin a remplacé le calice; il lui en a coûté 228 livres. Le calice lui appartient. Après le décès du révérend Vuarin en 1827, son frère, le célèbre curé de Genève, Jean François Vuarin, dans une déclaration datée du 21 août 1830, fait don de ce calice en argent à l’église paroissiale de Beaumont, ainsi que d’une somme de 427 F, due par le conseil de Fabrique de la paroisse de Beaumont. Seule condition à cet abandon: que soient célébrées cinq grand-messes pour le repos de l’âme du défunt.

L’armée de Bourbaki

Nous avons entendu les “anciens” parler du passage des soldats de l’armée de Bourbaki en 1871, et du souvenir pénible qu’ils en conservaient.

Après la bataille d’Héricourt (Haute Saône) du 17 janvier 1871, l’armée de l’Est, commandée par le général Bourbaki, en déroute, se réfugie en Suisse où elle sera internée. Puis ce sera le rapatriement. A ce sujet, nous citons un article du journal l’Echo du Salève du 18 mars 1871:

Une partie du rapatriement des militaires internés en Suisse s’effectue par Saint-Julien. Aujourd’hui même, 16 mars, une première colonne de 1 500 à 2 000 hommes partira de Genève à 14 heures et stationnera à Saint-Julien. Nous nous sommes entendus avec l’autorité administrative pour les répartir entre Le Châble, Feigères, Viry et Thairy.

Le 20 mars 1871, le maire délivre un «bon pour 20 kilos de foin délivré à quatre chevaux du train des équipages, 1er régiment, 19e compagnie; 0,25 F le kilo, soit 5 F».

Toujours de L’Echo du Salève, en date du 25 mars: «Le rapatriement des militaires français internés en Suisse est terminé. La dernière colonne est arrivée hier jeudi à Saint-Julien. L’état sanitaire est bon».

“La Scierie”

Au pied du Salève, près du lieu-dit “l’Orcené”, un endroit est appelé (encore de nos jours) “La Scierie”. En 1880, M. Bastian a vendu les bois de résineux (près de 37 hectares) de sa propriété sur le Salève, sise sur le territoire de la commune de Beaumont. Les deux acheteurs, l’un de Plan-les-Ouates, l’autre de Genève, décidèrent de débiter les bois au pied de la montagne.

Un arrêté préfectoral du 16 août 1880 a autorisé la construction d’une scierie actionnée par une machine à vapeur près du lieu-dit “l’Orcenaz” pour débiter les bois provenant de la forêt dite de “la Joux”, propriété de M. Bastian. Un autre arrêté a autorisé la vidange des bois par le couloir de “l’Orcenaz” et la construction de deux baraques, dont une à usage d’écurie. Le matériel comprenait, outre la machine à vapeur, deux scies battantes, une circulaire et divers outils. Pour les transports, deux chevaux et trois chars à quatre roues étaient nécessaires. Cette scierie temporaire a été entièrement détruite par un incendie le 23 octobre 1883.

Le Châble inondé les 21, 22 et 23 janvier 1910

A la suite d’une pluie diluvienne augmentée de la fonte des neiges sur le Salève, les ruisseaux en descendant ont grossi démesurément, provoquant notamment, par les débris charriés par les eaux, l’engorgement du lit du ruisseau de “Fontaine Froide”. L’eau est descendue sur une partie du chemin des Crêts et celui du Châble à Beaumont (CV 02) découvrant, par endroits, la conduite principale d’eau potable posée cinq ans plus tôt. Puis l’eau a dévalé dans le village du Châble, inondant caves et maisons d’habitations de plain-pied, au grand désarroi des habitants impuissants.

La pluie cessant, il fallut débarrasser la chaussée des gravats et réparer les dégâts. Pour le seul CV 02, ils ont été évalués à 600 F; l’Etat a attribué une subvention de 309 F. Le maire a fait appel au dévouement des habitants du Châble, et la différence a été couverte par des prestations volontaires.

Une tombe burgonde (?) à Jussy

En 1921, la carrière de Jussy est en pleine activité ; on y extrait du gravier. Les ouvriers, en creusant, découvrent une dalle de pierre. Pour les besoins de l’exploitation, ils la déplacent et trouvent en-dessous les restes, presque en poussière, d’un corps humain. Je me souviens avoir entendu dire qu’il s’agissait d’une tombe, présumée burgonde , dont rien ne fut conservé.

Rattachement

En 1925-1926, les habitants du haut du village du Châble, dans la partie située sur le territoire de la commune de Présilly, ont demandé le rattachement à la commune de Beaumont à cause de leur proximité du Châble, et de leur éloignement de Présilly. Cette demande a été refusée.

