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Coutumes disparues

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Les failles (ou brandons)

La veille du premier dimanche de carême, après l’école, nous nous rendions au Crêt, accompagnés par les plus grands, pour rassembler du bois mort, des épineux, etc. Plus le tas était grand, plus nous étions contents. Nous devons confesser qu’il nous arrivait de “chiper” quelques fascines dans les bois des alentours. Le dimanche, après les Vêpres (où bien souvent nous étions absents!), nous terminions la préparation. Le soir venu, le feu était allumé. A la lueur des flammes, nous dansions en chantant, tout en contemplant le rougeoiement d’autres feux allumés jusqu’au pied du Jura. Bien évidemment, semblable “cérémonial” se déroulait à Beaumont sur la moraine du château.

Au sujet de cette coutume, nous relevons dans le journal L’Echo du Salève du 16 mars 1867 la chronique suivante:

Dimanche dernier, à sept heures du soir, le bassin de Saint-Julien et le pays de Gex offraient un magnifique spectacle. Plus de cinquante feux placés à différentes hauteurs, éclairaient la montagne et la plaine. C’était le dimanche des Brandons. Bécherelle nous apprend que le dimanche des brandons se disait anciennement du premier dimanche du carême parce que, ce jour-là, le peuple allumait des feux, dansait à l’entour et parcourait les rues et les campagnes en portant des brandons ou des tisons allumés.

Cet usage n’était autre chose que les restes d’une fête que l’on célébrait anciennement en l’honneur de l’agriculture. Nous lisons en effet dans Virgile (Géorgiques, livre 2, traduction de l’abbé Delille) qu’«au commencement de l’année (l’année commençait le 1er mars), les Romains invoquaient les dieux qui présidaient à l’agriculture pour se les rendre favorables. Ces fêtes en l’honneur de Cérès s’appelaient Ambarvalia, parce que la victime faisait le tour des champs...».

Les allouilles

Ce même dimanche, nous étions vraiment très occupés! Il y avait également les allouilles. En quoi consistait cette coutume? Les plus grands avaient soigneusement noté les mariages célébrés l’année précédente et, tous ensemble, nous nous rendions devant le domicile des nouveaux mariés en criant: «Aux allouilles, aux allouilles», jusqu’à ce qu’une fenêtre ou une porte s’ouvre et que noix, noisettes, bonbons, quelquefois des sous, soient jetés sur la route où l’on se disputait pour les ramasser.. C’est avec envie que nous regardions les paniers ou les sacs bien remplis de nos camarades!

Le charivari

Dans le courant de la semaine de la célébration du mariage d’un veuf avec une jeune fille ou d’une veuve avec un célibataire, les jeunes gens du village se rassemblaient le soir venu, munis de casseroles, clochettes, tambours, etc. et se rendaient près du domicile de l’intéressé(e). A grand renfort de bruit produit par ces “instruments” disparates, ils criaient: «Charivari, charivari». Le plus souvent la porte s’ouvrait et le maître (-esse) des lieux offrait des boissons, plus rarement une collation.

S’il nous arrivait de ne pas être reçus, le tapage s’amplifiait. Au Châble, en 1920, un charivari dégénéra à la suite d’un refus. Des dégâts furent commis et une plainte fut déposée. Depuis, cette coutume a disparu.

Notons que le mariage entre veuf et veuve ne donnait pas lieu à charivari.

Beaumont : Haute-Savoie : 1814-1940

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