Les Bohémiens

Terreur des enfants, ces nomades au teint basané vivaient en roulotte (plus ou moins en état) tirée par un cheval. Leur lieu de stationnement était le chemin des “Eplanes”. Femmes et enfants mendiaient. On leur attribuait souvent quelques larcins. Plus rarement s’arrêtait une caravane, composée de plusieurs roulottes, certaines bâchées genre voiture du “Far-West”. Je me souviens des passages de la tribu des “Manavets”.

Le chapardage était courant, les femmes étaient le plus souvent accusées, parce qu’elles étaient vêtues de très longues robes avec de grandes poches, facilitant le camouflage de leurs larcins. Pendant leur séjour, les habitants fermaient soigneusement portes et volets. Ces nomades avaient souvent maille à partir avec la gendarmerie car, à tort ou à raison, ils étaient soupçonnés de vols. C’est avec soulagement qu’on les voyait “déguerpir”.

Le mendiant

Souvent vêtu de haillons, il errait de village en village en quête d’un pot de soupe ou de quelques sous. Le soir venu, il cherchait un abri dans une grange ou une écurie où on voulait bien l’héberger. Rares étaient les semaines où il n’en passait pas. Plusieurs étaient connus dans la commune et y séjournaient à maintes reprises dans l’année. Lors du stationnement de la distilleuse (alambic) au Châble, il bénéficiait de la chaleur dégagée par cet appareil, et en profitait pour absorber force eau-de-vie.

Souvent le mendiant terminait sa vie au bord d’un chemin ou sous un abri. Nous ne mentionnerons qu’un seul décès, parmi d’autres. L’approbation par la junte municipale, le 18 mars 1860, d’une facture de Louis Berthoud, voiturier au Châble: «48,10 F pour transport d’un cadavre trouvé axphixié (sic) dans les neiges du Mont Salève dans le courant de l’hiver».

Les calèches

Dans les années 20, je me rappelle du passage (que la guerre avait interrompu), de plusieurs calèches, chaque année au printemps. Après la saison hivernale sur la Côte d’Azur, où les cochers avaient promené les “touristes” en villégiature, ces voitures de louage se rendaient à Montreux, et même à Interlaken paraît-il. Courant septembre, elles passaient de nouveau, effectuant le parcours inverse.

Quelquefois, les cochers s’arrêtaient à l’hôtel pour se désaltérer et donner le “picotin” aux chevaux. Cela faisait notre joie, à nous les enfants, d’admirer ces belles voitures; puis, ayant questionné les cochers sur leur travail, nous restions rêveurs en évoquant de si longs voyages.

Le château des Avenières

Je me souviens d’avoir souvent entendu parler, par les anciens, des nombreux charrois hippomobiles ou tirés par des bœufs, traversant Le Châble pendant les années 1906-1907, venant de Saint-Julien et se rendant sur le chantier de construction de ce château qui domine Cruseilles.

La moraine à Bayard

Ainsi appelait-on le terrain très pentu situé au Châble, lieu-dit “Les Grandes Resses”. Que de générations d’enfants se sont livrées aux plaisirs de la neige sur cette moraine! Que de descentes enivrantes, se terminant quelquefois par une magistrale culbute! C’est au cours de l’une d’elles que le futur chanoine Emile Berthoud, encore enfant, se cassa le bras gauche.

Par ailleurs, parlant de jeux de neige, nous avons vu, le soir, des plus grands montés cinq sur un bob, partir du Mont-Sion, se laisser glisser sur la RN 201 et, quand la neige était bien tassée, arriver à hauteur du réservoir des eaux de Saint-Julien (Cervonnex). Bien évidemment, une seule descente par soir était possible, car il fallait traîner le bob pour regagner Le Châble.

A Beaumont, c’était dans la moraine du château ou sur le chemin n° 1 que nous effectuions nos glissades, en partant du hameau de “Chez Marmoux” ; quand les conditions de neige étaient bonnes, le bob emmenait les jeunes jusqu’à Jussy.

Heureuse époque! Les routes n’étaient pas encombrées de véhicules, qu’ils soient à... crottin! ou à moteur. On avait beaucoup de plaisir, enfants, à glisser sur la neige avec des douves de tonneau. Pour fixations nous n’avions que des lanières de cuir avec lesquelles nous attachions nos pieds chaussés de sabots! Ainsi, avec cet équipement des plus sommaires, nous effectuions de bonnes descentes à la “station” de Beaumont-Le Châble!

Beaumont : Haute-Savoie : 1814-1940

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